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Est-ce une bonne idée de distinguer entre les membres et les non-membres dans une église ? Quelques considérations théologiques et pratiques en faveur d’un « oui ».

« Pourquoi deviendrais-je membre de mon église ? Cela ne m’apporterait rien de plus par rapport à la manière dont je vis l’église aujourd’hui » : voilà le raisonnement de nombreux chrétiens. Ont-ils raison ? D’autres n’ont pas à se poser la question, puisque leur église ne distingue pas entre membres et non-membres. La question du statut de membre est-elle totalement secondaire ? Relève-t-elle simplement de la « liberté chrétienne » ?

Au-delà des versets, regarder aux vérités bibliques

Il est vrai que les versets qui « prouveraient » la légitimité du statut de membre ne sont pas légion. On peut certes mentionner Romains 16.1-16, qui liste toute une série de « membres » de l’église de Rome. On peut aussi noter que dans les débuts de l’église primitive, il était possible de faire un décompte assez précis du nombre de croyants (Actes 2.41) et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés » (Actes 2.47). Surtout, on observe que Paul parle à Timothée des veuves qui peuvent ou non être « inscrites sur la liste » (1 Timothée 5.9).

Cependant, au-delà de ces indices relatifs à un possible statut de membre au temps de premiers chrétiens, il semble plus prometteur de méditer sur de grands enseignements bibliques au sujet de ce qu’est l’Église. Dans son livre « Etre membre d’une église locale » (Editions BLF & Evangile 21), Jonathan Leeman est convaincu que, s’ils comprenaient ce que sont les églises locales, les responsables n’hésiteraient plus à établir des listes de membres, et que les authentiques croyants n’hésiteraient plus à demander à être membres.

Une contamination individualiste

Sa thèse, c’est que nous n’estimons pas les églises locales à leur juste valeur : contaminés par une mentalité individualiste qui se montre frileuse à l’égard des institutions établies, nous considérons, inconsciemment parfois, les églises comme des clubs ou des prestataires de services : on les rejoint quand elles répondent à nos besoins et on les quitte quand ce n’est plus le cas. On s’y engage timidement, on se sent la liberté de « sécher » le culte régulièrement, on ne soumet pas nos grands choix de vie à l’avis des anciens, on ne pense pas à l’église au moment de choisir un nouveau lieu d’habitation, etc. : autant de signes que nous sommes devenus des consommateurs de l’église et que notre « moi », qui doit rester intouchable, passe avant l’église.

Les chrétiens sans église, ça n’existe pas

Mais la Bible considère-t-elle les églises locales de la sorte ? Non ! Les églises sont bien plutôt vues comme des rassemblements de citoyens du royaume de Dieu, comme un regroupement d’élus et d’adorateurs. Qui dit royaume, dit roi : les chrétiens sont rassemblés sous l’autorité supérieure et absolue de leur Seigneur Jésus-Christ. Rien à voir, donc, avec une quelconque association ou un quelconque club. Les églises sont précieuses.

Les premiers chrétiens l’avaient bien compris : à l’époque de l’Église primitive, les « chrétiens sans église » n’existaient pas. Le message de la Bible est clair : celui qui se convertit va se faire baptiser et il va rejoindre une église locale dans laquelle il s’engagera sans compter. Or quel meilleur moyen de vivre ainsi cette glorieuse réalité de l’église locale que d’en devenir officiellement membre ? Cet attachement formel démontre que l’on aime l’église locale, que l’on souhaite s’y engager et que l’on s’identifie à notre famille spirituelle.

Les églises locales, des ambassades

Ce n’est pas tout : les églises locales peuvent aussi être comparées à des ambassades, selon Jonathan Leeman. De même que les ambassades représentent leur pays dans un pays étranger, de même les églises ont reçu la mission de représenter Dieu et son royaume sur la terre. Un chrétien ressemble donc à un homme qui vient frapper aux portes de son ambassade, en affirmant qu’il appartient au royaume de Dieu : « Salut, mon nom est chrétien ». L’officiel de l’ambassade regarde son ordinateur et confirme : « Oui, je vois, vous êtes enregistré. Voici votre passeport ». Voilà ce qu’est un membre d’une église : une personne que son église a officiellement reconnue comme étant chrétienne. Bien sûr, un chrétien a déjà reçu sa citoyenneté au moment de sa conversion, mais le fait de devenir membre de son église locale lui confirme formellement ce statut.

Une ligne de démarcation claire

En quoi est-ce important ? Toute la Bible montre qu’une ligne de démarcation claire doit exister entre les chrétiens et les non-chrétiens : l’Église est un peuple saint, qui doit être composé d’authentiques croyants qui confessent Jésus-Christ comme roi et qui marchent en se soumettant à sa seigneurie. L’enjeu, c’est non seulement la sainteté de l’église locale, mais aussi la réputation de Jésus-Christ.

Si l’église donne le passeport « chrétien » à des non-chrétiens, elle donne une mauvaise image de ce qu’est le christianisme. Si au contraire l’église établit une liste de membres et n’y accepte que les vrais chrétiens, le monde, en regardant les membres d’une église, est censé y voir un portrait authentique de l’amour et de la sainteté du Christ. Et ceux qui deviennent membres font passer un message fort : « Je suis membre du royaume de Dieu, je suis un citoyen du ciel ».

Un garde-fou

Jonathan Leeman relève que ces mesures sont certainement plus importantes chez nous au 21e siècle qu’au temps de l’Église primitive ou que dans les pays où les chrétiens sont persécutés : dans notre contexte, en effet, il est certainement plus difficile de savoir qui est réellement chrétien. Il existe toutes sortes de chrétiens de nom, porteurs de valeurs chrétiennes plutôt qu’habités du véritable message de l’Evangile ; il existe aussi toutes sortes de gens qui entrent dans les églises par curiosité, ou de personnes qui ont adopté un « autre Evangile », doux mélange entre la vérité et le mensonge.

Dans un tel contexte, adopter une liste est un précieux garde-fou pour l’église : les responsables d’églises ressemblent à des bergers qui veillent à ce que des loups n’entrent pas dans l’enclos des brebis. Ils n’interdisent à personne d’assister au culte, mais ils empêchent que n’importe qui participe aux assemblées générales, prenne des décisions quant à la direction d’église ou reçoive des responsabilités qui ne devraient incomber qu’aux membres.

De la discrimination ?

Ce qui peut refroidir certains à distinguer ainsi entre membres et non-membres, c’est la peur de se tromper. A cela, on peut répondre que Jésus-Christ a donné « le pouvoir des clés » aux responsables des églises locales (Matthieu 16.18-19 et Matthieu 18.15-18). Ils ont reçu l’autorité de déclarer qui, sur la terre, est un citoyen du Royaume. Ils ont reçu le pouvoir de faire le tri, de donner le passeport aux vrais chrétiens et de l’ôter à ceux qui avaient fait profession de foi mais qui s’avèrent être de faux chrétiens. Bien sûr, les responsables d’une église peuvent parfois se tromper ; mais le fait qu’ils commettent des erreurs ne leur enlève pas leur mandat, de même que les erreurs des parents ne les déchoient pas de leur paternité. Et il faut préciser encore une fois qu’une église ne fait pas de moi un citoyen : elle ne fait que reconnaître si je suis ou non un citoyen.

Là encore, comment les responsables d’une église peuvent-ils discipliner un faux croyant et ainsi ôter le mal du milieu de l’église (1 Corinthiens 5.2) s’ils ne savent pas qui est officiellement « au milieu de nous » ? Plus généralement aussi, Hébreux 13.17 avertit les anciens qu’ils doivent « rendre compte » du bien des âmes : mais de quelles âmes s’agit-il ? De celles de tous les visiteurs occasionnels ou de celles des membres officiels ?

Une relation et une double promesse

En résumé, qu’est-ce que le statut de membre ? C’est une relation formelle entre une église et un chrétien, caractérisée par l’affirmation (du côté de l’église) que telle personne est croyante, et caractérisée par la volonté (du côté de la personne) de se soumettre à la discipline de l’église. L’église affirme donc formellement que la profession de foi et le baptême du « candidat » sont crédibles ; et l’individu déclare solennellement qu’il se soumet à l’amour et au discernement des anciens. En d’autres termes, c’est une sorte de double promesse, comme lors d’un mariage. Pourquoi être aussi sérieux ? Parce que l’église locale est censée être pure et sans tache, elle est censée représenter le royaume de Dieu et servir son roi, Jésus-Christ.

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