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Rien n’est plus reposant que l’humilité

Dimanche après-midi, à la caisse du supermarché, j’ai fait le procès d’un homme. Il n’avança aucun argument et ne présenta aucune défense. Malgré tout, je le jugeais coupable.

Je n’avais que trois choses à acheter – des fruits, de la charcuterie, et des sodas. Je me dirigeai vers la seule caisse ouverte, et il n’y avait qu’un monsieur devant moi. Je n’allais pas en avoir pour longtemps !

Lorsque la caissière commença à tiper ses articles, il décida que c’était le bon moment pour demander où se trouvait le guacamole. « Allée 5 » lui répondit-elle. Il quitta alors la caisse en quête de guacamole.

Lorsqu’il revint quelques minutes plus tard, il avait les mains vides. La caissière avait terminé de scanner tous ses articles, et plusieurs clients faisaient maintenant la queue derrière moi. Il n’avait pas trouvé le guacamole ! « Allée 7, rayon du bas » lui expliqua un autre employé. L’homme disparut à nouveau.

Cinq minutes plus tard, il régla ses courses alors qu’il y avait maintenant huit clients derrière moi. J’étais contrarié. Pourquoi a-t-il attendu d’être à la caisse pour demander où était le guacamole ? Pourquoi n’a-t-il pas demandé à quelqu’un d’autre avant de se présenter en caisse ? Comment a-t-il pu nous importuner de la sorte ? Je ne voyais qu’une réponse possible : cet homme était mal élevé, incompétent et narcissique.

Alors que je rentrais à pied chez moi, je réfléchissais, et me demandais pourquoi mon cœur était enclin à juger et à se mettre en colère, au lieu de faire preuve de grâce et de compassion. Pourquoi avais-je passé autant de temps à ruminer les causes de sa culpabilité au lieu de trouver les raisons pour lesquelles il aurait besoin de la grâce ? Pourquoi devais-je autant prendre la défense de mon temps ?

Même si je ne savais que très peu de choses sur cet inconnu, il ne me fallut pas plus de 10 minutes pour le juger. C’était si facile ! Et sans même échanger un mot !

Je me sens tout bête

Ce qui m’est arrivé dimanche passé – une situation de vie bien réelle – est malheureusement courante dans notre rapport aux médias. Nous faisons preuve de peu de patience et de grâce envers les inconnus. Nous nous divertissons même à leurs dépends. Nous regardons les émissions de télé-réalité pour nous moquer des participants, et postons des tweets sarcastiques.

Il ne m’a fallu que 10 minutes pour évaluer l’homme au supermarché, mais il faut souvent moins de cinq secondes pour juger les personnes sur les réseaux sociaux – le temps de lire un seul tweet. Nous tirons hâtivement des conclusions à propos de personnes que nous ne connaissons pas, et d’évènements qui se passent à des milliers de kilomètres. Nous sautons l’étape de diligence raisonnable pour nous indigner en toute ignorance, sans informations tangibles, à propos d’histoires dont nous ne saisissons pas toute la portée.

Et il n’y a pas que les personnes naïves qui succombent à ces tentations. Lorsque l’histoire du Clock Boy hoax a éclaté, Richard Dawkins – un scientifique qui aime particulièrement les preuves et les faits vérifiables – confessa qu’il était tombé lui aussi dans le panneau, et se sent aujourd’hui tout bête.

Les médias font ressortir ce qu’il y a de pire en nous, et lorsque nous nous délectons de leurs connotations mesquines, cela ne donne pas une belle image de qui nous sommes.

Le contraire d’un cœur orgueilleux

Dans une société qui nous encourage à émettre des jugements précipités, nous lisons les paroles de Jacques :

Ainsi, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère; la colère de l'homme n'accomplit pas la justice de Dieu. C'est pourquoi, rejetant toute souillure et tout excès de malice, recevez avec douceur la parole qui a été plantée en vous, et qui peut sauver vos âmes.… (Jacques 1.19-21)

Jacques dit que la parole de vérité est implantée en nous. Lorsque nous naissons de nouveau, nous saisissons pleinement que nous sommes pécheurs, que nous sommes en Christ, et qu’il est mort pour nous réconcilier avec Dieu. Cela ne veut pas dire que nous devenons automatiquement sans péché, mais plutôt que nous avons la possibilité d’être libéré.

Mais pour vivre pleinement cette liberté, nous devons nous débarrasser de notre arrogance, de notre volonté de tout contrôler, de cette manie de parler trop vite, et de ce tempérament qui croit tout savoir. En 1995, Tim Keller a donné un message intitulé « Growth Through Hearing Truth » (La croissance en écoutant la vérité) dans lequel il souligne trois caractéristiques d’un cœur orgueilleux :

  • Un cœur orgueilleux se bat pour chacune de ses convictions parce qu’il ne sait pas distinguer ce qui est important de ce qui l’est moins. Il dit plutôt : « Toute idée – parce qu’elle vient de moi – est importante ».

  • Un cœur orgueilleux prend plaisir à la confrontation, ou alors l’évite. Il ne confrontera jamais quelqu’un en étant ému jusqu’aux larmes.

  • Un cœur orgueilleux est toujours mécontent et, au lieu de concevoir la vie comme un cadeau, se plaint constamment de la tournure des événements.

Le contraire d’un cœur orgueilleux et irrité est un cœur humble, et non pas un cœur qui sait se maîtriser. Et ce sont nos dispositions intérieures – et non pas nos circonstances extérieures – qui conditionneront notre bonheur.

Les affections du cœur, les mondes extérieurs

Lorsque le psychologue, Shawn Achor, étudiait le bonheur à Harvard, des amis du Texas sont venus lui rendre visite. Alors qu’ils faisaient le tour du campus, ils furent fascinés par la beauté des lieux et demandèrent : « Shawn, pourquoi perds-tu ton temps à étudier le bonheur à Harvard. Sois un tant soit peu sérieux. Comment un étudiant de Harvard pourrait-il ne pas être heureux dans un tel environnement ? » Achor répondit :

La clé pour comprendre la science du bonheur est ancrée dans cette question. Cette question présuppose que notre monde extérieur détermine nos niveaux de bonheur alors, qu’en réalité, si je connais tout de votre monde extérieur, je ne peux que prédire 10% de votre bonheur à long terme ; 90% de votre bonheur à long terme est déterminé, non pas par le monde extérieur, mais par la façon dont votre cerveau percevra ce monde extérieur.

Mais ce n’est pas uniquement notre cerveau qui traite les données de nos circonstances extérieures ; nos cœurs le font également. Notre perception du monde est influencée, et par nos pensées, et par nos sentiments. Un cœur orgueilleux est toujours mécontent, et se plaint des circonstances de la vie et des autres en général. Il croit savoir comment la vie devrait se passer, et comment les autres devraient se comporter – et combien de temps il faut pour payer à la caisse du supermarché.

Quant au cœur humble, il sonde l’Écriture et laisse l’Écriture le sonder. Il reçoit des autres et de Dieu. Il est flexible, et n’essaie pas de tout contrôler. Il se dit, Les choses ne vont pas comme je voudrais en ce moment, mais qui sait ? C’est peut-être ce dont j’ai besoin. Dieu doit avoir ses raisons. Seigneur, tu sais mieux que moi.

« Rien n’est plus reposant que l’humilité », fait remarquer Keller.

Trois nouveaux sujets de reconnaissances par jour

Une pratique qu’Achor conseille à ses patients a aidé mon cœur à croître en humilité. Il leur demande d’écrire chaque jour trois nouveaux sujets de reconnaissance. Je crois que cet exercice a une portée bien plus forte pour nous, chrétiens, car nous connaissons Celui à qui ira notre reconnaissance.

Lorsque, pour la première fois, j’ai cherché des sujets de reconnaissance, ils étaient plutôt d’ordre général – des personnes rencontrées, des repas savoureux, des versets lus. Mais comme ils devaient être nouveaux chaque jour, ils sont devenus plus précis – pour un étudiant comprenant ce que j’enseignais, pour le temps passé à élaborer une nouveau projet dans mon travail, pour ne pas avoir été blessé lorsque je me suis cogné la tête dans l’avion, pour la super idée de quelqu’un.

Quand je repense à l’incident du supermarché, je vois un cœur orgueilleux. Mais je vois aussi un cœur qui croît en humilité. Je ne suis pas sûre que je me serais posé autant de questions au sujet de mon énervement coupable contre cet homme si je n’avais pas commencé mes sujets de reconnaissances quotidiens. Je suis toujours quelqu’un qui pêche et qui, chaque jour, a besoin de la grâce de Dieu. Mais j’apprends à saisir pleinement cette heureuse et relaxante liberté de l’humilité.


Traduction : Yasmina

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