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Quoiqu’attendue, la nouvelle du décès de Tim Keller hier m’a attristé et réjoui ; attristé, car le monde évangélique a perdu l’un de ses apologètes des plus éloquents, et réjoui car il est arrivé chez lui dans cette résidence tant désirée. Depuis que j’ai appris la nouvelle de son départ, ces paroles n’ont cessé de circuler dans ma tête. Elles sont en anglais, mais la traduction me semble peu nécessaire :

No more night, no more pain,
No more tears, never crying again
All praises to the great I AM
We will live in the light of the risen lamb.

Comment ajouter aux souvenirs émouvants de son ami et co-fondateur de The Gospel Coalition, Don Carson ? Néanmoins, deux souvenirs restent gravés dans ma mémoire.

Le premier souvenir concerne sa venue pour une conférence d’Évangile 21 à Genève. L’une des séances plénières se déroulait sous forme d’interview du couple Keller, sur le mariage, qui coïncidait avec la sortie de son livre Le Mariage édité par les Éditions CLE. L’une des questions posées à Kathy était : « Qu’est-ce que cela fait d’être marié avec un homme si bien connu ? » Je paraphrase sa réponse, mais elle était éloquente :« Connu ? Personne ne le connaît ni le reconnaît à New York, en dehors d’un petit cercle restreint ! » Don Carson nous a rappelé l’attachement et le respect que Tim portait à sa femme. Cet extrait d’une lettre qu’il m’a adressée suite à la conférence en dit long :

La conférence a été excellente et a dépassé les attentes de tous ceux à qui j’ai parlé. Et oui, j’ai été surpris par la longueur et la force des applaudissements après ton interview avec Kathy et moi. Je dois dire que c’est une grande satisfaction pour moi — notre livre sur le mariage et notre ministère auprès des couples sont des choses qui me font particulièrement plaisir. Je suis également très fier de ma femme. Elle est farouchement attachée à la position complémentariste, selon laquelle les maris sont à la tête du foyer et les hommes doivent diriger l’Église. Pourtant, il est évident qu’elle n’est pas « une fleur qui se rétracte », elle est directe et franche. J’ai trouvé qu’elle avait fait un excellent travail et j’ai été heureux que nous ayons pu exercer notre ministère ensemble.

Lorsque nous préparions la deuxième venue de Tim en Europe pour la conférence d’Évangile 21 (annulée à cause du COVID !), nous avons enregistré un entretien ensemble pour encourager la participation à cet événement. Hors caméra, nous nous sommes entretenus de nos parcours différents. Je me suis trouvé devant un homme surpris, voire confondu, devant l’impact de son ministère et du succès de ses publications en particulier. Son humilité et sa simplicité m’ont décontenancé, car il ne se considérait pas comme une star du circuit évangélique. Plus déconcertante encore était son admiration pour le progrès de l’Évangile dans le monde francophone.

Qui peut mesurer l’étendue de son ministère, d’abord à l’Église Redeemer à Manhattan et ses satellites, mais aussi via la mission City to City qu’il avait créée pour implanter des églises dans les métropoles du monde ? Il fut parfois contesté par un monde évangélique conservateur, le plus souvent mal informé ou ignorant, car son « néo-calvinisme », ou son ouverture vers la culture, le monde du travail et l’engagement social, gênait. Nonobstant, il n’a jamais manqué de grâce et de respect dans ses réponses sans pour autant céder à ces critiques faciles.

En public devant des auditoires comme en privé, Tim était un homme élégant et charmant. Convaincu et persuasif, il ne s’est jamais imposé, mais écoutait avec respect ses interlocuteurs… un gentleman !

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