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La semaine dernière, j’étais interviewé à la radio au sujet de mon livre « Le discipulat eschatologique », et nous avons été amenés à discuter du consumérisme, une des trois eschatologies rivales au sujet desquelles je me suis exprimé dans ce livre.

J’ai déjà dit auparavant que le chapitre sur le consumérisme dans mon livre This Is Our Time (Ceci est notre temps) avait été le plus dur à écrire. J’ai souvent trouvé qu’écrire ou parler sur le sujet du consumérisme est plus dur que de faire face à n’importe quel autre défi, même celui de la révolution sexuelle qui a, sans doute, une plus haute teneur politique. Si le consumérisme me pose tant de problèmes c’est parce que c’est l’air que nous respirons ; ce sont les eaux culturelles dans lesquelles nous nageons. Il est difficile de prendre suffisamment de distance culturelle avec cette mentalité de consommation pour examiner pleinement ses opportunités et ses défis. (L’ironie n’en est pas moins réelle pour ce qui me concerne, du fait qu’en écrivant sur le consumérisme, j’espère vendre un livre avec ma contribution particulière sur ce sujet.)

Le consumérisme a-t-il même une eschatologie ? J’affirme que oui, même si elle prend une forme différente de celle de l’eschatologie du progrès que l’on rencontre dans la pensée des Lumières ou la trajectoire vers la libération que l’on peut voir aujourd’hui parmi les partisans de la révolution sexuelle. Voici un extrait de Eschatological Discipleship (Le discipulat eschatologique) où j’explore certaines façons dont nous chrétiens devons ré-envisager nos vies afin de combattre contre cette mentalité de consommateurs qui pourrait dénaturer notre foi.

Non pas “Une famille en or” mais plutôt Jésus

Si l’eschatologie consumériste nous raconte l’histoire d’un “self-made-man” qui passe de la pauvreté financière à la richesse, à un statut social et au succès, alors l’église doit raconter l’histoire de l’individu qui passe de la mort spirituelle à la vie nouvelle en Christ, de l’immaturité en Christ vers le fait de le représenter dignement devant le monde. La croissance en sainteté, de la conversion d’une personne jusqu’à sa mort ou au retour de Christ, doit devenir le scénario prédominant selon lequel vivent les chrétiens.

Le but du discipulat est la ressemblance à Christ ; c’est pourquoi nous ne pouvons juger notre croissance ou notre succès au moyen des critères du monde, mais plutôt avec ceux de Dieu. La question ne peut jamais être : “Sommes-nous socialement à leur hauteur ?” mais plutôt : « Ressemblons-nous davantage à Jésus ? »

Un projet pour la communauté

Les individus seuls ne seront pas capables de reconquérir ce but du discipulat. Ce but exige une autre histoire, celle de la communauté de la foi, des croyants qui voient à la fois le danger du consumérisme et aussi l’opportunité du moment. Le danger est de refondre le Christianisme en des termes centrés sur soi ; l’opportunité du moment est de reconquérir la vision vraiment transformatrice du Christianisme pour l’épanouissement de l’homme. Au lieu de rejeter toutes les évaluations consuméristes de telle ou telle église (qu’on peut résumer en une question : Qu’est-ce que cette congrégation peut m’offrir ?) comme étant superficielles et égocentriques, nous devrions nous atteler au défi qui nous est lancé et offrir de sérieuses réponses.

L’église offre à celui qui cherche quelque chose de transformateur et au lieu de juger celui qui cherche, l’église devrait accueillir les questions difficiles qui naissent dans une culture de consommation. En fait, nous pouvons même trouver qu’une culture du choix est une de celles où l’engagement est plus fort sur le long cours, précisément parce que le choix a été fait consciemment.

Se méfier de la colonisation des consommateurs

Reconquérir le but du discipulat signifie aussi que nous devons envisager nos efforts pour le discipulat comme prenant place dans un contexte dans lequel la liberté de choix règne souverainement. Nous reconnaissons que les personnes que nous formons comme disciples, y compris nos propres enfants, vont être confrontées à un grand nombre de choix religieux et non-religieux. Le danger de faire des expériences avec des variations infinies de spiritualités est que le Christianisme peut devenir subordonné à notre recherche de l’accomplissement personnel et n’est plus la volonté de conduire les personnes à : « glorifier Dieu et trouver notre bonheur en lui pour toujours. », selon les termes du Catéchisme de Westminster.

L’opportunité, toutefois, est que, une fois que nous sommes conscients que le Déisme thérapeutique moraliste (Moralistic Therapeutic Deism) « convertit les croyants des anciennes religions à sa vision religieuse alternative d’un bonheur personnel et d’une gentillesse dans les relations interpersonnelles divinement garantis » (ce sont les mots de Christian Smith et Melinda Denton), nous sommes mieux équipés pour aider les églises à cultiver de façon cohérente et intentionnelle une identité chrétienne fondée sur la croix et la résurrection de Christ.

Proclamer le Christianisme comme une vérité publique

Reconquérir le discipulat comme étant eschatologique demande que nous évitions de parler de l’évangile d’une façon qui se concentre seulement ou prioritairement sur les résultats thérapeutiques en excluant la nature publique de l’évangile ou en la minimisant. Pour être clair, l’évangile comme vérité publique n’exclut pas les bienfaits thérapeutiques pour les croyants, mais ce n’est que parce que l’évangile est une vérité publique que ces bienfaits thérapeutiques sont disponibles. Lesslie Newbigin nous avertit :

Il ne peut y avoir aucune vraie évangélisation si ce n’est celle qui annonce que ce n’est pas seulement une bonne nouvelle, mais une nouvelle véritable … C’est une affaire très sérieuse quand l’évangile est mis sur le marché principalement en tant que remède universel à tous les maux privés ou publics. Nous croyons qu’il est vraiment fait pour la guérison des nations, mais il ne peut jouer ce rôle s’il n’est pas vrai.

En d’autres mots, présentez l’évangile comme vrai et les gens le découvriront comme une aide. Présentez l’évangile seulement comme une aide et les gens considèreront qu’il n’est ni l’un ni l’autre.

Le défi de devoir faire des choix spirituels incessants n’est pas une chose nouvelle pour les chrétiens. Les premiers chrétiens à Rome vivaient à une époque de décadence morale et de pluralisme religieux. Ces chrétiens savaient, toutefois, qui était le vrai Roi du monde et ils rejetaient l’eschatologie de l’impérialisme romain, peu importe le grand nombre de pièces de monnaie qui portaient l’image de César ou le grand nombre de prêtres qui exaltaient ses gloires. Ils appartenaient à Christ et à sa famille. Appartenir, ce qui va bien au-delà des marques, des positions et des résultats économiques, est la clef de la victoire sur les divisions engendrées par une mentalité de consommateur. La nouvelle création se voit dans la mort des préjugés et des demandes personnelles. La façon pour les chrétiens de reconquérir le but du discipulat est de donner un avant-goût de la fête eschatologique, que nous pouvons apercevoir dans chaque célébration du Repas du Seigneur.

 

Présentez l’évangile comme vrai et les gens le découvriront comme une aide. Présentez l’évangile seulement comme une aide et les gens considèreront qu’il n’est ni l’un ni l’autre.

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