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Range ton fouet !

Le vrai héros de Matthieu 21:12-13 et Jean 2:13-17

Zélés pour défendre la justice et la sainteté :

Qui n’a jamais rêvé d’un fouet lorsque la personne qui s’est inscrite pour faire le ménage à l’église avec nous ne s’est jamais pointée ? Qui n’a jamais rêvé de renverser la table des personnes qui viennent à l’Agape mais qui n’aident pas à mettre la dite table ni à débarrasser ?

Pour ma part, j’aime le passage de Matthieu 21:12-13 où l’on voit Jésus entrer dans le temple, et, dans une sainte colère, chasser ces escrocs de marchands et renverser leurs comptoirs avec fracas. On entend presque les pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes rouler dans tout le parvis du temple, accompagnées avec force du roucoulement de pigeons poursuivis par les marchands. J’avoue avoir une petite préférence pour le passage dans Jean 2, lorsque Jésus purifie le temple une première fois avec un fouet ! Je crois qu’il me plaît car on y voit la justice de Dieu s’accomplir ici sur terre, à la manière forte, un peu comme j’aimerais que ça se passe à chaque fois. Jésus lui-même s’est mis en colère, et je suis aussi animée par un zèle pour la justice et la sainteté.

Mes tables ou Ses tables ?

Pour autant, nous sommes parfois un peu prompts à nous identifier avec Jésus à la lecture de certains passages. Même si notre désir de justice et de pureté est légitime, les passages qui précèdent Matthieu 21:11-12 nous éclairent sur le contexte.

En effet, Lorsque Jésus arrive à Jérusalem pour la Pâque, monté sur un ânon, il vient en tant que le roi annoncé par le prophète Esaïe : « Voici ton roi vient vers toi, plein de douceur, monté sur un ânesse, un ânon, le petit d’une bête de somme” (Es.62:11). Notons la précision « plein de douceur », qui nous dépeint un portrait de Jésus tout autre que celui que nous utilisons pour justifier nos éclats de colère.

Jésus n’entre pas dans le temple en simple adorateur. Il est le maître des lieux, le propriétaire. Il est « celui qui vient au nom du Seigneur », le « Fils de David » (v.9), autrement dit, le Messie, Dieu incarné.

Il a donc tous les droits d’être en colère en voyant que la sainteté de sa maison est bafouée, car il mérite la gloire et l’adoration. Si même les cieux racontent la gloire de Dieu, que méritent ces marchands qui déshonorent sa maison en dépouillant les pauvres et les étrangers à part les foudres du ciel ? Le temple était un lieu saint, reflétant la sainteté de celui qu’on y adorait.

Lorsque nous nous mettons en colère alors qu’on nous a offensés, on s’identifie à Jésus. Or nous ne sommes pas Jésus. Nous ne méritons pas la gloire et l’adoration. Nous sommes des pécheurs pardonnés, au bénéfice de sa grâce. Ne pouvons-nous pas faire grâce aux autres en retour ?

Assurons-nous de bien faire la différence entre la gloire de Dieu et la nôtre, entre ses tables et nos tables. Est-ce vraiment la gloire de Dieu qui a été bafouée ou est-ce ma susceptibilité ? Notre réaction ne devrait pas être la même.

Assurons-nous de bien faire la différence entre la gloire de Dieu et la nôtre, entre ses tables et nos tables. Est-ce vraiment la gloire de Dieu qui a été bafouée ou est-ce ma susceptibilité ? Notre réaction ne devrait pas être la même.

On mérite tous d’être chassés du temple.

Pour autant, même lorsque notre colère est justifiée, il nous arrive aussi de faire fausse route en nous méprenant sur les personnages secondaires. Qui sont ces gens que Jésus a chassés du temple ? Des brigands, assurément. Le contexte historique nous renseigne sur le fait que la seule monnaie acceptée dans le temple étaient les sicles juifs. Or les adorateurs venaient du monde entier. Les changeurs pratiquaient des taux de change abusifs, profitant de l’ignorance des pèlerins étrangers. Nous découvrons aussi que les pigeons étaient destinés aux pauvres. Il nous semble normal que Jésus les ait chassés, puisque tout au long de l’Ancien Testament, Dieu nous met en garde contre ceux qui oppriment les pauvres et les étrangers. Sûrement, nous ne sommes pas appelés à nous identifier aux marchands. Quoique.

Pourtant nous voyons au verset 12 que Jésus chasse “les marchands, ainsi que les clients”. Mais pourquoi donc les clients sont-ils chassés du temple ? Ne sont-ils pas venus adorer Dieu ? Le problème est bien là. Jésus est dans le temple, et ils ne le reconnaissent pas. Dieu lui-même est parmi eux, accomplissant la prophétie de Malachie 3:1: « Et soudain entrera dans son temple le Seigneur que vous cherchez; Et le messager de l’alliance que vous désirez, voici, il vient », et ils ne lui rendent pas la gloire qu’il mérite. « Qui est celui-ci ? » Demande-t-on dans Jérusalem. Et la réponse n’est pas « c’est Dieu lui-même », mais « c’est le prophète ».

Si nous ne nous identifions pas forcément aux marchands, nous pouvons tous nous identifier aux clients, qui ne se rendent pas compte qu’il y a ici “quelque chose de plus grand que le temple” (Matthieu 12:5). Combien de fois ne rendons nous pas à Jésus la gloire qu’il mérite ? Ou venons-nous à l’église par habitude, sans nous laisser émerveiller du fait que Dieu nous accepte dans sa maison? Il est le Seigneur de tous les domaines de nos vies, mais nous ne le reconnaissons pas toujours comme tel. Certaines tables résistent encore et toujours à l’envahisseur. Tous ont péché, marchands comme clients, et sont privés de la gloire de Dieu. Nous méritions aussi d’être chassés du temple.

Tu es le temple !

Gloire soit rendue à Dieu, si Jésus est arrivé à Jérusalem comme le Roi, le Seigneur, il a aussi accepté de s’y rendre comme sacrifice. Aucun marchand ne pouvait pourvoir à un tel sacrifice, aucun client n’était assez riche ou assez parfait pour acquérir une telle victime. Personne n’est digne de se tenir dans la présence de Dieu. Mais Jésus s’est livré lui-même, pour que, purifiée par son sang, je puisse m’approcher de lui.

Je ne suis pas Jésus dans cette histoire. J’étais l’un des marchands ou l’un des clients chassés du temple, puis purifié et justifié pour que je puisse m’y tenir à nouveau. À qui puis-je donc m’identifier dans ce récit ? Ou plutôt, à quoi ? J’ai le privilège d’être maintenant le temple (1 Corinthiens 6:9), lieu d’habitation du Saint Esprit, sanctifié jour après jour. Et s’il y a des tables à renverser, elles sont d’abord dans mon propre cœur.

Des Brigands rachetés

Conscients de cela, nous pouvons alors nous appliquer à faire de notre cœur puis de notre église, une maison de prière. Demandons à Jésus d’enlever en nous tout ce qui le déshonore. Exprimons notre reconnaissance pour la grâce qu’il nous fait de pouvoir nous approcher de lui. Veillons sur nos frères et sœurs pour les encourager à marcher dans la piété (mais sans fouet !). Et rappelons-nous que nous sommes des brigands rachetés.

 

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