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Que puis-je penser de la règle de Billy Graham ?

Mon travail implique des réunions occasionnelles en un à un avec des personnes du sexe opposé. Devrais-je appliquer la « règle de Billy Graham » ? Y a-t-il d’autres façons de protéger les autres et moi-même, en particulier d’une manière qui tienne compte de ma nature pécheresse et qui ne traite pas les autres comme si c’était eux le problème ?

Je suis heureuse que vous me posiez cette question, en particulier à la lumière des récentes révélations d’abus sexuels perpétrés par feu Ravi Zacharias. Le célèbre évangéliste a affirmé qu’il appliquait la règle de Billy Graham – ne pas voyager, rencontrer ou manger seul avec une femme autre que son épouse – pour se préserver de la tentation sexuelle.

Si cela avait été la vérité, Zacharias – et d’innombrables femmes – se seraient bien mieux portés.

Mais la réponse n’est pas aussi simple que l’adoption de la règle de Graham, surtout compte tenu des avancées technologiques depuis que Graham s’est engagé à éviter même l’apparence du mal en 1948. Examinons certains fondements, puis certaines applications qui découlent de ces fondements.

Porteurs de l’image de Dieu et épanouissement humain

Tous les hommes et les femmes avec lesquels vous travaillez devraient être considérés en premier lieu et par-dessus tout comme des porteurs de l’image de Dieu et comme ayant une valeur égale au travail. L’appel de Dieu en Genèse 1 est adressé à la fois aux hommes et aux femmes pour qu’ils exercent la domination sur la terre – en créant un précédent qui instaure la nécessité de travailler les uns avec les autres.

Le lieu de travail moderne – celui où hommes et femmes s’efforcent ensemble d’atteindre un objectif commun qui favorise l’épanouissement de l’être humain – est un écho de ce travail dans le jardin. Le fait que les hommes et les femmes travaillent ensemble n’est pas un inconvénient ou un accident, mais un bien ordonné par Dieu.

Le fait que les hommes et les femmes travaillent ensemble n’est pas un inconvénient ou un accident, mais un bien ordonné par Dieu.

Les Écritures proposent également un modèle d’interaction avec les personnes du sexe opposé. Jésus a gracieusement et intentionnellement tendu la main de l’amitié à la fois aux hommes et aux femmes. Rien dans la Bible n’indique que Jésus considérait les femmes comme une gêne. Il était seul avec la femme près du puits (Jean 4), et après que Marie de Magdala eût été guérie (Luc 8), elle est devenue son disciple. En fait, Jésus s’est révélé lui-même à elle en premier après la résurrection (Jean 20:11–18).

L’exemple de Jésus nous montre que les interactions entre personnes de sexe opposé qui ne sont pas mariées sont au moins permises et, au mieux, peuvent être profitables.

Des barrières

L’équipe de Graham a établi sa règle – ainsi que des directives concernant l’argent, la publicité et la collaboration avec les églises locales – en reconnaissant les tentations spécifiques auxquelles les évangélistes étaient confrontés à cette époque. Il est important de noter que Graham n’était pas un pasteur, un conseiller ou un manager, et qu’il n’était donc pas responsable de l’encadrement d’une Église ni des interactions professionnelles typiques avec les femmes. Il était presque constamment sur la route, ce qui peut mettre à rude épreuve un mariage. Et il était exceptionnellement connu, ce qui pouvait donner l’impression aux gens qu’ils le connaissaient mieux que la réalité. Sa célébrité faisait aussi de lui une cible.

La règle qu’il avait fixée selon laquelle il ne devait pas y avoir avec une femme de rencontre seul à seul, n’était pas destinée à devenir une règle générale pour tous les hommes dans toutes les situations, mais elle lui était destinée, dans son rôle unique d’évangéliste itinérant.

La règle que Graham avait fixée selon laquelle il ne devait pas y avoir de rencontre seul à seul avec une femme n’était pas destinée à être une règle générale pour tous les hommes dans toutes les situations.

Pour Graham, cette politique était pleine de sagesse — elle l’a protégé durant des décennies. Bien des chrétiens y ont vu tellement de sagesse qu’ils l’ont adoptée à leur tour dans leur lieu de travail et dans leur ministère. Mais cela entraîne parfois des conséquences inattendues – des femmes qui ne sont pas encadrées au travail, conseillées à l’église ou connues par leur pasteur. Les femmes peuvent finir par être mises à l’écart, se sentir inférieures et dangereuses en quelque sorte.

Au lieu de cela, regardons plutôt l’esprit que la lettre de la règle de Graham. Avant de rédiger leur manifeste, les membres de l’équipe Graham ont passé du temps à réfléchir aux tentations particulières auxquelles ils seraient confrontés. Il peut être utile pour vous de faire de même – pensez d’abord aux endroits où vous êtes le plus tenté, et établissez des restrictions à ces endroits. Mais faites-le avec prudence, afin de ne pas nuire aux opportunités ou au bien-être de vos collègues.

Des exemples pourraient inclure :

  • Des filtres sur un ordinateur ou un téléphone dans le but de bloquer un contenu sexuellement explicite
  • La limitation du temps passé à l’écran pour éviter l’oisiveté ou le gaspillage de votre journée
  • Le partage des coordonnées de votre position avec vos amis et votre famille afin de garantir l’intégrité de votre position, telle que vous l’avez donnée à votre entourage.

Toutes ces barrières nous aident à vivre « au-dessus de tout reproche », ce qui est un désir honorable et biblique (1 Tim. 3:2). Cependant, il est important de se rappeler que ces barrières ne sont pas en elles-mêmes un chemin vers la piété. Comme Zacharias, certains hommes et femmes défendent publiquement la règle Graham, mais ne font que cacher des interactions néfastes avec le sexe opposé. L’apparence du péché est une chose à considérer, mais notre désir le plus grand devrait être d’éviter de pécher.

En Matthieu 23, Jésus reprend les Pharisiens car ils rajoutent à l’Écriture dans le but de se donner l’extérieur de la piété – alors que leurs cœurs sont éloignés de Dieu.

En d’autres termes, il est tout aussi dangereux d’ajouter à l’Écriture que d’en retrancher. Lorsque nous plaçons tout le poids de l’autorité biblique derrière une protection créée par l’homme, nous risquons l’idolâtrie. Nous ne sommes pas plus sages ou plus miséricordieux que Dieu. La règle de Graham n’est pas explicitement commandée dans l’Écriture – bien que cette barrière (et d’autres) puisse être utile, elle ne fait pas autorité. Veillons à ne pas élever nos idées ou nos règles à la place d’un commandement biblique, et reposons-nous dans l’assurance que l’Écriture nous a donné tout ce dont nous avons besoin pour la vie et la piété. (1 Pi. 1:3).

Des points à prendre en considération

Penser à des protections et des pratiques qui peuvent vous servir de garde-fous (ainsi qu’à vos collègues) est utile et pratique. Le souhait de vivre au-dessus de tout reproche demande que vous soyez créatif, réfléchi et charmant dans vos relations avec les autres.

Voici quelques considérations à porter dans la prière :

  • Êtes-vous quotidiennement dans la Parole et marchez-vous avec le Seigneur ? Avez-vous une communauté de foi à qui vous confessez régulièrement vos péchés et qui vous demande des comptes ?
  • Considérez-vous les autres comme des porteurs de l’image de Dieu ou des frères et sœurs en Christ, en premier et par-dessus tout – ou les voyez-vous premièrement comme des outils potentiels de destruction ou de plaisir pour vous-mêmes ? Vos interactions avec les personnes du sexe opposé sont-elles appropriées et matures ?
  • Vos collègues savent-ils que vous honorez leur temps et leur talent ? Se sentent-ils à l’aise pour vous faire part de leurs préoccupations ? Savent-ils que vous appréciez leur travail ? Ont-ils un égal accès à vous ?
  • Existe-t-il un moyen d’avoir des réunions en tête-à-tête avec des collègues qui ne soient pas isolées ou recluses ? Il peut s’agir d’une réunion dans une pièce disposant d’une fenêtre, d’une porte vitrée, ou même dans un lieu plus public. Créez-vous des espaces sûrs pour que les gens puissent s’épanouir dans leurs dons ?
  • Vous aurez probablement aussi besoin d’appeler et d’envoyer des SMS à vos collègues, surtout après cette dernière année où tant de personnes travaillaient à domicile. Comment pouvez-vous offrir un encouragement, un soutien et une communauté qui reflète l’amour du Christ ?

Il est sage de mettre en place des barrières pour vous protéger, vous et vos collègues, mais le plus important est de savoir si vous cherchez à honorer et à défendre la dignité des autres autour de vous. Que 1 Jean 4:7-22 soit notre guide pour aimer Dieu et chercher à nous aimer les uns les autres.

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