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Dans le Psaume 91 (v. 5-6), nous lisons :

« Tu n’auras rien à redouter :

ni les dangers terrifiants de la nuit,

ni la flèche qui vole pendant le jour,

ni la peste qui rôde dans l’obscurité,

ni l’épidémie qui frappe en plein midi. »

En ces temps incertains que nous vivons, quelle espérance ! D’ailleurs, ces versets ont « explosé » ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. La peste ne nous atteindra pas : Quelle espérance !

Mais attendez… de quoi parlons-nous ? De la protection que Dieu promet à son peuple ? Tu n’auras rien à redouter, ni le Covid-19 qui frappe en plein midi. Vraiment ? La question est posée : comment devons-nous lire ce Psaume qui parle en particulier de la protection que Dieu accorde envers ceux qui se confient en lui ?

Une protection promise

Même si nous sommes tous tentés de citer des versets bibliques trop rapidement, il serait bien naturel d’hésiter à dire que Dieu nous promet de toujours éloigner le mal de nous si nous nous confions en lui. Après tout, il est un homme qui, parfait d’entre tous les Hommes, a quand même connu la terreur de la séparation d’avec Dieu, une angoisse telle qu’une anxiété de mort gouttait de son front. C’est notre seigneur Jésus-Christ : Dieu fait chair !

Mais alors que faire de ce Psaume ? Est-il totalement inutile pour nous dans ce temps d’épidémie ? Ce serait aller trop loin dans l’autre direction. D’ailleurs, j’ai été frappé par le fait que la plupart des commentateurs, y compris réformés, n’hésitent pas à voir dans le Psaume une réelle affirmation ou confiance actuelle du psalmiste. Oui, Dieu est bon, bienveillant, et désire protéger son peuple !

Ainsi, Calvin ne peut qu’écrire : « Le psalmiste continue d’insister sur la vérité que je viens d’annoncer, à savoir que, si nous nous confions en comptant implicitement sur la protection de Dieu, nous serons à l’abri de toute tentation et de tout assaut de Satan. Il est important de se rappeler que ceux que Dieu a pris sous sa garde sont dans un état de sécurité absolue. » Dieu garde son peuple dans sa main, et il ne craint donc rien.

Calvin ajoute qu’« il n’y a aucune sorte de calamité que le bouclier du Tout-Puissant ne puisse écarter et repousser. » Dieu est le créateur, souverain et tout-puissant, celui qui, Seigneur du monde, peut par sa main puissante délivrer de tout mal. La confession du psalmiste est donc une forme d’affirmation apologétique : contre toute attente, en face des plus sérieux dangers, confiants en leur Dieu, les chrétiens peuvent vivre différemment. Ils font face aux dangers avec confiance. Dieu garde son peuple dans sa main, et il ne craint donc rien.

Deux mauvaises options

C’est là que nous devons tous nous arrêter avec étonnement. Peut-être même avec stupeur. Ou alors perplexité. Est-ce que nous ne sommes pas là face à une certaine contradiction : Dieu promet de protéger son peuple, et en même temps il ne protège pas toujours son peuple. A priori nous faisons face à un problème. Bien sûr, nous pourrions tenter quelques « solutions ».

Par exemple, nous pourrions dire que Dieu désire protéger son peuple, mais qu’il ne le peut pas. En créant, Dieu serait « entré » dans la création et serait donc lui aussi limité. Il serait soumis à certaines limitations similaires aux nôtres. Problème : tout, dans la Bible, nous rappelle que rien ne peut résister au bras puissant du Créateur… qui est aussi le Sauveur, et qui restaurera toutes choses dans la plénitude de son Royaume. Rien de tout cela n’est possible si Dieu ne demeure pas le tout-puissant ! La résurrection devient un symbole, et notre foi serait vaine (1 Corinthiens 15.14, 17).

Ou alors peut-être que Dieu promet de protéger son peuple… mais à certaines conditions ? Peut-être que Dieu promet seulement cela à ceux qui sont vraiment et totalement justes ? Dieu retirerait alors sa protection à ceux qui s’éloignent de lui. Ce serait une vue bien petite de la grâce, de la pitié, et de la bienveillance de Dieu. Il sait ce dont nous sommes faits : il sait que nous sommes poussière (Ps 103.14). Dieu est généreux avec nous : il sait que nous sommes pécheurs. Il ne nous récompense pas, et n’offre pas sa protection, à la seule condition de notre perfection. Sinon que nous arriverait-il ?

Lire et prier les Psaumes

Que faire alors de ce Psaume 91 ? Il me semble que nous ne devons pas oublier deux choses. Premièrement, nous devons lire et prier les Psaumes, dans toute leur richesse. Bien sûr nous ne devons pas sur-interpréter les Psaumes, et nous devons donc être prudents lorsque nous appliquons trop rapidement ces deux versets du Ps 91 à notre situation actuelle. En même temps, la prière et la confession du psalmiste sont une partie intégrante de notre foi, si nous nous rappelons que Dieu n’a jamais automatiquement protégé son peuple. Il le promet, il le fait… mais la lecture de la Bible nous montre qu’il retire parfois pour un temps sa protection. Dans ces moments tragiques, nous nous confions toujours en sa protection et en sa bienveillance !

Deuxièmement, nous ne devons pas oublier que nous avons dans le Nouveau Testament un exemple de mauvaise utilisation de ce psaume ! C’est Satan lors de la tentation de Christ (Mt 4.6). Mais il y a aussi une utilisation messianique de ce psaume par Christ en Lc 10.19. Cette citation du verset 13 devient alors un moyen de nous recentrer sur le don merveilleux de la vie éternelle en Christ (Lc 10.20). Merveilleuse leçon pour nous, lecteurs du Psaume 91 !

Sans détourner les paroles de ce psaume, dirigeons nos regards sur son accomplissement dans la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. C’est en lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. C’est parce qu’il est le cœur de ce Ps 91 que nous pouvons le lire dans un sens eschatologique, d’accomplissement plein et entier de la promesse dans le Royaume. Car c’est en fin de compte là, dans ce Royaume au sein duquel il n’y aura plus de douleurs et de larmes que nous pourrons pleinement confesser cette parole de Dieu lui-même, qui vient terminer ce chant : « Je le rassasierai de la longueur des jours et lui ferai voir mon salut. »

Voilà ce dont nous voulons témoigner dans ce temps de crise sanitaire : « Seigneur, aide-nous à témoigner de ton Royaume et de ton salut ! »

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