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Quand vos enfants refusent de se prosterner devant vos idoles

Note de l'éditeur : 

Traduit de : When kids won’t bow to your idols

La citation la plus profonde que j’ai entendue au sujet de l’éducation des enfants vient de Dan Allender, qui a dit : « L’une des plus grandes sources de conflit entre vous et vos enfants, c’est lorsqu’ils refusent de se prosterner devant vos idoles ».

Pas exactement le genre de phrase que l’on met sur un faire-part de naissance !

Maman en colère

Lorsque mon premier enfant est né, je voulais à tout prix faire un sans-faute dans mon parcours de parentalité.  J’ai lu tous les livres à ce sujet. Ceux-ci me promettaient qu’en suivant scrupuleusement leurs consignes, mon bébé suivrait les horaires que j’avais prévus, et dormirait toute la nuit dès notre retour de la maternité. Ou autre chose dans le même genre. Sauf que mon fils n’était pas spécialement coopératif. Il pleurait, jour et nuit. Il ne mangeait pas assez et ne dormait que vingt minutes d’affilée.

Quelle était la principale émotion que je ressentais dans ces moments-là ? La colère. Oui, j’étais en colère contre en nourrisson. Je jetais mon oreiller à travers ma chambre en plein milieu de la nuit, je criais sur mon mari, je disais des choses vraiment pas gentilles à lui et à mon enfant. Oui, je parlais mal… à un bébé. Bien entendu, je sais que les hormones, le manque de sommeil ont un impact sur notre comportement dans ces moments-là, mais j’étais surtout très énervée de constater que malgré mes efforts pour suivre mon plan à la lettre, je ne  récoltais pas les résultats escomptés. Après tout, je méritais bien d’avoir un enfant coopératif ! Tous mes livres expliquaient comment y arriver, en suivant les bonnes méthodes. Et croyez-moi, j’ai suivi toutes les méthodes. Je me prosternais devant les idoles du contrôle, du succès, du confort. Sans oublier l’idole d’une bonne réputation. Le souci, c’est que mon enfant, par contre, refusait de s’y soumettre. Quel affront !

Mon fils a soufflé sa première bougie, et il est devenu plus facile. Je continuais à vivre ma parentalité avec fierté : « Nous sommes de très bons parents ! Les gens feraient mieux de suivre mon exemple. » Je continuais à adorer mes idoles : Contrôle, Réputation, Succès, et Confort.

Puis Dieu a choisi de me donner ce dont j’avais besoin. Un deuxième enfant, qui refusait d’écouter quoi que ce soit. Nous le corrigions, et il riait. Nous le corrigions à nouveau, et il recommençait. Cet enfant était une énigme, qui défiait quiconque à lui imposer des règles, et qui essayait de mener la danse dans notre foyer.

Quelle était la principale émotion que je ressentais ? Oui, vous l’avez bien deviné, la colère. Comment osait-il agir ainsi ? J’avais mis en place tout un système ordonné, que j’estimais très bon, et il prenait un malin plaisir à me le démonter, un jour après l’autre. J’ai donc tenté d’exercer  un contrôle toujours plus serré, lui ordonnant de se prosterner devant mon idole, se soumettant enfin comme l’enfant respectueux qu’il devait être.

Mais il ne voulait pas se soumettre. Et j’étais en colère.

Identifiez vos idoles

Dans son livre « Les Idoles du Cœur : quand ce que vous adorez vous déçoit [1] », Tim Keller dit « Une idole est tout ce que vous contemplez en vous disant au fond de votre cœur « si seulement je l’avais, alors ma vie aurait un sens. Je saurais que je vaux quelque chose et je me sentirais important et en sécurité». Les idoles, ce sont toutes ces choses qui nous réconfortent lorsque nous nous sentons menacés. Comment les identifier ? Voici quatre manières de le faire :

1) Soyons attentifs aux émotions négatives que nous ressentons face à nos enfants

Rappelez-vous toutes ces occasions où la frustration ressentie face à vos enfants était à son comble. Le plus souvent, cette frustration n’est pas due à leur comportement, mais parce qu’une de vos idoles se trouve menacée. Reprenez le fil de vos émotions, pour en trouver la source. Qu’est-ce qui vous semble menacé ? L’idéal d’un enfant obéissant ? Votre réputation ? Votre confort ? Le plus souvent, le comportement de nos enfants ne provoque pas en nous un brisement devant le constat de leur péché, mais plutôt une forte irritation devant le constat que nos propres désirs sont menacés. Prenez le temps de suivre le fil de ces réactions fortes, pour pouvoir en retrouver l’origine, et s’en repentir.

2) Cherchons à voir ce en quoi nous plaçons nos espoirs lorsque tout va bien

Lorsque votre enfant obéit,  à qui ou à quoi l’attribuez-vous ? Votre nouveau tableau de service affiché au frigo ? Le livre que vous venez de lire ? Votre persévérance ? Si vous l’attribuez à autre chose qu’à la grâce de Dieu, il y a de fortes chances que vous adorez une idole.

3) Gardons-nous de ne pas tomber dans le piège de la comparaison

À la racine de la comparaison se trouve l’idolâtrie. Lorsque vous éprouvez un sentiment d’échec, c’est le signe que vous adorez la performance et la réputation. Vous vous sentez alors découragés de ne pas être à la hauteur. Lorsque vous éprouvez un sentiment de supériorité, vous adorez tout autant la performance et la réputation, et vous vous dites que vous avez parfaitement réussi. Si nous sommes tentés de nous comparer aux autres parents, ou de comparer notre enfant aux autres, cherchons à discerner en quoi nous plaçons notre espoir plutôt qu’en Jésus.

4) Reconnaissons ce qui est passé d’agréable à indispensable

Il y a certainement dans votre vie de bonnes choses, des désirs louables que vous avez transformés peu à peu en exigences. Vous cherchez alors à les vivre à tout prix, et si cela ne se déroule pas comme prévu, vous en êtes très affecté.  En voici quelques exemples : le fait de pouvoir donner un rythme fixe aux journées de votre enfant, le fait que vos enfants vous parlent sur un ton respectueux, leurs succès académiques ou sportifs. Lorsque ces bonnes choses deviennent indispensables, vous êtes en terrain idolâtre.

Pourquoi est-ce si important ?

Il est très important d’identifier vos idoles, non pour se culpabiliser (« je suis rempli de péché ») ni pour se complimenter (« je suis si spirituel »), mais pour découvrir comment les remplacer par la grâce et la vérité. Lorsqu’on discerne les idoles dans nos vies, on peut constater au moins trois conséquences :

1) Une éducation appliquée dans l’humilité

Un des plus grands cadeaux que Dieu m’a fait a été de me confier un enfant qui ne voulait pas suivre les règles, parce que Dieu a utilisé cette situation pour me montrer mes idoles, et les mettre à terre. Quand je réalise à quel point je me prosterne facilement devant autre chose que Jésus, je suis bien plus douce dans ma discipline pour mes enfants. Je ne deviens pas laxiste, irresponsable, mais douce, empathique. Ma tendance à dire « comment oses-tu ? » s’efface pour que je dise « Pardonne-moi… j’ai le même penchant pour le péché dans mon cœur. Nous menons la même bataille, nous sommes dans le même camp. » Un des outils les plus importants dans l’éducation des enfants, c’est la capacité à se repentir. Humiliez-vous, et vos enfants se souviendront de votre repentance tout autant que des temps de partage biblique que vous organiserez.

2) Vous pouvez apprendre à vos enfants à identifier leurs propres idoles

Notre comportement est influencé par ce que nous adorons. Si vous arrivez à aiguiser votre discernement à propos de ce que vous adorez à la place de Dieu, vous pourrez alors aider votre enfant à voir ce qu’il adore, lui aussi. Vous irez vers une repentance plus profonde, et, Dieu voulant, un plus grand changement de cœur.

3) Une parentalité avec de nouveaux objectifs

Je n’ai plus comme objectif principal dans ma vie des enfants obéissants. Ce n’est plus aujourd’hui un but à atteindre. Je souhaite par-dessus que mes enfants soient des disciples de Christ, prompts à aimer et à se repentir, qui courent à lui quand ils ont chuté. Seul Dieu peut opérer cela dans leurs cœurs, je ne peux pas le forcer en eux. Et avec un objectif pareil, je ne me préoccupe plus autant des petits détails de la vie courante.

Dieu exerce sa parfaite parentalité

Dans son livre « 14 principes bibliques qui transformeront votre famille [2] », l’auteur Paul Tripp remarque « Dans nos efforts pour élever nos enfants, nous sommes nous aussi au bénéfice de l’éducation de notre Père céleste ». Alors que vous éduquez vos enfants, Dieu fait de même avec vous, comme il a promis de faire tout au long de votre vie.

Pensez-y la prochaine fois qu’il est 19h57, que votre enfant se relève pour demander un verre d’eau et vous avez juste envie de hurler, de fermer la porte et de regarder votre série préférée. Dieu est avec vous pour vous éduquer aussi. Il vous montre votre égoïsme, votre idolâtrie, et il vous donne sa grâce et son amour. Vous avez un père parfait qui n’est jamais lassé de vous voir retourner à vos citernes trouées. Il vous ramène à lui et vous change, petit à petit, à sa ressemblance. Il vous élève avec grâce pour que vous puissiez élever votre enfant avec grâce aussi.

Et ça, vous pourriez l’écrire sur un faire part de naissance.

[1]      Éditions Clé, 2012

[2]      BLF éditions, 2018

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