Dans le premier article, nous avons donné quelques conseils pour interpréter les textes plus difficiles de l’Écriture. Je voudrais dans ce deuxième article proposer 5 brèves recommandations pour prêcher simplement sur des textes difficiles.
1) Restons simples
Ceux qui prêchent ne doivent pas voiler la Parole, nous devons nous effacer devant elle.
C’est la chose la plus importante, et c’est parfois une lutte spirituelle. Nous sommes tombés sur un texte compliqué et nous avons passé des heures sur l’interprétation. Nous avons mis les pieds dans le texte original et écouté attentivement les échos entre les textes de l’Écriture. Nous avons médité l’histoire de Dieu. Nous nous sommes imprégnés du texte sans voiler les problèmes. Nous laissant éclairer par la sagesse de l’Esprit, nous sommes entrés au cœur du texte.
Il serait facile de vouloir maintenant faire étalage de tout ce que nous avons trouvé. Nous ne sommes pas consciemment orgueilleux, montrant que nous avons plus de connaissance que les autres. C’est peut-être comme cela que ce sera perçu. Si Dieu nous a appelés à proclamer sa Parole, nous devons toujours nous poser la question de la manière dont cette proclamation sera perçue. Ceux qui prêchent ne doivent pas voiler la Parole, nous devons nous effacer devant elle.
Restons simples afin que la connaissance que nous avons acquise dans l’étape de compréhension du texte ne vienne pas prendre la place de la Parole de Dieu ! Dieu nous appelle à proclamer sa Parole, à l’exposer, à en dévoiler la beauté et la richesse. Notre connaissance doit s’effacer devant elle.
2) Soulignons le problème
Parfois, souligner le problème est le meilleur moyen d’éclaircir les choses. La prédication n’est en effet pas seulement la proclamation de la Parole mais comprend une dimension pédagogique. Prêcher le texte n’est pas seulement un moyen de dire le texte, d’expliquer ce qu’il signifie, mais de montrer à tous les croyants comment mieux comprendre cette merveilleuse Parole que Dieu a laissée à son peuple.
En accentuant le problème, même (et surtout) lorsqu’il est choquant, nous prenons l’Écriture au sérieux. Notre prédication établit aussi un solide point de contact avec tous les croyants qui ont bien remarqué le même « problème » dans le texte. Après tout, ce qui choque passe difficilement inaperçu ! Souligner ces aspects du texte permet aussi de sur-accentuer la réponse divine qui ne manque pas de venir : la grâce, la bonté, le pardon, etc. Si je peux me permettre un énorme raccourci, c’est comme si nous appliquions ici ce constat paulinien : « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5.20).
3) Ne nous noyons pas dans les options
Dans le cas de certains textes, les choix d’interprétations pourront être divers. Je crois qu’avec une juste herméneutique, les cas sont plutôt rares, mais ils peuvent arriver. Même dans ces cas, il est encore plus rare que les choix possibles viennent éclipser le point majeur du texte. Dans tous les cas, la responsabilité du prédicateur est de faire ressortir avec brièveté la clarté du texte. Si diverses options sont possibles, il faut en faire clairement état. Ceci est possible si nous gardons à l’esprit ce qui est le cœur du texte. En Matthieu 11, l’énigme des violents qui s’emparent du royaume pourrait trop facilement nous faire oublier que le cœur du passage ne concerne pas la manière dont le royaume est « pris » par les violents, mais le ministère de Jean le Baptiste préparant la voie du Messie.
Avec sagesse, notre prédication doit laisser place au cœur vivant de la Parole sans la noyer sous les hésitations des options exégétiques.
Étaler toutes les explications possibles de Matthieu 11.12 ne ferait que noyer, dans la prédication, ce qui devrait en rester l’un de ses points centraux. Jean le Baptiste a fidèlement préparé la voie du Messie par lequel vient le royaume. Dans beaucoup d’autres cas, nous sommes tentés de compliquer notre prédication : celle-ci ne doit pas devenir un cours d’exégèse ou un résumé des avis de tous les commentateurs. Avec sagesse, notre prédication doit laisser place au cœur vivant de la Parole sans la noyer sous les hésitations des options exégétiques.
4) Regardons à l’histoire de la rédemption
Ne perdons pas de vue que, texte difficile ou non, Dieu poursuit un même objectif dans la révélation de sa Parole. Il dévoile la pleine manifestation de la restauration de sa création. Tous les livres de l’Écriture trouvent une juste place, selon leur genre et leurs thèmes principaux, dans cette direction imprimée par Dieu dans l’histoire du monde. Selon les livres bibliques, et les textes particuliers, il sera parfois nécessaire d’en faire l’un des points centraux de la prédication.
Cela pourra être le cas dans le livre d’Esther, au sein duquel Haman sert de « type » de l’opposition à Dieu. Il est en quelque sorte un type de l’anti-Christ, un instrument de la destruction de la promesse.
5) Ne perdons pas de vue le Christ
Pour le prédicateur, proclamer la Parole de Dieu est un combat spirituel. C’est une lutte de tous les jours contre notre orgueil spirituel.
Je sais, c’est un classique, mais lorsque nous prêchons sur un texte difficile, c’est facile de l’oublier. Oui, c’est facile, parce que notre orgueil revient toujours en force. Je reviens à ce que je disais en commençant. Pour le prédicateur, proclamer la Parole de Dieu est un combat spirituel. C’est une lutte de tous les jours contre notre orgueil spirituel. Nous avons lutté avec un texte difficile révélé par Dieu à son peuple. Nous avons vu, nous avons trouvé, la perle de grand prix.
Qu’allons-nous prêcher ? Ne perdons pas de vue le Christ ! C’est la perle de grand prix que nous devons présenter, resplendissante, au peuple de Dieu rassemblé pour adorer son Seigneur. Si je reviens à ce point en terminant, c’est parce qu’il est facile de l’oublier. Le plus grand danger, pour celui que Dieu appelle à proclamer sa Parole, c’est que la qualité de sa prédication, la profondeur de son herméneutique, éclipse la Parole de Dieu elle-même.
Ne perdons jamais de vue le Christ !