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Lorsqu’il s’agit de notre connaissance de Dieu et de sa Parole, comment est-ce que nous arrivons à combler le fossé entre la tête et le cœur ? C’est une question qui revient sans cesse dans le peuple de Dieu, car beaucoup ont lutté pour que la vérité biblique soit plus qu’une simple abstraction dans leur vie.

La question a attiré l’attention des Puritains au XVIIe siècle. En tant que prédicateurs, ils étaient particulièrement soucieux de savoir comment prêcher de manière à instruire l’esprit et à incliner les affections. William Perkins a apporté une contribution significative à la discussion avec sa publication de ‘The Art of Prophesying’ (L’Art de la Prophétie) en 1592.

Perkins considérait les affections comme l’inclinaison de l’âme vers (ou depuis) un objet particulier. L’âme aime ce qu’elle perçoit comme étant bon et, par conséquent, est inclinée vers lui. Cette inclination s’exprime par le désir (lorsque l’objet est absent) et la joie (lorsque l’objet est présent). À l’inverse, l’âme déteste ce qu’elle perçoit comme étant mauvais et, par conséquent, est inclinée à s’en éloigner. Cette inclination se manifeste par la peur (lorsque l’objet est absent) et la tristesse (lorsque l’objet est présent).

Reconnaissant que, au bout du compte, ces affections déterminent nos choix, Perkins pensait qu’un prédicateur doit viser à incliner les affections (principalement vers l’amour pour Dieu et la haine du péché) par l’instruction de l’esprit. Cela l’a conduit à défendre trois convictions clés concernant la prédication.

Un Sens Profond

Premièrement, Perkins était convaincu qu’un prédicateur doit posséder un sens profond de la gloire de Dieu et la déformation du péché. Croyant qu’il existe une « puissance de l’âme » entre nos sens et notre compréhension qui rend nos pensées réelles et vivantes, il a encouragé les prédicateurs à imprimer la Parole de Dieu dans leur propre cœur.

L’herméneutique ne le fera pas, pas plus que les commentaires de la Bible ou les dictionnaires. Bien qu’elles soient utiles pour une interprétation précise, ces choses ne peuvent guère que remplir l’esprit. Les affections chaleureuses ne sont pas le résultat de l’étude, mais d’une réflexion, d’une méditation et d’une application délibérées. Les pensées profondes de la puissance de Dieu suscitent la peur, les pensées profondes de sa sagesse suscitent la foi, et les pensées profondes de sa bonté suscitent l’amour. Lorsque ces trois grâces « radicales » s’installent, un prédicateur est capable de communiquer affectivement ce qu’il sait par expérience.

Un Style Simple

Deuxièmement, Perkins était convaincu que le but d’un prédicateur en chaire ne doit pas être la démonstration de sa compétence, mais la manifestation de la puissance de Dieu. Beaucoup trop de prédicateurs de son temps étaient trop préoccupés par les « garnitures » de leurs sermons et, par conséquent, incapables de transmettre le Christ de façon vivante à leur peuple. Ils étaient habitués au style de prédication « orné » qui était répandu au sein de l’Église d’Angleterre, mais il était alourdi par l’apprentissage humain et donc rendu inefficace.

Pour Perkins, la solution résidait dans un style de prédication « simple ». Un prédicateur doit s’efforcer de prêcher simplement (et non de manière simpliste) pour s’assurer que rien ne détourne l’esprit de la compréhension de la vérité de la Parole de Dieu. Il ne fait pas un exposé, un discours ou un séminaire, mais il annonce la Parole de Dieu.

Il ne se préoccupe pas des derniers titres, des dernières philosophies, des dernières tendances culturelles ou des derniers événements mondiaux, mais du déploiement des paroles mêmes de l’Écriture. Il ne cherche pas à impressionner ses auditeurs par la profondeur de son apprentissage ou l’étendue de ses lectures, mais à mettre leur esprit en contact vital avec le sens des Écritures.

Une Méthode Simple

Troisièmement, Perkins est convaincu qu’un prédicateur ne doit pas chercher à remplir l’esprit de simples notions, mais l’instruire de manière à incliner les affections. Pour Perkins, cela nécessitait trois étapes, un prédicateur doit :

  1. « donner le sens et la compréhension » de son texte. Ce faisant, il « ouvre » l’Écriture pour que son sens devienne évident pour tous.
  2. « recueillir quelques points de doctrine profitables » dans son exposé. Perkins a appelé ce processus « la bonne coupe de la Parole ». En termes simples, il s’agit de déduire le point principal d’un passage : théologique et pratique.
  3. « appliquer les doctrines à la vie dans un langage simple et clair ». Le but, pour Perkins, était un examen attentif du cœur par l’application minutieuse de la Parole de Dieu.

Il est intéressant de noter que, selon Perkins, la plus grande partie de la prédication devait être consacrée à cette troisième étape. Après avoir ouvert le texte et en avoir tiré les vérités fondamentales et les leçons, un prédicateur doit minutieusement les appliquer à sa congrégation par la correction, l’admonition et l’exhortation.

Il démontre comment la Parole de Dieu s’adresse aux déprimés, aux négligents, aux têtus et aux égarés. Il montre comment la Parole de Dieu s’adresse à tous les « cas de conscience » imaginables. Il cherche à perturber les confortables par l’application minutieuse de la loi, et à réconforter les perturbés en leur offrant le baume de guérison de l’évangile. En bref, un prédicateur doit être fervent dans son application, cherchant à susciter « les affections pieuses de son cœur. »

Conclusion

Perkins n’a jamais minimisé la nécessité pour le Saint-Esprit de bénir la prédication de la Parole de Dieu. Il est parfaitement conscient du fait que « les prédicateurs peuvent pleurer jusqu’à ce que leurs poumons s’envolent et que les hommes ne soient pas plus émus que des pierres. »

Pourtant, tout en soulignant l’efficacité de la Parole de Dieu, prêchée dans la puissance du Saint-Esprit, Perkins est en même-temps attaché à une approche de la prédication marquée par la clarté et la simplicité, et alimentée par une reconnaissance des réalités éternelles, parce qu’il la considére comme le moyen de combler le fossé entre la tête et le cœur.

Note de l'éditeur : 

Traduit de Preaching to the Heart par Aimée Palmer

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