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Nous sommes sur le point de démarrer le processus (encore mystérieux au moment où j’écris ces lignes) du déconfinement. Une période qui pour certains a paru très longue, à d’autres moins, mais qui a été pour tous inédite, va peut-être s’achever. Des semaines complètes confinés chez nous, à attendre un scénario qui permettrait de retrouver la vie d’avant.

Un mot suffirait à résumer ce que j’ai pensé de ce confinement : soulagement. Et si je constate la réalité et l’intensité de cette émotion vécue depuis mi-mars, je veux la questionner et l’examiner à la lumière des Écritures. Bien sûr, si je ressentais un soulagement à être confinée, en tout logique, je ne saute pas de joie à l’idée de ne plus l’être. Comment donc s’y préparer ?

Le retour des contraintes ?

Premièrement, ce soulagement était la conséquence quasi immédiate d’un arrêt brutal de toutes sortes d’engagements, et d’un rythme de famille soutenu, avec horaires serrés et agenda plein à craquer. Plus de trajets en voiture répétitifs. Plus de rendez-vous stressants. Plus de moments de tensions que mes enfants vivent à l’extérieur et que nous tentons de dénouer à leur retour à la maison. Moins d’occasions simplement d’être confronté à tout ce que nos quotidiens ont de pénible.

Ainsi ce soulagement pourrait juste être le reflet de cette réalité : une pause forcée, mais bienvenue. Mais ce n’est qu’un détail dans tout le tableau.

Le problème, c’est quand ce soulagement me sert d’excuse pour me conforter dans cette situation inédite, et que je laisse s’installer une spirale de la déconnexion, comme si son caractère imposé me dédouanait de toute responsabilité en dehors de ceux qui sont confinés avec moi. Je peux certainement profiter de ce temps pour souffler, et réfléchir à ce qu’il faut sûrement corriger dans mes priorités. Mais que je ne me déconnecte pas des gens et des situations pour les mauvaises raisons !

À la réalité de ces différents niveaux de soulagement se rajoute la vérité pure et simple que je ressens un soulagement d’être libérée de tout ce que nos relations ont de difficile. Se sentir libérée de certaines contraintes apporte un soulagement momentané, et pourrait me faire croire qu’un retour à la vie d’avant ne se résumerait qu’à un retour de ces contraintes.

Je suis tentée ainsi de me conforter dans ce soulagement, pour toutes ces raisons : il m’est imposé, il n’est pas de ma responsabilité, il est mérité… il est à préserver.

Mais très rapidement, la réalité me rattrape : comme l’a dit une amie qui faisait le même constat que moi : « l’absence de contraintes extérieures et de relations personnelles ne règle pas mon péché. Il est bien là, ancré, faisant fi des circonstances ». Le péché n’est pas resté derrière la porte, masqué et nettoyé au gel hydroalcoolique. Il est révélé, au quotidien, dans mes pensées, et dans mes actes. Les contraintes ne sont pas responsables de mon péché. Je veux donc quotidiennement aller à la croix et reconnaître que ce que le confinement révèle bien plus qu’un soulagement, c’est ma faiblesse. Je ne veux pas que cette faiblesse révélée me fasse fuir mes contraintes et les personnes avec qui je suis en lien, mais plutôt qu’elle me fasse courir à la croix !

Se réjouir de ce que Dieu a prévu pour nous

D’après mes échanges et mes lectures ces dernières semaines, je constate que bon nombre de personnes ressentent ce même soulagement à vivre à un rythme moins effréné. Il n’y a pas de mal en cela, bien sûr, et ma vie de famille a été par moments très riche grâce à ce temps confiné. Mais si je reste focalisée sur mes émotions de ces dernières semaines, je suis en danger d’occulter tout le reste. Je veux être reconnaissante pour les bonnes choses, et réaliser aussi que nous faisons partie de ceux qui n’ont pas été impactés comme d’autres, sur le plan économique par exemple. D’autres personnes attendent certainement le déconfinement pour retrouver leur travail, sortir de la solitude et bien d’autres raisons. Revoir nos familles, reprendre nos cultes tous réunis, la liste de bonnes choses qui nous attendent est longue ! À quoi est-ce que je m’attache le plus ? Mon confort de ces dernières semaines, ou bien ce que le Seigneur a en réserve pour nous dans celles à venir ?

Le danger serait donc de chercher à vivre ce temps comme étant ma nouvelle norme à préserver. Une de mes filles me disait il y a quelque temps qu’elle avait souvent peur : quelle aubaine pour elle que ce temps éloigné de toutes sources de craintes ! Mais mon désir n’est pas de la protéger de cela, en la tenant à distance. Mon désir est de voir en elle s’enraciner une confiance en Dieu qui nous soutient et qui pourvoit à nos besoins. Le confinement lui a donné un certain confort, mais à nous, parents, de continuer à lui montrer la vérité de la Parole de Dieu qui l’équipe pour sa vie, confinée ou non, et pour qu’elle connaisse l’espérance qui s’attache à l’appel de notre Père céleste (Eph 1.18). La vie de ceux qui suivent Christ n’est pas une vie détachée de la réalité, loin des difficultés et libérées de contraintes. Si j’entretiens ces pensées, j’ignore complètement ce à quoi nous sommes appelés, cette comparaison à un soldat debout et équipé à lutter. Quand je me contente de ma vie confinée, combien je réduis ma vie de disciple à de la poussière ! À quoi ai-je été appelée ?

Le dernier aspect que Dieu m’a permis de réaliser est le côté communautaire de notre confinement, comme de notre déconfinement. Une façon de ne plus vivre centrée sur mon soulagement a été d’entretenir des liens avec mes frères et sœurs et de me réjouir de les retrouver. La vie d’Église n’a pas été interrompue ces derniers mois, pas seulement parce que nous vivons à l’ère des logiciels performants, mais parce que Dieu a donné à l’Église ces liens qui perdurent dans l’épreuve. La lecture des épîtres de Paul nous rappelle quels sont les liens qui unissent les chrétiens, même éloignés. Paul, qui était souvent éloigné des églises qu’il connaissait, se réjouissait toujours à l’idée de les revoir un jour (Rom 1. 9-12).

Je veux être soulagée à l’idée de retrouver mes frères et sœurs, de vivre nos dons pour la gloire de Dieu et de leur témoigner l’amour que Dieu déverse dans mon cœur, si je le laisse faire son œuvre.

Ainsi que je n’aspire en premier lieu ni à une vie confinée, ni une vie déconfinée, mais de vivre pour Christ et que je renonce « à l’impiété, aux désirs de ce monde, et à vivre dans le siècle présent d’une manière sensée, juste et pieuse, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ-Jésus » (Tite 2. 12,13).

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