J’aurais pu écrire : Ni timides, ni arrogants. Cela correspond à deux tempéraments. Un chrétien a forcément un tempérament ; mais est-ce cela qui doit principalement définir son comportement ? La réponse est non.
En disant : Ni indifférents, ni militants, c’est l’attitude qui est visée, plutôt que le tempérament. C’est le résultat d’un choix, d’une posture devant la vie. Certains diraient d’une certaine philosophie.
Comment nous situer dans un monde tenté par le paganisme, avec tout ce que cela suppose ? Comment réagir à ce qui se passe autour de nous, depuis cette position qui est la nôtre : dans le monde mais pas du monde ?
Témoins, plutôt
Le mot « témoin » dit beaucoup de choses sur notre vocation. Seulement témoins ? En un sens, oui. Pas pour dire que le chrétien ne ferait que regarder ce qui se passe, comme à la télévision. Plutôt rappeler la vocation d’un témoin dans le cadre d’un procès : il dit ce qu’il doit dire, sans y ajouter, quelles que soient les conséquences. L’enjeu peut être très grand (dans certain cas, on peut faire taire un témoin…).
Si un témoin est timide ou indifférent, s’il est arrogant ou militant, cela sera gênant. A-t-il un intérêt personnel ? Aucun, sinon la paix de sa conscience. Pour cela, il doit être en mesure de dire oui ou non, s’il le faut. Un témoin n’a aucun droit, il n’a que des devoirs.
C’était l’engagement des chrétiens décrits dans le livre des Actes : Nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu (4.20). J’ai évoqué la notion de devoir car un témoin ne doit pas se laisser intimider facilement[1] : Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (5.29). Puis, après avoir été battus de verges (quand même), ils se retirèrent de devant le tribunal des Juifs, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus (5.41).
S’agit-il de militantisme ? Oui et non. Oui, dans la mesure où il s’agit d’une cause que l’on sert avec courage. L’apôtre Paul se bat comme un lion quand il est arrêté et amené devant ses juges, allant jusqu’à faire appel à César (Actes 25.11). Il dira à Timothée : J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi (2 Timothée 4.7).
Quand l’Église a été militante, elle n’a pas fait que de bonnes choses, ni toujours de la bonne manière. C’est gênant.
Mais le militantisme est généralement connoté d’une manière qui ne convient pas à la position d’un chrétien. Selon Wikipédia, les militants sont des personnes qui mènent des campagnes en faveur du changement, en général sur des questions politiques ou sociales. Dans ce sens-là, le chrétien n’est pas un militant. Quand l’Église a été militante, elle n’a pas fait que de bonnes choses, ni toujours de la bonne manière. C’est gênant.
Il en est de même pour ce qui est du zèle. Il peut être pur ou excessif, éclairé ou sans intelligence(Romains 10.2). Ayez du zèle et non de la paresse, écrit l’apôtre Paul (Romains 12.11). Il est clair que la paresse et même la timidité ne sont pas des vertus chrétiennes. Cependant, de nombreuses utilisations du mot zèle ou zélé, dans le Nouveau Testament, sont clairement négatives. Prendre trop à cœur une cause, même juste, peut être mal inspiré. C’est mettre Dieu de côté. Ce n’est donc pas la bonne réponse. Paul était plein de zèle avant sa conversion (Actes 22.3) ; plus tard, il dira qu’il agissait dans l’ignorance, par incrédulité (1 Timothée 1.13). Paul se trompait lui-même : il ne servait pas Dieu mais son ambition, son idéal.
Chacun comprend qu’il n’est pas nécessairement aisé de trouver la posture juste, la bonne mesure. Je propose 6 recommandations.
1. La tristesse plutôt que la colère
La colère n’est pas toujours un péché. Elle peut être le reflet de l’irritation de Dieu lui-même face à certaines situations. Nous savons que Jésus l’a vécu (Matthieu 21.12). Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul écrit : Mettez-vous en colère, mais ne péchez pas. Que le soleil ne se couche pas sur votre colère (4.26). Nous comprenons que la colère doit connaître une limite dans son intensité et dans sa durée. Elle ne doit donc pas s’installer. Celui qui est en colère n’écoute plus. Que d’actes malheureux, parfois irréversibles, ont été commis sous l’impulsion de la colère !
Celui qui est lent à la colère a une grande intelligence, dit le livre des Proverbes (Proverbes 14.29 ; 15.18 ; 16.32 ; 19.11). De Dieu, il est écrit qu’Il est lent à la colère (Néhémie 9.17 ; Psaume 103.8). Comme cela nous conviendrait bien !
En effet, la colère est vraiment déplacée dans la vie de quelqu’un qui trébuche souvent. Et souvent elle est là pour détourner l’attention de nos propres inconséquences, pour masquer ce qui ne va pas chez nous. On le voit chez les enfants, mais pas seulement chez les enfants. Dans le livre des Actes, on le voit par exemple chez des opposants à l’Évangile qui, en fait, ne pensaient qu’à leur intérêt, notamment pécuniaire ! (19.23-28).
Et la tristesse ? Jésus a connu la tristesse devant certaines circonstances (Matthieu 26.38, Luc 19.41 ; Jean 11.35). Ce n’est donc pas un péché. Nous savons que le Saint-Esprit peut être attristé (Éphésiens 4.30). Nous pouvons donc bien l’être, nous aussi. Pierre écrit que Lot tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu’il voyait et entendait de leurs œuvres criminelles (2 Pierre 2.8).
La colère convient mieux à Dieu, juste juge, qu’à nous (Romains 12.19-21). Si nous regardons à nos propres vies, sans doute y trouverons-nous plus de raisons d’être attristés que d’être en colère. Autant dire que ces deux sentiments peuvent être légitimes ou s’égarer gravement. Prendre de la distance devrait nous aider à discerner ce que Dieu approuve.
2. Trouver la bonne distance
Un bon témoin est quelqu’un de réfléchi plutôt qu’un impulsif. S’il doit se reprendre parce qu’il est allé trop loin, cela va ôter du crédit à son témoignage. Aujourd’hui on accorde tellement de place à la subjectivité, au ressenti, aux émotions, qu’il est difficile de savoir à quoi se fier.
La Bible donne beaucoup d’exemples de comportements impulsifs qui ont produit des fruits amers. A l’inverse, elle montre de beaux exemples de croyants qui ont su prendre du recul. Le cas de Job, qui a presque tout perdu, est significatif : Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, l’Eternel a repris. Que le nom de l’Eternel soit béni (Job 1.21).
La connaissance que Dieu nous donne de Lui, de nous-mêmes, du monde, nous permet de prendre de la distance par rapport aux événements, par rapport à nos états d’âme. Il n’est donc pas nécessaire de devenir bouddhiste pour cela ! Certes, le chrétien doit vivre l’instant présent. A chaque jour suffit sa peine (Matthieu 6.34). Mais d’autres, avant lui, ont vécu des situations semblables, étonnantes et parfois difficiles (Jacques 5.10 ; 1 Pierre 5.9). C’est ce que décrit le chapitre 11 de la lettre aux Hébreux. Cela ouvre la perspective de l’espérance : Nous gémissons parfois dans cette tente, il est vrai, mais nous regardons aux choses invisibles qui sont éternelles (2 Corinthiens 4.18 ; 5.2). N’oublions pas quel’espérance conditionne notre manière de vivre, autant que la foi !
La lecture de la Bible et la prière nous aident à trouver cette juste distance par rapport aux événements. Le Psaume 73 le montre : ayant exprimé devant Dieu son désarroi, puis étant entré dans le sanctuaire(73.17), Asaph découvre les choses autrement : oui, il y a des injustices en grand nombre, mais aucune ne peut abolir la justice de Dieu qui conclura toutes choses (Romains 8.35-39 ; 12.19). N’y a-t-il donc rien à faire ? Si, mais pas comme si Dieu était absent !
Dans sa première lettre, l’apôtre Paul invite les Corinthiens à cette mise à distance, avec ses fameux « comme ne pas » du chapitre 7. Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court ; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme n’en ayant pas, ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas et ceux qui usent de ce monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe (7.29-31).
N’y a-t-il donc aucun engagement à prendre dans ce monde ? Il y en a, mais pas sous le régime de l’impulsivité, des règlements de compte, des bras de fer ; ni même de la bonne volonté. On peut commettre beaucoup de sottises avec de la bonne volonté…
Cela signifie-t-il qu’il n’y a aucune place pour la spontanéité ? Il peut y avoir de la spontanéité, mais dans la vie de personnes réfléchies !
3. Dire les choses comme Dieu le demande
Un témoin est au service d’une cause, celle de la justice, celle de la vérité. De sa parole, beaucoup de choses peuvent dépendre, positivement ou négativement. Un témoin doit agir librement. Il ne cherche pas à plaire (Galates 1.10), ni à retirer un avantage personnel (1 Timothée 3.3 ; Tite 1.7). Il doit être sobre, sans rien dissimuler, cependant, de ce qui doit être dit. Il n’est pas un bavard, ni un discoureur. Si un témoin s’exprime clairement, il peut faire basculer le cours d’un procès. S’il est confus, s’il y a à prendre et à laisser dans ce qu’il dit, ce sera compliqué. Telle est notre responsabilité dans ce monde.
Nous reconnaissons là l’attitude de Jésus. Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, dit-Il à Pilate (Jean 18.37). Ni timidité ni arrogance dans ses paroles. Parfois Jésus choisit de se taire, notamment quand on l’accuse (Matthieu 27.12 ; Marc 14.61). Parfois Il parle avec assurance (Jean 19.11). En tout cela, Il est un fidèle serviteur.
L’apôtre Paul montre une attitude semblable, par exemple quand il dit qu’il nous a transmis les choses telles qu‘il les a d’abord reçues (1 Corinthiens 11.2). Il nous revient de recevoir et de transmettre fidèlement, sans calcul, sans surenchère (11.23 ; 15.1-2. Cf. 2 Timothée 2.2).
Jésus recommande de ne pas nous inquiéter à l’avance de ce que nous aurons à dire, car cela nous sera donné à l’heure même (Matthieu 10.19). Il parle alors des procès dans lesquels les chrétiens pourront être conduits. Je crois qu’en un sens cela concerne notre vie tout entière, car les conditions d’un procès sont réellement sous-jacentes. C’est pour cela que nous avons un avocat auprès du Père (Romains 8.31-34 ; 1 Jean 2.1) ; c’est pour cela que l’Esprit saint nous est donné comme « paraclet », c’est-à-dire comme défenseur (Jean 14.16). Il n’y a donc pas lieu de nous débattre comme si nous étions seuls ! Nous ferions plutôt des bêtises…
Trouver la bonne distance, comme nous l’avons suggéré, doit nous permettre d’entendre ce que Dieu veut que nous disions. C’est pour cela que Jésus s’est tenu à l’écart, souvent (Matthieu 14.23). La règle de ce que Dieu veut que nous disions est inscrite dans les pages de la Bible (Jean 14.21). Encore faut-il en faire un bon usage. Encore faut-il être sensible à la direction que donne le Saint-Esprit, à ses feux rouges comme à ses feux verts.
Les deux « armes » principales du chrétien sont la bonne conduite et la parole
Faut-il rappeler que les deux « armes » principales du chrétien sont la bonne conduite (Philippiens 2.14-15 ; 1 Pierre 2.12) et la parole (Éphésiens 6.17). En aucun cas la violence qui est l’attitude des faibles ou des désespérés.
4. D’abord dans l’Église
Je crois que l’Église est le premier lieu où nous ayons à vivre ce discernement, ce courage, cet esprit de service, cet usage maîtrisé de la parole (Éphésiens 4.29). C’est simplement ne pas agir à la place de Dieu.Un serviteur du Seigneur doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance (2 Timothée 2.25). Exercés dans l’Église, nous pourrons le vivre ensuite dans le monde.
Deux erreurs peuvent exister à ce niveau.
Faire du prosélytisme est une chose, laisser sa foi aux vestiaires en est une autre !
La première consiste à séparer de manière absolue l’Église et le monde : dans l’Église on chante des cantiques, dans le monde on fait son travail… comme tout le monde. La pression est forte dans ce sens et la laïcité à la française y contraint presque. Par exemple, une formatrice en milieu hospitalier a écrit qu’un soignant croyant doit laisser sa foi aux vestiaires. Elle ne sait pas que d’une part c’est impossible, et que d’autre part la loi ne le demande pas ainsi. Faire du prosélytisme est une chose, laisser sa foi aux vestiaires en est une autre !
Pour le chrétien, une telle dichotomie dans la vie n’est pas possible, normalement. Le monde dans lequel il vit est le monde que Dieu a créé et dont Dieu prend soin. Le chrétien vit sous le regard de Dieu (Coram Deo) et recherche ce qui Lui est agréable en toutes circonstances. Par ailleurs, le chrétien sait que tout homme un jour aura à se tenir devant Dieu pour rendre compte de ses actes. C’est ainsi que Jean-Baptiste a dit à Hérode qu’il ne lui était pas permis d’avoir pour épouse la femme de son frère (Matthieu 14.3-4). Il est vrai que cela lui a coûté cher. Nous savons qu’Hérode était travaillé dans sa conscience et qu’il estimait Jean-Baptiste (Marc 6.20).
La seconde erreur consiste à ne pas faire de différence entre l’Église et le monde. L’Évangile devient alors le ferment d’une fraternité universelle où sont abolies toutes les distinctions. La vie chrétienne est alors perçue comme une utopie, soit sur un mode minimal avec des valeurs chrétiennes diluées, soit sur un mode maximal avec la nostalgie d’un ordre chrétien à rétablir sur la terre. Dans les deux cas ce n’est pas juste.
Ils vous feront toutes ces choses parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé, dit Jésus à ses disciples (Jean 15.21). Il affirme alors que les chrétiens forment bel et bien une communauté distincte (et incomprise) au sein de ce monde, avec des rapports qui peuvent aller de la bienveillance à l’hostilité la plus farouche. Nous sommes prévenus. Ne soyons donc pas si étonnés quand ces choses arrivent. En colère ? Attristés plutôt. Laissons à Dieu la colère. Revendicateurs, arrogants ? Cela ne convient pas à des disciples de Jésus-Christ. Timides ? Cela ne convient pas non plus.
5. Etre prêt à souffrir, s’il le faut
S’ils m’ont persécutés, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre (Jean 15.20). Jésus ne noircit pas le tableau ; ne le faisons pas non plus. Cependant, Il n’exclut pas des situations difficiles. Elles peuvent donc survenir. Il suffit de ne pas souffrir pour avoir agi de manière insensée ! (1 Pierre 3.17)
Le chrétien est-il prêt à en découdre à chaque instant ? Pas vraiment. Un soldat ne tire pas sur tout ce qui bouge. Dieu veut que nous menions une vie paisible et tranquille, dit Paul (1 Timothée 2.2). Allons-nous donc toujours nous taire pour être tranquilles ? La réponse est non. Jésus ne l’a pas fait. Soyons simplement des témoins véridiques (2 Corinthiens 6.8).
Le journaliste Rod Dreher a recueilli les témoignages de chrétiens qui ont vécu la persécution sous les régimes totalitaires[2]. Il cite Soljenitsyne : Il y a toujours cette fausse croyance : « Ici, cela n’arrivera pas ; de telles choses sont impossibles chez nous ». Hélas, il n’y a pas un endroit sur terre où les horreurs du XXe siècle soient impossibles.
Ce que disent ces chrétiens, selon Rod Dreher, c’est que nous vivons déjà sous une forme de soft-totalitarisme qui risque de se durcir ; et que nous ne sommes pas prêts à l’affronter. L’affronter, sous sa plume, ce n’est pas prendre les armes, ni même organiser des manifestations ; c’est se préparer à souffrir. Le pire ? Ce sera peut-être d’avoir à souffrir de la part d’autres chrétiens… (Cf. Philippiens 2.20-21 ; 2 Timothée 4.14-16).
Je cite Rod Dreher : Les jeunes chrétiens pratiquants n’ont pas la capacité de résister parce qu’on leur a répété que pour réussir sa vie, il fallait vivre sans souffrir ! La seule foi qu’ils ont apprise est un christianisme sans larmes. L’avenir qui se prépare forcera les chrétiens à expérimenter personnellement ce que signifie souffrir pour sa foi. Le pasteur Sipko dit : « S’il n’y a pas la volonté de souffrir, et même de mourir pour le Christ, tout n’est qu’hypocrisie. Tout n’est que recherche de réconfort. Quand je rencontre des frères dans la foi, en particulier des jeunes, je leur demande de me citer trois valeurs chrétiennes pour lesquelles ils sont prêts à mourir. C’est là que vous pouvez tracer une ligne entre ceux qui sont sérieux et ceux qui ne le sont pas ».
Est-ce un discours extrémiste ? Non, c’est l’esprit des Béatitudes.
6. Que la joie demeure
Nous ne méritons rien ; nous avons donc beaucoup de raisons d’être reconnaissants. Soyons-le.
Ils se retirèrent, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus (Actes 5.41 ; 2 Timothée 2.3). Joyeux de souffrir ? Non, joyeux d’être fidèles à Jésus-Christ et d’être ainsi les témoins de son Royaume. Peut-on souffrir et connaître de la joie ? La réponse est oui. Jésus l’a vécu : homme de souffrance, Il a dit que nous aurions en nous sa joie, qui est parfaite, joie que personne ne nous ôtera (Jean 15.11 ; 16.22). Il s’agit d’une joie qui ne dépend pas des circonstances : portée par le Saint-Esprit, comme l’Amour, elle est intouchable ! Est-ce la joie des militants ? Non, c’est celle que donne l’Espérance.
Cette joie est importante car elle va nous préserver de l’amertume, d’une tristesse excessive, de la colère, du désir d’être revendicateurs ou violents. Elle nous préserve aussi de l’ingratitude. Celui qui ne fait que se plaindre risque d’être ingrat, ce qui n’est pas juste. Nous ne méritons rien ; nous avons donc beaucoup de raisons d’être reconnaissants. Soyons-le. Même si notre cœur pleure de voir tant d’incrédulité, presque partout.