Je me revois, les petits dans les bras, toute nouvelle maman que j’étais, insouciante sans doute, avec autour de moi ces mamans et papas aux cheveux gris qui me disaient : « Profite bien, tu verras, ça grandit vite ! Et surtout, le plus dur, c’est pas quand ils sont petits, c’est quand ils sont grands ! ». Alors oui, ça grandit vite. Oui, je n’ai pas vu les années passer et il y a tant de choses que j’aurais aimé faire avec mes enfants, ou ne pas faire, ou faire autrement… Mais lorsque j’envisageais leurs années d’ados, quand on révisait leur poésie au CE1 ou qu’on préparait le picnic de la sortie de fin d’année du CM1, j’envisageais ces années à venir comme une nébuleuse inquiétante, une sorte de « no man’s land » dans laquelle mes enfants chéris allaient se perdre, tentés par la drogue, l’alcool, les jeux vidéos, perdus dans les méandres de la découverte de la sexualité, enrôlés dans des sphères tellement éloignées du foyer chrétien dans lequel on les a vus grandir… Et j’avais peur. J’avais peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir gérer, de les perdre, en somme…
Et puis, le temps a passé. Ils ont grandi. Collège, copains, sorties, changements hormonaux, changement de relation avec nous, parents… Mais avec du recul, maintenant que 2 sur les 3 ont « franchi le cap » de cette période bien spéciale, j’ai retenu 3 éléments parmi ce que j’ai appris pendant ce voyage (qui n’est pas fini !) :
Se rappeler que Dieu est au contrôle
Nos enfants ne nous appartiennent pas. C’est tellement important de se le redire ! Je n’ai pas perdu l’habitude d’aller les voir, endormis dans leur lit, tous les soirs avant de regagner le nôtre. Ce moment paisible dans la tranquillité du soir est l’occasion d’exprimer ma reconnaissance à Dieu pour cette autre journée de vie passée avec eux dans l’entourage. Mais tout pourrait basculer en une fraction de seconde. Chaque jour de vie est un cadeau. Il est de notre responsabilité de parents de leur offrir un cadre bienveillant, de la structure, des soins, de l’affection. Mais il est tant de choses qui échappent à notre contrôle ! Nos enfants ne nous appartiennent pas. Nous les remettons à Dieu qui veut le meilleur pour eux encore plus fort que ce que nous souhaitons pour eux.
Nous avons notre part de responsabilité dans l’éducation de nos enfants. L’apôtre Paul nous le rappelle (Eph 6.). Leur faire connaître l’Évangile, les voies de Dieu, la richesse de Sa Parole et les bienfaits de sa présence quotidienne fait partie de nos missions, avant de faire partie de la mission de l’école du dimanche ou du groupe de jeunes. Mais nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne, un disciple encore en construction qu’ils peuvent observer, un adorateur du Créateur de l’Univers en esprit et en vérité autant que faire se peut… Nous avons un rôle à jouer, mais sur la scène de la vie, nous ne sommes que des figurants, inscrits dans un plan bien plus grand, celui d’un Dieu qui cherche des adorateurs… Nous avons prié toutes ces années qu’ils en fassent partie, mais la décision finale ne nous appartient pas. Et ce n’est pas facile de le reconnaître. Mais Dieu sait. Remettons-lui nos enfants… 2 Pierre 3.9 : « [Dieu] use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » Il souhaite leur salut, la meilleure chose qu’ils puissent vivre, plus que nous !
Cultiver l’authenticité
Eh bien, justement, devenir chrétien n’est pas si évident quand on « tombe dedans quand on est petit ». Pour mes ados qui ont eu la chance de naître dans un foyer chrétien, il était facile d’être « religieux », de maîtriser le patois de Canaan, de connaître plein de choses sur Dieu, la Bible et ses héros… et facile aussi de « parler chrétien ». Il est de notre responsabilité de donner de bonnes habitudes à nos enfants, mais ces habitudes ne se limitent pas aux beaux habits du dimanche, au verset affiché sur le frigo ou aux prières avant les repas. Nous devons vivre notre foi H24. J’ai moi-même tellement été touchée par le témoignage de vie de mes parents : mon Papa qui, quoi que souffrant des jambes, se mettait à genoux dans son bureau pour prier… ma Maman qui lisait la Bible tôt le matin à la lueur d’une petite lampe dans le salon, avant d’affronter le RER et la journée de travail à Paris…les deux qui ouvraient le foyer au tout venant, hébergeaient le délaissé, supportaient les remarques négatives, laissaient nos yeux courir sur les paysages ardéchois en vantant la créativité du Créateur, écoutaient patiemment nos histoires de classe, donnaient et donnaient encore… La foi chrétienne n’était pas une action spéciale un jour spécial de semaine. Elle se vivait au quotidien. Sans ambages. Sans contrefaçon. Sans culture du « paraître ». Nous avons toujours voulu cultiver cette authenticité avec nos enfants. Nous les avons toujours encouragés à parler vrai. Nous avons toujours fait l’effort d’être à ce point accueillants que la confession de leurs mensonges ou de leurs méfaits, quoique chemin difficile, puisse être reçue avec grâce et justice, sans en « rajouter une couche » ni sortir de nulle part des « vieux dossiers » qui les accableraient davantage. Nous avons essayé de leur demander pardon quand nos propos (ou nos gestes) dépassaient la mesure. Ils nous ont vu rire, pleurer, râler, nous disputer, nous réconcilier et nous encourager. Ils ont vu des réponses à nos prières et aux leurs. Nous avons été confrontés à leurs sautes d’humeur, à leur mutisme parfois, à la porte de la chambre fermée à clé ou aux paquets de chips vides cachés sous le matelas. Nous avons pleuré avec eux quand ils étaient victimes d’une injustice et retiré de leur tirelire de quoi rembourser ce qu’ils avaient volontairement cassé. Mais dans toutes ces choses, nous n’avons eu de cesse de les encourager à être authentiques. A ne pas faire semblant. A ne pas cultiver une hypocrisie qui les ferait chanter des cantiques le dimanche et faire du racket à la sortie du lycée le lundi. Car il était important pour nous, leur père et moi, que la vie de disciple se vive chaque jour de la semaine. À tout moment, en saisissant toute occasion pour leur rappeler la présence continuelle de Celui à qui ils doivent le mouvement, la vie et l’être (Actes 17.28).
Nous n’avons eu de cesse de les encourager à être authentiques. A ne pas faire semblant. A ne pas cultiver une hypocrisie qui les ferait chanter des cantiques le dimanche et faire du racket à la sortie du lycée le lundi.
Leur rappeler que la Parole de Dieu doit faire autorité dans leur vie
Toute situation est utile pour les enseigner et leur montrer la pertinence de la Parole dans tous les aspects de la vie quotidienne. Il n’est pas facile pour les jeunes d’aujourd’hui de s’y retrouver à l’ère du wokisme où le relatif est devenu un absolu, où ce que je ressens est la norme de ce qui est juste, où croire Dieu et la Bible est désuet, où être encore vierge à 17 ans est presque honteux. Nous n’avons jamais cessé d’encourager nos enfants à regarder le monde à travers les lunettes de la Parole. Quand la prof d’histoire du collège appelle la Bible « un recueil de mythes », quand le maître de CP vante les mérites du Père Noël « qui existe, évidemment ». Quand la série télé sur Netflix banalise l’adultère et encourage le mensonge. Nous voulons armer nos enfants en leur donnant le réflexe de passer ce qu’ils entendent, voient ou vivent, au crible des Écritures. Non, les relations sexuelles hors mariage ne sont pas voulues par Dieu. Non, l’alignement des étoiles ne va pas déterminer ton caractère et oui, la drogue peut te tenir piégé dès le début. Non, le divorce n’est pas une normalité. Oui, l’attirance envers les personnes de même sexe existe, mais elle ne doit pas conduire à l’homosexualité. Oui, je veux que l’amour que je te porte, avec l’aide de Dieu, ne dépende pas de tes réussites scolaires, de tes choix professionnels ou de tes performances sportives. Oui, la vie exige efforts et persévérance. Non, l’argent n’est pas le plus important, oui, tu dois apprendre à le partager. Oui, si mon amour pour toi est imparfait, tu peux indéfiniment compter sur celui de Dieu qui est complet, infini et fiable. Et oui, ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens ton père et moi que tu l’es forcément. Du dimanche au samedi, de janvier à décembre, les occasions de rappeler et incarner l’infinie bonté, patience, justice, bienveillance de leur Créateur ne manquent pas. Ce témoignage de vie, alimenté par la Parole, se vit dans la cuisine en train d’éplucher les concombres, dans le jardin en train d’ôter les mauvaises herbes, dans la salle de bains en train de coiffer les cheveux, sur la route, devant la télé, au bord de la mer des vacances, ou à manger une glace dans un village breton : tout est occasion de rappeler combien ce Dieu qui parait invisible habite notre quotidien. Et combien Il mérite d’être connu, loué, respecté, aimé.
Nous voulons armer nos enfants en leur donnant le réflexe de passer ce qu’ils entendent, voient ou vivent, au crible des Écritures.
Maman d’ados, je ne me lève à présent plus la nuit pour calmer mes enfants après un cauchemar, changer une couche ou donner du sirop pour la toux. Je me couche plus tard parfois parce que j’attends le bruit de la clé dans la porte pour leur retour d’une soirée entre potes qui me fera dire « ça y est, ils sont là ! ». Les données ont changé. Mais mon « métier de maman », lui, est resté le même : être une ambassadrice de Jésus aux côtés de mes enfants. Les aimer inconditionnellement. Vivre une foi authentique et rayonnante. Cultiver le fruit de l’Esprit. Vivre passionnément pour Jésus. Dieu, Lui, se charge de leur âme. Et c’est tant mieux.