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Les enfants non religieux sont-ils réellement plus altruistes que ceux élevés dans une famille de croyants ?

La vérité vient de paraître : si nous étions athées, le monde se porterait mieux.

En tous cas, notre monde témoignerait de plus de solidarité, de plus d'altruisme. C'est d'ailleurs quelque chose de scientifiquement démontré. La preuve : une étude publiée dans Current Biology le 5 novembre dernier conclut, après expérimentation, que les enfants athées sont plus altruistes que ceux élevés dans une famille « religieuse » – musulmane, juive, ou chrétienne. Dans les mots mêmes de l'étude : « Nos résultats démontrent fermement que les enfants des familles qui s'identifient à l'une des deux grandes religions du monde (christianisme et islam) étaient moins altruistes que les enfants de familles non-religieuses. »

Dès sa publication, cette étude a fait le tour des réseaux sociaux. Des milliers de personnes l'ont relayé sur Facebook et sur Twitter, c'est l'agitation ! La phrase qui revient le plus souvent c'est « une étude conclut que ». La plupart des utilisateurs embellissent cette affirmation lapidaire de « pas surpris », « on le savait depuis longtemps » ou encore « et voilà ». L'altruisme est aussi associé au hashag #meanness, suivant un article du journal anglais The Guardian qui titre « Une étude conclut que les enfants religieux sont plus méchants que leur collègues athées. » De nombreux sites, chrétiens ou non, ont repris le titre de l'étude. Ne parlons pas des blogs. Cette « étude importante » semble pour beaucoup avoir enfin démontré sans l'ombre d'un doute que le monde se porterait bien mieux si nous avions grandit dans une famille athées. Du côté chrétien, la réaction ne s'est pas fait attendre. Mais que dire ? 

Une étude scientifique, vraiment ?

La première chose à faire, c'est de ne pas s'affoler. Prenons le temps de lire cette étude. Celle-ci s'est portée sur les réaction de 1 170 enfants, entre les âges de 5-12 ans sélectionnés dans sept villes différentes : Chicago (E-U.), Toronto (Canada), Amman (Jordanie), Izmir et Istanbul (Turquie), Le Cap (Afrique du Sud), et Guangzhou (Chine). Déjà ici une question de méthodologie se pose. Si l'étude voulait démontrer que les enfants « religieux » étaient moins altruistes, elle aurait probablement du intégrer des enfants de pays fortement chrétiens. Ou même seulement de continents fortement chrétiens. L'Amérique du Sud et l'Afrique sont étrangement absentes (à l'exception du Cap). Le Nigéria, le Brésil, ou encore le Congo, auraient été des choix pertinents. Environ 24% des enfants étaient chrétiens, 43% musulmans, et 27% non-religieux. 

Là aussi, un deuxième problème de méthode apparaît. L'étude ne s'est pas fondée sur la « religiosité » des enfants, mais sur celle de leurs parents. L'altruisme des enfants n'a pas été mesurée en fonction de leur propre compréhension religieuse et de leurs propres croyances, mais en fonction de la religiosité de leurs parents. De fait, l'étude suppose de manière plus que simpliste qu'avoir des parents juifs pratiquants – avec les valeurs qui vont avec – sont automatiquement et nécessairement transmises à leurs enfants. De même des parents chrétiens, profondément altruistes, éduqueraient nécessairement de petits enfants altruistes et croyants ! Venant de la part d'une étude scientifique (essentiellement psychologique), de telles présuppositions sont surprenantes.Cette erreur de départ invalide quasiment les conclusions. Nous savons tous que l'éducation ne conditionne pas la vision du monde des enfants. 

À mon sens, pour qu'une telle étude soit valide, il faudrait qu'elle prenne en compte de nombreuses variables comme la situation socio-économique et la perspective éducationnelle des parents, le degré de sécularisation de la zone géographique, ou encore la conscience religieuse des enfants. L'expérimentation (« jeux du dictateur ») aurait pu être aussi construite de manière plus pertinente. L'altruisme des enfants a été mesuré en fonction de leur partage d'autocollants. La question est de savoir si un tel partage d'autocollants est une analogie suffisante pour mesurer l'altruisme. Par exemple nous pourrions nous demander si le fait que les enfants plus âgés partagent plus d'autocollants avec leurs amis est vraiment une preuve d'altruisme. Peut-être ont-ils une plus vive conscience que… il n'y a pas de vrai enjeu à donner librement leurs autocollants. Quels résultats donnerait la même expérience si les enfants devaient partager quelque chose qui a pour eux une vraie valeur ? Pour aller plus loin l'un des principaux problèmes de cette étude est le nombre limité de « sujets ». Une conclusion portant sur environ 2,5 milliards d'enfants entre 5-12 ans réalisée à partir de moins de 1 200 « sujets » demande une extrapolation qui est à la limite du légitime. Ceci est d'autant plus problématique que l'étude propose de comparer les attitudes des enfants, et ce sur échantillon aussi limité. 

Finalement, l'étude ne définit pas ses termes. Qu'est-ce que l'altruisme ? Une demi heure suffit à se rendre compte qu'il est presque impossible de trouver une définition claire et précise. Sans une telle définition, cette étude parle d'une notion abstraite qui n'existe pas dans notre monde. 

Péché, grâce commune et relation personnelle

Premièrement, nous pourrions être surpris par une telle étude, et par ses conclusions. Même si cette étude avait été menée avec toute la rigueur requise, je ne serais pas profondément troublé. Pourquoi ? Et bien tout d'abord, nous sommes tous affectés par notre péché. Enfants ou adultes. Et vous savez quoi ? Le péché affecte même les chrétiens ! Les enfants élevés dans des familles chrétiennes peuvent être moins altruistes que les athées ? Pas de surprise. Cette étude nous exhorte donc à l'humilité.

Deuxièmement, je demeure convaincu que l'altruisme n'est pas que le fait de personnes croyantes. La bonté commune de Dieu qui se manifeste quotidiennement dans le monde explique que tous, croyants ou non, nous pouvons être altruistes. Continuons à voir la grâce commune de Dieu à l'œuvre dans le monde. Essayons aussi consciemment de montrer par nos paroles et par nos actes, que l'altruisme dont nous pouvons tous faire preuve est une démonstration de la présence d'un Dieu altruiste qui a donné la chose la plus précieuse pour notre salut : son Fils. Altruisme suprême !

Troisièmement, cette étude nous encourage à contester la définition de la religion qui est donnée. Je cite : « Les valeurs et les croyances religieuses sont transmises aux enfants à travers des rituels et des pratiques répétées dans leurs communautés. » La foi chrétienne n'est pas premièrement une question de pratique ou de rituel mais de relation personnelle. Plus que jamais, une telle affirmation doit être témoignée avec force, grâce et compassion.


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