Toute institution qui s’attribue l’appellation d’Église n’est pas nécessairement une véritable Église. Dans la Bible, certaines de ces institutions sont désignées comme étant des « synagogues de Satan » (Ap 2.9 ; 3.9). Alors, comment discerner une Église authentique ? À ses débuts, dans Actes 2, l’Église du Nouveau Testament a été décrite comme suit : « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières » (Ac 2.41,42). Il y avait la prédication de la Parole de Dieu, le partage de la vie communautaire, les ordonnances et la prière. Dans cette liste, je tiens à souligner deux marques distinctives des véritables Églises, puis en ajouter une troisième, qui est devenue partie intégrante de la vie de l’Église par la suite. Une véritable Église se distingue par trois caractéristiques majeures :
1. La prédication de la Parole de Dieu.
C’est une caractéristique essentielle d’une véritable Église, d’après ce que Jésus a dit dans Matthieu 28.20 : « […] et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit ». La prédication de la Parole de Dieu doit être au cœur de la définition même de l’Église. Aussi l’une des toutes premières tâches des premiers missionnaires venus en Afrique a-t-elle été de traduire la Bible dans les dialectes indigènes. Ils savaient à quel point la prédication de la Bible était déterminante pour la santé spirituelle des chrétiens et des Églises. Malheureusement, trop d’Églises en Afrique n’accordent pas à la prédication une place centrale. À l’inverse, de nombreuses chorales se relaient le même jour : la chorale des enfants, la chorale des hommes, la chorale des femmes, la chorale principale, et ainsi de suite. Lorsque toutes ces chorales ont fini de chanter, tout le monde est prêt à partir. Les représentations théâtrales ont également commencé à occuper beaucoup de place dans certaines églises. Cela doit changer. Louis Berkhof affirme ceci au sujet de la prédication : « Il s’agit de la marque la plus distinctive de l’Église (1 Jn 4.1-3 ; 2 Jn 9). Cela ne signifie pas que la prédication doit être parfaite et absolument pure, mais qu’elle doit être fidèle aux principes fondamentaux de la religion chrétienne et doit avoir une influence déterminante sur la foi et la pratique1. »La prédication de la Parole de Dieu et l’annonce du véritable Évangile sont étroitement liées. C’est le cœur de la Parole de Dieu. L’Église devrait être un lieu où les hommes et les femmes se rappellent inlassablement la façon dont Dieu réconcilie les pécheurs avec lui-même. La personne et l’œuvre de Jésus-Christ doivent être enseignées dans sa plénitude. Si à un endroit ou à un autre on enseigne que le salut repose sur des œuvres de justice à accomplir (partiellement ou intégralement), il ne s’agit pas de l’Église de Christ, même si l’endroit est qualifié d’Église. Le véritable Évangile doit être une composante essentielle de la définition de l’Église.
2. L’application des ordonnances.
Il s’agit de l’administration du baptême et de la sainte cène (voir Ac 2.41,42, mentionné précédemment). Cette dernière est parfois appelée l’eucharistie. Même si les Églises divergent sur la question des destinataires et des modes de baptême, ce rite religieux devrait faire partie des activités des Églises locales comme moyen d’intégration des individus à l’Église. Au sein de l’Église, ils devraient participer à la sainte cène, qui symbolise la mort du Seigneur Jésus pour son peuple. Là encore, on note des différences dans la fréquence et la manière précise de célébrer ce repas, mais il doit faire partie de la vie de l’Église.
3. La pratique de la discipline.
L’Église est censée être un lieu où la piété et la vérité sont la norme. Lorsque l’une ou l’autre fait défaut dans la vie d’un individu, ce dernier devrait être averti et exhorté à se repentir pour retrouver une vie spirituelle saine. Si, malgré tout, il persiste dans une vie de péché ou dans un enseignement hérétique, la discipline s’impose par la réprimande publique ou l’excommunication (Mt 18.15-20 ; 1 Co 5.1-13). Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus avertit les Églises négligeant la discipline des pécheurs obstinés et déclare qu’il s’en chargera lui-même (p. ex., Ap 2.16). Le cas échéant, il arrive souvent que des Églises entières se retrouvent fermées. Ce sujet est à prendre très au sérieux. La discipline fait partie de la définition même de l’Église.
Les seules personnes qui devraient rester dans l’Église sont celles qui font preuve d’une foi authentique et d’une obéissance au Seigneur Jésus-Christ, le chef suprême de l’Église. Cela se manifeste par des individus qui font tout leur possible pour fuir le péché et vivre une vie juste. Cela se voit aussi dans leur amour pour les autres croyants et pour le Dieu que les chrétiens adorent. Lorsque de telles personnes sont les membres d’une Église locale, on peut dire avec assurance qu’il existe sur terre une Église authentique.
Quelques implications
Tous ces sujets sont traités de façon plus détaillée dans ce livre. Je souhaitais simplement apporter une brève réponse à la question : « Qu’est-ce que l’Église ? » J’espère que l’explication ci-dessus aura répondu à cette interrogation à partir de la Bible. Quelques implications ressortent de cet aperçu.
Tout d’abord, fréquenter une Église régulièrement ne fait pas automatiquement de vous un membre d’Église. Il y a une différence entre l’Église locale et l’assemblée du dimanche. Il est nécessaire de dépasser la simple fréquentation pour devenir un membre de bonne foi et accepter volontiers toutes les responsabilités que Christ destine à chacun.
Deuxièmement, ne méprisons pas les Églises qui ne se réunissent pas dans de beaux édifices, comme s’il s’agissait d’Églises de moindre importance aux yeux de Dieu. Au vu de la croissance du christianisme en Afrique, nous continuerons à voir des Églises se réunir dans des salles de classe et sous des arbres. Ce sont des Églises de Christ au même titre que celles qui se rassemblent dans de magnifiques sanctuaires. Ce qui importe, ce n’est pas le genre de bâtiment qui fait office de lieu de culte des chrétiens. C’est l’authenticité de la foi de ces chrétiens et leur disposition à écouter la prédication de la Parole de Dieu, ainsi que leur désir de recevoir les sacrements et de maintenir la pureté parmi eux, par l’exercice de la discipline d’Église.
Troisièmement, on doit évidemment se réjouir de la dimension internationale et mondiale de l’Église. Pensons à l’Église au-delà les limites de notre Église locale ou dénomination.
Nous appartenons au corps de Christ répandu sur toute la terre. L’Église existe en Afrique, en Amérique, en Europe, en Asie, etc. Elle est partout. Votre Église locale n’est qu’une manifestation régionale de ce grand organisme international. Nous nous focalisons parfois trop sur « l’Église africaine », ce qui peut facilement nous faire perdre de vue le fait que nous formons un seul corps (une seule Église) dans le monde. Notre Église locale devrait œuvrer en partenariat avec d’autres Églises pour remplir la mission que Jésus a confiée à son Église mondiale. Notre Église locale devrait également aider activement les Églises les plus faibles aux alentours à s’affermir dans la foi.
Quatrièmement, l’appartenance à l’Église est ouverte à tous ceux qui sont convertis à Christ. Ne limitons jamais l’appartenance à notre Église à une tribu ou à un groupe ethnique. Le langage que nous utilisons dans notre Église devrait simplement représenter le langage des personnes qui composent notre communauté. De cette façon, toute personne vivant dans notre voisinage se sentira libre de faire partie de notre assemblée, dans la mesure où elle croit vraiment en Christ. L’une des tristes réalités de l’Afrique est que vous pouvez avoir cinq Églises dans la même rue qui parlent toutes des dialectes différents, parce que chaque Église « appartient » à une tribu. Or, les personnes qui se rendent dans ces églises fréquentent les mêmes écoles, travaillent dans les mêmes bureaux, et sont bien obligées d’interagir ou d’apprendre à travailler dans une langue commune. Cela déforme totalement la nature de l’Église chrétienne. S’il doit y avoir une division, que ce soit à cause de divergences doctrinales. Sinon, que chaque Église locale soit ouverte à toute personne chrétienne, et que tout soit mis en œuvre pour lui faire bon accueil.
Cet article est un extrait de « Le dessein de Dieu pour l’Église » de Conrad Mbewe publié aux éditions Impact