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Il y a quelques semaines, les All Blacks, l’équipe de rugby néo-zélandaise, s’est permise un éclatant 57-0 contre son rival de toujours, les Spring Boks sud-africains. Vous me direz, c’est sévère comme défaite. Plutôt. D’autant plus qu’elle vient clore une série de trois défaites consécutives (57-15 et 41-13). Plus impressionnante encore est la domination néo-zélandaise dans la dernière décennie, voire la suprématie des quatre dernières années. Sur leur 16 dernières rencontres, ils en ont gagné 14 ; leur taux de victoire au cours des 4 ans atteint quasi 86 %, ce qui est aux limites de la décence 

Pour comprendre cette domination sans partage, il faut commencer par l’essentiel. Oubliez les popstars, les politiciens médiatiques, et autres pitres du petit écran. En Nouvelle-Zélande, les trois figures publiques les plus importantes sont le président, le sélectionneur des All Blacks, et le capitaine des All Blacks. Le reste, c’est de la figuration. Parlant de la Nouvelle-Zélande, il ne faut pas sous-estimer ce que le rugby a fait pour elle, et ce qu’elle a fait pour ce sport. Car avant de devenir la Terre-du-Milieu, la Nouvelle-Zélande, c’est le petit pays de 4,7 millions de personnes qui ne cesse de donner au rugby ses plus grandes équipes. Alors, moi je me pose une question : comment ?

Une raison d’être

Et bien premièrement, la Nouvelle-Zélande a fait de son rugby une raison d’être. Oui, je sais, cela tient de la caricature, mais c’est la réalité. Depuis ses débuts éclatants en rugby avec les Originals, depuis leur première coupe du monde gagnée en 1987, le rugby est devenu constitutif de l’identité nationale. Nous avons du mal à imaginer ce que cela peut être, car nous n’avons rien de tel en France. Impossible d’imaginer ce qui peut constituer une raison d’être nationale. En Nouvelle-Zélande, c’est de montrer comment on joue au rugby.

C’est là une première leçon apologétique. À l’heure où la défense de la foi redevient « à la mode », nous ne devons pas nous précipiter. Oui, s’intéresser à l’apologétique, c’est bien. Je vous y encourage. Mais cela ne suffit pas. Voire même ce n’est pas important. Vous ne pouvez être apologète si vous n’êtes pas saisis, pétris d’une raison d’être qui vous possède. Cette raison doit être la manifestation du Dieu de la révélation biblique. Notez que je ne parle pas du salut, ou même seulement de Christ. Mais de Dieu. Aucune autre raison d’être ne doit suffire. Rien d’autre ne doit nous contenter que la gloire et la présence du créateur, du restaurateur. Pour celui qui veut présenter et défendre la foi chrétienne, rien de moins ne doit être exigé. Et entendons-nous bien : cela veut dire que c’est une condition nécessaire pour tous ceux qui partagent leur foi. Pasteurs, missionnaires, évangélistes, diacres, et plus encore, pour tout disciple de Christ qui verbalise sa foi !

Une culture

Deuxièmement, les All Blacks incarnent toute une culture et une tradition du rugby qu’ils ont forgé pendant plusieurs décennies. Et cela en fait l’équipe que nous voyons aujourd’hui. On ne devient pas la plus grande équipe de rugby du jour au lendemain. Il s’est passé presque 90 ans depuis le premier rebond du ballon ovale sur les plages néo-zélandaises avant que le monde du rugby ne redoute le haka. Le rugby est naturel car il fait partie de l’ADN néo-zélandais.

Ne pensons pas pouvoir créer une culture apologétique du jour au lendemain. Cela fait plus de 40 ans que la faculté où j’enseigne forme à l’apologétique, et nous n’avons encore qu’effleuré la constitution d’une culture apologétique. Le monde évangélique a tendance a vouloir faire un sprint alors que nous sommes engagés dans un marathon. La constitution d’une culture apologétique solide, qui puisse soutenir les efforts d’implantation actuels, ne peut se faire rapidement. Dans la précipitation, nous risquerions de manquer de fondements, et notre apologétique ne serait qu’un feu de paille. Engageons-nous dans la construction d’une apologétique. Mais prenons notre temps. Prenons le temps de créer une vraie culture apologétique. Dans nos églises bien sûr, mais aussi dans nos institutions de formation théologique et pastorale. L’importance de cette « culture », de cette formation, c’est qu’elle produise une présentation naturelle de la foi chrétienne.

Une formation continue

C’est la troisième force des All Blacks. La formation continue. Et je veux vraiment parler d’une formation continue. Allez dans la moindre école néo-zélandaise et qu’allez-vous voir ? Du rugby. Partout. Dehors, dedans, dans les escaliers. Bon, pas tout à fait, mais vous voyez ce que je veux dire. Pour des raisons de sécurité, le plaquage est souvent interdit… mais cela n’empêche pas les jeunes de s’y essayer. Le rugby est partout, et tout le temps la formation se poursuit. Et donc, constamment, la Nouvelle-Zélande donne au rugby des joueurs exceptionnels. Et a priori, elle n’en manquera jamais.

Où trouve-t-on la même chose dans nos Eglises ? Il n’y aura pas de culture apologétique tant que nos Eglises ne commenceront pas à dire, montrer, et former au témoignage et à l’apologétique. Les lieux de formation ne font pas dans la création ex nihilo ! Une défense et une présentation globale de la foi chrétienne, une culture apologétique, ne se constituera que lorsque nous pourrons unir les Eglises et les lieux de formation. Nous avons tous cette responsabilité.

Une équipe, une technique

Mais les All Blacks, c’est aussi une harmonie entre technique individuelle et jeu d’équipe. Et là aussi, nous pouvons nous en inspirer. Il y aura toujours des chrétiens à qui Dieu aura donné un don particulier pour la proclamation ou la défense de la foi. Mais l’individuel ne suffit pas. Les All Blacks ont une technique individuelle parfaite. Mais si l’équipe n’était que l’agrégat de grands joueurs, elle ne serait pas aussi impressionnante. Il y a unité, harmonie même, entre les joueurs, et cela donne un jeu d’équipe qui est « naturel ».

Ceux à qui Dieu a confié un don particulier pour la présentation et la défense de la foi font partie d’une équipe en quête d’unité. Bien sûr, nous devons former au témoignage et à l’apologétique. Il y a, si je peux parler ainsi, toute une « technique » que nous devons apprendre. Notre technique ? Elle est d’abord nourrie de ce que nous croyons de Dieu, Père, Fils et Esprit. Rien d’autre ne peut être le fondement. Un bon apologète est premièrement un bon théologien. Ensuite, elle cherche à trouver les « outils » (arguments, etc.) que nous pourrons utiliser dans notre apologétique.

La technique individuelle ne suffisant jamais, la constitution d’une culture apologétique devra aussi créer une harmonie entre ses diverses manifestations. Evangélistes, pasteurs, apologètes (au sens restreint) devront travailler à leur unité. Ils devront même veiller à nourrir leur unité avec le reste des disciples de Christ qui n’auraient pas reçu un don particulier pour la présentation de la foi chrétienne. Dans l’oeuvre missionnaire que Dieu nous a confiée, il ne peut y avoir de jeu individuel. Il ne peut y avoir de réflexion autour du « meilleur » ministère ou du ministère « central ». Il doit y avoir une équipe nourrie d’une excellence de la technique individuelle et unie par une même raison d’être : Dieu.

Je ne milite pas pour que tout le monde soit fan de rugby. Ou même des All Blacks. Je pense qu’il y a quelques leçons à la suprématie néo-zélandaise. Mais cette suprématie, pour nous, ne doit pas refléter la réussite humaine. Elle se doit de toujours avoir les yeux fixés vers celui en qui sont toutes choses, et pour qui nous vivons, pensons, et parlons.


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