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J’avais l’habitude de penser que nous étions tous séduits par les personnages et les qualités que nous admirions à l’écran. Il s’avère que la plupart des gens ne sont même pas conscients de la façon dont les films laissent une empreinte subtile de visions de caractère, de vertu et de vice.

On dira en se moquant : « Ce n’est qu’un film », comme si une œuvre d’art de plusieurs millions de dollars ne méritait pas d’être prise au sérieux. Malheureusement – étant donné notre tendance naturelle à être mauvais, à moins que nous ne nous efforcions d’être bon – cette indifférence tend à accroître la capacité du film à faire le mal, tout en minimisant son potentiel à promouvoir le bien.

Le fait est que ces films nous font vibrer (ou non) en grande partie parce que nous nous voyons en eux : soit ce que nous sommes maintenant, soit ce que nous espérons être. Nous nous attachons aux films sur la base du réalisme (la façon dont ils correspondent au monde réel) et de l’imaginaire (la façon dont ils dépeignent un monde que nous souhaiterions réel). Lorsqu’il s’agit de récits que nous célébrons, nous devrions donc nous interroger : pour quelle raison trouvons-nous le cynisme plus convaincant que l’espoir ? Pourquoi considérons-nous les méchants plus attachants que les héros ?

Et si les films imitent la vie, et vice versa, comment pouvons-nous affirmer que ce ne sont « que » des films ?

Et si l’espoir était convaincant ?

En 2010, la chaîne télévisée CNN a rapporté que des fans du film à succès Avatar (2009) avaient des pensées suicidaires car ils « souhaitaient ardemment profiter de la beauté du monde extraterrestre de Pandora ». Un fil de discussion sur les forums d’Avatar a généré 2 000 commentaires sur « les moyens de faire face à la dépression due au fait que le rêve de Pandora est intangible. »

L’administrateur du site, Philippe Baghdassarian, a déclaré : « Le film était si beau… Je pense que les gens ont vu que nous pouvions vivre dans un monde complètement différent ». Avatar a eu un effet néfaste sur la santé mentale des spectateurs, car il a révélé le fossé qui existe entre l’ordinaire et l’extraordinaire, sans offrir le moindre espoir de solution dans le monde réel. Le film n’était « qu’une » fiction, mais il parlait aux gens de manière très réelle.

Ces films nous font vibrer (ou non) en grande partie parce que nous nous voyons en eux soit ce que nous sommes maintenant, soit ce que nous espérons devenir.

Souvent, quand on dit d’un film qu’il est « réaliste », cela signifie en réalité qu’il est sombre et cynique, avec peu ou pas de lumière au bout du tunnel moral. La série Game of Thrones a été saluée comme étant une version plus réaliste du Seigneur des anneaux, bien qu’elle soit plus empreinte de sexe, de violence et de tragédies qu’une personne moyenne pourrait raisonnablement vivre dans une vie.

Pour ceux d’entre nous qui ne chevauchent pas de dragon pour aller au travail ou qui ne portent pas d’épée les vendredis décontractés, la chose la plus attachante dans les séries fantastiques de George R. R. Martin était le développement des personnages. Et par « développement des personnages », j’entends les défauts fatals des personnages. Plus les personnages sont sombres et torturés, plus on dit qu’ils sont réalistes. Pourtant, le traitement en noir et blanc du bien et du mal chez J.R.R. Tolkien nous donne un aperçu de quelque chose que Martin ne nous donne pas. Et contrairement à Avatar, cet aperçu est suffisant pour nous donner de l’espoir.

Et si la bonté était réaliste ?

Ce qui est vrai de l’imaginaire l’est aussi d’autres genres. Le cynisme qui infecte la littérature d’après-guerre est intensifié dans des films comme Maléfique (2014), Joker (2019) et Cruella (2021). Chacun met en scène un protagoniste qui est aussi l’antagoniste. Chacun donne une histoire d’origine sympathique à ces « biagonistes », ou « duolagonistes ». Et chacun rend la société responsable de leur comportement. L’idée est que le mal est une condition plutôt qu’un choix (c’est-à-dire le débat « nature contre éducation »), alors qu’on peut soutenir que c’est les deux : Paul nous exhorte à tuer la nature pécheresse de notre « homme naturel » et à éduquer les nouvelles créations que nous sommes en Christ (Romains 6.5-6 ; Ephésiens 4.20-24 ; Colossiens 3.8-11).

Heureusement, nous sommes une grande majorité à ne pas être des reines du mal, des clowns malades mentaux ou des fashionistas « incomprises ». Grâce à la grâce commune, les Maléfiques, les Jokers et les Cruellas du monde sont les exceptions, et non la règle, de l’humanité. Voilà peut-être pourquoi nous aimons ces histoires de méchants : elles nous permettent de nous éloigner de notre dépravation (Je suis loin d’être aussi mauvais qu’elle !) tout en validant notre nature déchue. Les héros, quant à eux, nous rappellent à quel point nous ne sommes pas à la hauteur de leurs exemples. Il est peut-être plus gratifiant de regarder des films qui nous font penser à nous-mêmes – et nous permettent d’être « tels que nous sommes » – que de regarder des films qui nous poussent à grandir.

Il est peut-être plus facile de dire que les films ne sont « que » des films que d’admettre que la bonté ou la méchanceté que nous voyons à l’écran se trouvent – ou peuvent se trouver – en nous-mêmes également, et qu’il nous incombe donc d’y remédier.

Et si nous voulions changer ?

Il y a cette idée que le mal est plus intéressant que le bien, mais comme tout bon étudiant en anglais peut vous le dire, techniquement, c’est le conflit et le contraste qui rendent les histoires intéressantes. Et dans un monde déchu, choisir le bien peut créer autant de conflits que choisir le mal. La perfection ne fait pas de vous un héros. C’est la façon dont vous choisissez de vivre en dépit de vos défauts.

Nous en sommes venus à considérer la perfection comme un substantif élevé et saint. Jésus a dit : « Votre Père céleste est parfait. Soyez donc parfaits comme lui » (Matthieu 5.48). Et nous pensons que c’est « impossible« . Mais « être parfait » est un verbe actif ainsi qu’un adjectif : « perfectionner » quelque chose, c’est reconnaître et travailler à affiner ses imperfections.

La série Poldark est un parfait exemple montrant que vivre avec intégrité est tout sauf ennuyeux. Comme Aragorn et Ned Stark, Ross Poldark est essentiellement un homme d’honneur. En termes modernes, cela signifie qu’il se soucie de ce qui est juste. Il assume la responsabilité personnelle de ses actions et il évite les fautes liées à l’usage de la ruse. Sa femme, Demelza, en plus de ces qualités, est aussi exceptionnellement gentille.

Ironiquement, les histoires ayant lieu dans le passé – même si elles relèvent du mythe – semblent fournir les meilleurs modèles pour ce type de développement du caractère. Elles nous montrent le monde tel qu’il pourrait être, si seulement nous étions assez courageux pour le construire, une vie vertueuse à la fois.

Et si les films pouvaient être utiles ?

La nature humaine n’est pas assez intéressante pour supporter le rayon laser d’un examen interminable. La chose la plus intéressante à notre sujet est que nous portons l’image de Dieu (Genèse 1.26-28). C’est peut-être pour cela que nous passerons l’éternité à l’adorer et à nous oublier.

Peut-être la vie serait-elle plus intéressante si nous commencions ces répétitions générales maintenant et si nous prenions au sérieux le rôle de soutien que nous jouerons au ciel (Ephésiens 6.10-20), en tirant le rideau sur « l’ambition égoïste et la vanité » (Philippiens 2.1-4). Peut-être devrions-nous célébrer les films qui nous orientent dans la bonne direction : vers le haut, vers Dieu, et vers l’extérieur, vers l’homme. Les meilleurs films se situent peut-être au carrefour de ces deux autoroutes. Ils offrent des visions de ce que nous sommes de mieux, de ceux qui suivent l’appel de Jésus qui consiste en « renoncer à soi-même, à se charger de sa croix et à le suivre » (Matthieu 16.24).

Que le film soit la cause ou l’effet de notre comportement – l’art imitant la vie ou l’inverse -, les films ne sont pas « seulement » des films. Ils nous reflètent et nous les reflétons. Mais c’est à nous de décider si le bien ou le mal nous reflète plus fidèlement.

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