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L’église en ligne à l’ère des coronavirus

Note de l'éditeur : 

Mercredi 18 mars : Pendant toute la période de confinement tous les rassemblements même en petit nombre sont strictement interdis. Cela comprend l’enregistrement des cultes qui doivent être fait sans déplacement.

Comme la plupart des pasteurs et conducteurs d’églises durant ces dernières semaines, je me trouve en pleine confusion. La diffusion rapide du COVID-19 nous a imposé une énigme ecclésiologique. Que signifie être une « église » dans des moments comme celui-ci ? Quelle importance cela a-t-il de continuer à se rassembler, physiquement, au milieu d’une telle peur et d’une telle incertitude ? Une telle décision est-elle sage ou non ? À quel moment sommes-nous résolus ou imprudents ?

Ce qui accroît ma confusion c’est que je prépare la sortie d’un livre à la fin de mars dans lequel je suggère, en des termes assurés, que l’église a toujours été et sera toujours une réalité analogique – une communauté qui contourne les commodités des « connexions » numériques afin de communier les uns avec les autres en temps et en espace réels. Ma critique de la vidéo-conférence et de l’église en ligne est maintenant colorée d’une manière nouvelle et inattendue.

À la lumière de développements récents, voici quelques pensées à considérer alors que nous traversons ces jours d’anxiété.

Un compromis, pas une commodité

Étant donné la rapide montée en puissance de la crise du COVID-19, de nombreuses églises vont trouver que le fait de diriger les fidèles vers des réunions en ligne n’est pas seulement une option viable, mais une nécessité. En de nombreux endroits dans le monde entier les suppressions de grands rassemblements imposées par le gouvernement nous forcent la main.

Ceci devient de plus en  plus vrai là où je vis et sers. L’université locale vient de fermer les cours en enseignement présentiel pour le reste du trimestre. Les écoles publiques de toutes tailles commencent à faire de même. Jusque là on a seulement donné aux églises comme la nôtre une forte recommandation dans cette direction, mais la trajectoire va dans le sens de cesser tous les rassemblements importants de personnes. La distanciation sociale semble être la seule solution possible pour arrêter ou du moins ralentir la propagation du virus.

Étant donné la rapide montée en puissance de la crise du COVID-19, de nombreuses églises vont trouver que le fait de diriger les fidèles vers des réunions en ligne n’est pas seulement une option viable, mais une nécessité.

Alors que, temporairement nous conduisons nos congrégations vers ces espaces en ligne, il est de la plus haute importance que nous présentions bien cette réalité digitale comme un compromis temporaire plutôt que comme une commoditédurable. Notre clarté quant à ces choses, ou notre manque de clarté, seront formateurs dans un sens ou un autre. Ne commettez pas d’erreur : s’asseoir dans le confort et la sécurité de nos maisons pour écouter un sermon sur notre téléviseur ou notre ordinateur, sera commode. Et ce qui est commode a la capacité de défaire rapidement l’oeuvre au long cours d’une discipline fidèlement maintenue. Si nous croyons que le rassemblement en tant qu’église dans un temps et un espace réels compte (et c’est bien le cas), alors notre réalité temporaire en ligne doit être vue comme un compromis exigé par les circonstances, jusqu’à ce que nous puissions revenir à la nécessité de nous réunir dans la chair.

Quand, étant en voyage, je peux joindre ma femme et mes enfants sur un réseau social, je suis reconnaissant pour cette pseudo-rencontre. Mais ce que je désire le plus c’est d’être à la maison, d’embrasser effectivement mes bien-aimés dans mes bras réels. Ainsi doit-il en être dans ce temps de compromis ecclésiologique.

Exploiter le moment et le support

Alors que nous entrons dans cette nouvelle réalité digitale pour un temps, nous pouvons exploiter le moment et le support dans des directions utiles. Bien que nous allons manquer de la présence corporelle de notre communauté durant cette période en ligne, les plateformes que nous utilisons nous offrent des occasions de réimaginer un certain nombre de nos pratiques d’adoration, d’une manière qui puisse nous relier de façon unique tout en accentuant notre désir d’être vraiment ensemble, une fois que cela sera à nouveau possible.

La plupart des plateformes de diffusion en direct comprennent une option de chat. Ce temps de rassemblement en ligne peut se prêter à des prédications et des enseignements un peu plus orientés vers le dialogue que ce que nous pourrions normalement vivre dans un rassemblement physique du dimanche. Pour les pasteurs et les dirigeants d’églises, l’inclusion d’un élément de conversation après le sermon pourrait bien nous servir en cette période. Cela peut contribuer à réduire la fracture numérique en invitant les internautes à prêter non seulement leurs yeux et leurs oreilles, mais aussi leurs pensées, leurs idées et leurs questions. Cette approche met également l’accent sur le rassemblement « en direct », en incitant les gens à arriver en ligne à une heure déterminée avec d’autres personnes, ce qui contribue à atténuer la tentation de considérer l’expérience de l’église en ligne comme une commodité à laquelle on peut accéder quand on veut.

Alors que, temporairement nous conduisons nos congrégations vers ces espaces en ligne, il est de la plus haute importance que nous présentions bien cette réalité digitale comme un compromis temporaire plutôt que comme une commodité durable.

Une approche similaire peut être appliquée à la prière. La plupart des églises en ligne encouragent déjà les internautes à partager leurs besoins en matière de prière, en temps réel. Si prier les uns pour les autres à travers le gouffre de la distance numérique n’a pas la profondeur de la présence humaine physique, cela peut néanmoins être un moyen puissant de s’aimer les uns les autres lorsque nous sommes séparés. Dans le meilleur des cas, elle peut même servir d’introduction accessible entre des individus qui peuvent alors se diriger vers une connexion plus significative, en personne, au sein de la vie de l’église.

Dans la plupart des églises, il existe déjà une dynamique grand/petit, rassemblement/dispersion. Il y a les « grands » rassemblements du culte dominical et il y a aussi les « petits » groupes qui « sont dispersés » dans nos villes, quartiers et localités. Pendant cette période inattendue, nous pouvons encourager les gens à se rassembler en petits groupes, non seulement pendant la semaine mais aussi, lorsque c’est possible, pendant les rassemblements de culte en ligne « en direct ». Bien que nous ne puissions pas nous réunir en tant que corps plus large, nous pouvons toujours nous rassembler en tant que membres, aussi petits et dispersés que nous soyons.

S’efforcer de se voir

« Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte » (1 Jean 4:18) est un refrain courant pour les chrétiens dans des moments comme celui-ci. Il est important de rappeler que le mot grec « parfait » est ici teleia, qui signifie « une fin ou un but ultimes ». Le type d’amour qui chasse la peur est l’amour de Dieu qui nous oriente vers notre fin ultime qui, bien sûr, est le nouveau commencement ultime de Dieu. Voici ce que nous savons avec certitude : si COVID-19 ne nous tue pas, quelque chose d’autre finira par le faire. La période de carême dans laquelle nous nous trouvons nous le rappelle : nous sommes poussière et nous retournerons à la poussière. Mais les disciples de Jésus ne resteront pas là. C’est là notre ultime espoir.

Et c’est l’une des raisons pour lesquelles l’église continue à se rassembler, à chanter, à écouter, à prier, à servir et à partager le pain et la coupe de communion. C’est un moyen d’incarner physiquement et de mettre en œuvre notre espoir futur dans l’ici et maintenant. Les circonstances actuelles pourraient bien empêcher bon nombre d’entre nous de se rassembler physiquement dans les semaines et peut-être les mois à venir. Nous devons certainement agir avec sagesse et responsabilité. Mais dans l’esprit de l’apôtre Paul, pendant que nous sommes séparés, puissions-nous « nous efforcer avec plus d’empressement et un grand désir de vous voir face à face » (1 Thess. 2:17).

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