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J’ai pu observer que, d’habitude, les Églises et les groupes de maison répondent bien aux situations de crise. Les gens sont à la hauteur de la situation, ils y répondent par des manifestations pratiques et généreuses d’amour et de soutien. En fait, les communautés chrétiennes sont parmi les mieux équipées pour gérer les crises. Ce que nous ne faisons pas aussi bien, c’est persévérer avec les gens lorsque les choses deviennent chroniques. Les personnes que la fatigue ou la maladie éloigne de l’église pendant des semaines, des mois ou des années peuvent facilement être négligées ou oubliées. La dernière crise remplace la précédente. Notre attention se porte sur ce qui est observable, bruyant et actuel. Cela vaut la peine de faire un audit personnel et de considérer les personnes que je n’ai pas vues depuis un certain temps, qui pourraient être seules, en difficulté, confinées à la maison, épuisées ou embarrassées et qui ont peur de revenir à l’église.

Le soin en période de crise

Une période de crise dans la vie de quelqu’un est une occasion pour nos églises et groupes de maison de manifester l’amour envers nos frères et sœurs. Il n’y a pas de limite aux types de crises qui arrivent aux gens. Voici quelques crises que nous avons vécues dans nos groupes :

  • Quelqu’un perd son emploi.
  • Des attentes irréalistes en matière de charge de travail qui pèsent lourdement sur la santé, la famille ou l’engagement dans l’Église.
  • Des brimades au travail.
  • Une maladie grave pour un membre du groupe ou quelqu’un de sa famille.
  • Un enfant qui se comporte mal ou qui refuse d’aller à l’école.
  • Des blessures graves subies lors d’un accident de voiture.
  • Des difficultés liées à une grossesse.
  • Le manque de sommeil après la naissance d’un enfant.
  • Des doutes sérieux sur la foi chrétienne.
  • Des problèmes relationnels tels que des fiançailles ou un mariage rompus.
  • La famille élargie qui fait pression pour que l’on se détourne de la foi en Jésus.

Il y a encore bien d’autres situations et je pense que vous pourriez allonger cette liste. Ces sortes de crises mettent les familles à l’épreuve. Nous avons alors besoin de nous rassembler, évaluer nos ressources, modifier notre mode de fonctionnement, assumer de nouvelles responsabilités et, parfois, rechercher un soutien ou une expertise externe. Il en va de même pour nos groupes de maison. Une crise est une opportunité pour le groupe. Nous pouvons passer à la vitesse supérieure, planifier la manière d’offrir collectivement des soins, prier ensemble et fournir une aide pratique authentique.

Nous avons vu certains groupes faire cela très bien. À un moment, alors que ma femme était clouée au lit à cause d’une grossesse difficile, notre groupe a organisé les courses, la garde de nos enfants, a coopéré en animant les études et pris d’autres initiatives qui ont aidé notre famille. Un groupe a eu un de ses membres hospitalisé à la suite d’une attaque cardiaque et le groupe a aidé en visitant le malade, en fournissant une assistance pratique et a mis en place un programme d’activités en binômes et un tableau de services. Les couples avec des bébés apprécient souvent le soutien que représente l’apport des repas au cours des premières semaines après la naissance. Parfois, les gens se mettent à deux pour lire la Bible, prier et discuter des problèmes avec une autre personne. D’après mon expérience, nos groupes s’adaptent souvent bien aux situations de crise.

Cependant, parfois, les besoins d’une personne dépassent de beaucoup la capacité qu’a le groupe d’y faire face seul. Ils peuvent être contraints d’impliquer davantage de personnes à cause de l’ampleur du problème. Ils peuvent avoir besoin d’une expertise plus importante que celle dont ils disposent au sein du groupe. La rupture d’un mariage, des questions juridiques, une maladie psychiatrique ou des violences domestiques sont autant de sujets qui nécessitent l’intervention d’autres personnes qualifiées. Le groupe doit se rappeler qu’il fait partie d’une famille ecclésiale plus large. Parfois, il faudra s’adresser à des personnes extérieures à la congrégation. À ce stade, le rôle du groupe doit être d’apporter du soutien, de l’amour, de la prière et des soins à la personne ou aux personnes plutôt que de se considérer comme responsable de fournir l’aide spécialisée nécessaire. Il se peut que les personnes traversent d’autres périodes difficiles, et notre attention sera donc très importante.

Prendre soin quand on a affaire à une situation chronique

Les besoins importants ne sont pas toujours des crises. Parfois, les problèmes perdurent pendant des semaines, des mois ou des années. Il y a des problèmes réels et souvent douloureux qui ne disparaissent pas. Là encore, les groupes de maison ont la possibilité d’apporter à ces personnes ou à ces familles une attention affectueuse et continue qui peut faire toute la différence. Voici quelques exemples de besoins chroniques dont nous avons fait l’expérience dans nos groupes :

  • Une dépression ou une maladie mentale persistantes.
  • Des désordres psychiatriques.
  • Un mal de dos chronique ou une autre maladie physique.
  • Des handicaps physiques ou mentaux, tels que l’infirmité motrice cérébrale ou le syndrome de Down (Trisomie 21).
  • Des membres de la famille ayant des besoins chroniques, en particulier les enfants ou les parents âgés.
  • Une fatigue chronique, une insomnie de longue durée.
  • Des troubles de l’alimentation.
  • Un deuil, en particulier la perte d’un conjoint ou d’un enfant
  • Le chômage prolongé.
  • Des conflits juridiques permanents.

Une fois encore il y a bien plus d’expressions de difficultés chroniques auxquelles font face nos Églises, groupes et familles. L’amour et le soin que procurent les groupes de maison a énormément de valeur. Souvent les gens deviennent des membres irréguliers, ne venant qu’occasionnellement ou ne participent plus à nos groupes. Ne les oubliez pas et ne les abandonnez pas. Gardez le contact. Appelez-les, visitez-les, écrivez-leur, aidez-les de manière pratique. Cherchez à savoir ce pour quoi vous pouvez prier en relation avec ces personnes chaque semaine, demandez-le à l’avance et assurez-en le suivi par la suite. N’oubliez pas les gens lorsque le groupe fait des choses différentes, surtout s’ils n’étaient pas présents pour en être informés. Veillez à ce que ces personnes soient informées de la soirée ou du week-end spécial. Informez-les des nouvelles du groupe : qui a eu un bébé, qui part en mission à court terme, qui a eu un ami qui est devenu chrétien, qui a gagné la grande finale de netball, etc.

Peut-être y a-t-il dans notre Église des personnes qui ont des besoins chroniques persistants ? Peut-être pourrions-nous les inclure comme partenaires de notre groupe ? Nous pourrions demander à notre pasteur ou à l’équipe de soin pastoral ? Ils apprécieraient sans doute que nous souhaitions être mis en relation. Une fois de plus, nous pouvons faire le mille de plus avec ces personnes. Peut-être qu’elles sont enfermées en elles-mêmes par la maladie et qu’elles aimeraient recevoir des visites ou être sorties de chez elles de temps en temps. Peut-être que quelqu’un aimerait que nous lui rendions visite, que nous lui lisions les Écritures, que nous priions et que nous parlions avec lui de temps en temps. Il peut même y avoir des personnes qui ont été maltraitées par l’Église dans le passé et qui, grâce à notre amour et à notre gentillesse, retrouvent le chemin de l’église ou d’un groupe de maison où elles font l’expérience de l’amour de Jésus en pratique.

Comme dans le cas de ceux qui passent par des crises, certains de ces besoins chroniques impliqueront la communauté de l’Église la plus large voire une aide spécialisée de personnes extérieures à l’Église. C’est une chose importante. En tant que groupes ou individus nous devons reconnaître nos limites. Notre rôle est d’apporter un amour relationnel continu et un soutien tout au long de leur voyage.

Plus qu’une thérapie

Il est très facile de permettre aux besoins pressants, immédiats et évidents des personnes de voiler leurs besoins éternels. Jésus comprenait cette pression et cette tentation alors qu’il était quotidiennement confronté à des individus souffrants, en lutte et dans le besoin. Souvent il a choisi de soulager la souffrance des gens et de prendre soin d’eux de façon très pratique. Sa compassion est inégalable.

Jésus est venu avec une mission plus importante que celle de vider les hôpitaux. Il est venu prêcher la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu et de la façon dont les gens peuvent connaître la guérison de leurs péchés pour l’éternité.

Cependant, Jésus est venu avec une mission plus importante que celle de vider les hôpitaux. Il est venu prêcher la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu et de la façon dont les gens peuvent connaître la guérison de leurs péchés pour l’éternité. Nous voyons Jésus s’aligner sur ces priorités tout au long des évangiles.

Jésus a choisi de laisser de côté les besoins pressants des gens dans une ville, pour passer d’abord du temps à prier et ensuite pour aller ailleurs proclamer le message éternel d’espoir pour tous ceux qui se tournent vers Dieu (Marc 1:32-38). Il est venu chercher et sauver les gens qui étaient vraiment perdus. Il est venu appeler les gens dans son royaume. Il a accordé la priorité aux besoins éternels des hommes, sans pour autant exclure leurs besoins terrestres.

Il peut être facile d’être dominés par les crises et les soucis chroniques des gens. Nous pouvons même bâtir une culture où les besoins deviennent le moyen d’obtenir le temps et l’attention des autres ou du pasteur. Ce n’est pas sain. Ne perdons pas le ministère de la Parole et de la prière. Investissons dans la formation de leaders et dans la capacité de nos groupes à prendre soin et à se servir les uns des autres, car c’est ainsi que les besoins temporels et éternels des gens recevront l’amour et le soutien dont ils ont besoin. Gardons la perspective de Dieu dans nos Églises et dans nos groupes de maison.

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