La coupe du monde de rugby est terminée. Pour ceux qui ne sont vraiment pas fans de sports, j’imagine que c’est un soulagement. Pour ceux qui ne sont pas des footeux, il y a peut-être une petite dose de regret. La prochaine c’est dans 4 ans. Je suis un fan de rugby, donc je suis plutôt dans le deuxième cas.
Sept semaines de rugby et qu’en retenir ? Si vous lisez ce qui se dit en ligne, vous aurez remarqué que depuis la finale du 28 octobre, vous aurez remarqué pas mal de controverses. Vous me direz que si c’est en ligne, cela ne peut engendrer que des débats… ce qui est malheureusement assez vrai. Que retenir de presque deux mois de ballon ovale ? Pour certains ce seront les ratés de l’organisation. Pour d’autres ce sera le manque de bière lors des matchs. Pour d’autres enfin, plus nombreux, ce seront les questions d’arbitrage. Oui, il y a eu des erreurs d’arbitrage dans cette coupe du monde. Je suis certain les supporters de toutes les équipes auront quelque chose à redire. Les réactions, les protestations ont noyé les réseaux sociaux dès les fins de matchs. L’arbitrage de France–Afrique-du-Sud, celui de Nouvelle-Zélande–Afrique-du-Sud, l’arbitrage vidéo utilisé presque à outrance… vous imaginez les commentaires en ligne !
L’arbitrage parfait
Ce que je retiens de la coupe du monde de rugby, c’est la volonté de perfection. Joueurs, fans… tout le monde… nous voulons tous un jugement parfait. Nous ne voulons pas d’erreurs. Après tout, difficile de vouloir le contraire. Nous sommes profondément habités par un sens de justice et d’équité. Je suis convaincu que ce sont des vertus avec lesquelles Dieu a pétri notre nature humaine, faite à son image. Nous n’allons quand même pas vouloir des erreurs, des injustices… nous n’allons pas désirer que les arbitres se plantent tout le temps.
D’accord… mais nous en sommes peut-être arrivés au stade où nous voulons la perfection. Nous la voulons, non pas comme un objectif impossible vers lequel nous essayons d’aller. Nous l’attendons comme si c’était un droit. Nous revendiquons cette perfection. Nous avons le droit à un jugement sans erreurs. Nous avons le droit à un arbitrage sans erreurs.
Qu’est-ce que cela dit de ce que nous pensons de la nature humaine ? Cela dit que nous croyons qu’elle est capable de perfection. Et ça c’est une leçon intéressante de la coupe du monde de rugby. Les réactions aux erreurs d’arbitrage lèvent le voile sur une attitude que beaucoup d’entre nous partageons, même si nous ne voulons pas le dire.
Nous avons ancré dans notre cœur la marque de la perfection. Pas la notre : celle du Dieu créateur qui a laissé son empreinte en nous
Bien sûr que nous voulons la perfection ! Nous avons ancré dans notre cœur la marque de la perfection. Pas la notre : celle du Dieu créateur qui a laissé son empreinte en nous (Rm 1.18-20). Il a laissé les traces de ce qu’est la perfection comme un signe qui nous dirige vers lui. C’est un panneau qui nous parle de notre créateur. Ou du moins… cela nous disait qui il était avant que nous le rejetions.
Et maintenant que nous l’avons rejeté ? Cette empreinte n’a pas disparu. Elle demeure… mais le signe a changé. Nous avons « changé la gloire du Dieu impérissable en des images représentant l’être humain périssable, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. » (Rm 1.22) La perfection a maintenant pris les contours de la raison, de la science… de l’arbitrage. Nous plaçons l’espérance de la perfection dans quelque chose qui n’est pas Dieu.
Accepter les limites et les erreurs de l’humanité
Qu’est-ce que cela dit de moi, le chrétien, le théologien, fan de rugby ? Cela me dit que Calvin avait raison. Oui, le cœur humain est vraiment une usine à idole. Donnez-nous quelque chose d’aussi génial qu’un sport comme le rugby (oui je sais, opinion personnelle!)… et il ne faut pas longtemps avant que notre cœur ne le transforme en idole. Cela me dit que l’apôtre Paul avait raison. Cela me dit que Dieu qui s’est révélé à travers ces paroles de Paul, connaît notre cœur bien mieux que nous !
Quel antidote à cette fausse espérance de la perfection humaine ? Je crois que l’Écriture nous en donne trois.
Le premier antidote, c’est d’accepter nos erreurs. Je ne parle pas de passer l’éponge en se disant que « finalement », ce n’est pas grave. Certainement pas ! Si les erreurs d’arbitrage d’un match de rugby n’ont pas des conséquences dramatiques (ou ne devraient pas en avoir !), dans d’autres situations, les erreurs ont des résultats destructeurs. Accepter nos erreurs, c’est d’abord ne pas avoir d’illusions sur ce que nous sommes. Nous sommes pécheurs. Nous ferons des erreurs. La seule espérance, ce n’est pas la perfection, c’est la repentance et le pardon. C’est le pardon de Dieu. C’est le pardon mutuel (cf. Mt 18, 14-15). Le pardon nourrit ensuite la vertu de toutes les vertus, l’amour : « Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour fervent, car l’amour couvre une multitude de péchés. » (1 Pi 4.7)
Le deuxième antidote, c’est que nos imperfections, celles qui sont fruit du péché, auront une fin. Ce n’est pas nous qui en viendront à bout. Nous sommes appelés à mettre à mort nos imperfections (ce que l’Écriture appelle la sanctification), mais c’est une action de l’Esprit divin, l’Esprit de transformation, qui œuvre en nous. Les imperfections que sont la haine, la violence, l’injustice… tout cela sera mis à mort quand le dernier ennemi, la mort, sera anéanti (1 Co 15.26). Voilà une bonne nouvelle !
Le troisième antidote, c’est d’accepter nos limites. Je ne parle ici plus de reconnaître que nous sommes pécheurs, mais de reconnaître notre humanité. Même avant la chute nous étions des êtres limités. Même dans le jardin, en pleine communion avec Dieu, nous étions limités. Adam a dû chercher avant de trouver le nom de celle qui était « chair de sa chair et os de ses os ». Adam n’avait pas une connaissance parfaite. Il avait une connaissance innocente du péché, ce qui n’est pas la même chose !
Accepter notre humanité c’est aussi une source d’émerveillement. Vous savez ce que cela veut dire ? Cela veut dire que même dans le royaume, nous resterons des êtres limités. Et pourquoi est-ce merveilleux ? Parce que cela veut dire que tous les jours nous connaîtrons l’amour de Dieu encore plus. Tous les jours, et pour l’éternité. Notre émerveillement de Dieu ira grandissant… pour l’éternité !