Cet article est la suite de : Le plus grand combat du monde (1)
Les pasteurs et prédicateurs sont engagés dans un combat : c’est ce que Charles Spurgeon a rappelé à ses collègues pasteurs, peu de temps avant sa mort, lors d’un discours que l’on trouve dans l’ouvrage « Le plus grand combat du monde » (Publications chrétiennes). Dans un premier article, nous avons écouté le « prince des prédicateurs » nous encourager à prêcher la Bible tout entière, sans compromis et sans honte, avec la conviction qu’elle est la vérité dont le peuple de Dieu a besoin. Dans ce deuxième article, nous allons considérer la suite du discours de Spurgeon, où il appelle les pasteurs, d’une part à lutter de concert avec toute l’Eglise, et d’autre part à combattre en comptant sur les forces du Saint-Esprit.
Quand une Eglise cesse d’être l’Eglise…
Toujours dans le registre du combat, donc, Spurgeon sensibilise ses collègues à l’importance de ne pas lutter seuls, mais en étant unis au corps. « Que peuvent faire des hommes pris individuellement dans une croisade ? Nous sommes associés au peuple du Seigneur. Il nous faut pour camarades les membres de nos Eglises ; il faut qu’ils sortent avec nous pour gagner des âmes à Christ. Il nous faut la collaboration de tous nos frères et sœurs ».
Puis il s’insurge de l’évolution de certaines Eglises, en cette fin de 19e siècle : « On a parlé de l’Eglise de l’avenir, de celle qui doit remplacer l’Eglise de Jésus-Christ. Il n’y aura plus d’étroitesse d’esprit en son sein, puisqu’un théâtre et même un café y seront annexés. Et puisqu’elle pourra contenir des athées, nous espérons qu’on voudra bien aussi y recevoir les démons. Quelle Eglise étonnante elle sera… quand nous la verrons ! Ce sera tout ce que vous voudrez, mais non pas une Eglise. Quand les soldats du Christ auront ouvert leurs rangs pour recevoir leurs ennemis, y aura-t-il encore une armée chrétienne ? Ne sera-ce pas une capitulation avant la guerre ? ».
« Une Eglise sans temps de prière est morte »
Une Eglise sans temps de prière est morte
Puis il pose cette question : « Mais cette Eglise sera-t-elle réelle ou n’existera-t-elle que sur papier ? Cela dépend de vous, chers frères. Je vous supplie de prendre la résolution de ne pas avoir d’Eglise plutôt que d’en avoir une fictive ». Spurgeon poursuit dans ses exhortations insistantes, en invitant les pasteurs à désirer de tout cœur que les Eglises dont ils sont responsables grandissent en nombre et restent vivantes. Comment atteindre ce but ? Par des méthodes, des techniques, des innovations ? Non, répond Spurgeon : par la prière : « Il y a trop d’Eglises sans réunions de prière. Même s’il n’y en avait qu’une, il faudrait pleurer sur elle. Dans plusieurs Eglises, la réunion de prière n’a aucune importance ; seulement quelques membres la fréquentent. Il n’y a ni intérêt ni puissance dans cette réunion. Mais frères, qu’il n’en soit pas ainsi chez vous ! Croyez-moi, une Eglise sans temps de prière est morte ».
Les pasteurs en première ligne du combat
Charles Spurgeon ne s’arrête pas là : il appelle les chrétiens à être de véritables soldats, engagés de toutes leurs forces dans le combat : « Actuellement, la guerre sacrée est soutenue presque entièrement par une petite troupe de chrétiens très vivants et très énergiques. Tout le reste se trouve sur des civières ou se cache à l’arrière de l’armée ». Engagez-vous, martèle-t-il ! Engagez-vous dans une vie chrétienne sainte, engagez-vous dans la mission : « L’Eglise élue est sauvée pour sauver les autres, lavée pour laver les autres, bénie pour bénir les autres ».
Comment une Eglise locale sera-t-elle engagée dans ce combat ? C’est là, justement, qu’intervient tout particulièrement le rôle du pasteur, appelé à être un modèle : « Nous ne devons pas crier : « En avant ! » sans marcher les premiers. Nos Eglises ont le droit de s’attendre à ce que nous soyons parmi les plus dévoués, les plus laborieux, les plus consacrés de tous, et même au-delà ».
Sans le Saint-Esprit, pas de fruits !
Spurgeon nous a déjà largement mis au défi quant à ce combat qu’il nous inviter à mener : prêcher la Bible sans compromis, conduire l’Eglise pour qu’elle soit un peuple de soldats zélés. La tâche semble énorme… et nous sentons bien toutes nos limites. Le troisième chapitre du livre arrive à point nommé pour nous encourager : notre force vient de l’Esprit de Dieu. C’est le cas pour tous les aspects du ministère pastoral. « Nous devons dépendre du Saint-Esprit pour la préparation de nos sermons. Tout homme qui va vers le pays de la science céleste doit travailler pour y arriver. Cependant, il doit travailler avec la force du Saint-Esprit, autrement il fera naufrage sur une île quelconque dans la mer de la Fantaisie et ne mettra jamais le pied sur les rives sacrées de la Vérité ».
Dépendre du Saint-Esprit pour préparer une prédication. Dépendre de lui quant aux résultats de la prédication : « Personne de nous ne s’imagine pouvoir, de lui-même, régénérer une âme. Nous n’avons pas la folie de croire que nous pouvons changer un cœur de pierre en cœur de chair. Nous n’avons pas cette présomption, et pourtant nous sommes tentés de croire, parfois, que notre expérience personnelle est suffisante pour tirer nos semblables de leurs difficultés ».
Nous n’avons pas la folie de croire que nous pouvons changer un cœur de pierre en cœur de chair. […] et pourtant nous sommes tentés de croire, parfois, que notre expérience personnelle est suffisante pour tirer nos semblables de leurs difficultés.
Un calviniste qui évangélise, qui prie et qui compte sur l’Esprit ?
Ce discours passionné est émouvant et interpellant, et il met à mal certains clichés que l’on pourrait avoir, à tort : voilà en effet un calviniste qui supplie les pasteurs et les Eglises à s’engager dans l’évangélisation, un homme convaincu de la souveraineté de Dieu qui insiste sur l’importance de la prière, un prédicateur « à succès » qui reconnaît qu’il n’est rien sans la puissance de l’Esprit. Spurgeon ne veut pas d’une Eglise qui se contente de ce qu’elle est : il aspire à un réveil. Mais les réveils ne se créent pas par la volonté de l’homme, ils commencent par un acte d’abaissement et la dépendance en l’Esprit de Dieu. « O frères, qu’il soit impossible qu’après nous être entretenus de ces choses nous en demeurions là ! Que chacun, de cœur et d’âme, cherche ardemment la puissance du Saint-Esprit ! ».
En voilà une bonne résolution : « Désormais, en commençant, en continuant ou en terminant une bonne œuvre, dépendez uniquement et sciemment du Saint-Esprit. Il faut qu’il vous donne jusqu’au sentiment du besoin que vous avez de lui ; et les prières par lesquelles vous l’implorez, c’est lui qui doit les produire. Vous avez commencé un travail d’une nature si spirituelle, si au-dessus de la puissance humaine, qu’oublier le Saint-Esprit conduirait certainement à la défaite. Qu’il soit donc la condition sine qua non de vos efforts ».
Agir comme si tout dépendait de nous… en se souvenant que rien ne dépend de nous
Nous devons préparer nos sermons comme si tout dépendait de nous, puis nous confier au Saint-Esprit, sachant que tout dépend de lui
Que ce soit bien clair, précise Spurgeon, compter sur l’Esprit de nous dispense pas de travailler. Le Seigneur ne nous encourage pas à la paresse : il nous faut étudier la Bible avec assiduité, préparer les prédications avec sérieux, passer du temps en méditation et dans la prière. « Nous devons préparer nos sermons comme si tout dépendait de nous, puis nous confier au Saint-Esprit, sachant que tout dépend de lui », résume-t-il.
Voilà un beau discours… et un beau programme pour mener ce plus grand combat du monde. Mais laissons à Spurgeon donner ses propres mots de conclusion : « Allez, ô soldats de Jésus, avec l’épée de l’Esprit, la Parole de Dieu. Allez, avec les compagnies d’âmes pieuses que vous conduisez, et que chacun de vous soit fort dans le Seigneur et revêtu de sa puissance. Ressuscités des morts, allez avec la force vivifiante du Saint-Esprit, vous n’en avez pas d’autres. Que la bénédiction du Dieu unique en sa Trinité repose sur vous tous, pour l’amour de Jésus-Christ, notre Seigneur ! Amen ! »