Nous voici une fois de plus arrivés dans la période de l’Avent. Les lumières ont été suspendues dans les rues des villes et des villages, et les marchés de Noël ont ouvert leurs portes. Les chants de Noël résonnent sur la place publique, jusqu’au jour où quelqu’un remarquera qu’il est inacceptable de faire entendre un chant chrétien sur la place publique. D’ici là, le temps de l’Avent reviendra chaque année. Je ne sais pas ce que l’Avent représente pour nos contemporains, mais pour les chrétiens, cela symbolise beaucoup de choses.
Un temps d’attente
L’Avent est un temps d’attente. Avant la réalisation de la promesse, il y a toujours une attente. Abraham a attendu. Longtemps, très longtemps, avant de voir la réalisation de la promesse que Dieu lui avait faite. D’ailleurs, une grosse partie de la promesse n’a jamais été réalisée de son vivant. La glorieuse promesse faite par Dieu : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand. Deviens donc (une source) de bénédiction. » (Gn 12.2) Abraham ne vit jamais cette réalisation, mais il n’a pas cessé de l’attendre.
Bien sûr, Abraham a été frustré. Bien sûr il a douté un peu… peut-être même désespéré que la promesse s’accomplisse vraiment. Il a donc « aidé » la réalisation de l’annonce divine en prenant les choses entre ses propres mains. Ou plutôt, son épouse a pris les choses en main, avec les conséquences que nous connaissons. Abraham a quand même vu de ses yeux le début de la promesse : le pays de Canaan, et il a même pu donner un nom à cette éclosion de la promesse : Isaac.
Le peuple d’Israël a lui aussi attendu la réalisation de la promesse du retour d’Exil. Il a attendu avec patience, d’autant plus que la promesse était bien limitée dans le temps : 70 ans d’exil, puis viendrait la délivrance. Bien que la libération ait été datée dès l’annonce divine, le peuple a dû attendre. Cela n’a pas été simple, car le peuple exilé a dû faire face à de nombreux défis. Les faux prophètes de Jérusalem annonçaient une autre délivrance que celle qui fut promise, ce qui conduisit le prophète Jérémie à écrire sa lettre aux exilés dans son grand chapitre 29. Le peuple exilé attendait aussi au milieu des moqueries des babyloniens, ce qui conduisit le Psalmiste à composer le Psaume 137, le plus mélancolique de tous les psaumes. Attendre n’est pas facile, et ce n’est pas de la passivité. Cela exige une grande force spirituelle.
La situation du peuple d’Israël juste avant la naissance de Jésus était celle de l’attente. C’était un monde pétri d’attentes messianiques, de désirs ardents d’un libérateur. Ce n’est pas sans raison que la foule qui a vu Jésus faire des miracles voulait le faire roi. Elle attendait un libérateur. Elle attendait un monde nouveau. L’accomplissement de la promesse fut lui aussi difficile à recevoir, tant les attentes étaient différentes de ce que Dieu réalisa en Jésus.
Son retour est annoncé : « Voici, je viens bientôt… » (Ap 22.12) Annoncé, mais pas réalisé. Nous attendons avec persévérance et espérance. Nous attendons le retour du Roi.
Que dire de ce peuple de Dieu que nous formons ? Nous sommes aussi dans l’attente de la plénitude promise par Jésus lui-même. Son retour est annoncé : « Voici, je viens bientôt… » (Ap 22.12) Annoncé, mais pas réalisé. Nous attendons avec persévérance et espérance. Nous attendons le retour du Roi.
Qui dit promesse, dit attente. Ainsi, si nous sommes le peuple de la promesse, nous devons aussi être le peuple de l’attente. Comment vivrons-nous cela ? Est-ce que nous vivrons l’attente avec la même force que nous vivons la promesse ?
Un temps de préparation
Le temps de l’Avent, le temps de l’attente, est aussi celui de la préparation. N’oublions pas que l’attente n’est pas passive, car nous attendons quelque chose. L’attente est dirigée vers un horizon, celui de Dieu. L’attente précédant Jésus est un temps de préparation cristallisée dans la prédication de Jean le baptiseur : « En ce temps-là parut Jean-Baptiste, il prêchait dans le désert de Judée. Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. C’est lui dont le prophète Ésaïe a dit : C’est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Rendez droits ses sentiers. » (Mt 3.1-3)
La repentance : voilà la préparation à laquelle nous sommes appelés.
La repentance : voilà la préparation à laquelle nous sommes appelés. Notre attente n’est donc pas passive. Au contraire, elle demande une attention de tous les jours. Elle exige une humilité quotidienne que seul l’Esprit-Saint peut faire germer dans nos vies. Dans ce temps d’attente, le peuple de Dieu était appelé à la repentance, afin d’ouvrir la voie du Seigneur.
Cet appel est toujours le même. Nous sommes appelés à la sanctification, sans laquelle personne ne verra Dieu (Hb 12.14). La repentance et la sanctification sont les portes qui s’ouvrent devant la voie du Jésus que nous attendons. L’appel de Jean le baptiseur, celui qui annonçait l’incarnation de Dieu, est un appel qui retentit encore dans nos vies et qui annonce le retour en gloire de l’Enfant dont la naissance est commémorée en ce mois de décembre.
Le peuple de Dieu a toujours attendu, dans la foi, l’espérance, et l’amour. En ce temps de l’Avent, gardons les yeux et le cœur fixés sur celui qui a promis de revenir. Sa promesse est certaine, notre espérance est certaine, et notre attente ne sera pas en vain. En témoignage de cette promesse certaine, préparons la voie du Roi qui revient, en étant transformés à sa pleine stature (Ep 4.13) !