3. Portrait du diable
Nous tentons ici de brosser un portrait du diable d’après les données de l’Écriture, sans tomber dans le folklore qui peut accompagner ce genre de description.
Créature
« C’est en lui [Christ] que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui » » [1]
Tout a été créé par le Dieu unique qui maintient toute vie et tout ce qui existe. Cette vérité fondamentale de la foi chrétienne montre clairement que le diable est une créature. Il n’est pas une divinité rivale du Dieu trinitaire. Il fait partie de la création et il subsiste parce que Dieu le laisse subsister.
Créature angélique
Le diable et les démons sont des anges (Marc 3.22 ; Apocalypse 12.7), des esprits crées par Dieu qui devraient être au service des élus (Hébreux 1.14). Ils sont donc des êtres spirituels dont les caractéristiques sont différentes de celles des humains.
Créature angélique déchue
Deux textes parallèles, Jude 1.6 et 2 Pierre 2.4, évoquent le péché des anges qui se sont rebellés contre Dieu. On cite parfois d’autres textes, comme Ésaïe 14 qui évoque probablement bien plus que le seul roi de Babylone. Mais Ésaïe décrit la chute de rois humains, chefs du monde qui s’opposent à Dieu, et non la chute du diable.[2]
Nous devons reconnaître que les circonstances de la chute du diable et des démons, des anges qui l’ont suivi dans sa révolte contre Dieu, ne nous sont pas relatées dans l’Écriture. Avec son franc parler habituel, Calvin nous « encourage » à respecter la discrétion de l’Écriture à ce sujet :
« Il n’a pas convenu au Saint-Esprit de satisfaire notre curiosité en nous racontant des histoires sans intérêt et infructueuses. Le Seigneur, nous le voyons, a veillé à ne rien nous enseigner d’autre que ce qui pouvait nous édifier. » [3]
Créature angélique dépravée et puissante
L’Écriture est cependant claire sur la dépravation actuelle du diable et des démons. Jésus qualifie Satan de « meurtrier » et de « menteur, père du mensonge » (Jean 8.44). Le diable s’oppose à Christ qui est la vie et la vérité (Jean 14.6). Il représente donc tout ce qui est mauvais et tous ceux qui pratiquent le mal le suivent (1 Jean 3.8).
Le diable est très actif dans son opposition à Dieu. Il mène une guerre féroce contre ceux qui désirent suivre Christ (Apocalypse 12.17), il cherche à les séduire (2 Corinthiens 11.14 ; 1 Timothée 4.1), à les faire chuter par différents excès (Ephésiens 4.27) ou à diviser les chrétiens (2 Corinthiens 2.10-11).
Sa puissance est largement décrite dans l’Écriture : il est le prince de ce monde (Jean 12.19), expression qui souligne son pouvoir actuel. Il aveugle les hommes pour les détourner de l’Évangile (2 Corinthiens 4.4 ; 2 Timothée 2.26). Pierre le décrit comme un lion rugissant (1 Pierre 5.8), image frappante qui souligne sa dangerosité et la crainte qu’il peut susciter. Satan est l’accusateur des chrétiens (Zacharie 3.1 ; Apocalypse 12.10), qui cherche à écraser l’enfant de Dieu sous la culpabilité.
Ce portrait montre les intentions et le pouvoir réel du diable. Il ne s’agit ni d’une fable, ni d’un adversaire à prendre à la légère. L’enfant de Dieu doit réaliser qu’il fait face à un adversaire redoutable, rusé (Genèse 3.1) et entièrement perverti par le mal. Puisqu’il connaît les humains depuis le commencement, Satan a aussi acquis une grande expérience dans la manière de tenter et faire chuter les êtres humains.
Créature limitée
Néanmoins, parce qu’ils sont des créatures, le diable et les démons restent limités. Leur puissance, réelle, importante, ne doit pas être surévaluée. Le diable n’est pas Dieu. Il n’est donc pas omniprésent et ne se trouve donc pas en personne dans chaque rencontre d’évangélisation ou rassemblement des enfants de Dieu.
Il n’est pas non plus omniscient. Il peut, par sa grande expérience, deviner les pensées, les influencer même par la tentation. Mais il ne peut les connaître, comme il est incapable de prédire l’avenir avec certitude. Seul Dieu connaît les pensées (Psaume 139.2) et peut prédire l’avenir (Ésaïe 41.22-23).
Le diable n’est pas tout-puissant. Il est limité par la souveraineté du Dieu qui dirige l’univers (Job 1.12 ; Job 2.6). La présence du mal dans ce monde, les atrocités des hommes ou les catastrophes naturelles soulèvent bien des questions et suscitent une grande incompréhension. La persécution des chrétiens montre la réalité de l’opposition contre Dieu et les siens.
Comme Habakuk, l’enfant de Dieu peut s’étonner de voir la victoire apparente du mal (Habakuk 1.2-3). Toutefois, comme le prophète, nous sommes invités à la confiance dans le Dieu souverain (Habakuk 3.16-18) qui accomplit son plan et continue de diriger l’univers. Rien n’échappe à Dieu, même le diable et les démons ne peuvent aller au-delà de ce que Dieu décrète. Cette réalité est un encouragement réel au sein de l’épreuve.
Cette revue rapide des données bibliques nous conduit à l’humilité et la confiance. L’humilité face à un ennemi puissant, rusé et entièrement perverti par le mal. La confiance car cet ennemi est, bien malgré lui, soumis au Dieu souverain, au seul Dieu qui règne sur l’univers et veille soigneusement à l’accomplissement de son plan (Ésaïe 46.10).
L’article suivant donnera encore une raison supplémentaire de croire et de se réjouir.
[1] Colossiens 1.16-17, Segond 21.
[2] Barry WEBB, « Le message d’Esaïe », Grâce et Vérité, Charols, 2015, p. 99, affirme que voir la chute du diable dans ces chapitres serait « extrapoler exagérément » à partir du texte. Ron BERGEY, « Découvrir Dieu à travers Esaïe », La Maison de la Bible, Romanel-sur-Lausanne, 2018, p. 76, voit aussi un roi humain.
[3] Jean CALVIN, Institution de la Religion Chrétienne, Kerygma, Excelsis, Aix-en-Provence, Charols, 2009, I, XIV, 16.