La Bible est la « révélation progressive » de Dieu. Cette expression a deux sens. Tout d’abord, elle se réfère à la manière dont Dieu a donné sa Parole dans le temps, progressivement, sur une période d’environ 1500 ans (1400 av. J.-C. – 100 ap. J.-C.), par près d’une quarantaine d’auteurs différents. Ensuite, elle parle du développement du contenu même des Écritures, avec l’histoire de la rédemption comme thème principal et la gloire de Dieu comme but suprême.
La révélation progressive s’articule principalement autour de quatre alliances divines inconditionnelles et irrévocables faites avec Israël, le peuple que Dieu a souverainement choisi pour l’accomplissement de son plan de salut (Jn 4.22 ; Ro 9.4,5). Il s’agit de l’alliance abrahamique (Ge 12.1-3), de l’alliance du pays (Ge 12.7), de l’alliance davidique (2 S 7.8-16) et de la nouvelle alliance (Jé 31.31-40). Ces alliances promettaient respectivement à Israël une descendance, un héritage, un royaume et la régénération.
C’est le Christ (c.-à-d., le Messie) qui devait permettre la réalisation de toutes ces promesses (Jn 4.25,26 ; Lu 24.27). Durant son ministère terrestre, le Seigneur Jésus a donné à Israël toutes les preuves de sa messianité en accomplissant les paroles des prophètes (Mt 8.16,17). Malgré cela, il a été rejeté par son peuple (Mt 12.22-37). Dès lors, le mystère de l’Église a été révélé (Mt 16.18) : Juifs et non-Juifs réunis en un seul corps, organisme spirituel et vivant dont Christ est la tête (Ép 2.11-18). Dieu, cependant, n’a pas rejeté Israël, qui est son peuple (Ro 11), car son incrédulité n’a pas annulé sa fidélité (Ro 3.3,4). Actuellement, c’est l’Église qui bénéficie des principales promesses de la nouvelle alliance (Hé 10.14-18), mais un jour, elles entreront toutes en vigueur avec Israël (Ro 11.26,27).
L’interprétation littérale, grammaticale et historique de la Bible révèle un schéma eschatologique différent pour Israël et pour l’Église, dont l’élément commun est la promesse du retour de Christ. L’avenir de l’Église passe par une rencontre avec le Seigneur dans les airs, sur des nuées, quand « les morts en Christ ressusciteront » (1 Th 4.13-18) alors que l’avenir d’Israël passe par l’accomplissement de la 70e« semaine » de la prophétie de Daniel 9.24-27, décrite ailleurs comme étant le « jour de l’Éternel » (So 1.14-18), une période de jugements qui va culminer avec le retour de Christ sur la terre (Mt 24.15-30).
Avec le livre de l’Apocalypse, nous découvrons le « mot de la fin » de Dieu en lien avec ses desseins éternels. C’est la « révélation » (gr. apokalypsis) finale de la prophétie biblique (Ap 1.3 ; 22.7,10,18,19). Ainsi, ces passages indiquent clairement la véritable nature de ce livre : il s’agit bien d’un livre prophétique, dans un langage figuré bien sûr, mais pas aussi obscur qu’on le laisse entendre parfois.
L’Apocalypse est bien un livre prophétique, dans un langage figuré bien sûr, mais pas aussi obscur qu’on le laisse entendre parfois.
Si ce livre est la conclusion de la révélation progressive de Dieu, il est clair que sa compréhension doit reposer sur l’ensemble de la révélation antérieure, et cela vaut pour les images et les symboles utilisés à travers le récit des visions de Jean. Par exemple, l’image de la femme revêtue du soleil, avec la lune sous ses pieds et tête couronnée de douze étoiles dans Apocalypse 12.1, tire son origine de Genèse 37.9,10, ce qui démontre que la femme en question dans ce verset symbolise le peuple d’Israël. Cet exemple suffit pour démontrer que le livre de l’Apocalypse n’est pas un ouvrage obscur, mais simplement l’aboutissement de toute la révélation prophétique de Dieu dans l’Écriture.
De plus, Christ lui-même a indiqué à Jean la structure que devait prendre ce livre : « Écris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après ces choses-ci » (Ap 1.19). Les « choses que [Jean a] vues » sont les éléments de la vision du Christ glorifié dans les versets 1 à 18. Les « choses qui sont » sont les messages adressés par Christ à sept églises locales d’Asie Mineure dans les chapitres 2 et 3. Enfin, les « choses qui doivent arriver après ces choses-ci » sont les événements décrits dans tout le reste du livre, soit les chapitres 4 à 22.
Le temps même des verbes dans cette structure a toute son importance dans la compréhension de la séquence chronologique du livre : la vision du Christ glorifiée est au passé (« tu as vues »), les conditions des différentes églises locales sont au présent (« sont »), et les événements suivants sont au futur (« doivent arriver après »). Puisque la période de l’Église est toujours en cours, il apparaît clairement que « les choses qui doivent arriver » ensuite sont encore à venir. C’est ce que confirme le passage d’Apocalypse 4.1 : « Monte ici, et je te montrerai les choses qui doivent arriver après ces choses-ci. » Cette parole indique clairement que ce qui suit dans le livre doit se produire après la période de l’Église.
La vision du Christ glorifié au chapitre 1 met d’abord l’accent sur sa grandeur et sa souveraineté, autant en lien avec ce qui concerne l’Église qu’avec les jugements à venir contre Israël et le monde. Il est ensuite question, aux chapitres 2 et 3, des messages adressés par le Seigneur à « sept » églises locales d’Asie Mineure. En tenant compte de son utilisation dans le livre de l’Apocalypse, le nombre « sept » semble souvent symboliser « l’ensemble », la « totalité » ou la « perfection » de quelque chose. Ici, les sept églises historiques semblent représenter collectivement l’ensemble des conditions spirituelles que l’on peut retrouver dans les églises locales de tous les âges. Les chapitres 4 et 5 soulignent ensuite le règne souverain de Dieu et de son Fils Jésus Christ, et mettent la table pour les jugements divins qui frapperont les hommes dans les chapitres 6 à 19. Suivront alors le retour de Christ (19), son règne messianique et le jugement dernier (20), puis l’état éternel (21,22).
Une telle lecture du livre de l’Apocalypse est parfaitement cohérente avec le développement de la prophétie biblique dans le cadre de la révélation progressive de Dieu.
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