Au moment où je commence cet article, nous sommes entre les deux tours de l’élection présidentielle. Au moment où cet article sera publié, nous saurons probablement qui est le nouveau président, ou la nouvelle présidente, français(e). Mais la suite de cet article ne dépend pas du choix pour l’instant potentiel. Je ne parlerai pas de politique. Je parlerai de l’Église. Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas la situation socio-politique de mon pays. Ce qui m’inquiète le plus, c’est la situation de l’Église. En souci de l’unité du Corps de Christ, je me permets de partager quelques réflexions sur l’unité de l’Église compromise par nos divisions politiques.
1) J’ai lu les mêmes réactions et opinions de la part des chrétiens, et entre chrétiens, que dans les commentaires que vous pouviez trouvez sur n’importe quel site, Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Obs, et autres. Et ces commentaires sont généralement peu flatteurs. Facebook en particulier a été le lieu même de toutes les invectives. Et nous y avons participé. Des « amis » ont été dé-cliqués, des posts et des commentaires censurés… Au lieu de démontrer la paix, la joie, la patience, la longanimité, nous avons alors cédé à nos émotions les plus humaines sans qu’elles soient contrôlées et transformées par notre foi. La lumière de l’Église doit briller dans tous les domaines, reflétant la souveraineté de Christ.
3) Nous avons ainsi contribuer à propager tous les clichés et idées reçues que nous trouvons dans les médias. L’un est eugéniste, l’autre est nazie. Si vous votez pour l’un vous militez pour l’esclavage économique, et si vous votez pour l’autre vous promouvez la haine. Et si vous ne votez pas, vous soutenez tout le monde et êtes irresponsables. Avons-nous essayé de nous comprendre les uns les autres ? Vous avez lu de tels commentaires : « Je ne comprends pas qu’on puisse voter… » C’est précisément parce que nous n’essayons pas de nous comprendre, nous qui partageons le même frère, le même Père, que nous n’arrivons pas à aplanir les sentiers de la réconciliation et de la paix.
4) et en conséquence, nous nous sommes souvent anathématisés. Voter pour la finance ou pour le racisme c’est une trahison de la foi. En faisant cela, nous n’avons pas pris conscience de la complexité et de la timidité de notre propre foi. Je crois que nous sommes pécheurs, continuellement transformés, mais demeurant pécheurs. Je crois aussi que nous pouvons être sincèrement et pleinement disciples de Christ et faire de mauvais choix, des choix tragiques. Et nous n’en restons pas disciples de Christ. Et, oui, un chrétien allemand ayant voté « Hitler » a cependant pu être un vrai chrétien. Cohérent ? Non. Fidèle en tout à sa foi ? Non. Est-ce une pensée choquante ? Oui. Parce que nous devrions pouvoir être cohérents avec notre foi. Et nous ne le sommes pas. Ce n’est pas une excuse. C’est une explication. Je crois en ce qu’on appelle le péché originel.
Toutes ces questions je me les pose. Avons-nous été lumière du monde et sel de la terre ? Ai-je été lumière du monde et sel de la terre ? En voyant les réactions que nous avons pu avoir au cours de cette campagne présidentielle, je ne sais plus. Et je m’en repens, demandant au Dieu de miséricorde, par son Fils le réconciliateur, de continuer à me, à nous, transformer par l’Esprit. Et peut-être, oui peut-être, lors de la prochaine élection présidentielle, nous pourrons ensemble être instruments du Dieu de réconciliation.
Cet article vous a plu ? Inscrivez-vous pour recevoir nos derniers articles !