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Le chemin qui mène à Pentecôte est un temps particulièrement propice à la méditation sur la personne et l’œuvre de Christ. La célébration joyeuse de la résurrection ouvre ce temps que nous pouvons consacrer à la contemplation des traces que Christ a laissées. Temps de méditation, d’attente, et d’espérance. Les disciples aussi ont connu un temps d’attente, d’incertitude, et de découverte du sens de la mort et de la résurrection du Seigneur. Ils se sont attendus à Dieu, ils ont été rejoints sur la route d’Emmaüs, ils l’ont vu sur les rivages de Galilée. Luc ajoute que Jésus « leur apparut pendant quarante jours en parlant de ce qui concerne le royaume de Dieu » (Ac 1.3).

Crucifier les injustices humaines

La radicalité de la croix marque toute notre vie chrétienne, c’est certain. La croix est l’un des événement les plus marquants de l’histoire de l’humanité. C’est l’évènement historique qui définit la foi chrétienne en la centrant sur une personne, Jésus-Christ. C’est là que se joue l’identité du chrétien. Comme Paul l’écrit dans ce grand chapitre 15 de sa lettre aux Corinthiens : « Et si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine, et votre foi aussi est vaine (v. 14) ; Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés et ceux qui sont morts en Christ sont perdus (v. 17-18). » La crucifixion et la résurrection, deux marques que Dieu a imprimées dans l’Histoire des Hommes.

Mais qu’est-ce que la croix ? La mise à mort de Dieu lui-même. Nous sommes d’accord. Est-il possible que ce soit plus ? Dit autrement : qu’est-ce qui est exposé, mis à mort à la croix ? Une tendance est d’humaniser la croix en y voyant d’abord une crucifixion de l’humanité, manifestée en Christ. Ainsi :

Sur la croix, Jésus est la personne transgenre dont le choix est insupportable pour le monde ;

l’ado lesbienne dont l’identité est inacceptable ;
le pauvre dont la dignité est insoutenable pour le monde ;
l’étranger dont la présence est invisible pour le monde.

Le poids émotionnel d’un tel résumé de l’œuvre de la croix ne doit pas être sous-estimé. Cela va droit au cœur de tous ceux qui se sentent exclus, marginalisés, rejetés, et trop facilement condamnés. Sur la croix, ce qui est crucifié, ce sont toutes les injustices commises par les êtres humains contre d’autres êtres humains. Ce qui est en réalité crucifié, c’est l’image de Dieu.

Crucifier le péché humain

Cette tendance à humaniser la croix n’est pas forcément étrangère à toute perspective biblique. La croix est bel et bien une mise à mort du péché humain. Il n’y a pas vraiment de question sur cela. La question est de savoir ce qui définit d’abord le péché humain – et donc ce qui définit ce qui y est d’abord crucifié. C’est là que se trouve une vraie différence. L’une des dérives serait de trop rapidement mettre l’injustice mutuelle des Hommes au cœur de l’œuvre de la croix.

Cependant, ce serait rater une étape, car ces injustices, tout en étant inacceptables et tragiques, ne sont que des conséquences d’un péché plus fondamental. Paul écrit en Colossiens 2.13-15 : « Vous qui étiez morts par vos offenses et par l’incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; il a effacé l’acte rédigé contre nous et dont les dispositions nous étaient contraires ; il l’a supprimé, en le clouant à la croix ; il a dépouillé les principautés et les pouvoirs, et les a publiquement livrés en spectacle, en triomphant d’eux par la croix. » C’est notre mort spirituelle, l’offense écrite contre Dieu, qui est dévoilée en étant crucifiée. Ce ne sont pas les injustices humaines qui sont d’abord dénoncées et crucifiées, c’est notre statut d’ennemi de Dieu (Col. 1.21).

La croix ce n’est pas d’abord la crucifixion de la personne transgenre, mais la mise à nu de son péché.
La croix ce n’est pas d’abord la crucifixion de l’ado lesbienne, mais la mise à nue
de son péché.
La croix ce n’est pas d’abord la crucifixion du pauvre, mais la mise à nu de son péché.
La croix ce n’est pas d’abord la crucifixion de l’étranger, mais la mise à nu de son péché.

La croix, c’est ce qui nous unit parce qu’elle met en lumière ce qui est notre œuvre commune : la rébellion contre Dieu.

La croix, c’est ce qui nous unit parce qu’elle met en lumière ce qui est notre œuvre commune : la rébellion contre Dieu. C’est le constat de Paul : « Nul n’est intelligent, nul ne cherche Dieu. Tous se sont égarés, ensemble ils se sont pervertis » (Rm 3.11), et en conséquence, « il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul. » (Rm 3.12). Nous tous pécheurs contre Dieu, et en conséquence les uns contre les autres. Lorsque nous sommes injustes envers l’étranger, lorsque nous nions la dignité de l’ado lesbienne, nous manifestons de manière concrète et visible ce qui reste de l’opposition à Dieu.

La croix, c’est crucifier le péché humain… contre le Dieu créateur, un Dieu bon et généreux. Recevons avec humilité cette réalité de la croix. Il est tellement plus facile de la voir comme une simple atteinte à l’étranger, le pauvre, l’ado lesbienne… parce que trop souvent ce sont des catégories qui ne restent que cela, des catégories.

Mais la crucifixion de Jésus, Dieu incarné, il n’y a rien de plus concret. Lorsque nous pensons à la croix, est-ce que nous nous voyons planter les clous dans les mains de celui qui les avaient tendues vers nous ?

Eviter le légalisme

Il est important de maintenir cette priorité de la croix comme étant d’abord, et essentiellement dénonciation et mise à mort de notre opposition à Dieu. C’est l’innocence et la perfection du seul Juste venu de Dieu qui sont crucifiés. En cela, Jésus seul peut être le crucifié, car aucun être humain n’est innocent ou parfait. Nous sommes ceux qui plantons les clous, pas ceux en qui les clous sont plantés. Cette personne, c’est Christ.

Jésus seul peut être le crucifié, car aucun être humain n’est innocent ou parfait. Nous sommes ceux qui plantons les clous, pas ceux en qui les clous sont plantés.

Ceci a une importance pour la vie chrétienne, et pour le témoignage de la foi. Tout d’abord, si nous n’y prêtons pas garde, une attention première à l’humanisation de la croix peut rapidement conduire à une religion des œuvres. Nous ferons de la crucifixion l’outil de pression pour exiger non pas une repentance devant Dieu, mais une repentance sociale. C’est alors la justice parfaite envers les autres êtres humains qui devra caractériser notre foi, et la perfection morale en sera le point central.

En conséquence, nous serons incapables de proposer à notre société la moindre espérance. Or, notre monde est de plus en plus obsédé par la perfection morale : le moindre écart, et nous sommes condamnés. Ce n’est pas l’espérance de la foi, qui maintient en équilibre délicat l’exhortation à la sainteté et le pardon mutuel, fondé sur le pardon total et gratuit du Dieu crucifié.

La tendance actuelle à humaniser ainsi la croix peut avoir des conséquences tragiques sur la foi que nous communiquons en faisant de celle-ci une œuvre de perfection morale. La crucifixion, c’est la dénonciation impartiale de tous les êtres humains comme étant pécheurs devant Dieu, méritant sa justice, et au bénéfice d’un pardon gratuit librement accordé. C’est ce pardon qui nourrit le témoignage fidèle de la foi, et la poursuite d’une vie fidèle et juste, envers tous.

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