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En octobre dernier, un livre assez surprenant a été publié. Son titre : Dieu ? Le philosophe & le rabbin. Ce n’est pas tant le titre qui est surprenant que les auteurs, en particulier ledit philosophe. Il n’est nul autre que Michel Onfray ! Je dis que ce livre est surprenant. Attention, je ne veux pas dire que Michel Onfray n’a rien à dire sur Dieu. Au contraire, et il ne se prive pas de le dire comme il le pense , de manière directe et parfois assez caustique.

Ce livre est surprenant parce qu’il se veut d’abord le fruit d’une volonté de dialoguer sur ce mot, concept, ou Être (cela dépend si vous demandez au rabbin ou au philosophe) : Dieu. Cette volonté de dialogue n’efface pas les différences, mais se fonde sur les différences affirmées et assumées. Tout au long de l’ouvrage ceci est tout à fait clair. L’objectif du dialogue n’est donc pas de faire changer l’autre d’opinion, mais simplement… de dialoguer.

Petite note cependant : si Onfray souligne que l’objectif est le dialogue, pas la « conversion » d’idées, il en arrive quand même à dire que, en fidèle disciple d’Héraclite, il se doit d’affirmer : « Je n’exclus pas de perdre la foi dans mon athéisme, si je puis dire, puis d’être touché par la grâce. » (p. 63) Si le fameux philosophe grec Héraclite avait dit qu’on ne pouvait entrer deux fois dans le même fleuve, parce que le monde est changement, alors sa position pourrait aussi de principe changer. C’est une bonne nouvelle !

Le problème du mal : une question personnelle

Qu’est-ce qui pourrait donc faire changer Michel Onfray ? Il y a de nombreuses raisons qui alimentent son athéisme, mais une en particulier a pris le contrôle de sa raison. C’est une objection « classique ». C’est le problème du mal et de la souffrance. Si cette objection est souvent une manière de couper court à la discussion, une sorte de rideau de fumée utilisée pour éviter la discussion avec un chrétien trop entreprenant, il y a des cas dans lesquels la question du mal est une vraie objection. Le plus souvent… cette question est alors profondément personnelle.

Si quelqu’un rejette l’existence de Dieu à cause de l’existence du mal et de la souffrance, c’est rarement d’abord une question de philosophie. C’est généralement personnel.

Le problème du mal, bien qu’il soit de nature philosophique, n’est pas souvent invoqué ainsi. Si quelqu’un rejette l’existence de Dieu à cause de l’existence du mal et de la souffrance, c’est rarement d’abord une question de philosophie. C’est généralement personnel. C’est le cas d’Onfray.

Comme il l’écrit lui-même, la souffrance et la maladie sont au cœur de son rejet personnel de Dieu : « Ma compagne … qui n’a jamais augmenté le mal sur la Terre durant sa courte existence. » (p. 190) La mort de sa compagne Marie-Claude a profondément marqué Onfray. Je ne psychologise pas ce qu’il dit, je ne tente pas de lire dans ses pensées, car il est très clair. Il ne peut pas croire, il refuse de croire, en un Dieu qui aurait permis à sa compagne de vivre dans la souffrance.

Bien sûr, vous avez probablement noté quelque chose de significatif dans le discours d’Onfray : la question du péché. Son objection à Dieu est qu’elle n’a pas « augmenté le mal sur la Terre ». Dans un sens je comprends bien : elle n’a pas assassiné, elle n’a pas déclenché de guerres… Restreindre le « mal » à cela est tragique car cela sous-estime la nature profonde du péché. Le péché ne se manifeste pas dans les grandes fautes, mais dans tout ce qui n’est pas à l’image de la volonté divine. Ce n’est pas seulement Hitler qui est pécheur, mais moi aussi. Onfray ne peut reconnaître cela, et il ajoute donc : « Marie-Claude n’a pas péché non plus… » (p. 190) A ceci nous devons répliquer : malheureusement si, elle a péché. D’ailleurs le problème principal n’est pas tant les péchés que nous commettons, mais notre nature déchue. Nous sommes pécheurs. C’est là que se trouve le problème du mal : c’est nous, pas Dieu !

La question de la représentation

Derrière cette objection personnelle de la mort et de la souffrance, il y a la question du péché originel : « Mais alors pourquoi faire payer à l’un la facture de l’autre ? C’est injustice là aussi, là encore… On sait depuis Adam et Eve que, de génération en génération, les hommes paient une faute qu’ils n’ont pas commise, eux, mais leurs parents. » (p. 190) Voilà ! Dieu serait injuste en nous faisant payer un péché que nous n’avons pas commis.

Que répondre à Michel Onfray ? Tout d’abord, je crois que nous devons reconnaître qu’il y a une difficulté apparente. Nous sommes pécheurs « en Adam », parce que Adam et Eve se sont révoltés contre Dieu. Nous démontrons par nos actes que nous sommes comme eux. Il n’empêche, il y a quelque chose qui doit être expliqué – ou alors il faut nier la doctrine du péché originel.

C’est ici que la notion de représentation est cruciale. En Adam se trouvait représentée toute l’humanité. C’est d’ailleurs pour cela que l’apôtre Paul dit que « par un homme » (1 Co 15.21) et que la  mort est entrée dans le monde et que « tous meurent en Adam » (v. 22) ! Nous étions déjà en Adam, en Genèse 1 et Genèse 3. Lorsqu’ Adam a chuté, nous avons nous aussi chuté. Nous sommes pécheurs car nous étions inclus en Adam. Nous sommes pécheurs, non  parce que Dieu serait injuste, mais parce que nous le montrons par nos actes.

Reste la question : pourquoi Dieu a-t-il choisir de faire d’Adam et Eve les représentants du reste de l’humanité. Il y a un mystère que nous ne pouvons pas percer. Il était bien légitime pour lui de le faire. Ce n’est pas comme s’il avait prit l’humanité au piège ! Le premier couple avait tout pour persévérer dans la communion avec Dieu, toute l’humanité incluse dans cette glorieuse relation.

S’il y a un mystère dans ce choix de Dieu, il y a aussi une révélation merveilleuse qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Dieu lui-même se fait homme. Il accepte nos limites et en prenant la faute sur lui, la faute d’Adam, il devient notre « autre représentant ». La bonne nouvelle c’est que nous pouvons êtres représentés par Christ, non plus par Adam ! C’est une bonne nouvelle, qui sera un réconfort pour tous, y compris pour Michel Onfray.

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