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« Si Dieu existe, pourquoi le mal ? » est l’une des objections les plus communes à la foi chrétienne. D’ailleurs, si Dieu et le mal existent en même temps, cela veut probablement dire que soit Dieu n’en a que faire, ou qu’Il ne peut rien y faire. Dans tous les cas… ce n’est pas un Dieu dont nous aurions besoin ! Face au mal et aux souffrances inéluctables et indescriptibles, si le Dieu de la Bible existe, Il est soit bon et impuissant, soit omnipotent mais mauvais, ou même sadique. De nombreux théologiens ont souligné que cette objection est loin d’être une objection logique. Elle a presque uniquement une force émotionnelle.

Bien sûr, nous pourrions croire à tort que la force intellectuelle superficielle de cette objection nous laisse dans une position favorable. Le croyant chrétien, transformé par l’Esprit, éclairé par les Écritures et bénéficiant de siècles d’apologétique chrétienne, n’est pas laissé sans réponse. Nous pourrions regarder cette objection, et ceux qui la diffusent, de manière hautaine. Rejeter cette objection émotionnelle serait toutefois une erreur. Nous ne devons pas nous contenter de rejeter la reformulation actuelle du « problème du mal », mais reformuler notre réponse. Nous devons nous efforcer de présenter une réponse réformée à ce qui est, et doit rester, un problème permanent.

En cette ère émotionnelle post-chrétienne, nous devons faire face au défi du mal et reformuler notre réponse apologétique. Nous ne pourrons pas répondre de manière complète, mais plusieurs points sont importants à garder à l’esprit.

Premièrement, nous ne devons pas limiter Dieu à un aspect de sa personne.

Souvent la réponse chrétienne au problème du mal a réduit Dieu à l’une des dimensions de sa nature. Dieu est « volonté » et donc nous devons reconnaître que, d’une manière mystérieuse, tout fait partie de sa volonté. Si Dieu est bien souverain, notre réponse au « problème du mal » ne peut pas s’appuyer que sur la volonté de Dieu. Parfois nous avons limité Dieu à « un être autre que nous ». La réponse au problème du mal se limite alors au silence : Dieu est autre que nous et nous ne devrions pas questionner la sagesse avec laquelle Il agit.

Le Dieu de la Bible reste actif dans l’histoire de sa création. Cependant, son action ne peut pas être complètement comprise. Il agit par son jugement, mais aussi par sa compassion. Il envoie la pluie et le tonnerre, Il discipline son peuple, Il juge les nations, et ordonne l’ange de la mort sur l’Égypte. Dieu est actif et personnel. Souvent, nous avons eu une vision abstraite de Dieu. Le Dieu de la Bible, lui, est une personne divine qui agit d’une manière souvent voilée à nos yeux.

Deuxièmement, Dieu est incompréhensible.

Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien connaître de Dieu, ou de la manière dont Il agit. Nous pouvons connaître vraiment quelque chose de lui. Mais ce que nous pouvons savoir est limité. Nous pouvons connaître

Cela signifie par contre qu’il nous est impossible d’identifier avec précision le « doigt de Dieu » s’il ne nous est pas révélé. Oui, « notre Dieu est au ciel, il fait tout ce qu’il veut » (Psaume 115.3). Et sa sagesse nous est souvent voilée. Calvin n’hésite pas à dire que « bien que toutes choses soient conduites par le conseil de Dieu, elles nous donnent cependant l’impression d’être dues au hasard… elles ont cette apparence si nous considérons leur nature ou si nous les évaluons selon notre jugement et notre connaissance. » [1] Souvent l’action de Dieu demeurera invisible pour nous. Notre réponse à la réalité du mal sera donc parfois le silence. Dieu agit, mais souvent nous ne savons pas comment et pourquoi Il agit de telle ou telle manière. Face au mal, nous ne pourrons que confesser que Dieu est bon et qu’Il désire le bien de son peuple.

Troisièmement, nous devons faire attention à ne jamais confondre volonté de Dieu et action de Dieu.

Là aussi Calvin peut nous être utile. Dans sa Défense de la providence secrète de Dieu, il s’est défendu contre les accusations portées par Castellion qui soutenait que Calvin faisait de Dieu l’auteur du péché et du mal. Dans l’une de ses réponses, Calvin note que ce que Dieu veut et ce que la personne qui commet des mauvaises volontés ne sont manifestement pas identiques. Nous ne devons pas les confondre. Ainsi, la volonté de Dieu pour un parent qui vit le viol et le meurtre d’un enfant ne doit pas être confondue avec la volonté, et l’acte, du violeur et du meurtrier.

Par exemple, Dieu veut que nous apprenions la persévérance. Cela ne nécessite pas la mort d’un nouveau-né, même si parfois à travers une telle tragédie nous apprenons la persévérance et la confiance. Calvin fait ici une distinction philosophique entre « la nécessité de la conséquence » et « la nécessité du conséquent ». La première expression signifie que ce qui est nécessaire est ce que Dieu veut faire (la conséquence). Dieu par exemple veut protéger son peuple et le mener à son royaume. La seconde expression signifie que toutes les actions sont nécessaires. Dans ce cas l’instrumentalité du mal serait nécessaire.

Une position biblique doit apprendre à faire cette distinction, à affirmer la première et à nier la seconde. Quand Dieu veut que quelque chose de bon provienne de la mort d’un être cher, la souffrance ou le mal eux-mêmes ne sont pas nécessaires. Parfois, nous avons tendance à légitimer l’existence du mal, comme si Dieu en avait besoin. En faisant cela, nous rendons le mal nécessaire et nous donnons l’impression à nos contemporains que Dieu veut le mal ou le considère comme nécessaire.

Notre réponse apologétique au problème du mal doit constamment dire que le mal est inacceptable, bien qu’il entre dans la volonté secrète de Dieu. Nous devons l’affirmer, mais aussi le vivre en rejetant le mal et la violence. La manière dont nous vivons fidèlement dans un monde où le mal fait rage est, en soi, une œuvre d’apologétique.

[1] Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, Aix-en-Provence et Charols, Kerygma et Excelsis, 2009, I.xvi.9, p. 157-158.

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