Finalement la nouvelle année aura commencé comme d’ordinaire. Sur les réseaux sociaux. Et sans vouloir en rajouter, cette nouvelle année qui s’ouvre devant nous sera une année où nous pourrons vivre notre foi par ce que nous écrirons sur ces mêmes réseaux. Et cela m’amène à la nature apologétique de notre utilisation de ces outils de communication. Notre présentation et défense de notre foi se fait dans et par tout ce que nous faisons. Dans nos paroles et nos actions. Dans la manière dont nous nous comportons avec nos collègues, et dans la manière dont nous nous répondons sur les médias, blogs, réseaux sociaux. En particulier, notre foi se démontre dans la relation que nous avons avec les autres.
La voilà, la dimension apologétique de votre récent post, ou de votre récent commentaire Facebook. Notre attitude avec nos frères et sœurs en Christ est d’autant plus importante. Rappelons-nous que la meilleure défense de la foi chrétienne, c’est l’amour que nous nous témoignons, y compris sur les réseaux sociaux. Bien sûr, nous devons avoir la même attitude de compassion, de patience avec tous nos interlocuteurs en ligne, que nous les connaissions ou pas. Mais nous devons commencer par avoir cette attitude avec nos frères et sœurs dans la foi. Nous ne pouvons pas prétendre avoir une attitude avec le reste de nos contemporains si nous ne la manifestons pas avec ceux qui sont unis avec nous en Christ !
Quelques dangers nous guettent sur les réseaux sociaux. Quelques-uns me semblent particulièrement présents :
Humour : une dose d’humour est ne pour nous. L’auto-dérision en particulier ! Mais attention à la manière dont nous l’utilisons en public. Rappelons-nous aussi que tout ce que nous écrivons est public, ou semi-public, même sur les groupes privés. Ayons conscience que l’humour caustique que nous utilisons avec un ami de longue date peut ne pas être compris par tous ceux qui nous liront. Cela ne veut pas dire que nous devons laisser tomber tout humour, seulement que nous devons être vigilants.
Sarcasme : il est facile d’utiliser le sarcasme dans nos commentaires et réactions « à chaud ». La culture de l’immédiateté nous pousse à réagir de suite. Inutile de prendre le temps de la réflexion. Ce qui compte, c’est de dire ce qu’on pense, tout de suite. Maintenant. Normal que souvent notre clavier se mette automatiquement en mode « sarcasme ». C’est un moyen tellement efficace de donner une image plus « haute » de nous-même. Non seulement notre sarcasme peut blesser les autres, mais il nourrit notre orgueil. L’humilité est alors un remède efficace contre ces formes de sarcasme.
Condescendance : un autre grand favori sur Facebook. Elle prend différentes formes. Le plus souvent, nous ne prenons pas la peine de vraiment lire ce que notre interlocuteur dit. Nous partons alors au quart-de-tour dans un discours théologique critiquant notre interlocuteur. Le meilleur remède est l’humilité.
Critiques philosophiques : la condescendance est plus sérieuse encore lorsqu’elle est faite sous couvert d’expertise philosophique. Non pas que la philosophie soit mauvaise en soi, au contraire. Mais souvent le langage philosophique est utilisé, inconsciemment j’imagine, d’une manière qui laisse penser que, sans expertise philosophique, toute opinion est quelque peu arbitraire.
Prenons garde à ce contre-témoignage. Recherchons en toutes choses un langage édifiant pour chacun de nos interlocuteurs – en particulier ceux qui partagent notre foi.
Jargon théologique : même l’utilisation des mots techniques théologiques peut parfois être un problème. L’orgueil nous attend même là, au moment où nous pensons précisément servir nos frères et sœurs. Nous essayons d’expliquer un point théologique délicat avec le langage approprié. Mais la manière dont nous le manions peut trahir le « secret de nos cœurs » dont nous ne sommes pas même conscients. Demandons à Dieu de continuer à nous aider à être humbles en tous débats, sages dans les mots que nous utilisons, ne désirant que l’édification des autres.
Voilà les dangers, les tentations, qui nous attendent dès que nous nous connectons à notre blog ou réseau préféré. Mais ne faisons pas de ces formes de communication l’incarnation en ligne du mal. Ces dangers sont peut-être plus évidents, plus particulièrement visibles, mais ils ne sont rien d’autre que les problèmes du cœur humain. Ils prennent une forme nouvelle à chaque génération, mais ils ne sont pas nouveaux. Il est vrai que je suis personnellement convaincu que les réseaux sociaux sont de plus en plus problématiques. Non seulement notre utilisation n’est pas toujours à l’image de ce que notre foi demande, mais la manière même dont ces outils de communication sont faits nourrissent une utilisation problématique.
Les réseaux sociaux et autres blogs présentent un grand défi pour la présentation de la foi chrétienne. La culture de l’immédiateté qui est au fondement de ces nouveaux médias, exige et nourrit une autre culture : celle de l’opinion toute faite. Les réseaux sociaux nous encouragent à avoir une opinion immédiate sur toutes choses. En contraste, Paul nous exhorte à avancer et grandir ensemble dans la connaissance de Dieu. Paul a un objectif dans sa relation avec ses frères et sœurs : qu’ils avancent avec lui, constants dans la grâce. Trop souvent, nos interactions sur les réseaux sociaux sont une manière dont notre nature déchue déploie tous ses artifices. Nous croyons bien faire, et malheureusement, les effets sont souvent contraires. Cela ne devrait finalement pas nous étonner. L’« adversaire de nos âmes » est le père du mensonge et son arme de prédilection est la tromperie, l’illusion, l’aveuglement personnel.
Tous ces commentaires, je les fais miens. Après tout, quel meilleur moyen de discerner des défis et dangers personnels que de se forcer à y réfléchir ? Tous ces dangers me guettent. Théologien (il paraît), utilisateur de réseaux sociaux (modérément), ce que j’écris vient de l’expérience. Avançons donc ensemble ! Croissons dans la connaissance de Dieu. Que toutes nos paroles soient bénéfiques à l’édification et à l’amour fraternel. Et ainsi notre utilisation des réseaux sociaux pourra être une démonstration de notre foi.
Depuis octobre 2013, Evangile 21 publie chaque semaine de nouveaux articles, ce qui constitue aujourd’hui une base de presque un millier d’articles. Nous désirons profiter de l’été pour revisiter nos archives et vous re-proposer quelques articles publiés au cours de ces années.
Initialement publié le 8 février 2018