Il y a quelques mois, j’ai assisté à un service funèbre vaguement chrétien. Il était chrétien au sens où on y trouvait les éléments habituels de notre foi : la lecture de la Bible, un court sermon et la présence d’une croix pour orner la salle. Pourtant c’était bien vague parce que j’étais mal à l’aise et que je ne trouvais pas les vérités substantielles de notre foi. Les invités sont venus et repartis sans avoir entendu l’évangile. Notre espérance de revoir les chers défunts n’a pas été formulée au-delà d’une mention éthérée de la foi, de l’espoir et de l’amour.
Quelle occasion manquée ! Ici, dans une salle remplie de personnes en deuil qui cherchaient du réconfort ; ici, dans une salle pleine d’âmes qui fixaient un cadavre, se demandant quand ce serait leur tour d’être dans un cercueil ; ici, où l’éléphant présent dans la pièce était la question : Comment un Dieu bon peut-il permettre une telle souffrance ?
Prêcher un sermon funèbre n’est pas chose facile, et je tiens à saluer les efforts du prédicateur. Cependant, j’aurais vraiment aimé qu’il ait étayé son sermon avec la véritable et bonne espérance de Christ. J’aurais aimé entendre ce qui suit :
Une espérance fondée
Les gens qui assistent à des obsèques cherchent l’espérance. Lors d’un service funèbre même les personnes les plus endurcies espèrent qu’elles reverront leurs bien-aimés.
Les gens qui assistent à des obsèques cherchent l’espérance. Lors d’un service funèbre même les personnes les plus endurcies espèrent qu’elles reverront leurs bien-aimés. Comme chrétiens, nous n’avons pas à nous poser la question. La réponse, pour les chrétiens, est un oui plein de confiance. L’apôtre Paul décrit ceux qui meurent dans la foi comme étant simplement « endormis » (1 Th 4,14), comme ceux qui attendent que le Seigneur revienne vers eux (1 Th 4,16). Notre mort terrestre n’est pas définitive il y aura une vie à venir, une sorte de réveil, pour toute l’humanité (1 Cor 15:54), et pour ceux qui sont en Christ, ce sera un réveil pour la vie éternelle une vie bonne, glorieuse et remplie de paix.
Plus encore, cette espérance n’est pas basée seulement sur les sentiments ou sur des pensées concernant la vie après la mort qui n’ont pas été étayés. Paul fonde notre espérance sur l’événement historique de la résurrection de Jésus. Il affirme que, de même que Jésus est ressuscité, nous le serons aussi (1 Co 6.14). De même que Jésus a vécu après la mort, de même nous vivrons (1 Co 15:20). Le plus grand désarroi que l’on puisse éprouver lors d’un enterrement est peut-être de se voir offrir un espoir provisoire ou sans fondement : espérer le meilleur, espérer ce qui pourrait être le cas, espérer en quelque chose que nous ne savons pas et que nous ne pourrons jamais découvrir.
À cela Paul répond « C’est absurde ! » La Parole de Dieu a parlé. En Christ nous pouvons avoir la confiance que nous, comme lui, nous allons vivre au-delà de nos jours sur cette terre (1 Cor 15:23). Nous pouvons avoir confiance que nous reverrons nos bien-aimés et que nous serons réunis avec son peuple et notre Dieu dans une joie éternelle (Apo 21:3). Cher ami prédicateur, s’il te plaît partage cette espérance avec ceux qui sont dans cette salle pleine de gens en deuil : s’il te plaît parle nous de Christ, de ce qu’il a obtenu pour nous sur la croix et de la nature de ce paradis qui attend ceux qui mettent leur foi en lui (Lc 23:43).
Une sensibilité à la douleur ambiante
Si nous pouvons être confiants en Christ, notre espérance dans la vie et la mort, il n’y a pas lieu d’être triomphalistes lorsque nous sommes si proches de la mort, de la douleur et de la souffrance. Il est préférable d’adopter une attitude d’espérance douloureuse. La Bible regorge d’exemples sur la manière de maintenir ces deux émotions en tension, notamment dans les Psaumes et les Lamentations. De l’espoir, néanmoins, mais ponctué de lamentations, d’attentes et de désirs. La parole de Dieu est assez grande pour faire face à nos émotions lourdes et conflictuelles et à nos cœurs déchirés. En effet, si nos proches sont à la maison avec le Seigneur (2 Corinthiens 5:8), ils sont loin de nous ; c’est à nous de faire face à leur absence.
La Bible ne porte pas remède à la souffrance et à la peine en nous dissuadant de faire deuil. Au contraire elle nous apprend à ne pas être « dans la tristesse comme les autres, qui n’ont pas d’espérance ». (1 Thes 4:13). Ainsi, nous sommes dans le deuil, mais d’une façon différente. Nous célébrons la réunion avec Christ de nos bien-aimés, tout en pleurant leur départ loin de nous. Nous sommes en paix à cause du fait que, maintenant, ils ne souffrent plus, alors que nous pleurons parce que la seule chose qui nous reste d’eux est leur souvenir. Nous ressentons en même temps la joie et la peine. Un sermon qui console devrait viser en même temps à reconnaître notre chagrin et à réconforter nos cœurs avec la vérité de la bonté toujours présente de Dieu, même au milieu de la douleur et de la mort (Lam 3:22-24; 2 Cor 1:3-4).
Un appel à croire
Qu’en est-il des non-croyants présents dans la salle ? La mort nous oblige tous à nous poser des questions difficiles. Comme le note Augustus Waters, atteint d’un cancer, dans le célèbre roman pour la jeunesse La faille dans nos étoiles : « la douleur exige d’être ressentie ». Et, si je puis me permettre, cela est vrai quelle que soit votre identité.
Dans une salle remplie de personnes blessées, c’est l’occasion de partager l’espoir de la croix que par la mort de Christ, nous pouvons maintenant avoir la vie ; que dans le sentiment écrasant de notre perte, nous avons un Sauveur qui est descendu dans la douleur, pour porter notre souffrance (Ésa 53:4), pour supporter notre perte, pour compatir avec nous (Heb 4:15) et pour marcher à nos côtés dans les vallées les plus profondes (Ps 23). Nous pouvons même aller jusqu’à dire qu’il n’y a pas de vie en dehors de Jésus (Jn 14,6). Bien sûr, nous devons trouver un moyen de le faire avec sensibilité, mais nous ne devons pas laisser le défi d’aborder cette question avec délicatesse nous empêcher d’essayer de la partager. Quelle honte si les gens quittaient la salle sans avoir entendu parler de notre Sauveur et de ce qu’il est venu faire pour nous !
Je ne jalouse pas le travail d’un prédicateur lorsqu’il s’agit de sermons funèbres. Je sais à quel point il est difficile d’élaborer un sermon qui soit à la fois plein de sensibilité et sincère. Mais quelle merveilleuse occasion pour le prédicateur de s’exprimer dans un moment autant rempli de tendresse. Cher prédicateur, plutôt que de t’abattre, que ceci soit un encouragement pour toi. Que tes efforts soient bénis par Dieu pour apaiser la douleur de ceux qui souffrent, offrir du repos à ceux qui sont fatigués et amener de nombreuses personnes à connaître le Seigneur Jésus, qui a trouvé une issue à ce désordre choquant qu’est la mort, non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous ceux qui croiraient en lui (Jn 3:16).