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En février dernier Leiji Matsumoto nous quittait. Qui ? Le père d’Albator, le pirate de l’espace. Pour ceux qui ne reconnaîtraient pas le nom, Albator, c’est un héros de manga et d’anime (dessin-animé japonais) qui a peut-être marqué l’enfance de ceux qui ont grandit dans les années 1980. Albator, c’est le prophète de l’espace qui se bat pour défendre la terre contre des menaces alien. Albator, c’est le pirate éperdu de liberté qui a quitté la terre pour enfin vivre

L’évolution d’Albator

Albator a été adapté dans plusieurs films et séries télé. La première série, Albator 78 en français, voit notre pirate préféré confronté aux Sylvidres, des créatures végétales d’apparence humaine… peut-être à l’origine de l’espèce humaine. Quarante-deux épisodes verront la victoire finale d’Albator, et les Sylvidres abandonner leur rêve d’une conquête de tout l’univers connu. Sous la bannière de la liberté, le drapeau de la tête de mort qu’arbore le vaisseau d’Albator, la terre fut la seule planète à ne  pas être soumise aux Sylvidres. Dans cette première série, Albator démontre des vertus inestimables. Il a un courage et une force de caractère, une empathie et une maîtrise de soi quasi exemplaires !

Albator reste à peu près le même dans Albator 84, la série suivante, ainsi que dans l’adaptation très libre de l’Anneau des Niebelung. Tout part en vrille après les premières adaptations. Arrive, au début des années 2000, Albator: The Endless Odyssey (2002-2003).

Nous retrouvons un Albator qui a totalement changé. Il est cynique, blasé et ne répond aux nouveaux défis qui se présentent que pour respecter une promesse faite à son meilleur ami Toshirō. C’est à peu près la seule qualité humaine d’un Albator qui est sinon à la limite de l’antipathie. Si dans Albator 78, et surtout dans L’Atlantis de ma jeunesse, nous voyons un Albator humain qui doute et souffre, il n’en est rien ici. Il ne craint rien, n’a peur de rien, ne doute jamais et surtout, ne commet jamais d’erreur. Albator est de marbre, figé dans un état permanent de lassitude et d’auto-suffisance. Même les étincelles brillant dans son œil, si caractéristiques d’Albator 78 que cela en devenait lassant, disparaissent, laissant place à un être qui ne cillera jamais. Albator est devenu moins qu’humain : il a abandonné ses émotions. Il a enterré toutes ses émotions. Adieu, empathie ! Adieu, compassion !

Mais il ne faut pas lui en vouloir, car Albator n’est en fin de compte que le reflet de la société pour laquelle il est recréé. Dans la post-modernité du XXIe siècle naissant, nous avions un Albator  désabusé, perdu – déboussolé. Il est l’incarnation du cynisme contemporain.

Albator n’a plus aucun but, aucune vraie raison d’exister. Sa transformation est quasi complète. Dans la dernière incarnation, Harlock: Space Pirate (2013), le capitaine n’hésite pas dans les premières minutes à jeter par-dessus bord ceux qui lui donnent une réponse qu’il n’apprécie pas. Vous voulez monter à bord de l’Atlantis pour la gloire ? Vous êtes jeté par-dessus bord. Vous voulez rejoindre Albator pour vous en mettre plein les poches ? Vous êtes jeté par-dessus bord. Dans sa jeunesse, Albator ne donnait la mort que rarement, même contre les Sylvidres. Il ne prononçait pas de sentences de mort face à un ennemi désarmé. Voilà le courage héroïque, la vertu qu’il incarnait. Viennent les années 2000 et avec elles, Albator perd toute qualité morale. Il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Témoin de la société

Je ne veux cependant pas vous faire un résumé de toutes les aventures de mon pirate préféré. Pourquoi est-ce que je résume donc tout cela ? Une raison devrait suffire : la culture dite « populaire » est toujours le témoin de la société dans laquelle nous vivons. Cette observation est vraiment cruciale pour nous – pour les témoins de Jésus-Christ.

Nous sommes en effet appelés à faire des disciples dans toutes les nations, d’attirer à Jésus-Christ des hommes et des femmes de langues et de cultures différentes (Mt 28.19). Pour faire cela, Paul nous encourage à nous faire tout à tous (1 Co 9.22) et l’exemple de sa critique des sages athéniens attire notre attention sur une dimension de l’apologétique : il faut comprendre la culture et la société. C’est parce que Paul connaît les auteurs classiques et qu’il a observé ce qui se passait à Athènes (il a vu cette « forêt d’idoles », v. 16) qu’il peut prononcer ce discours époustouflant d’Ac 17.22-31. Paul a eu la sagesse (et l’expérience) de discerner comment témoigner avec le plus de pertinence. Paul nous a donné l’exemple d’une apologétique culturelle. Il a observé la culture athénienne.

Regarder et comparer les différentes versions d’Albator c’est tenter de faire la même chose. Si films et séries témoignent du monde qui voient leur naissance, alors elles peuvent aider notre témoignage. Regarder Albator, c’est comprendre l’évolution de notre société… et c’est en conséquence progresser dans le témoignage chrétien.

Albator n’est certainement pas le seul outil qui peut nous aider à gagner en pertinence. Il nous suffit de regarder comment nos contemporains vivent. Que regardent-ils ? Que lisent-ils ? Que font-ils de leur temps libre ? Poser ces questions nous aidera à comprendre ce que désirent nos contemporains. Nous verrons peut-être plus clairement ce qui anime leurs cœurs. Observons le monde et demandons au Seigneur sa sagesse. Comprenant le monde, nous pourrons encore mieux présenter la manière dont Dieu est la seule espérance de l’Homme. Observons, et ensuite témoignons de la grâce et de la compassion de Christ !

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