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6 façons pour les chrétiens d’être plus sages dans leur engagement politique

Les chrétiens peuvent et doivent poursuivre simultanément la sagesse et l’engagement politique. Mais dans ce climat politique réactif et profondément divisé, est-ce possible ? Nous pensons que oui.

Il est important que les croyants ne se contentent pas de refléter un monde désuni lorsqu’ils s’engagent dans la politique. Voici six idées pour aider à définir comment notre pensée peut être davantage caractérisée par la sagesse chrétienne que par les voies du monde.

1) Anticipez

Nous devons nous attendre à une période difficile. Dans nos Églises, nous voyons deux dangers opposés. D’une part, il y a des membres qui veulent que les pasteurs commentent les questions politiques dans leurs prédications ; d’autre part, certains espèrent que les pasteurs ne parleront jamais de politique du tout. Quelle que soit la voie choisie par une Église ou un pasteur, Paul a exhorté l’Église romaine au milieu de ses propres troubles politiques : « Si cela est possible, dans la mesure où cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. » (Rom. 12:18).

Pour encourager la paix avec les autres, il faut anticiper et « identifier » cette période politique compliquée, même s’il n’est pas prévu de s’engager sur des questions spécifiques. « Je sais que nous traversons un moment difficile. Je serais heureux de parler ou de prier avec chacun d’entre vous si vous avez des questions ou des préoccupations à ce sujet ». Le fait de ne pas reconnaître le symbole d’un parti politique dans la salle permet aux frères et sœurs en Christ d’emporter avec eux les divisions du monde et les soupçons non exprimés des uns et des autres.

2) Transcendez

L’église pratique déjà la politique. Le facteur de différenciation, d’après Augustin dans The City of God (La Cité de Dieu), est que notre polis (le royaume de Dieu) est d’un royaume supérieur. Lorsqu’un chrétien reconnaît Jésus comme le Seigneur de l’univers et auteur de l’Histoire, alors ce chrétien pratique la politique. Nous transcendons notre politique terrestre lorsque nous déclarons, avec Ésaïe, que les nations ne sont qu’une goutte d’eau dans un seau, et de la poussière sur une balance (Ésaïe 40:15). Jésus est Roi, et les nations n’existeront plus à la fin des temps ; le dire est une déclaration politique.

En outre, prendre régulièrement la Cène pour honorer notre Seigneur ressuscité (« le Christ est mort, le Christ est ressuscité, le Christ reviendra ») revient à prononcer un jugement eschatologique sur toute la politique terrestre. Ce n’est pas se soustraire à nos responsabilités terrestres que de dire qu’il existe une politique plus élevée, un royaume plus élevé et une communauté politique plus élevée que notre pays. Pour prendre au sérieux le langage du Nouveau Testament (Eph. 2:19 ; 3:6 ; 5:30), nous devons considérer notre appartenance à l’Église universelle et locale comme une allégeance politique supérieure.

3) Soyez prudents

Si l’allégeance d’un chrétien est dans le Royaume de Dieu, nous n’abandonnons pas pour autant les préoccupations politiques contingentes de cette vie, dont les variables peuvent faire de réelles différences dans la vie des gens. Un chrétien doit-il défendre et voter un budget plus ou moins important pour la défense nationale ? Quelles politiques aident les femmes dans la prévention à l’avortement ? Est-ce que la politique environnementale protège la création de Dieu, ou bien compromet-elle le mandat de l’Homme pour que ce dernier puisse s’épanouir ?

L’évaluation de ces questions exige de la prudence. La prudence, selon Aquinas, n’est pas simplement la confrontation de bonnes et de mauvaises décisions. La prudence est ancrée dans la prise de décision pratique de la vie quotidienne. On prend la décision la plus sage avec le plus de connaissances disponibles. Faire preuve de prudence, c’est notamment déterminer les questions qui nécessitent le silence et celles qui exigent un courage prophétique.

4) Recadrez et contournez

Une grande partie de notre conversation politique est alimentée par la télévision, les médias sociaux et leur pouvoir de focalisation qui nous permet de mettre certaines questions sur notre radar tout en en ignorant d’autres. En conséquence, les citoyens qui se fient aux médias pour obtenir des informations politiques sont tributaires de l’agenda et des priorités de quelqu’un d’autre. Les chrétiens ne font pas exception à la règle.

Les chrétiens doivent penser en dehors des cadres culturels et dépasser les considérations politiques actuelles. Par exemple, presque aucun homme politique ne s’est penché sur l’accessibilité à la pornographie, les lois protégeant les familles divorcées, ou les abus en matière de placement familial. Les médias ont accaparé notre esprit de telle sorte que nous ne pouvons même pas imaginer les problèmes et les solutions en dehors de la façon dont la discussion est déjà encadrée. Les chrétiens doivent contourner les limites établies du discours politique et s’attaquer à des questions importantes définies par les Écritures.

5) Localisez

Un autre effet puissant des médias est l’orientation naturelle vers la capitale, faisant de la « politique nationale » le sujet dominant de la couverture et la loupe à travers laquelle toute la politique est engagée. Pourtant, on peut dire que la politique au niveau local affecte davantage nos vies. Dans l’enseignement social catholique, le principe de subsidiarité veut que les questions politiques soient résolues au niveau de l’organisation sociale la plus cohérente avec le problème. En d’autres termes, les problèmes locaux devraient avoir une solution locale, et non pas une solution d’État. Les problèmes d’État devraient avoir une solution d’État, et non une solution nationale.

Nous invitons les évangéliques à connaître leur environnement et à se préoccuper des questions politiques locales tout autant – ou plus – que des questions nationales. Vous ne pouvez pas aimer ce que vous ne connaissez pas. La politique locale est un lieu de mission pour les Églises qui peuvent faire une différence réelle, pacifique et durable dans leurs communautés. Par exemple, ma propre Église est souvent impliquée dans la satisfaction des besoins de notre conseil scolaire local, qui demande de l’aide pour diverses initiatives scolaires.

6) Soyez joyeux

L’humeur est à l’austérité, et le ton peu créatif, lorsqu’il s’agit de la rhétorique politique dominante. Des tas de gens de tous bords insistent sur la gravité de la situation, mais faut-il pour cela être mesquin et ennuyeux ?

Pour les chrétiens, il y a une sainte légèreté née de l’Esprit. Lorsque les premiers chrétiens ont été battus et rejetés, leur réponse politique a été d’ignorer les injonctions qui leur étaient adressées, puis de se réjouir (Actes 5:41). Quelle que soit la gravité des problèmes auxquels les chrétiens sont confrontés, soyons un peuple joyeux dans notre témoignage public, en évitant la morosité qui caractérise tant de choses dans le discours politique. En raison de la mort et de la résurrection du Christ, après tout, nous avons une « espérance vivante » (1 P. 1:3) que nous devrions porter sur notre propre visage.

Note de l'éditeur : 

Traduit de 6 Ways Christians Can Be Wiser in Political Engagement

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