Les mots font des choses.
Je me souviens de façon bien vivante du changement d’expression des visages parmi les membres de la congrégation, alors que je prêchais sur l’Ecclésiaste. Cela arrive tout le temps quand nous interagissons les uns avec les autres. Les mots que nous formulons peuvent faire pleurer quelqu’un, le faire rougir, rager ou éclater de rire. Les mots font naître des émotions.
Les mots changent les choses aussi. Avec deux petits mot – « Je veux » – les vies changent pour toujours. Des mots de promesse prononcés dans une cérémonie de mariage ne décrivent pas le mariage, ni ne le commentent ; ils le créent. Après que leurs mots ont été dits, quelque chose existe qui n’existait pas auparavant.
À cause de ce que font les mots, nous avons le livre de l’Ecclésiaste.
Dieu nous a donné les mots parce qu’il aime créer des choses. Il aime voir quelque chose venir à l’existence qui n’existait pas auparavant. Il a parlé et, avec un mot, créé toutes choses. Tout comme il parlait ainsi alors, ainsi parle-t-il ici, dans ces mots, de sorte que quelque chose va nous arriver alors que nous les entendons.
Pour connaître Dieu nous devons être capables de l’entendre. L’Ecclésiaste nous aide à voir que l’oreille est l’organe chrétien.
À cause de ce que font les mots, nous avons le livre de l’Ecclésiaste.
Dans la conclusion, le Prédicateur nous fait asseoir et, pour la dernière fois, nous dit de nous assurer que nous comprenons bien comment agissent ses paroles. Dans cette dernière partie, il répond à deux questions : comment me souvenir de mon Créateur, et pourquoi devrais-je me souvenir de mon Créateur ? Comment et pourquoi devrais-je vivre sagement dans le monde de Dieu ?
Le Prédicateur conclut en nous rappelant son message qui a parcouru le livre entier. Ecclésiaste 12:9–12 nous fournit un mini-commentaire sur son livre. Ces versets expliquent comment et pourquoi le Prédicateur a fait ce qu’il a fait avec les mots et ils expliquent l’effet qu’ils étaient censés produire sur nous.
Ce n’était pas un érudit dans sa tour d’ivoire, enfermé dans la bibliothèque de l’université avec ses livres. Il était sage, c’est vrai, mais il « enseignait aussi au peuple la connaissance » (v. 9). Il l’a partagée. Il a utilisé sa sagesse pour rendre les autres sages. Il a regardé la vie et a vu que, souvent, de petits dictons, des proverbes, capturaient parfaitement la complexité et la confusion de la vie, et il les a mis par écrit.
Il termine en nous disant que ces observations sont censées nous apporter quatre choses.
1. Le plaisir
C’est une triste ironie que beaucoup trouvent que l’Ecclésiaste est un livre sombre et pessimiste. Il a en fait été écrit pour nous faire plaisir. « Le prédicateur a cherché à trouver des mots de délices, et il a écrit avec droiture des mots de vérité » (12:10). Il a cherché à trouver des « mots de délices » – des mots de plaisir – et comme il avait trouvé des mots de choix, ce qu’il a écrit était également droit et vrai.
Comment savez-vous que vous connaissez Dieu ? En écoutant ses mots de délices et en les trouvant agréables. Dieu n’est pas un rabat-joie. Ce n’est pas un rouspéteur. Il n’est certainement pas puritain dans la façon dont il veut que nous vivions dans le monde. Dieu se réjouit que nous nous réjouissions de la beauté des mots.
Nous regardons souvent la Bible à travers la lentille du dernier mot en 12:10 : « la vérité ». Nous voulons savoir si la Bible est fiable. Pouvons-nous nous fier à ce qu’elle dit ? Est-elle vraie ? C’est bien. Mais la Bible fonctionne en étant belle parce qu’elle est vraie, et en étant vraie parce qu’elle est belle.
C’est une triste ironie que beaucoup trouvent que l’Ecclésiaste est un livre sombre et pessimiste. Il a en fait été écrit pour nous faire plaisir.
Maintenant que vous arrivez à la fin de l’Ecclésiaste, lisez donc le Cantique des Cantiques. C’est une chose pour Dieu de nous dire ce qu’est le mariage – un homme, une femme, unis – mais c’en est une autre pour lui de nous donner la poésie pour exprimer ce que c’est que d’être amoureux et de faire l’amour. La vérité des mots n’est pas détachable de la beauté des mots.
2. La peine
« Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et les paroles recueillies sont comme des clous solidement fixés ; elles sont données par un seul Berger » (12:11). Dans l’Antiquité, les aiguillons étaient utilisés par les conducteurs de troupeaux pour garder les animaux sur un chemin droit. Il s’agissait de bâtons dans lesquels étaient enfoncés des clous pointus et qui servaient à pousser l’animal. S’il allait vers la gauche, il y avait de la douleur ; s’il allait vers la droite, de la douleur ; s’il s’arrêtait, encore de la douleur. La seule façon pour l’animal d’éviter la douleur était de suivre le chemin que le berger voulait lui voir suivre.
Les mots du Prédicateur sont comme des clous. Ils blessent. Certains d’entre eux peuvent être venus à vous avec une pointe, en effet. Mais ils vous sont venus directement de Dieu, du seul Berger. Il peut être difficile d’apprendre que si vous voulez connaître, aimer et marcher avec Dieu toute votre vie, alors vous aurez besoin d’un peu de souffrance. Quelques mots pour que vous vous asseyiez et que vous fassiez attention.
Dieu a donné à Adam et Eve le chemin de la vie, une ligne droite pour y marcher et ils ont tourné à gauche pour brouter d’autres aliments. Dieu nous montre le chemin de la vie dans sa Parole, un chemin étroit pour y entrer avec le Christ comme Roi – et nous nous écartons vers la droite pour brouter pendant un moment.
Souvenez-vous de votre Créateur en laissant sa Parole dissiper vos illusions et confronter votre folie, même si cela fait mal – et, souvent, cela fait mal. Laissés à vos propres initiatives, vous ne choisirez pas ce qui est droit. Si on me laisse vagabonder, je finirai par aller dans la direction opposée à celle où je devrais aller. Parce que nous sommes enclins à errer, les paroles du prédicateur – les paroles de Dieu – sont destinées à nous piquer, à nous maintenir sur le bon chemin.
3. Une perspective
Pourquoi devrions-nous nous réjouir de la Bible et la laisser nous blesser ? Voici une réponse : « Crains Dieu et observe ses commandements, car c’est là tout le devoir de l’homme » (12:13).
Parce que nous sommes enclins à l’errance, les paroles du prédicateur – les paroles de Dieu – sont destinées à nous piquer, à nous garder sur le bon chemin.
Ce qui me frappe ici, c’est la totalité compréhensive de l’affirmation – mon « devoir complet » – est de craindre et de garder.
Nous ne sommes pas enclins à penser comme cela. Nous compartimentons notre vie. Nous avons des espoirs, des rêves, des buts et des ambitions ; au milieu de cela nous avons aussi à penser à nos responsabilités envers d’autres : conjoints, enfants, parents, collègues de travail, amis. Mais le Prédicateur nous rappelle que quelque devoir ou responsabilité particulier que nous avons envers quiconque ou quoi que ce soit, nous l’avons envers Dieu en premier et par-dessus tout.
Le Prédicateur de l’Ecclésiaste est d’accord avec le Proverbe : « La crainte du SEIGNEUR est le commencement de la sagesse » (Prov. 9:10). Craindre le Seigneur c’est se souvenir du Créateur, et vice versa, et c’est le chemin pour vivre sagement. Craindre le Seigneur et se souvenir de notre Créateur nous rend sages, parce que cela nous enseigne à vivre sur nos genoux : cela nous humilie en tant que créature et cela exalte Dieu comme le Créateur qui connaît ce qui est le meilleur.
4. La préparation
Comme nous l’avons vu tant de fois, la simple sagesse prépare la fin : « Car Dieu amènera toute action en jugement, avec toute chose secrète, qu’elle soit bonne ou mauvaise » (12:14).
L’une des choses les plus difficiles dans l’Ecclésiaste est de le laisser nous instruire et nous dire qu’il n’y a pas de réponses immédiates pour certaines choses dans cette vie : « J’ai vu toutes les oppressions qui se font sous le soleil. Et voici, les larmes des opprimés, et ils n’avaient personne pour les consoler » (4:1).
Qu’en dites-vous ? Que dites-vous aux personnes qui ont vécu exactement ces circonstances dans la vie ? En fin de compte, il n’y a qu’une seule réponse – Dieu remettra toutes choses droites. Et nous devons nous préparer à le rencontrer. La mort et le jugement arrivent. Les paroles du prédicateur sont censées être comme la main sur l’épaule qui nous secoue brutalement pour nous sortir de notre sommeil et mettre fin au rêve, nous ramenant sur terre.
Les mots du prédicateur sont censés être comme la main sur l’épaule qui nous secoue brutalement pour nous sortir de notre sommeil et mettre fin au rêve, nous ramenant sur terre.
Mais pour le croyant, la mort et le jugement ne sont pas des choses à craindre. Il est un temps où les terreurs de ce monde céderont la place à la gloire du nouveau monde, comme l’écrit Berkouwer :
Plus jamais on n’appellera le mal bien et le bien mal ; plus jamais les ténèbres ne seront changés en lumière et la lumière en ténèbres ; plus jamais l’amer ne sera appelé doux et le doux amer (Ésa. 5:20).Le conflit entre le bien et le mal sera arrivé à sa fin, tout comme les discussions au sujet des motivations, des intentions et de la nature du bien . . . . L’erreur sera manifestée ; la véritable erreur, qui est de se détourner du Seigneur.
C’est si frappant que si l’Ecclésiaste nous dit qu’il n’y a pas de « gain » à avoir sous le soleil, l’apôtre Paul dit qu’il y a en fait une chose à gagner : mourir. « Car pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un gain » (Phil. 1:21). Paul savait que, en Christ, vivre et mourir forme un ensemble gagnant-gagnant. Nous pouvons travailler pour Christ tandis que nous vivons et nous pouvons vivre avec Christ quand nous mourons.
Votre mort et le jugement qui la suivra – les grands points fixes de votre vie – sont les choses mêmes qui peuvent revenir de l’avenir vers le présent et transformer la vie que Dieu vous a donnée à vivre.
Traduit de : 4 Things the End of Ecclesiastes Should Teach Us