L’authenticité est une valeur extrêmement importante pour notre génération. Ainsi, l’engagement chrétien fait souvent face à un mur : « Et si je n’en ai pas envie, devrais-je me lever pour aller à l’Église ce matin ? Si je n’en ai pas envie, devrais-je m’engager ? Si je n’en ai pas envie, devrais-je me forcer à être discipliné ? Je ne veux pas être un hypocrite ! »
La lutte est légitime. Un christianisme enchaîné à des formes, des rituels, des exigences légalistes, mais dénué de cœur n’est ni attractif ni biblique.
L’obéissance sans envie est désobéissance
L’obéissance biblique n’est pas simplement une question de forme, c’est une question d’affection : « Si vous m’aimez, respectez mes commandements » (Jn 14.15). Ainsi le fait de venir au culte, louer Dieu, se rassembler lors de rencontres, faire preuve de générosité financière, d’engagement et même de sacrifice, tout cela ne réjouit en rien le cœur de Dieu lorsque la bonne attitude n’est pas au rendez-vous. Le prophète Amos le formule avec puissance : « 21Je déteste, je méprise vos fêtes, je ne peux pas sentir vos assemblées. 22Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir, et les veaux engraissés que vous offrez en sacrifice de communion, je ne les regarde pas. 23Eloigne de moi le bruit de tes cantiques : je n’écoute pas le son de tes luths. 24,Mais que le droit jaillisse comme un cours d’eau, et la justice comme un torrent qui n’arrête jamais de couler ! » (Amos 5.21). Ésaïe avertit du danger de la forme sans le fond : « Le Seigneur dit : Ce peuple s’approche de moi, il m’honore de la bouche et des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi et la crainte qu’il a de moi n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise » (Ésaïe 29.13).
On le voit avec des enfants en bas âge. L’obéissance sans la bonne attitude ne réjouit pas le cœur des parents. La vraie obéissance à Dieu n’est complète que lorsque l’action et l’attitude vont de pair dans une démarche d’amour et d’adoration. Si le service volontaire et joyeux réjouit le cœur de Dieu, les actes religieux démunis d’amour font monter au ciel un parfum à l’odeur détestable.
L’envie d’obéir n’est pas naturelle
L’obéissance biblique est surnaturelle. Elle est impossible sans l’aide de Dieu, sans sa grâce, et sans le souffle du Saint-Esprit. Le bilan de Dieu sur les actes humaines est sans équivoque : « Du haut du ciel, l’Eternel observe les hommes pour voir s’il y en a un qui est intelligent, qui cherche Dieu: tous se sont éloignés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Ps 14.2-3). L’envie de servir Dieu n’est jamais produite du naturel de nos cœurs. C’est un combat de dépendance, de dépouillement du vieil homme, de soumission à Dieu. Sans démarche de foi, de discipline, de recherche de grâce, nous ne pouvons jamais avoir envie de servir Dieu avec un engagement et une attitude digne de sa personne. Servir Dieu est une lutte constante contre la paresse, contre l’incrédulité, contre l’idolâtrie, contre les passions de la chair. La marche chrétienne est un combat où nous cherchons à se dévêtir des envies charnelles pour se revêtir des envies de Dieu, un combat que nous perdons certainement plus que nous ne le réalisons ! S’il est important de servir avec l’envie de le faire, il faut faire très attention de ne pas utiliser un manque de motivation comme une excuse sans avoir fait un profond examen de son cœur.
Servir Dieu n’est pas une suggestion qui dépend de notre feeling du moment, Dieu mérite notre adoration à notre affection à chaque instant. Retrouver l’envie de servir peut ainsi se faire en pratiquant la repentance et remettant Dieu à la première place.
Nourrir ses envies est au centre de la vie chrétienne
Les envies humaines, nos désirs, nos motivations sont extrêmement complexes. Tant que nous sommes pécheurs, toutes restent immatures et mélangées de bonnes intentions comme d’angles morts. Parce que nos cœurs sont complexes, nous avons besoin de constants rappels, de renouvellement de l’intelligence, de combattre pour ne pas perdre notre premier amour. Sinon nous pouvons facilement faire les « choses chrétiennes », mais avec des motivations maladroites, centrées sur l’homme, et non par un zèle pur pour Dieu et sa volonté. Si Dieu crée le vouloir et le faire (Phil 2.13), nous avons tendance à étouffer l’étincelle de vie par manque d’amour et d’action. Dieu nous fait vouloir, et Dieu nous fait faire. Plus nous sommes renouvelés en lui, plus notre obéissance sera constante et portera du fruit. Parce que l’obéissance biblique nécessite l’envie d’obéir, il est impératif de suivre un régime soutenu d’écoute et de méditation de la Parole de Dieu, comme de privilégier une relation vivante avec Dieu dans la prière et la communion fraternelle. Sans se nourrir régulièrement de la Parole, nous délaissons notre cœur affamé à retourner à son ancienne nature.
Nos motivations sont mitigées, et à cela s’ajoute la complexité de nos enveloppes corporelles avec la douleur, les limites, le besoin d’équilibre physique, émotionnel, et psychologique. Nous pouvons avoir envie de servir Dieu alors que notre corps n’a pas envie de se lever ! Parfois nous devons nous rappeler que notre amour pour Dieu est plus fort que la douleur et persévérer, parfois nous devons accepter de nous reposer pour mieux le servir plus tard.
Peu importe notre motivation, nous ne pouvons pas obéir à tous les commandements de Dieu en même temps. C’est dans un équilibre de vie sur la durée que peuvent s’étaler les bonnes œuvres de service auprès de Dieu et pour son Église. C’est un combat où la dépendance envers Dieu, la sagesse et l’amour doivent labourer ensemble pour maintenir le cap.
La responsabilité des leaders pour donner envie
Si, intérieurement dans les cœurs, les luttes pour maintenir de bonnes motivations sont nombreuses, les responsables d’Église qui dirigent une assemblée ont aussi une part importante à jouer pour motiver le corps de Christ. Sans clarté dans la direction de l’Église ou de sens dans les ministères, la joie comme la motivation des fidèles peuvent être enlevées à juste titre. Dieu ne sauve pas des croyants juste pour « faire tourner une Église », mais pour incarner le corps de Christ sur Terre. Malheureusement, trop souvent des personnes sont recrutées dans des ministères par pression pour que « la machine tourne », et trop souvent en décalage avec la vraie mission de l’Église de vivre et faire connaître l’Évangile. Si la puissance de l’Évangile n’est pas visible dans un ministère, ou dans la vie des leaders, il est normal que la motivation se perde. La redevabilité du chrétien devant Dieu n’est pas de faire « tourner » une Église, mais d’utiliser nos dons spirituels pour bénir des gens. Une Église ou un ministère où les gens ne sont pas bénis dans le service et par le service devrait profondément se remettre en question.
Est-ce que cela veut dire que toutes les activités de service dans l’Église sont attractives ? Certaines tâches pour faire fonctionner une assemblée sont moins palpitantes que d’autres. Mais la motivation principale doit être l’Évangile, pas un souci de préserver la réputation ou le standing d’une association cultuelle.
L’attitude des leaders, si elle n’est pas conforme aux qualifications de 1 Tim 3, peut éteindre l’œuvre de l’Esprit et l’enthousiasme de ceux qui en sont remplis. Les leaders légalistes, orgueilleux, égocentristes ou qui ne pratiquent pas la repentance tueront la joie du service dans l’assemblée. La première qualification pour les anciens en 1 Tim 3 est l’aspiration au ministère, la motivation de servir Dieu et son Église. Des serviteurs motivés pour les bonnes raisons généreront une culture qui donne envie de s’engager !
Conclusion
« Dois-je servir quand je n’en ai pas envie ? » Pour bien répondre à cette question, certains éléments doivent être pris en compte :
- Est-ce que mon manque d’envie justifie de la désobéissance ? Y a-t-il des domaines de ma vie où le manque de motivation est incompatible avec une vie de disciple de Jésus-Christ ?
- Est-ce que mon rythme de vie est équilibré ? Suis-je nourri de la Parole de manière régulière ? Est-ce que je reconnais les limites physiques, émotionnelles et psychiques dans mes engagements ?
- Est-ce que ma conscience est claire en ce qui concerne mon Église ? Suis-je libre de servir Dieu avec mes dons spirituels pour bénir des gens ? Ai-je besoin de discuter avec les responsables de mon assemblée pour mieux comprendre leur vision ou apporter des suggestions ?
L’obéissance est un ensemble de cœur et d’action, et aucun service pour le Seigneur n’est complet sans les deux. Une bonne intention sans action ne plaît pas plus au Seigneur qu’une bonne action faite avec une mauvaise attitude.