Ressources supplémentaires
Le principe : Le Dieu qui nous a tous créés avec tout ce qui existe et avec toutes les règles et principes qui régissent le monde se révèle à nous comme un Père qui instruit, qui dirige, qui encourage et qui corrige ses enfants bien-aimés. Sa Parole, qui est son livre de parentalité par excellence, ainsi que le bon modèle de sa relation avec son Fils, Jésus, nous posent un fondement solide pour la mise en place d’un cadre clair et sécurisant pour nos propres enfants bien-aimés.
Deux questions
- Pourquoi est-ce nécessaire, selon la Bible, de mettre en place un cadre clair et sécurisant au sein de nos familles ?
- Par où commencer ? Quelles sont les premières étapes pour des parents qui se trouvent tout au début du processus, peu importe l’âge de leurs enfants ?
Trois profils de parent :
- Le parent « proviseur » : C’est MOI le chef. Que MA volonté soit faite !
- Le parent « pion » : C’est TOI (l’enfant) le chef. Que TA volonté soit faite !
- Le parent « professeur en formation » : Ce n’est pas MOI qui est le chef. Ce n’est pas TOI qui est le chef non plus. Christ est notre chef. Que SA volonté soit faite dans MA vie et dans TA vie !
L’autorité bienveillante : Une autorité bienveillante exerce son pouvoir pour le bien de celui ou ceux qui sont sous son autorité.
Passage clé concernant l’autorité bienveillante : Matthieu 20.25-28
25 Jésus les appela et leur dit: «Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles et que les grands les tiennent sous leur pouvoir. 26 Ce ne sera pas le cas au milieu de vous, mais si quelqu’un veut être grand parmi vous, il sera votre serviteur; 27 et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. 28 C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.»
Deux actions concrètes pour cette semaine :
- Identifiez votre tendance naturelle aujourd’hui en ce qui concerne les différents profils de parent : est-ce que je suis plus naturellement un parent proviseur qui dit « Que MA volonté soit faite ! », ou plutôt un parent pion qui cède l’autorité à son enfant en disant « Que TA volonté soit faite » ? Notez dans votre carnet familial des symptômes de l’un ou l’autre de ces deux dans votre fonctionnement actuel, et puis commencez à prier que le Seigneur vous apprenne en tant que « professeur en formation » à vivre selon SA volonté, et à aider vos enfants à faire de même.
- Posez-vous la question suivante : Qu’est-ce que je pourrais changer concrètement (une chose, ou peut-être deux) cette semaine pour progresser dans mon rôle d’autorité bienveillante dans ma maison ?
D’autres ressources utiles :
- Livre : Parents centrés sur l’évangile de Tim Chester
- Livre : Être parents de Paul Tripp
- Article : Voici la valeur que Dieu accorde aux parents (E21)
- Article : L’objectif quotidien de la parentalité (TPSG)
Transcription
Bonjour, moi c’est Rachel.
Moi c’est Nico.
Et moi c’est Chloé.
Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre podcast.
Alors dans les deux derniers épisodes, on a parlé de toutes sortes de sujets qu’on aimerait discuter avec nos enfants, de choses qu’on veut discuter en dehors du moment de crise et de tensions qu’on vit tous.
Et on a souligné la différence entre la communication réactive, qui sous l’influence de nos émotions, a ce potentiel d’être bien plus destructive, et la communication réfléchie, intentionnelle, qui construit, qui renforce cette culture familiale, la culture familiale qui honore Dieu et qui reflète le caractère de notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors, aujourd’hui on démarre un peu un tournant différent dans le podcast et pendant plusieurs épisodes, on aimerait parler des composantes essentielles pour un cadre clair et sécurisant pour l’apprentissage de nos enfants et surtout pour l’apprentissage de leur cœur.
Donc, pour commencer, une réalité à laquelle on fait face en tant que parents, c’est que peu importe quel genre de parent on est, peu importe notre philosophie, on va toujours être confronté à un moment donné ou à un autre par le besoin de reprendre ou corriger nos enfants.
Un enfant a besoin d’instruction, de direction, d’encouragement et, qu’on le veuille ou non, de correction.
Donc, un enfant, on le sait tous, il a besoin d’apprendre qu’il y a certains comportements ou façons de parler qui sont acceptables dans la maison, dans la société, à l’école, et d’autres, beaucoup moins.
Et du coup, il va y avoir un processus d’apprentissage et de revenir et de corriger certaines choses qu’il fait.
Mais un principe qui nous aide face à cette réalité, c’est que le Dieu qui a tout créé, il a créé tout ce qui existe, il les a créés avec des règles et des principes, même physiques, qui régissent le monde.
Et ce Dieu-là, il se révèle comme un père qui instruit, qui dirige, qui encourage et qui corrige ses enfants bien-aimés, c’est-à-dire nous.
Et sa parole, c’est son livre de parentalité par excellence, plus le bon modèle de sa propre relation avec Jésus-Christ, son Fils, pose un super fondement solide pour nous, les êtres humains, de mettre en place un cadre clair et sécurisant pour nos propres enfants qu’on aime tant.
Oui.
Et du coup, on va se poser deux questions aujourd’hui dans notre discussion.
La première, c’est de se demander pourquoi c’est nécessaire, du coup, selon la Bible, de mettre en place un cadre clair, un cadre sécurisant dans nos familles.
Et la deuxième question qu’on va se poser, c’est par où commencer ?
Quelles sont les premières étapes pour des parents qui se trouvent tout au début de ce processus ?
Et encore une fois, peu importe l’âge des enfants au moment où on se pose ces questions.
Je suis très content, enfin, d’arriver devant ce grand sujet, les amis.
Je pense que tous les trois, on attend depuis des semaines, sachant qu’on est face à un des grands sujets à discuter entre parents.
Comment gérer ce thème de la discipline, etc.
Donc, une des grandes questions qui se posera très rapidement en relation avec ce thème et la relation parent-enfant est celle-ci.
C’est qui le boss ?
C’est qui le chef ?
Et beaucoup d’entre nous, on aurait une préférence, c’est sûr, pour un fonctionnement égalitaire.
On préfère éviter cette question.
On aurait une préférence pour fonctionner sans chef, sans boss à la maison, sans autorité, en disant, tiens, on peut juste collaborer, se mettre d’accord et tout ira bien.
Mais en réalité, et on le sait très bien, même les adultes ont du mal à vivre une telle collaboration.
Et si un responsable ou un coordinateur ou un animateur ou un facilitateur, un chef n’est pas désigné, peu importe la situation, que ce soit juste dans le cadre d’un groupe de travail ou d’une équipe, dans un contexte d’entreprise, normalement, on trouve que c’est assez compliqué.
Oui, moi, j’ai déjà remarqué, dans notre famille, on a un de nos enfants qui a un leadership, on va dire, un peu naturel.
On avait des petites poussées de temps en temps qui sont intéressantes.
Mais que dans ce cadre-là, en fait, la plupart du temps, ça va, ça ne pose pas de problème parce qu’on le sait, que c’est dans un cadre quand même assez tranquille, mais pour l’avoir déjà vécu dans le milieu du travail plutôt.
C’est vrai que quand il n’y a pas un cadre bien officiel, certaines personnalités qui auraient tendance à avoir un leadership un peu naturel, comme chez nous, un de nos enfants, va le faire peut-être spontanément.
Mais les choses n’étant pas dites, et l’autorité n’étant pas forcément reconnue, ou la personne n’ayant pas forcément les compétences pour, ça peut, déjà, le travail, il ne se fait pas super bien.
Et puis, ça peut amener à des tensions qui sont évitables quand même.
Oui, je trouve ça intéressant d’expliciter que, en fait, dans toute société humaine, s’il n’y a pas de leadership clairement établi, il va y avoir un leadership qui va s’instaurer officieusement.
Mais ça ne va pas forcément être la bonne personne, parce que ça va juste être celle qui parle le plus fort, ou qui a une personnalité plus brillante, on va dire.
Donc, c’est intéressant de voir qu’il n’y a pas de société sans hiérarchie.
Mais on voit aussi qu’on aimerait pouvoir travailler de manière, enfin, dans l’idéal, beaucoup de Français, beaucoup d’amis à nous, nous diront « mais non, mais moi, je veux que tout le monde puisse s’exprimer, que tout le monde puisse avoir son mot à dire et qu’on trouve une solution tous ensemble ou une direction tous ensemble ».
Et du coup, la question, c’est pourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à ce modèle-là ?
Je pense qu’il y a des réponses plus complexes, compliquées qu’on pourrait donner.
Mais si on veut, en tant que chrétien, commencer de manière très simple, on pourrait dire que c’est un problème de péché.
On est bien d’accord que l’autorité de Dieu, celle que lui a mise en place depuis le début, c’est une bonne autorité, une autorité bienveillante qui cherche notre bien et sa gloire.
Mais à cause de ce que nous, on appelle le péché, nous, depuis le début de notre histoire, on a du mal à accepter de vivre sous l’autorité de quelqu’un d’autre, d’accepter que quelqu’un d’autre, justement, ait son mot à dire par rapport à nos choix, nos décisions.
Peut-être qu’il y ait quelqu’un d’autre qui aurait une meilleure visibilité, peut-être une meilleure connaissance du terrain, une autre perspective qui peut être même meilleure par rapport à la nôtre.
Et donc, depuis le début, c’est le péché qui nous complique la vie, mes amis, en rapport avec ce sujet.
Oui, c’est vrai qu’on peut définir le péché comme étant la rébellion contre l’autorité bienveillante de Dieu, finalement, qui est en chacun d’entre nous.
Et c’est vrai qu’on voit que depuis ce récit de la Genèse, où Dieu donne un cadre à ses premiers enfants, Adam et Ève, ne touchez pas à ça.
À partir du moment où il touche, toute l’histoire de la Bible, ça va être comment Dieu va essayer de nous restaurer dans cette relation bienveillante de déjà commencer à retrouver son autorité bonne et comment nous y soumettre, en fait.
C’est son but.
Oui, moi, ça me fait penser à pas mal d’anecdotes, je pense qu’elles ne sont pas vraies que pour notre famille, mais quand nos enfants étaient plus petits et qu’il y avait toutes ces questions de refus de manger, par exemple, à table et tout, ou alors, franchement, des fois, juste, « Maman, je ne vais pas m’installer sur le siège auto de droite, je voulais m’installer sur le siège auto de gauche. »
Et en fait, il y a une question de prise de position par rapport à notre autorité, mais en fait, le vrai problème, ce n’est pas le siège auto ou les haricots, en fait, le problème, c’est sur le moment, c’est la manière d’exprimer, « Non, je refuse ton autorité et je veux moi guider ma vie. »
Même dans ces moments, je ne pense pas être la seule.
Ce qui est frappant avec ce que tu dis, Rachel, c’est qu’à quel point ça commence tôt dans la vie.
On pourrait même se poser la question, mais d’où est-ce qu’il a appris ça?
D’où est-ce qu’il a appris cette attitude, cet esprit de rébellion?
Et la Bible est assez claire là-dessus en suggérant que ça commence très, très tôt.
Il y a même un des psaumes du roi David qui, face à son propre péché d’adulte, quand même, il retrace un peu son histoire, il se dit, « De toute façon, ça a commencé dès le ventre de ma mère.
Je suis un pécheur depuis ma naissance. »
Et c’est vrai que c’est la vision biblique.
C’est que depuis ce moment, tout au début, en Jeunesse chapitre 3, le péché est ancré en nous et franchement, chaque parent le voit de manière très bien parce que ça commence très tôt.
Oui, mais c’est vrai que c’est terrible de dire qu’un enfant naît rebelle parce que ça vient clasher directement avec une vision du monde qu’on a beaucoup maintenant.
C’est que l’être humain est fondamentalement bon finalement.
Et donc, les parents autour de nous, avec qui on a des conversations tous les jours, disent, « Mais mon enfant a bon fond.
Je vois bien qu’il est gentil et pourtant, il désobéit comme s’il sont étonnés. »
Et face à ça, ma mère, elle me disait souvent, « Mais est-ce que tu as déjà remarqué qu’un enfant, on n’entre pas dans le processus de lui apprendre à désobéir, mais on entre dans le processus de lui apprendre à obéir, et ça montre bien que finalement, la tendance naturelle, c’est désobéir et qu’il faut apprendre à obéir. »
Et je crois que c’est pour ça qu’un des grands rôles du parent, c’est de se faire le relais de l’autorité bienveillante de Dieu pour son enfant, tout en lui-même continuant à apprendre l’autorité bienveillante de Dieu dans sa vie.
C’est quand même une idée frappante qu’on a discuté il y a quelques instants ensemble et qu’on va creuser en plus de profondeur la prochaine fois.
Mais même notre Seigneur Jésus, qui selon les Écritures, qui est le seul être humain né sans péché, né d’une femme vierge, donc pas héritier de ces tendances pécheresses, et pourtant, même lui, il avait besoin d’apprendre l’obéissance.
Et encore une fois, on va voir ça en plus de profondeur la prochaine fois, mais on voit que la paternité de Dieu le Père, et dans un texte comme Hébreux 12, que c’est dans sa nature d’instruire ses enfants, y compris son enfant bien-aimé, le Seigneur Jésus-Christ, pour nous perfectionner, pour nous apprendre l’obéissance, et ceci, cet apprentissage-là, selon la Bible, ça implique un certain niveau de souffrance.
On passe par l’épreuve pour apprendre à obéir.
Du coup, je me dis que c’est aussi une bonne chose.
Merci.
Je me disais juste que du coup, en rebondissant aussi à ce que tu disais avant, Chloé, que c’était une bonne chose aussi de ne pas avoir peur de dire à nos enfants et de rappeler à nos enfants que nous aussi, on apprend l’obéissance à Dieu, et que ça marche toute notre vie.
On disait que le projet large pour la parentalité, c’est qu’on est tous des enfants de Dieu, et que du coup, de replacer aussi l’autorité dans son juste contexte, qu’on ne demande pas à nos enfants une obéissance juste pour notre propre personne et notre presque gratification parfois, mais parce que c’est ce qui est bon pour eux, et que nous, on sait aussi que c’est tout un apprentissage.
Oui.
En fait, je pense que pour résumer nos propos jusque-là, la question du départ était pourquoi est-ce qu’il faut un cadre, pourquoi est-ce qu’il faut une autorité ?
La raison principale, c’est que toute la parole de Dieu nous montre qu’en fait, en tant qu’enfant de Dieu, il faut qu’on apprenne à obéir à Dieu et que c’est une bonne chose.
Et l’application pour nous en tant que parents, c’est qu’on entre un petit peu dans une chaîne d’autorité dans lesquelles Dieu nous place en fait, pour qu’on apprenne à nos enfants comment obéir d’abord à nous et ultimement à Dieu, parce qu’en fait, il y a un plaisir incroyable dans une vie d’obéissance à ses parents et à Dieu le Père, d’entrer dans cette relation bienveillante d’enfant-parent avec Dieu.
Je pense qu’on peut passer au deuxième temps de…
Voilà, on se pose la question, du coup, on commence par où ?
Je pense que peut-être qu’il y a plusieurs personnes qui écoutent tout ça et qui se disent « moi, je n’ai pas grandi avec un cadre clair chez moi, déjà pour commencer » ou alors on n’a pas forcément pris conscience du cadre ou de la manière dont nos parents l’ont mis en place en tout cas.
Et du coup, par où commencer ?
C’est quoi les premières étapes ?
Juste peut-être pour m’interjecter là, Nico, avant que tu prennes la parole, beaucoup n’ont pas grandi avec un cadre clair et sécurisant, mais d’autres ont peut-être grandi avec un cadre trop fort aussi, trop rigide et aussi ont peur de reproduire ces choses-là.
Exact, tout à fait.
Bon, de toute façon, ce que vous dites tous les deux, ça nous fait revenir à notre question de départ, mais c’est « qui le chef ?
» Et encore une fois, on n’aime pas trop cette question, mais c’est une question qui s’impose, qu’on le veuille ou pas.
Et je pense que notre réponse à cette question en tant que parents sera quand même un élément déterminant.
Je pense que c’est un manque de sagesse de juste faire comme si cette question n’existe pas.
Ou si on ne cherche pas une bonne réponse à la question, qui aura aucun impact sur notre vie familiale.
C’est vrai qu’en fait, il y a toute une diversité de réponses possibles.
En fait, j’ai vu dans un article récent, on proposait 23 styles de parentalité différents.
Donc, voilà.
Il y a pas mal de répétitions dans les différents styles, etc.
Mais je me suis dit, pour faire simple, peut-être on allait juste chercher à en identifier trois.
Et je voulais proposer peut-être trois types de réponses à cette question, c’est « qui le chef ?
» d’une manière un peu imagée.
En parlant du parent proviseur, du parent pion et du parent professeur en formation.
J’explique juste rapidement ces trois profils.
Donc, on commence avec le parent proviseur.
Et là, on a le parent qui dit en gros « c’est moi le chef ».
Que ma volonté soit faite.
Et là, je peux imaginer qu’un certain nombre de personnes qui vont écouter cet épisode, ils auront connu ce style de parentalité qui est plutôt directif, sans peut-être beaucoup de communication, explications, dialogues, écoutes.
L’idée c’est « tu vas faire parce que c’est moi qui te le dis ».
Et un des avantages justement de ce style, c’est que c’est le parent qui a tout le pouvoir et n’hésite pas à l’utiliser.
Et donc, il arrive peut-être par la force de sa voix ou sa force physique parfois peut-être, à se faire respecter, au moins à se faire obéir.
Et ceci au moins pour une période de temps.
Donc, peut-être cela veut dire que surtout dans les premières années, il y aura un peu moins de souffrance pour ce type de parent parce que la force de son autorité va faire qu’il se fait obéir.
Mais ce qu’on a tendance à voir, c’est que dans le temps, et surtout plus on s’approche de la période d’adolescence, c’est que les choses se compliquent souvent avec ce style de parentalité sans dialogue, sans écoute, plutôt directive et autoritaire.
Donc, un des inconvénients, c’est souvent il y a une distance émotionnelle qui s’installe entre le parent et l’enfant.
Et surtout s’il n’y a pas quand même une grande affection qui accompagne ce style de parentalité.
Malheureusement, ce parent proviseur n’est pas connu en règle générale pour son affection.
Ces deux choses ne vont pas souvent ensemble.
Et donc, une manière de réagir à une mauvaise expérience d’enfance avec ce type de parent, c’est de juste passer à tout le contraire et de devenir ce qu’on peut appeler un parent pion.
Peut-être avant de parler de ça, je peux vous laisser rebondir un peu sur ce premier profil si vous avez des choses à dire là-dessus.
Pour reprendre mes anecdotes avec les légumes verts et les siage-auto de tout à l’heure, c’est vrai que le parent proviseur, c’est peut-être assez facile dans le cadre d’un repas à table de se faire obéir.
Mais comme tu disais, les conflits et les questions auxquelles font face nos enfants quand ils grandissent, mettent en lumière la problématique avec un parent proviseur.
C’est un style de parentalité qui va surtout viser à modifier des comportements extérieurs et qui va peut-être avoir un certain succès pendant une période, mais dont le cœur de l’enfance sera souvent en difficulté.
Je crois pouvoir dire que c’est un style de parentalité qui est peut-être plus répandu dans les générations au-dessus de nous et dans lesquelles les parents de nos âges sont plutôt en réaction.
Tout à fait.
Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, Chloé, c’est que tu introduis quand même une notion qui est bien présente en général dans ce genre de discussion, surtout en milieu chrétien, et c’est notamment la différence entre une parentalité qui va juste changer le comportement de l’enfant, une obéissance qui se manifeste extérieurement, mais où le cœur reste inchangé.
Peut-être qu’il y a même un esprit vraiment rebelle à l’intérieur, mais qui ne se voit pas, en tout cas pas tout de suite.
Mais nous, vraiment avec notre vision biblique, nous savons que Jésus est venu pour changer nos cœurs.
Et donc, on ne peut pas se contenter de ce genre de parentalité-là.
C’est pour ça qu’on cherche autre chose.
Mais la question qui se pose, c’est est-ce qu’une parentalité pion, c’est la bonne réponse ?
Je pense qu’il faut que tu nous en dises plus, là, Nico.
Parce que nous, on imagine les pions du collège et on se demande ce qu’est un parent pion.
Tout à fait.
Peut-être que je peux juste donner un peu plus d’infos par rapport à ça.
En fait, le parent pion, c’est celui qui, en gros, qui dit c’est toi le chef à l’enfant.
Que ta volonté soit faite.
Oui, c’est ça.
Et franchement, je n’ai pas connu des pions dans mon expérience.
Donc, ce que je partage, vous pouvez me corriger, mais dans ce que j’ai entendu de la part de quelques amis qui ont eu ce travail-là, et aussi de mes propres enfants qui ont fait l’expérience avec des pions à l’école, j’ai l’impression presque que les pions sont un peu là pour être sûr qu’il n’y a personne qui meurt.
En fait, qu’on reste en sécurité, mais il n’y a pas beaucoup d’autorité, en fait.
Ça peut être même un peu chaotique.
On n’a pas tendance à beaucoup écouter le pion.
Et donc, souvent, ce sont les enfants ou les jeunes qui dominent.
Peut-être jusqu’à un certain niveau, il faut à tout prix intervenir pour la sécurité des enfants.
Vous pouvez corriger mon image si c’est à côté de la plaque, mais c’est ce que j’ai en tête.
Si, tu as raison.
Il y a des enfants qui viennent de collège qui nous écoutent.
Je suis désolé.
Mais c’est vrai qu’on a l’impression que leur mission, c’est d’être suffisamment cool pour être accepté par les jeunes, pour espérer qu’ils les écoutent un petit peu.
Donc, moi, l’image que j’en ai, c’est le gars un peu plus vieux que nous qui essaye d’utiliser notre langage pour se faire passer.
Oui, qui sera plus accessible que le CPE, qui est quand même la figure d’autorité suprême.
Et quelque part, on pourrait presque dire, pourquoi pas ?
Où est le problème ?
On peut parler parfois d’une parentalité qui vise presque l’amitié, où on a un parent qui va chercher à se mettre un peu au niveau de l’enfant, comme on est des égaux, plutôt que de dire, voilà ce qu’il faut faire.
On sera dans une démarche de collaboration, on va se mettre d’accord, on va chercher des compromis, on établit entre nous justement des accords.
Si toi, tu fais ça, moi, je ferai ça.
J’ai connu des parents qui étaient vraiment là-dedans.
Et peut-être la question se pose, pourquoi pas ?
Où est le problème avec cette approche-là ?
Oui, elle est attirante en soi.
On a envie d’être amis avec nos enfants, mais je crois qu’on constate que quand il n’y a pas d’autorité que du copinage, ce n’est pas un modèle non plus qui est viable.
Et je crois que le pire combo de ces deux styles, c’est quand tu as un parent proviseur et l’autre qui est le pion.
Parce que ce n’est pas souvent que les deux sont le même, tu sais.
Et là, tu rentres dans une dynamique good cop, bad cop qui est compliquée.
Oui, oui.
Et je pense que justement, c’est là que ce n’est pas sécurisant pour l’enfant.
Alors, pas seulement quand il y a deux styles de parentalité dans une même famille, mais aussi, est-ce que ce n’est pas un des aspects aussi, on va dire, une des limites de cette parentalité-là ?
C’est parce qu’on pourrait penser que c’est une parentalité avec du coup plus d’affection et plus d’amour, plus de recherche de comprendre son enfant et tout ça.
Mais est-ce qu’il ne manque pas justement ce cadre ?
Alors, une distance qui n’est pas forcément une mauvaise chose, pas quelque chose de péjoratif, mais quand même quelque chose qui relève de ce qui est bon dans le schéma parental qui va leur permettre, eux, de se construire et de savoir en fait, obéir à Dieu, ce qui est notre but ultime.
Tout à fait.
Et je pense qu’à la base, encore une fois, on peut célébrer certains aspects de cette démarche et surtout la motivation qui est belle en fait.
Ce désir de vivre une vraie relation d’affection et d’amour avec une écoute et il y a beaucoup de belles choses.
Et je pense qu’il n’y a aucun parent qui dans sa tête va se dire « Tiens, c’est toi l’autorité, mon enfant.
Que ta volonté soit faite.
» Ce n’est pas de l’intention du tout.
Mais je pense que dans l’expérience de beaucoup de parents qui finalement, que ce soit voulu ou un peu juste en mode pilote automatique comme on a pu déjà discuter, qui arrivent dans un fonctionnement entre guillemets « pion », la réalité, c’est que trop souvent, l’enfant comprend que c’est finalement moi le roi.
C’est moi qui décide.
Et moi, je peux dire « Oui, oui, papa, je suis prêt à faire ça pour avoir le bonbon.
» Et une fois que j’ai le bonbon, je fais ce que je veux.
Et peut-être tu vas me dire « Ah ben, si tu ne fais pas ça, il y aura ça et ça.
» Et moi, je sais très bien, tu ne vas jamais faire ce que tu menaces de faire.
Et donc, c’est finalement moi le roi, c’est moi qui décide.
Et en fait, avec le temps, plus l’enfant grandit, ce qui était mignon au début, ça devient malheureusement avec le temps de plus en plus compliqué. – Oui, c’est sûr que là, on est en train d’essayer de caractériser des types de parentalité et que aussi, c’est rare que des parents soient aussi clichés que ça.
Mais j’ai envie de jeter un petit pavé dans la mare quand même, parce que nous, on appelle ça le « parent pion ».
Mais je crois qu’aujourd’hui, le mot qui est utilisé beaucoup, c’est la parentalité bienveillante ou une certaine conception de la parentalité bienveillante en fait.
Ou je disais tout à l’heure que c’est un espèce de balancier de l’histoire où on a beaucoup vécu jusque là, dans des siècles passés, sous une parentalité proviseure et qu’aujourd’hui, on balance dans l’autre sens.
Alors que tout parent est bienveillant, ce qu’on met derrière cette parentalité bienveillante, ça va être beaucoup de permissivité, beaucoup de copinage et que ce n’est pas très productif.
Du coup, pour résumer, on ne veut être ni parent proviseur, ni parent pion.
Quelle est donc la parentalité juste, celle qu’on recherche, celle qui est biblique ?
Quelle est notre alternative ?
Si on reste un peu dans l’image, dans la métaphore de l’école, un troisième profil qu’on pourrait présenter, c’est ce qu’on peut appeler le « parent professeur en formation ».
Et ce que je trouve intéressant avec ce profil, c’est que le parent comprend que ce n’est pas moi qui est le chef, ce n’est pas toi, mon enfant, qui est le chef non plus.
Il y a un chef et c’est notre Dieu qui est le chef.
Il y a une autorité qui existe et comme on a dit tout à l’heure, c’est une autorité qui est bienveillante.
C’est une autorité qui est ancrée à la fois dans la sagesse et dans l’amour.
Et ce qu’on est en train de dire avec cette parentalité, c’est que sa volonté soit faite dans ma vie et aussi dans ta vie.
Et ce que j’apprécie beaucoup avec ce profil, c’est que le parent est à la fois élève, il est en formation, il a des choses aussi à apprendre de son maître, de son papa, Céleste, mais il est aussi enseignant.
Il a compris des choses, il a une certaine maturité et il a une responsabilité devant Dieu.
Donc, il a une certaine autorité qui lui est déléguée, qui est une extension de l’autorité bienveillante de son père Céleste, qu’il est appelé à exercer par amour dans la vie de son enfant.
J’aime trop cette troisième alternative.
C’est super de le formuler comme ça en fait.
Ça nous met tellement à notre place de nous-mêmes être toujours en apprentissage et aussi toujours sous autorité.
Je trouve que c’est très juste.
Je suis d’accord.
Je trouve que souvent, ce qui m’est venu en tête quand je voyais que j’agissais fort dans un moment où j’avais l’impression que mon autorité était remise en question par mes enfants, c’est que le problème, c’était une question personnelle.
Alors que si on se voit soi-même, on est comme ambassadeur de l’autorité de Dieu, mais nous-mêmes aussi soumis à l’autorité de Dieu et ça ne devient plus une question de rapport personnel entre moi et mon enfant où moi je dois asseoir quelque chose pour ma personne et mon identité.
C’est Dieu qui est au centre.
Je trouve ça personnellement rassurant en tant que parent que ce n’est pas moi l’autorité ultime.
Quelque part, ça enlève une certaine pression sur mes épaules de devoir toujours avoir raison, de ne jamais reconnaître que peut-être j’ai eu tort ou j’ai mal réagi.
À partir du moment où on peut rassurer nos enfants en disant, non, il y a une autorité supérieure par rapport à papa et maman, nous aussi on est en train d’apprendre.
En fait, justement, ça nous ouvre la porte à introduire le message de l’évangile où nous sommes tous pécheurs, nous avons tous besoin d’un sauveur.
La parole de Dieu, c’est le fondement de toutes nos vies.
On va apprendre ensemble.
Et oui, parfois on va faire fausse route.
Il n’y a aucune pression, aucun problème pour que papa dise, là j’ai mal réagi.
Pardonne-moi les enfants, je suis en train d’apprendre aussi.
Et peut-être on va demander au Seigneur que nous aidions tous à grandir.
Je trouve que parmi les moments les plus forts qu’on a pu vivre ensemble en famille, c’était ces moments justement, on a pu reconnaître, c’était pas nous l’autorité ultime, mais on était nous-mêmes en processus, en train d’apprendre et de grandir.
Et ça ajoute une certaine légitimité, je pense aussi, à notre proclamation de l’évangile en famille.
Je crois que où cette vision de la parentalité m’a le plus aidée, moi, ça m’aide à ne pas prendre personnellement la rébellion de mes enfants.
Et petite confession, j’ai un enfant de moins de 4 ans à la maison avec qui c’est difficile en ce moment, c’est dur.
Et j’ai l’impression qu’il fait tout ça pour m’énerver, enfin contre moi personnellement quoi.
Et alors qu’en fait sa rébellion s’exprime contre moi, de me voir moi comme juste un maillon dans la chaîne de l’autorité qui est toute soumise à Dieu, c’est que je me rends compte qu’en réalité, cet enfant il se rebelle contre tout cadre, et principalement le cadre de Dieu.
Et que du coup, moi, mon travail ce n’est pas d’affermir ma domination sur lui, mais c’est de le guider avec douceur à soumettre sa volonté à Dieu.
En fait, c’est pas contre moi qu’il se rebelle, c’est contre Dieu.
Et du coup, ça fait de moi sa compagne de galère en quelque sorte, parce que moi aussi je suis en rébellion contre Dieu.
Et donc, en affirmant mon autorité sur mon enfant, je suis en train de lui prendre la main en disant, regarde, on va le faire maintenant tous les deux, parce qu’un jour, je veux que tu le fasses avec Dieu et je suis avec toi dans ce bateau-là en fait.
Excellent.
Est-ce que c’est ça finalement aussi, si on reparle de bienveillance, notre vraie volonté pour nos enfants, si on se rappelle aussi régulièrement, que c’est ça en fait, on veut les pointer à Christ, et que conforme à la volonté bienveillante de notre Dieu, on veut exercer une autorité qui est pour leur bien.
Comme nous-mêmes, on se le répète aussi des fois, qu’en fait, s’il y a des choses dans nos vies, c’est pour notre bien, et on connaît l’objectif ultime en fait.
Moi, j’ai besoin de me le rappeler souvent en tout cas.
Tout à fait.
Ce qui est quand même intéressant, ce qu’on est en train de discuter avec ce profil, ça pose le fondement aussi pour la suite, les deux prochains épisodes où on va d’un côté parler justement du besoin d’un cadre qui est clair, qui est sécurisant, et peut-être qui va impliquer parfois des larmes.
Il y aura des moments difficiles, des reproches, etc.
Mais il y a aussi, comme on verra dans un futur épisode, vraiment un besoin de compassion, d’écoute, d’empathie.
Et je pense que c’est deux réalités.
Oui, d’un côté, j’ai une responsabilité en tant que professeur de transmettre un message.
Il y aura des moments de friction et de difficultés parfois en lien avec ça.
Mais comme étant en formation moi-même, je fais preuve de compassion.
Franchement, j’ai bien apprécié, Chloé, ce que tu viens de dire, parce que je peux justement, je peux compatir avec ta souffrance.
Je comprends ce combat.
Je suis là-dedans aussi.
Donc voilà, je pense que ça prépare bien le terrain pour la suite.
Super.
Je pense qu’on arrive doucement à la fin de notre épisode.
On a juste encore une fois ouvert la conversation sur un sujet vaste.
Ce qu’on voulait vous encourager à faire, à vous qui nous écoutez, et qui avez déjà commencé un cahier de la parentalité pour établir une stratégie familiale réfléchie.
Deux étapes concrètes pour cette semaine.
Se familiariser avec les textes bibliques qui posent les fondements pour l’autorité de Dieu dans le monde et qu’on vous mettra dans le PDF ressources pour cet épisode sur YouTube ou sur le site d’Évangile 21.
Donc un, se familiariser avec ces textes et deux, réfléchir avec son conjoint et pour nous-mêmes pour identifier notre tendance naturelle aujourd’hui en ce qui concerne les différents profils de parents.
Même si on tend tous à être le parent professeur, en fait c’est possible qu’on tende plutôt soit vers le parent proviseur, que ma volonté soit faite, ou plutôt au parent qui va céder son autorité à son enfant, le parent pion.
Alors on peut vous encourager à noter dans ce carnet familial les symptômes, tous les petits signes qui ressortent dans votre famille de… en quoi… enfin, je suis désolée, je ne suis pas très claire.
Notez un peu les symptômes qui ressortent dans votre famille, qui sont liés à votre tendance naturelle, soit d’être le parent pion, soit d’être le parent proviseur.
Et commencez à prier, seul ou en couple, que le Seigneur vous apprenne, nous apprenne, à devenir ce professeur en formation, pour suivre sa volonté et que la volonté de Dieu s’exprime dans nos vies et celle de nos enfants.
Amen.
Bon, une petite parole de bénédiction alors pour conclure.
Et je prends… en fait, mes idées viennent de ce texte de Hébreu 12 qu’on a cité tout à l’heure, que nous soyons vraiment inspirés cette semaine par l’amour de notre Père Céleste.
C’est celui qui nous instruit et qui nous corrige pour notre bien, afin de produire en nous et à travers nos vies un fruit porteur de paix, la justice.
Que notre Seigneur Jésus-Christ nous délivre de la domination du péché dans nos vies et que son Esprit agisse avec puissance dans nos cœurs et aussi dans les cœurs de nos enfants pour qu’ensemble, nous vivions selon sa bonne volonté.
Amen.
Chloé Lang est podologue de formation. Elle s’est formée à l’IBG aux côtés de son mari Aurélien qui est pasteur dans une implantation d’Église en banlieue Grenobloise. Elle a l’opportunité d’y servir dans l’enseignement de la parole auprès des femmes et des enfants. Elle a aussi à cœur l’enseignement des femmes plus globalement. Ensemble, ils ont trois garçons.
Rachel Yates a le privilège d’avoir des origines écossaises, mais a grandi en France, et vit aujourd’hui en Franche-Comté avec son mari Eddy. Ensemble, ils sont missionnaires parmi les étudiants avec le Foyer Évangélique Universitaire, et ont eu 4 enfants. Puisqu’elle aime lire, écrire, et enseigner, elle a fait une formation en traduction, puis a enseigné avant de se plonger dans le ministère auprès des étudiants français et étrangers dans les différentes villes où elle a habité avec Eddy. Elle a un fardeau particulier pour l’accompagnement des personnes en souffrance, et aime passer du temps avec les gens … si possible en buvant du thé.
Nicolas VanWingerden se forme depuis deux décennies à l’école familiale avec l’aide de sa femme, Annie, et leurs 4 enfants. Les membres de l’Église Grenoble Est, où il est pasteur depuis 2018, contribuent aussi énormément à l’œuvre de Dieu dans sa vie. Diplomé d’un Masters of Divinity (Moody Graduate School, Chicago) et d’un Masters of Science of Education (Valparaiso University, Indiana), il est passionné de l’intersection de la pédagogie, la parentalité et le ministère pastoral dans le contexte de l’église locale et de la société qui l’entoure.