Ressources supplémentaires
Le principe biblique
C’est la bonté de Dieu qui nous pousse à la repentance (Rom 2.4) Ce n’est pas la loi, les règles, les conséquences, les punitions qui changera le cœur de notre enfant. C’est la bonté qui touche le cœur. C’est la grâce qui nous conduit à un vrai changement d’attitude.
Deux questions
- Quel est le rapport entre le cadre dont on a parlé dans le dernier épisode (épisode 8) et la bonté, la grâce, l’empathie dont il est question dans cet épisode ? Pourquoi poser un cadre avec des règles et des conséquences si, finalement, c’est la bonté et la grâce qui changent le cœur ?
- Quelle forme prendra la bonté dans une situation de correction ou de discipline de mon enfant ?
Psaume 103 : la compassion d’un parent qui connaît bien son enfant
- v 13 : Comme un père a compassion de ses enfants, l’Eternel a compassion de ceux qui le craignent
- v 14 : Car il sait de quoi nous sommes fait, il se souvient que nous sommes poussière.
Une caractéristique de la paternité de Dieu qui nous interpelle, c’est le lien qui existe entre sa compassion et sa connaissance de notre petitesse. Alors que l’objectif pour tout enfant de Dieu, c’est de ressembler davantage à son Père céleste (dont le caractère et le cœur se révèle de manière explicite et ultime en Jésus Christ), Dieu reste conscient de notre réalité terrestre : il se souvient que nous sommes poussière. Ce souvenir est intimement associé à sa patience (il est lent à la colère, v8b) et à sa compassion (il est riche en bonté, v8c).
Question de réflexion
Quelles sont les implications de cet aspect du caractère de Dieu pour notre parentalité ? En quoi est-ce que notre conscience de la petitesse de notre enfant (son stade de développement, ses tendances et faiblesses naturelles, ses préférences, ses peurs, etc.) nous aide à faire preuve de patience et de compassion dans les situations qui nécessiteraient une correction ?
Un objectif pratique : Connecter avec son enfant avant de corriger son enfant.
Accent sur l’écoute avec empathie : je cherche à me mettre dans les baskets de mon enfant avant de le corriger. Comment voit-il la situation ? Qu’est-ce qu’il voulait ou qu’est-ce qu’il ne voulait pas ? Est-ce qu’il a faim ou soif ? Est-ce qu’il est fatigué ? Est-ce qu’il est frustré à cause de quelque chose qui n’a, peut-être, rien à voir avec cette situation ? Est-ce qu’il a peur ? Est-ce qu’il est en manque d’affection ou de temps de qualité avec ceux qui l’aiment ?
Proverbe 18.13 : Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et se couvre de honte.
Une ressource
La discipline sans drame, de Daniel Siegel
Deux actions concrètes :
- Ciblez un domaine dans le comportement de votre enfant qui est actuellement une grande source de friction dans votre relation (où la correction se fait plus dans une ambiance de combat plutôt que de collaboration). Préparez-vous pour vivre la prochaine situation tendue d’une autre manière ; en favorisant d’abord la connexion avec votre enfant ; en vous mettant à l’écoute dans un esprit d’empathie pour chercher à mieux comprendre sa situation, ses désirs, et les autres éléments qui influencent son comportement (sans négliger la réalité du péché bien sûr . . . mais chaque chose dans son temps).
- Gardez une trace écrite de ce moment avec votre enfant dans votre carnet familial.
- Quelle date ? Quel créneau horaire ?
- Quel était l’élément provocateur ?
- Comment avez-vous réagi ?
- Comment s’est passé l’échange ?
- Comment votre enfant a-t-il vécu l’aspect correction après la connexion ?
- Qu’est-ce vous aimeriez faire différemment la prochaine fois ?
- Sujet de prière
D’autres ressources utiles :
- Livre : Parents centrés sur l’évangile de Tim Chester
- Livre : Être parents de Paul Tripp
- Article : Voici la valeur que Dieu accorde aux parents (E21)
- Article : L’objectif quotidien de la parentalité (TPSG)
Transcription
Bienvenue au podcast « Parents pour le plaisir », un podcast pour les parents parfois en galère qui veulent trouver la joie de la parentalité en Dieu le Père.
Bonjour, moi c’est Chloé.
Moi c’est Nico.
Et moi c’est Rachel.
Alors dans notre dernier épisode, avec l’aide de plusieurs chapitres dans l’évangile de Matthieu, on a pu examiner de plus près la relation entre Dieu le Père et Jésus son fils.
Et le sujet qui nous a particulièrement capté et sur lequel on a porté notre attention, c’était la relation entre l’apprentissage et la souffrance.
Et le titre c’était même « N’ayons pas peur des larmes ».
Et on a découvert cette vérité, c’est que dans l’épreuve, comme Jésus, on apprend l’obéissance.
Et ce qui est vrai pour nous en tant qu’enfants de Dieu, c’est vrai aussi pour nos propres enfants.
Et le titre pour notre épisode aujourd’hui, c’est « Corriger sans connecter mène à l’endurcissement du cœur », c’est-à-dire le cœur de mon enfant.
Et notre thème est le plaisir de l’écoute et de l’empathie dans nos familles.
Alors voici une réalité à laquelle on fait face en tant que parents, c’est que corriger un enfant qui se comporte mal, c’est facile.
Connecter avec lui ou elle sur le plan relationnel, émotionnel, entre mon cœur et son cœur, ça c’est plus difficile.
Et ça prend plus de temps aussi.
Malheureusement, l’enfant qui subit régulièrement la correction, mais qui ne bénéficie pas de cette connexion relationnelle, émotionnelle avec son parent, aura tendance à endurcir son cœur.
C’est vrai.
Et voici un principe qui va nous aider à faire face à cette réalité, c’est que c’est la bonté de Dieu qui nous pousse à la repentance, selon Romain chapitre 2, verset 4, qu’on lira tout à l’heure.
On se rend compte que ce n’est pas la loi, ce n’est pas les règles, ce n’est pas la violence, des punitions ou la force des conséquences qui changera le cœur de notre enfant.
C’est vraiment la bonté qui touche les cœurs.
Et c’est la grâce qui nous conduit tous à un vrai changement d’attitude.
Oui, c’est magnifique.
Et donc, on va se poser deux questions dans notre discussion aujourd’hui.
La première, c’est le rapport entre le cadre dont on a parlé dans le dernier épisode, c’est l’épisode 8, si vous ne l’avez pas encore écouté, on vous invite à le faire.
Donc, rapport entre ce cadre et la bonté, la grâce, l’empathie dont on va parler dans cet épisode.
Pourquoi est-ce que poser un cadre avec des règles et des conséquences, pourquoi le faire plutôt si finalement c’est la bonté et la grâce qui changent le cœur ?
Et notre deuxième question, ce sera, mais alors dans ce cas, quelle forme prendra la bonté dans une situation de correction, de discipline de mon enfant ?
Je crois que Nico, tu vas entamer cette première question avec le verset.
C’est ça, je pense que c’est un très bon point de départ.
Ce petit verset en Romain chapitre 2 et le verset 4, où il est question d’une bonté, la bonté de Dieu qui nous pousse à la repentance ou à changer d’attitude selon la traduction dans le contexte immédiat.
Même dans ce même verset, il est question aussi de patience et de générosité.
Et c’est vrai que d’un côté, on réalise que Dieu nous donne un cadre dans sa parole qui est clair avec des règles, des commandements, des avertissements, des promesses.
Ce qui est aussi clair, c’est que ceux qui ne respectent pas le cadre que Dieu nous donne, eh bien, tôt ou tard, en fait, il y aura des conséquences pour ce non-respect.
Pour ceux qui respectent le cadre, par contre, il y a des récompenses qui font partie des promesses de Dieu.
Ce qui est intéressant quand même dans ce système qui est clairement enseigné dans la Bible, c’est que l’apôtre Paul, avec d’autres écrivains du Nouveau Testament, sont vraiment au clair par rapport au fait que ce n’est pas la loi, ce n’est pas les règles, ce n’est pas les avertissements, ce n’est pas ça qui va changer notre cœur.
Donc, on peut bien être conscient de toutes les règles, on peut même avoir le désir d’obéir à ces règles, mais il y a un vrai problème dans notre cœur.
Il y a une tendance rebelle qu’on appelle le péché qui nous pousse presque face à la loi, en fait, et face aux règles, on a presque plus envie de faire.
Il y a quelque chose en nous qui dit « fait le contraire » tout naturellement.
Donc, c’est quand même frappant de voir que Paul dit en roumain 2, « eh bien, c’est la bonté de Dieu », pas en fait sévérité, ce qu’on dirait comme ça, mais pas les règles qui nous poussent justement à un changement de cœur.
Et je voulais juste évoquer rapidement quelques versets d’un psaume du roi David qui a compris aussi ce même principe, et lui, c’était très, très personnel, il était bien conscient de son péché, et du fait qu’il était bénéficiaire de la grâce de Dieu.
Il dit dans le psaume 103 que l’Éternel fait grâce, il est rempli de compassion, il est lent à la colère et riche en bonté.
Il ne nous traite pas conformément à nos péchés, il ne nous punit pas comme le mériteraient nos fautes, mais autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent.
Une autre manière de parler de ceux qui font confiance à lui et qui demandent son aide pour respecter justement son bon cadre.
Autant l’Orient est éloigné de l’Occident, autant il éloigne de nous nos transgressions.
Et puis, il continue en parlant de Dieu comme un père, comme un père à compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui le craignent, car il sait de quoi nous sommes faits.
Il se souvient que nous sommes poussières.
Et alors qu’il y a énormément de trésors dans ces quelques versets, le psaume 103, je voulais nous encourager à nous focaliser sur le verset 14, la fin de ce petit passage que je viens de lire.
Car il sait de quoi nous sommes faits.
Dieu se souvient que nous sommes poussières.
Et je pense que quelque part, c’est un élément qui nous aide à comprendre sa compassion, sa patience, sa bonté.
Il n’oublie pas qui nous sommes.
Il prend conscience de notre fragilité, du fait qu’on est tous en voie de croissance.
C’est un processus qui est en cours.
Et je voulais vous inviter à discuter un petit peu avec moi de ces différentes idées que je trouve passionnantes en lien avec la parentalité.
C’est vrai qu’en préparant cet épisode ensemble, tous les trois, on a vraiment été touchés à nouveau par cette vérité que c’est la bonté et la grâce qui poussent nos cœurs à changer et pas la loi.
Ça vient vraiment affermir ce qu’on dit depuis plusieurs épisodes, c’est qu’on ne cherche pas à modifier l’attitude d’un enfant, mais on cherche à préparer son cœur au jour où il va le donner à Dieu.
On cherche à le pointer vers Jésus Christ.
On cherche à rendre son cœur aussi tendre et malléable que possible par notre parentalité.
Et ce principe-là me touche personnellement beaucoup.
Moi, je suis aussi vraiment interpellée par ce rappel que Dieu, il se souvient comment on est, qui on est et qu’on n’est que poussière.
Quand je pense à ma manière parfois d’envisager comment je reprends mes enfants, ma manière de les voir, je me dis que j’ai encore beaucoup à apprendre de voir mes enfants comme Dieu me voit déjà, et de chercher à développer encore plus, d’avoir autant de bonté et de patience envers mes enfants.
J’en ai de loin, pas autant que Dieu en a envers moi.
Et de me rappeler qu’ils sont en chemin, ils sont en apprentissage, que si je vise maintenant la perfection dans leur attitude, déjà je vise quelque chose qui n’est pas faisable.
Et en plus, je suis en train de leur demander d’accomplir quelque chose qu’ils ne sont pas en capacité de faire.
Je suis à côté de l’objectif et pourtant, je vois que c’est comme ça parfois que ça se traduit dans ma manière de les corriger.
En tout cas, moi, ça m’encourage à suivre ce modèle-là.
C’est quelque chose qu’on va pouvoir creuser en plus de profondeur lors de notre prochain épisode.
On va prendre conscience des différents stades de développement.
Ce sera intéressant quand même, en lien avec ce que tu dis là, Rachel, de prendre conscience de quoi mon enfant est capable aujourd’hui.
Et parfois, on peut oublier, c’est pas un adulte, il y a des choses que mon enfant ne va pas encore comprendre, ne sera pas en capacité de faire.
Peut-être certains peuvent se poser la question quand même, en quoi est-ce que la bonté peut mener à la repentance ?
Je peux imaginer que chacun de nous, on ait des souvenirs de moments où peut-être nous, on était gentil, que ce soit avec nos enfants ou quelqu’un d’autre, et ça n’a rien changé dans la situation.
Je voulais juste vous raconter une petite anecdote que j’aime raconter en lien avec cette idée, parce que ça m’a tellement impacté.
J’étais étudiant en formation biblique dans un contexte universitaire à Chicago, et il y avait quand même un code vestimentaire qui s’appliquait à tous les étudiants à l’université.
On ne pouvait pas arriver dans les bâtiments, les locaux de l’université en jean.
En général, je respectais ça, mais il y a un jour où je n’avais pas de cours, je bossais dans une bibliothèque juste à côté, et j’étais en jean et t-shirt comme je suis aujourd’hui là.
Mais j’avais faim, à midi, je n’avais pas beaucoup de sous, et je savais que je pouvais aller dans la cafétéria de l’université manger pour pas cher.
Je me suis dit, je vais faire ça vite fait entre midi et deux, et je suis allé.
Et le jour où j’ai fait la queue en jean pour manger dans la cafétéria de l’université, il y a qui est devant moi en faisant la queue, c’est le président de l’université, Joe Stone.
Et quand je l’ai vu, j’étais juste dégoûté, et c’était trop tard.
Je savais qu’il m’avait vu, et c’était même pire, je n’étais pas juste en jean, mais jean avait des trous, et je me suis dit, oh Nicolas.
Et donc j’ai fait la queue, il était devant moi, je m’attendais pour voir, est-ce qu’il va me dire quelque chose.
Je me préparais pour un moment vraiment humiliant.
Et puis hop, il règle son repas, et puis il part.
Et j’étais tellement soulagé.
Et j’arrive enfin devant la caissière, je suis prêt à payer, et la caissière me dit, oh non, pas besoin de payer, c’est le président qui t’a payé ton repas aujourd’hui.
Et pour moi, c’était juste…
Déjà, je me souviens d’un sentiment de honte, en fait, j’ai commencé à transpirer, et je pense que j’ai rougi, c’est comme si mon péché était exposé, ma faute, juste devant la caissière.
Mais cette bonté, la bonté de ce président, il ne m’a pas donné ce que je méritais, il m’a fait grâce, mais en fait, ça m’a tellement impacté que j’ai toujours respecté le code vestimentaire à partir de ce jour-là.
Et je trouve ça assez fort de voir à quel point, parfois, la bonté peut faire vraiment le travail pour changer notre cœur. – C’est fou, cette histoire, c’est vraiment…
Des fois dans ta vie, tu as des exemples comme ça qui viennent te montrer des vérités au sujet de qui est Dieu, de ce que l’histoire biblique cherche à révéler, et tout ça, c’est trop bien.
Je pense que c’est un bon rappel, en tout cas, de méditer sur la façon que Dieu a de gérer notre péché.
On se disait tout à l’heure que si Dieu devait nous donner exactement ce qu’on méritait ou nous punir en conséquence de nos fautes à chaque fois, en fait, on aurait été foudroyés assez rapidement dans notre vie, on serait morts, en fait.
Et on voit que Dieu ne nous traite pas conformément à nos fautes, qu’il est plein de compassion et qu’il se rappelle de quoi on est fait.
Et ça me reprend tellement dans ma parentalité, où beaucoup de fois, ma correction envers mes enfants, elle sort de mon agacement envers eux, de mon désir de tranquillité, de modifier un comportement parce qu’ils me font honte en public ou quoi.
Et donc, je vois quelque chose qui m’agace et je cherche à punir ça, alors que Dieu n’est juste pas comme ça avec nous.
Et de faire ce parallèle de comment Dieu est avec moi et comment moi, je peux être avec mes enfants, c’est fou à explorer, en fait.
Oui.
Et puis là, dans ce que tu décris, Nico, on voit vraiment que cet acte de bonté inattendu pour toi et il méritait aussi, ce n’est pas quelque chose qu’il devait faire.
Mais quand on voit l’impact positif que ça a eu sur ta vie, c’est vraiment parlant pour ce qu’on essaie d’illustrer depuis le début.
Et sur cette différence, comme tu disais, être gentil, ça ne va pas impacter le cœur pareil.
Et c’est ça la différence, en fait.
Ce n’est pas une bonté équivalente à être gentil, mais c’est cette grâce, cette façon d’être que nous, on veut être avec nos enfants, de toujours pointer vers comment est Dieu et que ce n’est pas juste quelqu’un de sympa et de gentil qui fait des trucs qui nous plaisent.
Oui, exact.
C’est vrai qu’on peut se poser la question, justement, quelle est la différence entre ces deux choses?
Et je n’ai pas une définition précise en tête des deux mots.
Mais quand je pense à la gentillesse, je pense surtout un peu à ne pas être méchant.
Mais une phrase qu’on utilise souvent avec nos propres enfants quand on parle de la bonté, c’est l’idée de chercher le bien de l’autre, faire preuve de bonté envers quelqu’un, c’est chercher son bien.
Et ce qui me frappe avec le président, c’est que je sais qu’une des raisons pour lesquelles les gyms étaient interdits, c’est que l’université voulait quand même avoir un certain niveau de respect, une réputation quand des gens de l’extérieur venaient, qu’on voit des étudiants bien habillés, etc.
Et donc, je peux imaginer que le président soit un peu frustré avec un étudiant qui ose venir comme ça et il pourrait un peu protéger la réputation de l’université, peut-être même sa propre réputation, dire « moi, je ne vais pas tolérer ça en tant que président ».
Il aurait pu en faire une leçon, je ne sais pas comment exactement le dire, m’afficher, m’humilier, surtout s’il s’est laissé guider par son émotion.
Mais en fait, ce qui me frappe le plus dans cette histoire, c’est que plutôt que de chercher ce qui était le mieux pour lui et pour l’institution, il cherchait vraiment mon bien en restant discret, mais en envoyant quand même un petit message, « jeune homme qui ne connaissait probablement même pas mon prénom, je te vois ». – Oui, c’est ça. – Je te vois. – Ce qui m’interpelle dans cette anecdote, c’est que aussi, ce qu’il aurait pu faire, c’est de se retourner et de te faire un peu un nudge ou un clin d’œil de copain en faisant « c’est pas grave ». – Oui, exact. – Et tu vois, presque tomber dans cette espèce de relation, de copinage, de « allez, allez, c’est pas grave, on s’en fiche », en fait, le résultat que ça aurait pu avoir, c’est que tu te dises « ouah, en fait, ces règles-là, finalement, elles ne sont pas si… ».
Et puis le président, finalement, c’est mon pote, donc je pousse un peu l’illustration à l’extrême, mais là, il t’a dit d’une manière très subtile, « je t’ai vu, c’est pas ok ce que tu fais, mais je te pardonne, en fait, et même je te fais du bien ». – Oui. – Et toi, tu as vu tout ça dans ce geste, et je crois qu’il n’est pas tombé ni dans un excès, ni dans l’autre.
Il a eu une réaction très juste, qui a eu un impact très, très fort pour toi.
Et c’est un peu une bonne transition vers notre deuxième temps, c’est de se poser la question de quelle forme prend la bonté d’un parent dans une situation de correction ou de discipline de nos enfants. – Oui, quand on pense à la discipline, et on en a parlé aussi dans l’épisode précédent, mais on peut avoir du mal avec ces termes-là, discipline, autorité, correction et tout ça.
Et on entend beaucoup parler de ce qu’on appelle la parentalité positive.
Et on peut se dire qu’il y a certaines écoles qui vont rejeter carrément ces notions.
Et on comprend que c’est aussi en réaction, en partie en tout cas, à des formes de parentalité très autoritaires, où il n’y a pas cet aspect bonté.
Je sais que dans les générations d’avant, dans ma propre famille, il y avait une phrase qui était communément utilisée, c’était « les enfants doivent être vus, pas entendus ».
Et en fait, ils devaient se tenir à carreau, et en fait, ils n’avaient quand même pas beaucoup de liberté d’expression, etc.
Il y a ces choses-là, on a voulu creuser et apporter d’autres manières de voir la parentalité, et c’est chouette.
Et dans ce podcast, nous, on met l’accent sur la notion d’une autorité bienveillante.
Donc, on ne va pas non plus se mettre en réaction nous-mêmes aussi à certaines façons de faire, où on va se dire « ça, c’est positif, ça, ce n’est pas positif, qu’est-ce qu’on entend par une parentalité qui est positive ?
C’est justement celle qui va chercher à exercer cette bonne autorité, qui reflète celle de Dieu en fait.
Mais du coup, la question, c’est comment faire concrètement pour être bienveillant dans une situation de correction.
Oui, c’est un sujet énorme.
Et je pense qu’aujourd’hui, pour faire simple, on a décidé de se focaliser sur juste une phrase que moi j’ai découvert dans le livre « La discipline sans drame » de Daniel Siegel, que je suggère comme une belle ressource pour les parents.
Et dans ce livre, l’auteur encourage les parents à « connecter avec son enfant avant de corriger son enfant ».
Connecter avant de corriger, c’est ça le principe qui est proposé.
C’est une voie intéressante à explorer, parce que, alors que si on veut peindre un portrait un peu grossier des types de parentalité, il va y avoir un pan de la parentalité, la parentalité autorisative dont tu parlais Rachel, qui va corriger son connecté.
Il va y avoir la parentalité positive, bienveillante, enfin une certaine forme de cette parentalité-là, qui va connecter sans jamais corriger.
Et moi, je crois que la parole de Dieu, comme toujours, se présente comme la seule option viable et nous montre comment un parent connecte et corrige, ou connecte avant de corriger.
Et c’est vraiment là dont on veut tirer la sagesse et les grands principes.
Ces moments où on doit corriger nos enfants.
Exactement, oui.
Et les catégories sont toujours très utiles, mais on reconnaît aussi que pour toutes ces catégories mentionnées, il faudrait être beaucoup plus nuancé que ça si on avait besoin de podcasts.
Mais dans l’intérêt de ne pas trop compliquer la situation et d’aller vraiment au cœur de notre discussion, on en reste là sur les termes utilisés parce qu’on veut vraiment se dire à quoi ça ressemble de connecter avec notre enfant avant de corriger.
Oui, tout à fait.
Donc, deux mots clés que j’aimerais suggérer pour pousser la discussion juste un petit peu plus loin, ce serait les mots écoute et empathie.
Ecoute et empathie.
Je pense à un proverbe, Proverbe 18 et le verset 13, qui dit ceci.
Celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et se couvre de honte.
Et juste cet après-midi, j’étais en train de revisiter un épisode avec ma femme Annie.
Il y a des années quand les grands étaient toujours à la maison.
Et je me souviens d’un moment où Annie et moi, on n’allait pas partir pour une soirée.
Il y avait un concert qui était préparé.
On allait à un concert et Annie était en train de discuter avec mon fils Mika d’un résultat sur un examen en maths, un mauvais résultat.
Et je suis arrivé vraiment vers la fin de la discussion.
J’ai capté juste quelques phrases et très rapidement, j’apporte ma pensée de papa, un petit mot de reproche envers Mika et très rapidement, après que ces mots sortent de ma bouche, je vois la réaction de mon fils qui commence à pleurer.
Et puis ma femme Annie me fait un regard, elle me dit « tu es complètement à côté de la plaque là ».
C’était un moment très difficile encore une fois.
C’est un peu un thème pour Nicolas aujourd’hui, les moments de honte totale.
Mais c’est un de ces moments où justement cette expérience de honte, celui qui répond avant d’avoir écouté fait un acte de folie et se couvre de honte.
C’était vraiment de mon expérience là.
Et c’est un peu peut-être extrême, bon c’est pas extrême, mais en fait je raconte cette histoire parce que je pense que de beaucoup de manières différentes on peut réagir de cette manière en tant que parent tout en voulant faire du bien.
On corrige, on peut corriger rapidement sans avoir vraiment pris le temps pour comprendre la situation et pour se mettre à l’écoute de nos enfants.
Et donc un des objectifs justement de l’écoute c’est justement de faire preuve d’empathie.
En tant que parent je cherche à me mettre dans les baskets de mon enfant avant de le corriger.
Comment est-ce que lui ou elle, comment est-ce que mon enfant voit la situation, qu’est-ce qu’il voulait, quel était son désir?
Et quelle est sa situation en fait?
Est-ce que c’est possible que mon enfant juste a faim, il a besoin de manger, est-ce qu’il est fatigué?
Est-ce qu’il est peut-être frustré à quelque chose qui n’a peut-être rien à voir avec la situation?
Est-ce que peut-être il a peur?
Est-ce qu’il est en manque d’affection et de temps de qualité avec ceux qu’il aime?
C’est quelque chose qui revenait souvent, surtout quand les enfants étaient plus petits.
Parfois on sentait qu’on passait par des périodes assez difficiles avec nos enfants et en faisant le point avec Annie on s’est dit tiens, depuis un certain temps on est très occupé et nos enfants sont un peu en manque de temps de qualité avec nous et on voit quand même un certain résultat.
C’est pas du tout pour dire que les enfants sont que des victimes.
Il y a la réalité du péché, on ne veut pas passer à côté de ça.
Mais j’ai reconnu en tout cas dans ma parentalité que trop souvent je visais direct la faute de mon enfant, je voulais en parler, même corriger ça, sans avoir vraiment pris le temps pour comprendre la situation dans son ensemble et chercher aussi à comprendre sa perspective, la perspective de mon enfant.
C’est vrai que le risque avec ces bourdes parentales qu’on a tous subies mais aussi commises envers nos enfants, c’est de peut-être avoir des enfants très bien élevés, qui se comportent bien, mais des enfants qui peuvent développer un climat d’injustice et presque de méfiance envers nous et de passer complètement à côté de cette connexion amicale, émotionnelle qu’on veut avoir avec nos enfants, qu’on parle de stratégie familiale réfléchie ensemble depuis un certain temps.
Un de mes objectifs personnellement c’est qu’arrivés à l’âge adulte, avec mes enfants on soit amis et qu’en fait ils aient le sentiment que j’ai pris le temps de les comprendre, leur situation, leur vie, etc.
Les enjeux, pas pour dire que je ne les punis pas, que je ne les corrige pas, mais que j’ai fait ça de la manière la plus juste possible en tout cas.
Je crois que…
Pardon, vas-y Rachel.
Vas-y, vas-y.
Non, je voulais juste dire que cet aspect-là il marche bien quand on a des enfants plus grands.
On veut s’assurer que nous on a bien compris la situation avant de discipliner pour pouvoir faire une discipline juste et un cadre juste, mais que parfois pour les enfants plus petits il faut s’assurer que eux aient bien compris la situation dans laquelle on se trouve et que l’empathie et l’écoute pour les enfants plus petits ça peut prendre la forme d’une petite conversation avant la discipline qui ressemblerait à « Est-ce que tu as bien compris pourquoi tu vas être puni là ?
Qu’est-ce que j’avais dit ?
Qu’est-ce que toi tu as fait ?
Qu’est-ce que tu aurais dû faire ? »
De prendre ce petit temps de bonté envers l’enfant pour s’assurer qu’il est au courant de ce qui va se passer, de pourquoi, etc.
Je pense que c’est une bonté qu’un parent peut faire envers son enfant jeune aussi dans ce cadre-là de la discipline.
Oui, finalement l’idée c’est vraiment de connecter avec notre enfant avant de corriger.
Ce qui ne veut pas dire que systématiquement avant tout moment où il faut corriger, on va être là à analyser avec notre enfant toute la situation.
Ce n’est vraiment pas une mise en pratique de ce genre de choses où on peut avoir des échanges qui ne sont pas juste par rapport à là où l’enfant en est dans sa croissance et qui font que peut-être même on va juste oublier de corriger alors que c’est nécessaire.
C’est vraiment se dire que connecter avec nos enfants, j’aime bien cette phrase que j’ai lue il n’y a pas longtemps dans un livre sur la parentalité, de connecter et pas juste coexister sous un même toit en tant que famille.
Mais quand mon enfant se sentira effectivement compris, il sera dans un élément de confiance, lui son cœur, comme c’est le cas pour le mien quand Dieu me reprend, il me fera un bon discours, il me fera un bon discours, et il me fera un bon discours.
Et c’est ce que j’ai envie de dire, c’est que je ne suis pas là pour dire que le père est mieux disposé pour discuter avec moi, son parent, de sa faute.
Le cas est cher et cette démarche de correction a lieu en fait, mais dans une ambiance de connexion et de collaboration et pas de combat.
Et donc, il faut vraiment que le père ne soit pas écouragé et qu’il n’est plus dans une lutte.
Enfin moi ça m’est arrivé qu’il tape contre la porte si on les a mis au coin ou quoi, ils hurlent etc.
Et alors que quand on a eu cette petite discussion avant, soit d’essayer de comprendre, soit d’expliquer pourquoi, eh bien souvent l’enfant reconnaît sa faute.
Et quand on lui dit « est-ce que tu comprends pourquoi maintenant tu vas passer du temps à retirer ton temps d’écran? »
Il dit « oui je comprends ».
Et c’est un partenariat comme tu décrivais Rach.
Oui, et je trouve intéressant quand même de souligner, on a déjà évoqué, mais cette notion d’endurcissement du cœur.
Il y a quelques instants, on a évoqué le sentiment d’injustice et peut-être c’est le cas pour vous.
Moi je sais que j’ai quand même quelques petits souvenirs de moments avec mes propres parents où j’ai vécu quand même une forme de correction et punition, où je sentais que c’était pas juste.
Et ça peut être très difficile, surtout si c’est quelque chose qu’il vécue régulièrement.
Donc d’un côté on voit vraiment les bienfaits d’une connexion émotionnelle avec notre enfant avant de passer à la correction, mais c’est important aussi de prendre conscience du contraire, parce que si on ne vit pas ça, c’est pas neutre en fait.
Mais en fait il y a vraiment cette possibilité que l’enfant vive la correction comme une injustice et que le résultat soit une forme au moins d’éloignement, de refroidissement peut-être relationnel petit à petit dans le temps, et puis éventuellement un endurcissement du cœur où ça peut être très difficile de « un peu » récupérer la relation en fait.
Donc je pense que c’est vraiment quelque chose de stratégique pour notre plan familial. – Oui, oui.
Et alors que j’imagine Nico que toi comme moi, on se sent très aimé par nos parents, ce type de formule, de discipline que moi j’ai eu, enfin mes parents étaient des parents très aimants, mais qui avaient un cadre très très clair, mais qui était souvent appliqué, même plus tard dans mes années adolescentes, comme « bah c’est comme ça et c’est tout en fait ».
Et alors que j’avais aucun doute sur l’amour qu’ils me portaient, l’affection, qu’on rigolait bien etc., je pense que ça n’a pas développé dans ma famille une culture où je me sentais libre d’aller discuter avec eux de ce qui se passait vraiment dans mon cœur, parce que la loi était appliquée de manière peut-être trop noire et blanche en fait.
Et donc on a une très bonne relation aujourd’hui avec mes parents et notre amitié elle grandit avec mes parents aussi, mais je trouve que la liberté de juste parler de ce qu’il y a dans notre cœur, du processus de régler un péché etc., pour moi elle est un petit peu freinée par cette culture de la discipline dans ma famille.
Je crois qu’arrivée à ce point de l’épisode, on va faire un petit rappel de l’essentiel dont on a parlé.
On a commencé avec Romain, chapitre 2, verset 4.
On a vu que c’est la bonté, la patience, la générosité de notre Dieu qui nous mène à la repentance, à ce vrai changement de cœur.
L’objectif pour nos enfants, on a dit, c’est pas simplement un changement de comportement, mais un changement de cœur.
Le principe qui nous aide avec cet objectif qui est de faire l’effort de nous connecter avec nos enfants, d’être connectés avec eux avant de les corriger.
Et que cette écoute avec empathie promeut ce genre de connexion entre parents et enfants qui reflète le caractère, la nature de notre Dieu dans la correction.
Chloé, tu veux nous dire ce qu’on va faire concrètement cette semaine ?
Oui, alors Nicolas nous a parlé plutôt d’un livre qui s’appelle « La parentalité sans drame » de Siegel.
Et on va mettre en lien ce livre sous la vidéo.
Alors que c’est un livre qui n’est pas un livre chrétien, donc qui ne va pas présenter une vision du monde qui est tirée de la Bible, c’est un livre qui est vraiment une ressource de valeur pour creuser ce sujet-là.
Ce qu’on vous propose, c’est de cibler un domaine dans le comportement de votre enfant qui est actuellement dans votre famille une grande source de friction et de problèmes relationnels.
Où la correction se fait plus dans une ambiance de combat que dans un esprit de collaboration.
Et préparez-vous pour vivre la prochaine situation tendue d’une autre manière en favorisant d’abord la connexion avec votre enfant, que ce soit sous la forme de l’écoute de ses circonstances, de son processus, de ce qu’il ressent, ou de vous assurer qu’il ait bien compris de quoi il s’agit.
Mettez-vous à l’écoute dans un esprit d’empathie pour chercher à mieux comprendre ce qui se passe dans son cœur à ce moment-là.
Et aussi un encouragement à ne pas négliger la réalité du péché, bien sûr, mais chaque chose en son temps.
Une deuxième chose que vous pouvez faire, c’est de garder une trace écrite de ce moment-là avec votre enfant dans votre carnet familial, comme un petit scénario presque.
À quel moment ça s’est passé ?
Quel créneau horaire ?
Est-ce que c’est après une journée de travail tendu ?
Est-ce que c’est pendant une période où vous n’êtes pas très disponible ?
Quel est l’événement provocateur ?
Comment est-ce que vous avez réagi ?
Comment s’est passé l’échange ?
Comment votre enfant a-t-il vécu l’aspect correction après la connexion ?
Et qu’est-ce que vous aimeriez faire différemment la prochaine fois ?
Et des sujets de prière que vous voulez noter par rapport à ces sujets de tension récurrents dans votre famille.
Une courte parole de bénédiction pour conclure notre épisode d’aujourd’hui.
Que nous soyons nous-mêmes bénéficiaires des richesses de la bonté, de la patience et de la générosité de notre Dieu en Jésus-Christ cette semaine.
Que cette grâce nous remplisse et déborde nos vies, afin que nos enfants soient eux aussi bénéficiaires de la bonté de Dieu qui se manifeste en nous.
Et que la bonté de notre Dieu nous mène tous, parents et enfants, à la repentance, à de vrais changements d’attitude, de vrais changements de cœur.
Au nom de Jésus-Christ.
Amen.
Chloé Lang est podologue de formation. Elle s’est formée à l’IBG aux côtés de son mari Aurélien qui est pasteur dans une implantation d’Église en banlieue Grenobloise. Elle a l’opportunité d’y servir dans l’enseignement de la parole auprès des femmes et des enfants. Elle a aussi à cœur l’enseignement des femmes plus globalement. Ensemble, ils ont trois garçons.
Rachel Yates a le privilège d’avoir des origines écossaises, mais a grandi en France, et vit aujourd’hui en Franche-Comté avec son mari Eddy. Ensemble, ils sont missionnaires parmi les étudiants avec le Foyer Évangélique Universitaire, et ont eu 4 enfants. Puisqu’elle aime lire, écrire, et enseigner, elle a fait une formation en traduction, puis a enseigné avant de se plonger dans le ministère auprès des étudiants français et étrangers dans les différentes villes où elle a habité avec Eddy. Elle a un fardeau particulier pour l’accompagnement des personnes en souffrance, et aime passer du temps avec les gens … si possible en buvant du thé.
Nicolas VanWingerden se forme depuis deux décennies à l’école familiale avec l’aide de sa femme, Annie, et leurs 4 enfants. Les membres de l’Église Grenoble Est, où il est pasteur depuis 2018, contribuent aussi énormément à l’œuvre de Dieu dans sa vie. Diplomé d’un Masters of Divinity (Moody Graduate School, Chicago) et d’un Masters of Science of Education (Valparaiso University, Indiana), il est passionné de l’intersection de la pédagogie, la parentalité et le ministère pastoral dans le contexte de l’église locale et de la société qui l’entoure.