Pourquoi le christianisme est-il si divisé ?

Lorsqu’on regarde le christianisme, il saute aux yeux qu’il existe de multiples branches et dénominations, lesquelles sont bien souvent issues de diverses scissions historiques et témoignent de la multiplicité des formes que peut prendre la foi chrétienne. Mais une question se pose alors : si le christianisme est la vraie religion, comment se fait-il que nous ne trouvions pas plus d’uniformité dans l’expression de la foi chrétienne ?

A cette question, je voudrais avancer plusieurs éléments de réponse, mais il me faut avant tout préciser que cette émission ne se concentrera pas sur les raisons historiques, au demeurant fort intéressantes, de ces divisions.

Premier élément de réponse donc, le christianisme n’est pas uniforme, parce que Dieu lui-même n’est pas uniforme. Le Dieu chrétien a ceci de riche et de particulier qu’il est trinitaire. Nous en avons déjà parlé plusieurs fois sur cette chaîne. Puisque Dieu est trinitaire, en Lui se trouve à la fois un principe d’unité et un principe de multiplicité. Or, puisque Dieu est à l’origine de toutes choses, et particulièrement de la foi chrétienne, il n’est pas étonnant que nous y retrouvions une forte unité, nous y reviendrons, mais aussi une forte diversité. Toutes les divisions que nous retrouvons dans le spectre chrétien ne sont pas mauvaises, notamment lorsqu’elles sont dues à des facteurs culturels. Le christianisme est donc pluriel, notamment parce que Dieu a voulu l’humanité plurielle. A plusieurs reprises dans la Bible, Dieu encense la diversité culturelle, qu’il crée et que nous retrouverons au paradis. Ainsi par exemple, en fonction des cultures et traditions d’églises, certains mouvements d’église vivront des temps de louange très solennels, quand d’autres les vivront de manière beaucoup plus rythmée. La diversité du christianisme permet l’expression diverse de la foi, de diverses manières et en diverses langues, ce qui en enrichit je crois l’expression.

Deuxième élément de réponse, le christianisme est divisé parce que l’homme est un être fini, limité. Le christianisme n’est pas à confondre avec la révélation de Dieu. Dieu se révèle à l’homme dans Sa Parole, la Bible, et le christianisme est une réponse humaine à cette révélation. Et parce que le christianisme est intrinsèquement humain, il est marqué des limites et finitudes humaines. En tant que réponse à la révélation biblique, le christianisme se fonde sur celle-ci. La Bible est au centre du christianisme, et les chrétiens s’efforcent de se conformer le plus fidèlement possible à ses enseignements. Oui mais voilà, l’homme est limité et en tant que tel, il ne lui est pas donné de comprendre parfaitement Dieu et sa révélation. Si Dieu s’est assuré de rendre sa révélation simple pour ce qui concerne le moyen d’être sauvé et réconcilié avec lui, de sorte à ce que tous puissent la comprendre, certains éléments de sa révélation nous demeurent bien plus obscurs. Dans ses limites, l’homme interprète donc ces éléments plus mystérieux de diverses façons, ce qui donne naissance à différents mouvements d’églises. Ainsi par exemple, certains comprennent qu’il faut baptiser les enfants, quand d’autres comprennent qu’il ne faut baptiser que les personnes suffisamment mûres pour exprimer clairement leur adhésion à la foi chrétienne. Les deux camps s’appuient rigoureusement sur le texte biblique, mais les deux ne peuvent avoir raison. Dans ces conditions, et quand bien même ils se reconnaissent les uns les autres comme des frères et sœurs en Christ, il ne leur est pas possible d’appartenir au même mouvement d’église.

Troisième élément de réponse, le christianisme est divisé parce que l’homme est pécheur. Le christianisme est intrinsèquement humain, nous l’avons dit, et donc marqué des caractères de l’homme : sa finitude oui, mais aussi son péché. Bien souvent, les divisions au sein du christianisme sont le fruit des péchés humains, lesquels font preuve d’arrogance, d’intolérance, de violence même parfois, ce qui a grandement participé à l’éclatement du christianisme en diverses branches. Ainsi par exemple, la querelle du filioque qui a mené à la scission entre l’Eglise d’Orient et l’Eglise d’Occident est en grande partie due à des raisons d’ordre politique, lesquelles étaient marquées par le péché humain.

Quatrième et dernier élément de réponse, le christianisme n’est pas si divisé que ça. Nous l’avons dit, la Bible est simple en ce qui concerne la question centrale de l’identité de Dieu, de l’étendue de notre péché, de notre besoin d’un Sauveur et du moyen pourvu par Dieu pour être sauvé. Bien souvent, les questions qui divisent les chrétiens sont des questions, importantes et intéressantes certes, mais d’importance bien secondaires par rapport à ce qui fait l’unité du christianisme : la soumission au Christ Sauveur, Dieu le Fils fait chair qui a pris nos péchés sur lui et nous a revêtu de sa justice pour nous réconcilier avec Dieu pour l’éternité. Dans toute sa diversité, le christianisme reconnaît un seul et même Dieu, une seule et même révélation, un seul et même moyen de salut. Un puissant principe d’unité autour duquel les chrétiens se retrouvent, sans gommer leur diversité, mais reconnaissant que leur diversité n’est pas absolue.

Ainsi donc, l’existence de multiples branches et dénominations dans le christianisme nous rappelle que Dieu aime et a voulu l’unité dans la diversité et non dans l’uniformisation, qu’il a pris soin de rendre clair l’essentiel de sa révélation, mais aussi de garder du mystère pour nous rappeler notre finitude ; la diversité du christianisme nous rappelle également que l’homme est pécheur et a besoin du Sauveur qui est au centre de la foi de tous les chrétiens.