Dans notre série sur les arguments contre l’existence de Dieu, nous nous intéressons aujourd’hui à l’un des plus souvent utilisé : la présence du mal dans le monde ! Sachant que le mal existe, Dieu ne peut pas exister ; tel est l’argument en question. Mais que vaut-il réellement ?
Transcription
Le mal prouve-t-il l’inexistence de Dieu ? C’est un argument que l’on entend assez souvent : toute la souffrance et la violence que l’on voit dans le monde est incompatible avec l’existence d’un Dieu bon et tout puissant. Pourtant, si l’on y regarde de plus près, on se rend compte que ça ne parvient pas à prouver l’inexistence de Dieu.
Au contraire, on pourrait même l’utiliser pour appuyer l’hypothèse de son existence.
Je m’explique. Si Dieu n’existait pas, alors il n’y aurait pas de législateur universel, pas de loi morale universelle, pas de bien ni de mal, nous serions donc libres de toute contrainte morale et nos actes seraient moralement neutres, ni bons ni mauvais. Qu’il s’agisse d’un viol ou d’un don à une œuvre caritative, moralement ce serait du pareil au même. Si Dieu n’existait pas, le mal n’existerait pas tel que nous considérons aujourd’hui. Nous pourrions peut-être dire d’une chose qu’elle est mauvaise, mais ce serait alors purement subjectif, le mal serait selon ce que nous, nous n’aimons pas. Moralement, objectivement, il n’y aurait pas de différence entre un plat que nous n’aimons pas et le fait de se faire agresser par quelqu’un par exemple. On ne pourrait absolument pas reprocher à Hitler d’avoir exterminé des millions de personnes puisque c’était là ce que lui considérait comme bien. Dieu n’existant pas, il n’y aurait en effet aucun critère de bien et de mal.
Pour qu’un acte soit considéré comme objectivement mauvais, réellement mauvais, il faut qu’il y ait une norme universelle, et donc un juge universel, donc il faut que Dieu existe car c’est lui qui est le critère suprême du bien et du mal. Pourtant, je ne connais personne qui, devant un viol par exemple, serait capable de se dire « hof… il n’y a là rien de mal ni de bon, il s’agit simplement d’une personne qui souhaitait répondre à un de ses besoins, c’est tout ». Nous sommes tous révoltés au plus profond de notre être devant ce genre de situation, c’est quelque chose que l’on ne peut accepter, qui nous répugne et qu’on sait être mauvais. Partant de là, si nous sommes capables de mettre Dieu en cause, sous prétexte que le mal existe et qu’il est révoltant, c’est parce que nous partageons tous une même notion du bien et du mal, et cela n’est possible qu’à condition que Dieu existe et qu’il ait placé ces notions en nous.
Nous voyons donc bien que le mal ne peut prouver l’inexistence de Dieu. Au contraire. Pour faire simple, soit on accepte qu’un viol ou un génocide peuvent peut-être paraître mauvais, et que ce n’est pas une obligation, et que surtout ils ne sont pas mauvais en soi, et alors l’argument contre l’existence de Dieu ne tient plus puisque le mal n’existe pas ; soit on considère que le mal existe bien et qu’il est un problème, mais alors on est obligé d’accepter que Dieu existe, sans quoi nous n’aurions pas cette notion objective du mal. Dans tous les cas, on n’arrive jamais à argumenter solidement que Dieu n’existe pas. Toutefois, il n’empêche que la coexistence de dieu et du mal nous interpelle et qu’elle nous pose question. Comment se fait-il alors, si Dieu existe, qu’il permette le mal ? Je vous renvoie là à notre série de vidéos sur le problème du mal. Nous avons justement déjà traité ces questions.
Nathanaël Delforge est passionné de théologie et de philosophie, il est également le créateur et l’animateur de Kurious, une chaîne YouTube d’apologétique chrétienne. Professeur de mathématiques dans le secondaire, il poursuit des études de théologie en parallèle. Il est marié et père d’une petite fille.