Dans un article de 2011, les philosophes James Anderson et Greg Welty ont développé un argument pour l’existence de Dieu qui s’appuie sur l’existence des lois de la logique. Ainsi, il ne s’agit plus de dire que l’existence de Dieu se justifie logiquement, mais que la simple existence de règles logiques contraignantes et universelles présuppose l’existence de Dieu. Résumons rapidement leur argument.
Transcription
La logique prouve-t-elle l’existence de Dieu ?
Les principaux arguments pour l’existence de Dieu sont relativement connus, et ont tous le point commun de prétendre s’appuyer sur des raisonnements rigoureux, dans le respect de la plus stricte logique. De l’autre côté, les athées ou agnostiques suivent la même démarche dans leur critique de ces arguments ou dans la présentation de leurs arguments en défaveur de l’existence de Dieu. Tous se réclament du respect des lois de la logique, et plus généralement, bien au-delà du débat sur l’existence de Dieu, tout être humain qui pense, communique et réfléchit se voit contraint au respect des lois de la logique. Personne n’affirme consciemment et volontairement qu’un même objet puisse être entièrement bleu et entièrement rouge, en même temps et de la même manière. Il semble donc bien que nous ne puissions nous défaire de ces lois de la logique.
Dans un article de 2011, les philosophes James Anderson et Greg Welty sont allés un peu plus loin dans leur réflexion et ont développé un argument pour l’existence de Dieu qui s’appuie justement sur l’existence de ces lois de la logique. Ainsi, il ne s’agit plus de dire que l’existence de Dieu se justifie logiquement, mais que la simple existence de règles logiques contraignantes et universelles présuppose l’existence de Dieu.
Résumons rapidement leur argument.
Premièrement, les lois de la logique, une expression qui désigne généralement le principe d’identité, le principe de non-contradiction et le principe du tiers exclus, sont des vérités, ou des propositions, nécessaires. Plus précisément, ce sont des vérités au sujet d’autres vérités. Par exemple, le principe de non-contradiction est une vérité exprimant le fait que deux vérités ne peuvent pas se contredire l’une l’autre. Les lois de la logique sont des vérités nécessaires car il n’est par exemple pas possible d’imaginer un monde où les arbres existent et n’existent pas en même temps. On ne peut se défaire des vérités exprimées par les lois de la logique, qui n’auraient pas pu ne pas exister, ni exister différemment. Les lois de la logique sont ce qu’elles sont, à jamais et pour toujours, et dans n’importe quelle circonstance.
Deuxièmement, les lois de la logique existent réellement. Anderson et Welty défendent cette prémisse en expliquant notamment que nous parlons des lois de la logique comme d’autres objets qui existent réellement et que nous concevons de manière intuitive que tout ce qui fait une différence dans nos vies existe réellement, or les lois de la logique ont un impact réel dans nos vies.
Troisièmement, les lois de la logique existent donc nécessairement. Puisqu’elles sont des vérités nécessaires qui existent réellement, alors elles sont des vérités qui existent nécessairement. Elles n’auraient pas pu ne pas exister ni exister différemment.
Quatrièmement, les lois de la logique ne sont pas physiques. En effet, on ne peut les situer dans l’espace, ou les toucher par exemple.
Cinquièmement, puisque les lois de la logique ne sont pas physiques, qu’elles sont des vérités à propos d’autres vérités, et donc qu’elles sont dirigées vers d’autres vérités ou propositions, elles sont donc des réalités mentales, des pensées. En effet, seule une réalité mentale peut se référer à des vérités, s’exprimer au sujet de vérités et statuer dessus. Or, on ne peut pas nier que les pensées ou les objets mentaux existent, sans quoi il nous faudrait penser que les pensées n’existent pas, ce qui serait contradictoire…
Sixièmement, et dernièrement, puisque les lois de la logique sont des pensées, elles doivent nécessairement être les pensées d’une entité personnelle. En effet, toute pensée suppose un sujet personnel qui pense, il ne peut exister de pensée qui erre sans une entité personnelle pour en être à l’origine. La question à se poser est donc : mais de qui peuvent-elles bien être les pensées ? Or, étant donné que les lois de la logique sont des vérités nécessaires, elles ne peuvent être les pensées que d’un être nécessaire, lequel nous avons coutume d’appeler Dieu.
Ainsi, l’argument proposé par Anderson et Welty tend à démontrer que la seule existence des lois de la logique présuppose nécessairement l’existence d’un Dieu personnel. L’argument n’est pas indiscutable, même s’il me paraît très solidement établi, et je vous invite à lire directement l’article, que je mets en description, pour aller davantage dans le détail si ça vous intéresse. En tous les cas, l’argument a ceci de fort et d’intéressant qu’il tend à affirmer que, puisque les lois de la logique dépendent de l’existence de Dieu, il est absurde de tenter de prouver logiquement la non-existence de Dieu.
Nathanaël Delforge est passionné de théologie et de philosophie, il est également le créateur et l’animateur de Kurious, une chaîne YouTube d’apologétique chrétienne. Professeur de mathématiques dans le secondaire, il poursuit des études de théologie en parallèle. Il est marié et père d’une petite fille.