Jésus, figure centrale du christianisme, serait-il en réalité un personnage mythique inspiré de mythes antérieurs tels ceux d’Horus, Adonis, Attis ou Mithra ? C’est là une idée que certains défendent en accusant le christianisme d’avoir emprunté des thèmes connus dans des mythes plus anciens, comme la naissance virginale ou la résurrection par exemple, afin de construire la figure de Jésus. Une accusation grave, puisqu’elle vient directement mettre en doute l’historicité de Jésus, et donc la fiabilité de la foi chrétienne. Qu’en est-il donc ?
J’ai mentionné l’emprunt supposé de thèmes comme la naissance virginale ou la résurrection, mais les accusations vont encore plus loin et affirment l’emprunt également de l’idée de baptême, de miracles ou d’une mort par crucifixion par exemple. Pourtant, il suffit de se pencher quelque peu sur les mythes antérieurs en question pour s’apercevoir que les parallèles avec Jésus sont, au mieux, illusoires. En effet, bien des mythes comportent par exemple l’idée d’une divinité qui meurt et renaît au rythme des saisons… Mais on est là bien loin de la mort unique et de la résurrection unique de Jésus-Christ, lesquelles n’ont rien à voir avec les saisons mais avec le salut de l’humanité, que l’on ne retrouve pas dans ces mythes saisonniers. Les prétentions à des naissances virginales sont également fort douteuses puisque ces mythes relatent plutôt l’histoire d’une naissance issue du rapport sexuel d’une femme avec une divinité, là où Marie est bien demeurée entièrement vierge à la naissance de Jésus. Dans le cas de Mithra par exemple, il s’agit d’une naissance issue d’un rocher, ce qui n’a aucun rapport avec celle de Jésus. Quand les parallèles ne sont pas illusoires, ils sont sans aucune portée critique, car peut-on vraiment s’étonner que plusieurs divinités accomplissent des œuvres miraculeuses ? Ou alors, ces parallèles n’existent tout simplement pas. Prenons le cas d’Horus par exemple, pour lequel certains clament les parallèles précédemment évoqués. Il suffit de lire les différents mythes d’Horus pour s’apercevoir qu’il n’en existe aucun. Horus n’est pas né d’une Isis vierge, puisqu’elle a usé de magie pour ressusciter Osiris afin de le concevoir, il n’est jamais fait mention d’un baptême, ni de crucifixion – en réalité, dans certaines représentations Horus apparaît bras écartés, il n’en a pas fallu plus pour que certains y voient une allusion à la crucifixion, un supplice pourtant non pratiqué par les Egyptiens de l’époque pharaonique. En réalité, il suffit de lire ces mythes pour voir qu’ils diffèrent grandement de l’histoire de Jésus.
D’autre part, il est à noter que ces idées ont été largement rejetées dans le monde académique, bien au-delà de la sphère chrétienne, où elles ne jouissent plus d’aucun crédit. Le récit de la vie de Jésus, au contraire de ces mythes antérieurs, s’il fait bien appel au miraculeux, apparaît toutefois teinté d’un fort réalisme, lequel fait défaut dans les mythes d’Horus, de Mithra et des autres.
Enfin, j’ai déjà pu défendre dans une précédente émission le caractère historique du personnage de Jésus, au contraire de ceux d’Horus, Mithra ou Adonis. Ainsi, l’hypothèse d’un Jésus qui ne serait qu’une copie des divinités de mythes antérieurs ne repose sur aucun élément sérieux.