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On vit dans un monde où le malheur survient toujours. Je suis sûr que vous pourriez sans difficulté ajouter vos propres histoires à cette liste, et peut-être qu’on pourrait même y passer la journée, à condition d’être assez solide émotionnellement pour le supporter. Parce que devant ce malheur qui survient toujours, et qui frappe soudainement et cruellement—semble-t-il—et qui frappe même aveuglément les plus innocents d’entre nous, il y a comme une indignation profonde et violente qui veut jaillir de notre for intérieur. C’est quoi ce délire !

Si Dieu existe, soit il a envie de nous infliger le malheur, soit il n’en a pas envie, mais il n’est pas assez puissant pour l’empêcher. Quoi qu’il en soit, on a un problème ! Et c’est peut-être le plus gros problème existentiel des êtres humains, surtout si on croit en Dieu. Pourquoi le mal ? Que faire du mal ? Et puis est-ce qu’il y a un rapport entre nos actes et nos souffrances—c’est-à-dire entre la façon dont on mène notre vie et le malheur qui survient dans notre vie ?

Si au moins on pouvait comprendre les mécanismes du malheur, peut-être qu’il y a des choses qu’on pourrait faire pour s’en prémunir ! Ne fume pas et tu n’auras pas de cancer des poumons. Porte un casque et tu ne te tueras pas en vélo. Mange sain et équilibré et tu ne mourras pas d’une crise cardiaque. Prie et lis ta Bible tous les jours et tu ne souffriras pas de dépression. Éloigne-toi du mal et Dieu t’accordera une longue vie.

Vraiment ? Est-ce que c’est comme ça que ça fonctionne ? En fait ce serait pas mal, hein, si ça fonctionnait comme ça, mais notre intuition, et notre expérience, ne corroborent pas cette théorie. Et au fond, ça nous révolte, que ça ne marche pas comme ça ! Parce que si on n’a pas de levier sur le mal qui peut nous atteindre, ça veut dire qu’on est super vulnérable, qu’on est les proies faciles, au choix, soit d’un Dieu imprévisible et redoutable, soit d’une fatalité impersonnelle et irrésistible…

Et ce problème existentiel—le problème de notre incompréhension devant le malheur—c’est le sujet d’un des livres de la Bible, le livre de Job. Pour moi, ce livre est absolument essentiel pour structurer notre vision du monde et pour nous équiper face au malheur. C’est un livre qui nous rapporte une histoire très, très ancienne, qui se déroule peut-être même avant l’époque d’Abraham (donc vers 2000 ans av. J.‑C.). Et si c’est une histoire si ancienne, c’est parce que les questions qui sont soulevées par cette histoire, justement, ne sont pas nouvelles—ce sont des questions qui nous dérangent littéralement depuis des millénaires.

Au cours des prochains mois, on va examiner ce texte ensemble. Et je vous le dis tout de suite : c’est un voyage douloureux qu’on va faire. Le livre de Job va nous emmener dans les couloirs les plus sombres de notre condition humaine. On va être confronté à des choses qui vont nous déranger, parce que ce sont des choses qui vont nous renvoyer à nos propres états-d’âme. Honnêtement, pour les plus empathiques d’entre nous, ça peut être difficile émotionnellement, et je serais tenté de vous avertir, un peu comme au début d’un film : « Attention, certaines scènes ou certains propos peuvent heurter la sensibilité du public ! ».

Aujourd’hui, on va lire les deux premiers chapitres du livre de Job, et c’est le prologue. C’est l’introduction, c’est la partie où l’auteur plante le décor et soulève la problématique de tout ce qui va suivre. Mais déjà dans ce prologue, on a quasiment le message de tout le livre de Job. Et c’est aussi la leçon qu’on va essayer de retenir ce matin—et c’est choquant, c’est subversif, c’est perturbant et difficile à accepter—mais voici cette leçon : Dieu nous envoie souverainement le malheur, et il est quand même digne de notre entière confiance.

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