La prédication d’Alexandre Sarran, inspirée par le livre de Job, explore la souffrance et la foi. Alexandre commence par souligner que les épreuves peuvent nous dépouiller de tout ce qui nous définit : emploi, santé, relations, etc. Il utilise l’exemple de Job, qui a tout perdu mais reste fidèle à Dieu, pour montrer que notre valeur ne doit pas dépendre de ces choses éphémères.
Alexandre critique les amis de Job qui, au lieu de le consoler, l’accusent de mériter ses souffrances. Il insiste sur l’importance de la compassion et du soutien des amis dans les moments difficiles. La prédication conclut que notre dignité et notre valeur viennent de notre relation avec Dieu, indépendamment des circonstances extérieures. En restant fidèles à Dieu, même dans la souffrance, nous trouvons un sens et une raison de vivre.
Résumé et transcription générés de manière automatique
Transcription
On va prendre dans un instant le livre de Job dans l’Ancien Testament, la partie de la Bible qui a été écrite avant la naissance de Jésus.
On prendra au chapitre 18.
Et avant cela, je vous invite à la prière.
Seigneur notre Dieu, merci encore de nous donner ces moments ici ce matin.
Et merci pour la présence de ceux qui suivent sur Internet aussi.
Merci parce que nous pouvons faire monter vers toi ensemble un concert de louanges, si j’ose dire.
Un son qui monte vers toi comme un parfum de bonne odeur.
Nous te remercions parce que nous savons que c’est seulement en vertu de Jésus Christ que ces choses te sont agréables.
Ce n’est pas parce que nous avons des qualités en nous-mêmes qui pourraient te plaire.
Et Seigneur merci donc parce que tu nous es favorable, tu nous es propice.
Et maintenant tu veux nous instruire par le moyen de ta parole.
Et nous te prions s’il te plaît de rendre ces moments fructueux pour nous Seigneur.
Ouvre notre coeur, ouvre notre intelligence et donne-nous par ta grâce de comprendre et recevoir tout ce que tu veux nous dire.
Et surtout ensuite de le mettre en pratique pour ta gloire.
Et nous t’en prions au nom de Jésus notre maître.
Amen.
Quelles sont les choses dans votre vie qui vous sont si importantes qu’elles vous définissent ?
Pensez à ces choses sans lesquelles vous ne sauriez plus trop qui vous êtes, où vous allez, à quoi vous servez, quelle est votre valeur ou même s’il y a un intérêt à vivre.
Peut-être qu’il y a des choses comme ça que vous craignez beaucoup de perdre, ou certaines que vous avez déjà perdues ou que vous êtes en train de perdre en ce moment et que vous avez l’impression que c’est toute votre vie qui pourrait être remise en question.
Pensez à votre métier qui vous occupe 7 ou 8 heures par jour, 5 ou 6 jours par semaine.
Que seriez-vous sans ce métier ?
Quelle sera la valeur ou le sens de votre vie une fois que vous serez peut-être au chômage ou en tout cas un jour à la retraite ?
Pensez à vos aptitudes physiques ou à votre santé.
Et si ces choses vous étaient enlevées ou si elles étaient fortement diminuées, peut-être que toute votre vie vous avez été une personne sportive, séduisante, dynamique, populaire, mais les circonstances de la vie, la fatigue, la dépression, un trouble alimentaire, un accident, et vous avez l’impression d’être devenu quelqu’un d’autre.
Le temps a passé et vous ne vous reconnaissez même plus dans le miroir.
Il ne vous reste plus grand-chose qui faisait votre valeur, et ça vous semblerait normal que les gens ne s’intéressent plus à vous.
Quelles sont donc ces choses dans votre vie qui vous sont si importantes qu’elles vous définissent ?
Pensez encore à votre pouvoir d’achat.
Et si vos ressources matérielles étaient divisées par deux ou trois, qui seriez-vous alors ?
Qu’est-ce qui donnerait encore un sens ou du goût à votre vie ?
Ou bien peut-être que vous vous êtes mis en couple un jour, et que vous avez fondé un foyer avec de beaux projets et de belles ambitions pour les dix ou vingt années qui allaient suivre.
Mais si ça ne se passe pas comme prévu, si vous étiez dépouillé de vos espoirs et de vos rêves, si votre conjoint devenait méchant, ou si vos enfants se rebellaient et vous rejetaient, ou si vous les perdiez dans un accident, ou dans une guerre, ou dans une pandémie, peut-être que toutes ces choses vous pourriez encore les supporter si vous aviez en face de vous un entourage qui vous renvoyait une image digne de vous-même, des amis dont la solidarité et l’affection vous montreraient que vous êtes encore une personne de valeur, et que vous pouvez encore aller quelque part dans la vie.
Mais si même ça, ça vous était enlevé, qu’est-ce qui vous définit au fond ?
Y a-t-il quelque chose qui puisse fonder votre vie et asseoir votre identité et votre valeur, et le sens même de votre existence, indépendamment de votre santé, indépendamment de votre âge, de votre profession, de votre forme physique, de vos aptitudes, de vos performances, de vos possessions, de votre apparence, de votre réputation et de vos relations amicales, familiales ou amoureuses ?
Quand tout ça vous serait enlevé, y a-t-il quelque chose qui puisse encore faire de vous, pour toujours, une personne digne, quelque chose qui ne pourra jamais vous être enlevé, et qui ferait de votre existence un truc qui vaut quand même la peine d’être vécu ?
Et la réponse du texte qu’on va étudier dans un instant, c’est oui, y a quelque chose comme ça qui existe, et on en a vraiment besoin tout de suite, avant que notre fragilité nous rattrape.
Le message de ce texte qu’on va regarder ensemble, c’est le suivant.
Je pourrais tout perdre dans la vie, mon existence n’en serait pas pour autant un échec, si j’appartiens à Dieu.
Est-ce qu’on le croit, ça, ce matin ?
Est-ce qu’on est prêt à vivre de cette conviction ?
Qu’est-ce que ça pourrait changer en pratique, dans notre rapport au monde, ou aux autres, ou à nous-mêmes ?
Et c’est ce qu’on va essayer de voir ce matin, à travers la suite du livre de Job.
On reprend là où on s’était arrêté à la fin du mois d’octobre, on a fait une petite ou une grande pause pendant deux mois, et on reprend au chapitre 18.
Et on a compris au chapitre 18, quand on arrive à la fin du chapitre 17, on a compris à ce stade de l’histoire que Job était affligé à un point que la plupart d’entre nous, on connaîtra jamais.
Job a pratiquement tout perdu, et il est au bord du désespoir parce que ses amis, au lieu de le plaindre et de le consoler, lui font des reproches, parce qu’ils sont persuadés que Job a dû faire quelque chose de mal pour mériter tout ça.
Job s’est défendu contre les accusations de ses amis, en disant qu’il était tout à fait prêt à se remettre en question, ce n’était pas ça le problème, mais que son cœur, après s’être examiné lui-même, était sincère devant Dieu, et qu’il n’avait franchement rien à se reprocher, en toute sincérité.
Et donc, malgré les accusations de ses amis, Job continue de placer ses espoirs en Dieu, en se disant que même s’il doit mourir dans l’opprobre, mourir comme ça, dans la honte, en étant condamné, accusé par ses proches, par les hommes autour de lui, et bien même s’il devait mourir comme ça, même si sa vie devait se terminer comme ça, Dieu sûrement lui donnera quand même raison, au moins dans l’au-delà.
Et donc ça, c’est le contexte à la fin du chapitre 17.
Maintenant, un de ses amis, qui s’appelle Bildad, va prendre la parole pour la deuxième fois, et il va commencer par réfuter Job en attaquant sa crédibilité.
C’est ce qu’on va voir dans un instant.
Il va tout simplement le classer froidement dans une catégorie, celle des gens qui souffrent et qui perdent leur lucidité à cause de leur souffrance.
Vous allez voir, c’est curieux, Bildad, au début, va utiliser la deuxième personne du pluriel pour s’adresser à Job.
Il va lui dire « vous », mais c’est pas par politesse.
C’est plutôt comme s’il disait « Ah oui, ok, j’ai déjà vu ça Job ».
« Vous autres, vous autres qui perdez un peu pied à cause de vos malheurs, vous avez tendance à délirer quand même.
Vous rejetez le bon sens des gens qui, contrairement à vous, ont une vie bien ordonnée et stable.
Vous devriez moins parler et plus écouter.
Job, tes souffrances te font perdre les pédales honnêtement.
En fait, t’es en colère.
T’es en colère, Job.
Et t’es dans le déni. »
C’est ça que Bildad va lui dire dans un premier temps.
Prenons le texte au chapitre 18.
On va regarder tout d’abord les versets 1 à 4.
Bildad, de choix, prit la parole et dit « Quand mettrez-vous, vous autres, un terme à ces propos ?
Ayez de l’intelligence, ensuite nous parlerons.
Pourquoi sommes-nous considérés comme des bêtes ?
Pourquoi ne sommes-nous à vos yeux que des brutes ?
Ô toi qui te déchires dans ta colère !
Faut-il à cause de toi que la terre soit abandonnée, que le rocher se déplace ?
Vous voyez la condescendance de Bildad.
Ces quelques versets nous montrent que Job est malheureux et méprisé.
Bildad est presque offensé que Job se soit défendu contre les reproches de ses amis.
« Attends, attends, Job.
Toi dont la vie est un tel désastre, tu oses nous dire que nous on se trompe ?
Vous autres, les malheureux, quand est-ce que vous vous rendrez compte que vous êtes franchement pas très bien placés ?
Pour nous donner des leçons sur la vie ?
Vous êtes peut-être jaloux ?
En tout cas, Job, arrête de te voiler la face.
C’est pas Dieu qui te fait du mal, c’est toi-même qui te fait du mal.
Parce que t’es en colère.
C’est aussi simple que ça.
Et dans ta colère, Job, tu nous sors des énormités.
Bref, ce qui se passe ici, c’est que Job a été relégué à une catégorie de personnes de rang inférieur.
À cause des malheurs qui se sont abattus sur lui.
Il est regardé de haut.
Il est dédaigné à cause de sa souffrance.
Et c’est très important de comprendre ça pour comprendre tout ce que Job est en train de perdre dans cette histoire.
Job, c’était quelqu’un de très respecté autrefois.
On écoutait ce qu’il avait à dire, et beaucoup de gens ont profité de ses enseignements et profité de sa sagesse.
Mais maintenant qu’il souffre, c’est comme si sa parole n’avait plus ou beaucoup moins de crédibilité.
Il a été rétrogradé.
Il est devenu méprisable.
Son malheur est retenu contre lui.
C’est ce qu’il dira d’ailleurs juste après, quand il dira dans sa réponse « Vous me reprochez mon déshonneur ».
Donc la vie de Job est malheureuse, et il est méprisé en conséquence.
Et honnêtement, je pense qu’on a tous naturellement tendance à regarder de haut les gens qui sont plus malheureux que nous.
Ça me fait penser à cette expérience sociale qui a été faite un jour.
Vous l’avez peut-être vu passer sur Internet.
C’est une vidéo où un acteur fait mine de s’évanouir dans une rue où il y a beaucoup de gens qui passent.
Si l’acteur est habillé en costume cravate, les gens s’arrêtent très vite pour voir ce qui ne va pas.
Mais si l’acteur est habillé comme un SDF, avec des vêtements un peu abîmés et sales, ça va prendre beaucoup plus longtemps avant que des gens ne s’approchent de lui pour l’aider, voir ce qui ne va pas.
Parce qu’on a des préjugés contre les gens qui vivent dans le malheur.
C’est triste, mais bien souvent, quand notre prochain souffre, il baisse dans notre estime.
On a moins de respect pour ces gens-là.
On a moins envie de les fréquenter ou de les écouter.
On est même moins enclin à les croire quand ils s’expriment.
Ce gars qui dort sous un pont, il l’a sûrement bien cherché.
Cette personne infirme, à la suite d’un accident, elle doit être imprudente.
Celle-là, qui est toujours malade, je suis sûr qu’elle exagère.
Ce gars déprimé, il devrait arrêter de vivre centré sur lui-même.
Et elle, là, qui est tout le temps en train de se plaindre, elle doit avoir beaucoup d’amertume dans le cœur.
Quand on réfléchit comme ça, on est en train de reléguer les malheureux à une catégorie de personnes de rang inférieur.
On est condescendant, et c’est pas bien.
Et Job, dans le texte, fait l’objet de cette condescendance.
Il n’est pas respecté.
Il a perdu son statut d’homme spirituel et sage.
Il était un exemple avant, et maintenant, il est devenu un contre-exemple.
C’est terrible.
Il est malheureux et méprisé.
Et on peut, nous aussi, faire l’objet de ce mépris quand on souffre.
Ça arrive.
On sent que les gens nous regardent de travers ou qu’ils nous évitent.
Et on peut sentir qu’on a perdu quelque chose, un statut, une image, un rang, une respectabilité, une réputation, quelque chose qui faisait partie de qui on était, et on l’a plus.
Et vous savez quoi ?
Parfois, on s’inflige à soi-même ce mépris.
On est nombreux à savoir comment ça se passe.
On traverse quelque chose de difficile, on perd quelque chose, et on cherche à compenser ce manque par une satisfaction facile, à bon marché, qui devient vite une compulsion.
Souvent, c’est quelque chose de malsain, qui va prendre une place démesurée, qui nous dégoûte à chaque fois, mais auquel on va revenir encore et encore.
C’est un engrenage autodestructeur qui se met en place, une véritable haine de soi.
Et on se sent de plus en plus sale et indigne.
Bref, on ajoute du mépris à notre malheur.
Et on le fait nous-mêmes.
Et on peut devenir notre propre Bildad.
Moi qui suis malheureux.
Ben oui, je vaux moins que les autres, ça doit être ça.
J’ai pas grand-chose à apporter à la société.
Ma parole n’est pas importante.
Sûrement que je vois pas très clair dans ma propre vie.
Je dois vraiment être très bête.
Qui pourrait m’aimer alors que je me dégoûte moi-même ?
Et ainsi de suite.
Mais on va voir tout à l’heure que Job ne réagit pas du tout comme ça.
Avant de voir ça, revenons au texte.
Bildad a donc exprimé un certain dédain pour Job, dans son malheur, dans le malheur de Job.
Et il va poursuivre son discours en lui adressant une admonestation très puissante.
Une admonestation, c’est une réprimande, une correction solennelle.
Il va le faire sous la forme d’un discours très éloquent, où Bildad va décrire le sort du méchant en sous-entendant que c’est le sort de Job, puisqu’il s’entête.
En gros, Bildad va dire à Job, « Tu sais Job, moi je dis ça, je dis rien, mais celui qui se détourne de Dieu va en enfer.
» Et c’est absolument effroyable.
Mais bon, à toi de voir.
Mais lisons la suite.
Verset 5 du chapitre 18, toujours Bildad qui parle.
« Oui, la lumière du méchant s’éteindra, et la flamme qui en jaillit cessera de briller.
La lumière s’obscurcira sous sa tente, et sa lampe au-dessus de lui s’éteindra.
Ses pas, pleins de vigueur, seront à l’étroit.
Son propre conseil le fera tomber, car il a été jeté, les pieds dans un filet, il marche dans l’émail, il est saisi au piège par le talon, et les lacets se resserrent sur lui.
Le corbeau pour le prendre est caché dans la terre, et la trappe est sur le sentier.
Des terreurs l’épouvantent de toutes parts, et le harcèlent par derrière.
Sa vigueur est atteinte par la faim, la misère est toute prête à ses côtés, les parties de sa peau sont dévorées, ses membres sont dévorés par le premier nez de la mort.
Il est arraché de sa tente, dans laquelle il se confiait, il se traîne vers le roi des épouvantements.
Tu peux demeurer dans sa tente, elle n’est plus à lui.
Le souffre est répandu sur sa demeure.
En bas, ses racines se dessèchent, en haut, ses rameaux se fanent, son souvenir disparaît de la terre, il n’a plus de nom au dehors.
Il est poussé de la lumière dans les ténèbres, on l’expulse du monde, il ne laisse ni enfants, ni petits-enfants parmi son peuple, point de survivants dans les lieux qu’il habitait.
Les générations à venir seront étonnées de sa ruine, et la génération présente sera saisie d’effroi.
Telles sont les demeures de l’homme injuste, telle est la place de celui qui n’a pas connu Dieu.
Donc vous voyez, Bildad, il décrit le sort des méchants à Job.
Et c’est un discours solennel et puissant.
C’est une incroyable prédication, en fait.
On pourrait imaginer le titre de cette prédication qui s’afficherait sur l’écran, là, hein.
La destination de l’homme injuste, en cinq parties.
Un lieu de ténèbres, versets 5 et 6.
Deux, un lieu de défaite, versets 7 à 10.
Trois, un lieu d’épouvante, versets 11 à 14.
Quatre, un lieu de dépouillement, versets 15 et 16.
Et cinq, un lieu de réclusion irréversible, versets 17 à 20.
Voilà, Job.
Telle est la place de celui qui n’a pas connu Dieu.
Je tenais à te partager cette excellente prédication d’Alexandre Saran.
J’ai pensé à toi quand je l’ai entendue, Job.
Mais bon, je dis ça, je dis rien.
Tu fais ce que tu veux maintenant, Job.
Vous voyez ce qui se passe dans le texte ?
Job est malheureux et accusé.
Mais l’accusation est indirecte.
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que dans les versets 5 à 21, Bildad ne dit rien de faux en soi.
A aucun moment, Bildad ne dit ouvertement, « Job, je déclare officiellement, publiquement, que tu vas en enfer !
Job, tu es injuste et tu n’as pas connu Dieu ! »
Non, Bildad ne fait jamais ça.
Voici ce qu’il fait plutôt.
Il administre une vérité de manière totalement inadéquate.
Et il en résulte de terribles dégâts.
Bildad écoute la complainte d’un SDF qui mendi sur le bord de la route et lui dit, « Ecoute, l’Éternel ne laisse pas le juste souffrir de la faim, mais il repousse l’avidité des méchants. »
Proverbe 10, verset 3.
Je dis ça, je dis rien.
Bildad rencontre une famille qui a perdu sa maison dans un tremblement de terre et il leur cite Proverbe 16, verset 18.
« Voici ce que dit le Seigneur.
L’orgueil précède le désastre et un esprit arrogant précède la chute. »
Il s’adresse à des parents accablés de tristesse parce que leurs enfants se sont détournés de Dieu et il leur cite Proverbe 22, verset 6.
Il dit dans la Bible, « Oriente le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre. »
Même quand il sera vieux, il ne s’en écartera pas.
Je dis ça, je dis rien.
C’est écrit là.
Et il donne son avis à un chrétien nigérian qui a vu sa femme et ses enfants se faire égorger sous ses yeux par des terroristes islamistes.
Il leur dit, « Il est écrit dans Proverbe 12, verset 21, « Aucune calamité n’arrive au juste, mais les méchants sont comblés de morts. »
Merci Bildad.
Il a cité la Bible.
Donc c’est parfaitement vrai ce qu’il dit.
Mais cette vérité est administrée de manière totalement inadéquate.
C’est comme donner un excellent médicament à quelqu’un, mais pas pour guérir la bonne maladie.
Ça peut faire du mal, en fait.
Et donc Job, en plus d’être méprisé dans son malheur, il est accusé dans son malheur.
Les malheurs de Job, non seulement l’abaissent socialement, mais le condamnent spirituellement.
L’existence de Job est remise en question par Bildad, au niveau le plus fondamental, au niveau qui était sans doute le plus cher à Job, c’est-à-dire au niveau de sa relation avec Dieu.
Et c’est la morale implacable de Bildad qui condamne Job.
C’est sa religion froide, mécanique, appliquée, sans concession, qui envoie Job en enfer, et qui tend à le dépouiller ici-bas de la consolation et de la paix qu’il pourrait pourtant avoir, au moins intérieurement, même dans ses souffrances, par la conscience qu’il est quand même en bon terme avec Dieu, et que Dieu l’aime, et qu’il ne va pas en enfer, mais qu’il va au paradis.
Et à notre tour, aujourd’hui, on doit faire très attention, n’est-ce pas ?
On n’est pas mieux placé que Bildad pour diagnostiquer spirituellement notre prochain qui souffre.
On doit faire très attention à la manière dont on administre la vérité pour ne pas ajouter au malheur le mépris et au mépris l’accusation.
Oui, c’est vrai que Dieu châtie le méchant, mais ce n’est pas là toute la vérité.
Les justes et les innocents peuvent aussi connaître le malheur.
Et donc, on doit faire attention à ne pas non plus s’accabler soi-même quand on souffre, encore une fois, à ne pas être son propre Bildad.
On peut être tenté de faire ça si on a reçu une éducation très moraliste, ou si on fréquente une église très moraliste, où l’accent est surtout mis sur la façon dont on peut vraiment réussir sa vie en mettant en pratique les voies de Dieu.
Mais si ça ne marche pas, si on rencontre le malheur, alors on a l’impression d’avoir échoué et que Dieu est mécontent.
Et on peut vivre avec cette impression perpétuelle de la défaveur de Dieu.
J’ai loupé ma vie, j’ai une foi médiocre, Dieu n’est pas content de moi et j’espère juste qu’il me laissera quand même entrer au paradis après ce long désastre qu’aura été mon cheminement sur la terre.
Mais encore une fois, vous allez voir que Job, en perdant tout, y compris sa dignité de croyant, en les perdant en tout cas aux yeux des humains autour de lui, de ses amis, eh bien il ne réagit quand même pas comme ça.
Revenons encore au texte.
Chapitre 19.
Maintenant, Job va répondre à Bildad et sa réponse va vraiment être bouleversante.
En gros, il va pousser un cri de supplication auprès de ses amis pour leur demander d’arrêter, de l’accabler et de lui montrer de la compassion à la place.
Job va décrire de manière terrible l’extrême isolement qui est le sien dans son malheur.
Il affirme que c’est Dieu qui lui envoie ce malheur dans sa providence, puisque Dieu gouverne toute chose.
Et cette providence de Dieu, elle est parfois douloureuse pour l’homme.
Mais dans ce malheur, Job dit qu’il y a une chose qui lui restait, sur laquelle il espérait au moins pouvoir compter.
C’était la présence et le soutien de ses amis.
Lisons le chapitre 19.
Verset 1 à 22, c’est Job qui parle maintenant.
Job répondit, « Jusqu’à quand affligerez-vous mon âme et m’écraserez-vous de vos propos ?
Voilà dix fois que vous cherchez à me confondre.
N’avez-vous pas honte de me malmener ?
Si j’ai vraiment été dans l’erreur, mon erreur repose sur moi.
Si vraiment vous vous élevez contre moi et me reprochez, mon déshonneur, reconnaissez alors que c’est Dieu qui me fait tort et qui m’enveloppe de son filet.
Si je crie à la violence, nul ne répond.
Si j’appelle au secours, point de jugement.
Il m’a barré la route et je ne puis passer.
Il a mis des ténèbres sur mes sentiers.
Il m’a dépouillé de ma gloire.
Il a ôté la couronne de ma tête.
Il me renverse de toutes parts et je m’en vais.
Il a arraché mon espérance comme un arbre.
Sa colère s’est enflammée contre moi.
Il m’a considéré comme l’un de ses adversaires.
Ses troupes surviennent ensemble.
Elles se sont frayées leur chemin jusqu’à moi.
Elles ont établi leur camp autour de ma tante.
Il a éloigné de moi mes frères.
Et ceux qui me connaissent se sont dispersés loin de moi.
Je suis abandonné de mes proches.
Je suis oublié de mes intimes.
Les hôtes de ma maison et mes servantes me considèrent comme un étranger.
Je ne suis plus à leurs yeux qu’un inconnu.
J’appelle mon serviteur et il ne répond pas.
Je dois le supplier de ma bouche.
Mon haleine est repoussante pour ma femme.
Je suis devenu fétide pour les fils de mes entrailles.
Même les gamins me rejettent.
Si je me lève, ils parlent contre moi.
Ceux que j’avais pour confidents montent en horreur.
Ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.
Mes os sont arrachés à ma peau et à ma chair.
Je n’ai gardé que la peau des dents.
Ayez pitié !
Ayez pitié de moi, vous, mes amis !
Car la main de Dieu m’a frappé.
Pourquoi me poursuivez-vous comme Dieu me poursuit ?
N’êtes-vous pas rassasiés de chair ?
Vous avez remarqué la façon dont Job décrit en détail son isolement.
Job est malheureux et abandonné.
Il n’a plus personne.
Ni ses frères, ni ses proches, ni ses intimes, ni les autres de sa maison, ni ses servantes, ni son serviteur, ni sa femme, ni ses descendants, ni les gamins, ni ceux qui étaient ses confidents, ni les gens pour qui il avait de l’affection.
Il a été complètement dépouillé de son entourage.
Il ne lui reste que la peau sur les dents, dit-il.
C’est une image pour dire qu’il ne lui reste vraiment rien pour l’abriter, rien pour le protéger.
Il est totalement exposé au malheur.
Il est livré tout seul à la souffrance.
Et Job dit clairement que c’est la main de Dieu qui l’a frappé.
Verset 6 et verset 21.
Je ne pense pas que c’est pour faire un reproche à Dieu, mais plutôt pour souligner que Job reconnaît bien la souveraineté de Dieu dans son malheur.
On en a parlé de ça dans la première prédication de cette série.
Il ne sait pas pourquoi Dieu fait tout ça, mais c’est sûr que tout ça se passe sous le contrôle de Dieu.
Ce qui doit retenir notre attention, c’est ce que Job dit juste avant et juste après cette description poignante de son isolement.
Il supplie ses amis pour leur demander de ne pas ajouter leur reproche à sa peine.
Tout ce qu’ils souhaitent, Job, c’est leur compassion.
C’est comme s’il leur disait « écoutez, mes amis, admettons même que Dieu soit en train de me châtier, mais ça reste quand même entre lui et moi.
C’est à moi de rendre compte de mes actes à Dieu.
Admettons que je sois aveugle spirituellement et que Dieu veuille me frapper et me corriger.
Admettons que vous ayez raison.
Pourquoi est-ce que vous en rajoutez ?
Pourquoi vous, vous vous en prenez à moi ?
Vous voyez bien que la souffrance, c’est la part, clairement, qui me revient de Dieu, quelle qu’en soit la raison.
Mais vous, au moins, mes amis, vous pourriez avoir de la pitié pour moi.
Vous pourriez vous tenir là avec moi pour me montrer de la compassion.
Vous êtes tout ce qu’il me reste à part la peau sur mes dents.
Si c’est Dieu qui me frappe, il n’a pas besoin de vous pour le faire.
Mais au moins, vous, vous pourriez vous tenir là à mes côtés et je n’aurai pas à traverser ce malheur tout seul.
C’est très poignant, vous voyez ?
Et je crois que c’est hyper réaliste aussi.
On pourrait tout perdre, mais si au moins on a des amis qui nous entourent, et qui nous écoutent, et qui pleurent avec nous, et qui prient pour nous, et qui nous tiennent la main, alors on pourra peut-être tenir bon, on pourra traverser cette mauvaise passe.
Et même si ce sont des souffrances extrêmes ou irréversibles, qui vont peut-être nous conduire jusqu’à la fin de nos jours, jusqu’à la mort, au moins on ne sera pas tout seul pour affronter cette épreuve.
Ça me fait penser à un guide de haute montagne du nom de Rob Hall, un américain qui, en 1996, conduisait une expédition à l’Everest.
Et il a eu des problèmes pendant l’expédition, et un de ses clients s’est retrouvé très diminué et ne pouvait plus redescendre de la montagne.
A cause de la tempête, il était condamné en fait.
Impossible d’aller le chercher, impossible de l’aider à descendre, il était condamné.
Rob Hall aurait pu l’abandonner et sauver sa propre vie, mais il ne voulait pas laisser son client mourir tout seul.
Il est donc resté auprès de lui.
Mais en faisant ça, il s’est condamné lui-même.
Le client est mort, et à son tour, Rob Hall s’est retrouvé seul, et il allait mourir.
Alors pour ne pas être seul, il a utilisé sa radio pour parler à sa femme.
C’est une histoire à bien des égards tragique, mais c’est aussi une histoire d’héroïsme.
En tout cas, on peut tout perdre.
Mais si au moins on n’est pas tout seul pour affronter l’épreuve, on pourra peut-être encore tenir.
Est-ce qu’on est prêt à être ce genre d’ami pour notre prochain qui souffre ?
Un ami qui ne juge pas, qui n’en rajoute pas, mais qui tient tout simplement la main.
Est-ce qu’on est prêt nous-mêmes à amener nos malheurs à la lumière, à en parler donc avec sincérité, pour recevoir la compassion de nos amis, plutôt que de porter ces choses en nous-mêmes, tout seul ?
En tout cas, Job, lui, il est totalement abandonné dans son malheur.
Les amis sur qui il comptait sont contre lui, comme s’il ne leur suffisait pas que Dieu frappe Job.
Il faut qu’ils en rajoutent et qu’ils frappent à leur tour ce pauvre homme qui est déjà à terre.
Comme je le disais, je suis assez certain que personne ici n’a jamais souffert autant que Job.
Et je ne dis pas ça pour minimiser votre souffrance, qui pour certains d’entre vous est bien supérieure à celle que moi j’ai pu connaître.
Simplement, Job, dans le texte, nous est présenté comme un exemple extrême de souffrance, malheureux et méprisé, malheureux et accusé, malheureux et abandonné.
Mais c’est pour nous montrer à nous qui lisons cette histoire, c’est pour nous montrer qu’on pourrait tout perdre ici-bas, jusqu’à notre dignité aux yeux des hommes.
Eh bien, il y aurait quand même quelque chose qui pourrait faire de notre existence un truc qui vaut la peine d’être vécu.
Et ça, c’est le dernier point.
Et ce dernier point, c’est la fin de la réponse de Job à Bildad.
Dans ces quelques versets qu’il nous reste à lire, versets 23 à 29 du chapitre 19, Job tire des conclusions de cet échange qu’il vient d’avoir avec Bildad.
Et ce qui est incroyable, c’est que Job, en tirant des conclusions de cet échange, il ne va ni se jeter sous un train, ni se retirer tout seul dans une grotte pour se morfondre dans la solitude jusqu’à la fin de ses jours.
Non !
Qu’est-ce qu’il fait Job ?
Il va tourner son attention vers l’éternité.
Et il va se faire un petit déjeuner.
Découvrez le commentaire d’Alexandre Sarran sur le livre de Job
L’auteur nous propose une réflexion existentielle, en compagnie d’un personnage biblique célèbre, à la fois pour les souffrances qu’il a endurées et pour sa persévérance dans la foi : Job.
Au travers d’un exposé suivi, pastoral et hautement pratique du livre de Job, cet ouvrage s’adresse aux malheureux et à ceux qui les entourent. En nous apportant une vision plus claire du monde et de son ambivalence, il nous permettra de mieux comprendre les douleurs qui peuvent habiter notre condition humaine.
Job, le malheur et la foi aux éditions La Rochelle
Alexandre Sarran est le pasteur de l’Église Lyon Gerland, une église réformée évangélique en cours d’implantation, située depuis 2011 dans un quartier de Lyon en plein renouveau. Après des études de musicologie qui l’ont conduit jusqu’à la maîtrise, Alexandre a fait sa formation théologique à distance avec la Faculté Jean Calvin (Aix-en-Provence). Alexandre est le mari (privilégié) de Suzanne, et le père (débordé) de six enfants.