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Comment discerner si un comportement spécifique trouve sa racine dans un péché de l’individu, ou se trouve être la conséquence de vivre dans un monde déchu (c’est-à-dire le résultat de nos corps déchus) ?

J’accorde une attention particulière à la présence de facteurs de causalité physiologiques dans le combat de la personne conseillée, dans les situations suivantes : si ses difficultés s’intensifient ou changent brusquement ; si ses luttes restent sévères malgré son engagement dans le processus de counseling ; si ses luttes perdurent de manière inhabituelle.
Ces facteurs ne pointent pas forcément vers un élément de causalité physiologique important, mais ils me poussent à ralentir le processus, à demander que la personne consulte un médecin de confiance, et à intensifier mes propres recherches.
Bien qu’il faille considérer l’impact des facteurs physiologiques, cela ne signifie pas qu’un comportement empreint de péché doive être excusé ; nous sommes toujours responsables de nos actions devant Dieu en tant qu’êtres créés à son image. Nous devons toutefois tenir compte de la faiblesse du corps dans notre manière d’adresser cette désobéissance.

Bien qu’il faille considérer l’impact des facteurs physiologiques, cela ne signifie pas qu’un comportement empreint de péché doive être excusé.

Imaginons que deux hommes de votre assemblée aient chacun commis un adultère. Le premier a eu une liaison qui a duré plusieurs années et que son épouse a découverte récemment. Il est repentant et souhaite changer. Le deuxième a eu une aventure d’un soir, en plein épisode maniaque. Il est également repentant. Ces deux hommes ont péché devant Dieu et devant les hommes. Tous deux ont dévasté leurs proches. Tous deux ont besoin de counseling afin d’examiner les désirs, les craintes et les motivations de leur cœurs. Toutefois, dans les cas du deuxième homme, les facteurs physiologiques ont un impact bien plus grand. Une prise en charge médicale, un suivi du sommeil et du rythme de vie, une prise de conscience des signes d’alerte d’un accès maniaque, ainsi que la mise en place d’un discipulat proactif en prévision d’un futur épisode maniaque, seront des choses à mettre en priorité dans son cas.

Le passage de 1 Thessaloniciens 5.14 m’est d’une grande aide : “Nous vous en prions aussi, frères, avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus, supportez les faibles, usez de patience envers tous”.

Paul fait la différence entre ceux qui causent intentionnellement du trouble (les rebelles), ceux qui sont principalement craintifs, et ceux qui sont faibles et sans ressources. Il nous appelle à établir des priorités adaptées à chacun dans notre ministère envers eux, nous plaçant toutefois sous le principe général de la patience envers tous.
Au fur et à mesure que vous apprenez à connaître la personne, vous discernerez les aspects les plus importants à traiter.

J’ai conseillé un homme qui vivait difficilement son chômage prolongé. L’ancien de son église avait conclu qu’il était simplement paresseux. En apprenant à le connaître, j’ai pu constater qu’il rencontrait en effet des difficultés avec la paresse et l’égoïsme et qui devaient être abordés. Il avait besoin de voir que Dieu l’appelait à vivre de manière sacrificielle, pour le bien des autres.
J’ai aussi décelé une grande crainte de l’échec ainsi que des craintes reliées à des contextes sociaux. À ce niveau, il avait besoin de goûter à la patience et la proximité d’un Père qui est capable de le fortifier par sa grâce et sa miséricorde, lorsqu’il est confronté à ses craintes.
J’ai aussi compris qu’il avait de grandes difficultés dans son fonctionnement exécutif (comme la capacité à effectuer plusieurs tâches en même temps, ou à les effectuer par ordre de priorité). Il était nécessaire, dans son cas, d’accepter une probable limite cognitive, tout en mettant en place des stratégies d’organisation issues de la grâce commune.
S’est-il parfois montré indiscipliné ? Oui. Craintif ? Oui. Faible ? Oui.

Nous sommes toujours responsables de nos actions devant Dieu en tant qu’êtres créés à son image.

Afin d’exercer un ministère holistique envers lui, il était nécessaire de porter une patiente attention à tous les aspects de son expérience, dont certains découlaient de facteurs physiologiques.
(Pour une étude approfondie sur la manière de faire cette différenciation, voir l’article de David Powlison, “Familial Counseling : The Paradigm for Counselor-Counselee Relationships in 1 Thessalonians 5,” Journal of Biblical Counseling, Volume 25:1, Hiver 2007).

Pour terminer, voici une liste de ressources supplémentaires qui vous aideront à discerner les aspects à la fois spirituels et physiologiques des difficultés rencontrées, et qui vous aideront à adapter votre ministère :

Il est difficile d’adresser une question si complexe dans un si court article mais j’espère avoir donné quelques pistes utiles.

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