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Il y a encore bien des choses que Jésus a dites que je ne comprends pas tout à fait. Ce qu’il dit ci-dessous en fait partie.

« Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. » (Jean 6.53-55)

Jésus s’adresse à un groupe hétéroclite de Juifs. Certains avaient foi en lui, d’autres voulaient vérifier s’il était capable d’accomplir encore quelques miracles comme celui de nourrir 5000 personnes. Dans ce genre de situations, Jésus se montrait parfois plus provocateur et mystérieux. Mais en même temps, son objectif était toujours que ses auditeurs croient en lui, le Fils de l’homme, envoyé par Dieu. Pour ceux qui avaient des oreilles pour entendre, que pouvaient-ils bien penser de lui au moment où il prononçait ces paroles ? Que veut dire manger sa chair ? Boire son sang ?

Il y a encore bien des choses que Jésus a dites que je ne comprends pas tout à fait.

Nous trouvons l’une des expressions de ce concept qui s’en rapproche le plus dans un bel épisode de la vie de David (2 Samuel 23). Alors qu’il fuyait devant ses ennemis, David exprime ouvertement ses pensées au sujet de la citerne de Bethléem. Il décrit le plaisir qu’il y aurait à s’y abreuver, ce qui était impossible étant donné que les Philistins y tenaient garnison. Ce sont les paroles d’un homme qui a été en fuite pendant un certain temps, et ses pensées reviennent à des choses qui lui sont familières. Il ne se doutait pas que trois des « hommes vaillants » de son entourage avaient entendu ces paroles et qu’ils avaient vu là une occasion de bénir celui qu’ils aimaient comme un frère. Au péril de leur vie, ils apportèrent à David de l’eau de la citerne de Bethléem.

Mais il [David] refusa de la boire et il la versa comme une offrande à l’Éternel.  Il dit: « Certainement, Éternel, je ne vais pas faire cela ! Pourrais-je boire le sang de ces hommes qui sont partis au péril de leur vie ? » (2 Samuel 23.16b-17)

David n’est pas ingrat. Il honore ces hommes tout en nous instruisant sur ce que les Juifs pensaient du sang. Dans l’esprit des Hébreux, la vie était dans le sang. En ce sens, « vie » et « sang » ont une signification commune. L’idée de base est que « boire le sang des hommes », c’est bénéficier de leur vie et de leur sacrifice. Ces vaillants hommes ont risqué leur vie pour lui, comme seuls les plus proches parents le feraient pour un autre. David se jugeait indigne du sacrifice consenti par ces hommes. Leur acte était héroïque et saint, digne d’une boisson offerte au Seigneur.

Ainsi, lorsque Jésus nous invite à boire de son sang, il est en train de dire que c’est seulement en sa vie offerte que nous pouvons trouver la vie. Lorsqu’il nous invite à manger de sa chair, il nous dit la même chose. Il n’y a qu’en lui et son sacrifice que nous avons la vie. Jésus est notre vaillant homme. Il nous lie à lui par son amour, il nous garantit la vie, et nous répondons par la foi, qui est une autre manière de dire « oui, j’ai besoin de ta vie ». L’eau des citernes de Bethléem ne suffit pas. Seule sa vie – son sang, son eau qui donne la vie – nous procure la vie éternelle, pleine et satisfaisante. Ne la laissez pas couler au loin parce que vous vous en sentez indigne. Buvez. Mangez. Vous avez besoin de ce qu’il est le seul à pouvoir vous donner, et il se réjouit de vous le donner. Recevez-le avec reconnaissance et habituez-vous à vous sentir indignes et à recevoir ses bénédictions. Acceptez d’être au bénéfice de sa vie et de son sacrifice.

Lorsque vous vous sentez indigne, vous avez tendance à refuser un cadeau généreux jusqu’à ce que vous ayez quelque chose à donner en retour.

Si vous vous sentez indignes (et comment pourrait-il en être autrement ?), vous êtes presque prêts à le recevoir. Vous êtes arrivés au point de départ qui est incontournable. Mais spontanément, lorsque vous vous sentez indigne, vous avez tendance à refuser un cadeau généreux jusqu’à ce que vous ayez quelque chose à donner en retour. Un cadeau extravagant, qui vous est offert alors que vous avez les mains vides, est gênant, voire embarrassant. Nous préférons les échanges égaux. En d’autres termes, votre indignité doit s’accompagner d’une conscience aiguë du fait que vous ne pouvez rien donner en retour. Votre gratitude et le plaisir que vous procure le cadeau suffisent amplement à toucher le cœur de celui qui l’offre.

Ceci m’amène, et vous amène aussi, au repas du Seigneur. Lorsque je prends cette petite coupe de jus de raisin, je me souviens qu’il n’y a rien d’avare dans l’effusion du sang de Christ. Au contraire, ce sang est déversé, ce qui signifie que sa vie est déversée. Une bonne image serait celle d’une immense cruche qui déverse la vie sur nous. Ou encore mieux, comme l’écrit Paul « l’amour de Dieu est déversé dans notre cœur par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » (Romains 5.5) Le pain, lui aussi (même s’il n’est qu’une simple gaufrette dans ma main) est le festin qui pointe vers Jésus lui-même. Sa vie nous est donnée par son Esprit.

Nous pouvons alors parler au Seigneur à propos de boire son sang : « oui je vais boire. J’ai bu, et maintenant j’ai la vie en moi. J’avais le sang d’Adam en moi, et désormais par la foi en toi, j’ai ton sang en moi. Ta destinée est la mienne. Ton sacrifice est pour moi. Ta vie ressuscitée est avec moi. Serait-ce de la cupidité de ma part que de te demander à nouveau, s’il te plaît, aujourd’hui, de déverser ta vie sur moi ? »

De la cupidité ? Non. La cupidité se limite aux désirs terrestres. Pour ce qui est des désirs célestes ? « Ouvre ta bouche, dit le Seigneur, et je la remplirai. » (Psaume 81.11)

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