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Comment la théologie biblique façonne notre pensée dans la relation d’aide ?

Plus par Michael Lawrence

Que nous y réfléchissions ou non, que cela fasse partie de notre titre d’emploi ou non, nous nous engageons tous dans la relation d’aide. Un ami nous fait part d’un problème et nous demande conseil. Un jeune chrétien que nous encadrons nous demande des conseils sur ce qu’il devrait faire de sa vie. Une amie mariée a besoin d’être encouragée en raison de difficultés dans son mariage. Un membre de l’Église confesse qu’il se débat avec un comportement addictif. Votre fille adolescente se préoccupe d’être acceptée à l’école. Que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, exact ou inexact, biblique ou séculier, ce que vous dites ensuite constitue de la « relation d’aide ».

Comment décidez-vous de ce que vous allez dire dans de telles situations et dans d’innombrables autres ? Si vous voulez une réponse plus détaillée, vous pouvez trouver une série de thèmes abordés par la série « L’Éthique en question » aux Éditions Clé ou dans les brochures CCEF. Mais la réponse courte est la suivante : cela dépend essentiellement de ce que vous pensez que sont les êtres humains, de ce qu’est leur problème et de la façon dont la Bible en parle.

Dans beaucoup de ces situations, il est tentant de traiter la personne comme la somme de sa pensée ou de son comportement. Nous diagnostiquons alors son problème comme étant soit une mauvaise façon de penser soit un mauvais comportement. Pour le traitement, nous nous tournons vers la Bible comme un livre de réponses pour lui montrer comment penser ou agir correctement. Il en résulte que l’on utilise le texte comme preuve de ce que l’on avance, tant pour le diagnostic que pour la prescription. Et cela aboutit généralement à une sorte de version christianisée de la thérapie comportementale ou cognitive. Le conseil de base est le suivant : « Vous devez simplement apprendre, par la puissance de l’Esprit, à penser ou à agir différemment. »

Guide pratique de théologie biblique

Guide pratique de théologie biblique

Cruciforme. 276.

De nombreux croyants considèrent la théologie biblique comme une discipline académique qui n’a rien à voir avec l’Église ou leur ministère. D’ailleurs, dans une librairie, les ouvrages portant sur ce sujet se trouvent généralement bien loin de ceux portant sur l’Église. La théologie biblique est toutefois cruciale pour avoir une idée claire de la direction que Dieu veut donner à notre Église et à notre ministère.

Dans ce livre, Michael Lawrence réunit le monde universitaire et celui de l’Église en soulignant la valeur pratique de la théologie biblique pour le ministère de chaque chrétien. Il utilise différents outils tels que l’exégèse, la théologie biblique et la théologie systématique pour synthétiser l’histoire de la Bible sous différents angles, puis il explique de quelle manière il nous est possible de mettre la théologie biblique en pratique dans des domaines comme l’enseignement, la prédication, la relation d’aide et la mission.

Regorgeant d’exemples et de conseils pratiques, cet ouvrage permettra aux responsables d’Église ainsi qu’à tous les croyants de réfléchir, d’enseigner et d’exercer leur ministère en utilisant le cadre de la théologie biblique.

Cruciforme. 276.

Mais est-ce à cela que nous conduit une théologie biblique de l’être humain et du problème humain ? Absolument pas. Une anthropologie biblique commence par les humains créés à l’image de Dieu afin d’adorer Dieu en lui reflétant sa gloire par leur vie (Ge 1.26-28). Par conséquent, nous ne sommes en fin de compte définis ni par notre comportement ni par nos pensées. Nous sommes plutôt définis par qui nous adorons. Nous sommes fondamentalement des adorateurs, et notre identité est définie par ce que nous reflétons ou par qui nous reflétons.

Cette image a été déformée et altérée lors de la chute, de sorte que nous adorons désormais naturellement et habituellement la créature plutôt que le Créateur, et la créature préférée que nous adorons est nous-mêmes (Ro 1). Notre problème n’est donc pas fondamentalement comportemental, même s’il se manifeste dans notre comportement. Notre problème n’est donc pas fondamentalement mental, même s’il se manifeste dans notre pensée. Notre problème est fondamentalement religieux. Notre problème, c’est l’idolâtrie – l’adoration désordonnée.

De plus, la théologie biblique nous aide à voir que si Adam et toute sa progéniture ont été créés imago Dei, à l’image de Dieu, cet acte de création était modelé sur l’image non créée de Dieu, c’est-à-dire Jésus-Christ (Col 1.15s). Luc fait référence à Adam comme étant le fils de Dieu (Lu 3.37), mais Jésus est le véritable Fils de Dieu, la véritable image de Dieu dans sa plénitude. Ainsi, notre but n’est pas un meilleur équilibre dans nos pensées ou nos comportements. Notre but, et en fait le but de toute la création (voir Ro 8.19), est que nous soyons conformes à l’image de Christ, ce qui n’est accompli que par l’Esprit au moyen de la puissance régénératrice de Dieu dans l’Évangile (Ro 8.29 ; 2 Co 3.16-19). Par l’Évangile, l’Esprit nous unit à Christ, de sorte que la vie que nous vivons est sa vie (Ro 8.9-11 ; Ga 2.20 ; Ph 1.21). Un jour, l’œuvre de notre sanctification par l’Esprit sera complète. Ce jour-là, lorsque Christ reviendra et que nous serons avec lui, nous serons glorifiés. Nous le verrons tel qu’il est, car nous serons enfin comme lui (1 Jn 3.2) ! Voilà, du moins dans les grandes lignes, une théologie biblique de l’image de Dieu dans l’homme. Cela ne dit pas tout ce qu’un théologien systématique dirait de l’anthropologie théologique, comme le problème de la culpabilité d’Adam. Mais cela donne la trajectoire de l’histoire à la lumière du problème de la corruption d’Adam. Cela nous dit d’où nous venons, où nous sommes et où nous allons, si nous sommes en Christ. Et cela définit les premiers paramètres de ce que signifie être un humain.

La relation d’aide éclairée par la théologie biblique ne se contente pas de réparer un comportement ou des idées.

Qu’est-ce que cela implique pour la relation d’aide ? Tout d’abord, la relation d’aide éclairée par la théologie biblique ne se contente pas de réparer un comportement ou des idées. Elle ne s’en contente pas, car elle sait que ce n’est pas la racine du problème et que cela ne fonctionnera pas en fin de compte. C’est pourquoi le counseling biblique vise plutôt le cœur, le siège de l’adoration. Il sait que la bouche parle de l’abondance du cœur (Mt 12.34). Ce type de relation d’aide ne se contente pas d’un changement de comportement qui n’est qu’un replâtrage du vrai problème d’un cœur qui adore des idoles. Elle comprend également qu’un changement durable de comportement et de pensée ne sera possible que si nous changeons l’objet de notre adoration.

Comment produire un changement d’adoration, qui entraînera ensuite un changement de pensée, de parole et de comportement ? Cela ne vient pas d’une thérapie. Cela ne vient pas d’une analyse. Cela ne vient que d’en haut, lorsque l’Esprit régénère et renouvelle le cœur (Jn 3). Et le moyen que l’Esprit utilise est l’Évangile, reçu par la repentance et la foi. Paul décrit ce changement dans la vie des Thessaloniciens comme le fait de se détourner des idoles et de se tourner vers Dieu, pour le servir et attendre le retour de Jésus (1 Th 1.9,10).

  • Leur changement impliquait un changement de direction ou la repentance.
  • Il impliquait la foi, car ils avaient reçu le message et y avaient cru.
  • Il en a résulté un changement d’amour, puisqu’ils servaient désormais Dieu.
  • Et cela a entraîné une réorientation de leur espérance, car ils attendaient le retour de Christ pour les sauver du jugement de Dieu à venir.

Le vrai changement se produit par l’Évangile, quand on reçoit ce que Christ a accompli sur la croix, qu’on s’y repose et qu’on vit ensuite à la lumière de cette réalité.

Selon Paul, et en accord avec notre compréhension de la nature humaine, le vrai changement se produit par l’Évangile, quand on reçoit ce que Christ a accompli sur la croix, qu’on s’y repose et qu’on vit ensuite à la lumière de cette réalité. Le véritable changement implique de passer de l’idolâtrie à l’adoration du vrai Dieu. Le véritable changement signifie se repentir du péché et mettre sa foi dans la grâce de Dieu offerte en Jésus-Christ. Et cela s’applique autant au chrétien qu’au non-chrétien. Le chrétien pris dans des actions pécheresses, des croyances destructrices ou un comportement addictif est quelqu’un qui adore des idoles. Du début de la vie chrétienne, au milieu et jusqu’à la fin de cette vie, l’Évangile nous appelle à nous détourner de notre idolâtrie, tout en nous donnant l’espoir que nous deviendrons comme Christ à son retour.

Malheureusement, la relation d’aide chrétienne est grandement influencée par une culture de thérapie et elle traite le besoin humain fondamental comme étant la complétude ou le bonheur. En conséquence, l’Évangile est modifié afin de répondre à ces besoins nouvellement définis. B. B. Warfield, le théologien de Princeton du xixe siècle, a bien résumé ce lien lorsqu’il a dit :

Le fait est que la vision qu’ont les hommes de l’expiation est largement déterminée par leurs sentiments fondamentaux de besoin – par ce dont les hommes aspirent le plus à être sauvés. Et dès le début, on a pu retracer trois types de pensées bien marquées sur ce sujet, correspondant à trois besoins fondamentaux de la nature humaine telle qu’elle se déploie dans ce monde de limitation. Les hommes sont opprimés par l’ignorance, ou par la misère, ou par le péché dans lequel ils se sentent plongés ; et, attendant de Christ qu’il les délivre du mal sous lequel ils peinent particulièrement, ils sont susceptibles de concevoir son œuvre comme consistant principalement en la révélation de la connaissance divine, ou en l’inauguration d’un règne de bonheur, ou en la délivrance de la malédiction du péché3.

Le counseling biblique refuse de proposer des objectifs faux et temporaires, comme une vie plus facile ou plus agréable au moment présent, ou des trucs et astuces pour adopter un meilleur comportement. Il vise plutôt la sanctification et la glorification, notre transformation à l’image même de Christ. Sa méthode est donc l’Évangile, car Christ est le but.

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