Cela fait quelques mois depuis que j’ai eu le privilège de prêcher, et j’ai hâte de remonter en chaire dans quelques semaines. C’est toujours une joie et une lourde responsabilité. En lisant le commentaire de Kent Hughes sur le livre d’Ésaïe, j’ai été interpellé par son « Mot à ceux qui prêchent la Parole » – sa préface à la série de commentaires Preach the Word pour laquelle il est éditeur en chef. C’est une méditation puissante sur le plaisir de Dieu dans la prédication.
Il y a des moments, alors que je prêche, où j’ai particulièrement ressenti le plaisir de Dieu. J’en prends généralement conscience à travers le silence inhabituel . La toux omniprésente cesse et les bancs arrêtent de grincer, apportant un calme presque physique au lieu de culte – à travers lequel mes mots naviguent comme des flèches. Je fais l’expérience d’une éloquence accrue, de sorte que le rythme et le volume de ma voix intensifient la vérité que je prêche.
Il n’y a rien de tel : le Saint-Esprit remplissant nos voiles, le sentiment de son plaisir et la conscience qu’il se passe quelque chose parmi nos auditeurs. Cette expérience n’est, bien sûr, pas unique, car des milliers de prédicateurs vivent des expériences similaires, voire plus grandes.
Que se passe-t-il lorsque cela se produit ? Comment expliquer cette impression qu’il nous sourit ? Pour moi, la réponse est venue des anciennes catégories rhétoriques du logos, de l’ethos et du pathos.
Nous ne prêchons pas nos propres pensées sur la Parole de Dieu, mais la Parole réelle de Dieu, son logos
La première raison de son sourire, est le logos – en termes de prédication, la Parole de Dieu. Cela signifie qu’en nous tenant devant le peuple de Dieu pour proclamer sa Parole, nous avons fait nos devoirs. Nous avons effectué l’exégèse du passage, exploité la signification de ses mots dans leur contexte et appliqué des principes herméneutiques solides dans l’interprétation du texte afin de comprendre ce que ses mots signifiaient pour ses auditeurs. Et cela signifie que nous avons travaillé longtemps jusqu’à ce que nous puissions exprimer en une phrase quel est le thème du texte – de sorte que notre plan en jaillisse. Alors, notre préparation sera telle que, lorsque nous prêchons, nous ne prêchons pas nos propres pensées sur la Parole de Dieu, mais la Parole réelle de Dieu, son logos. C’est fondamental pour lui plaire dans la prédication.
Le deuxième élément pour reconnaître le sourire de Dieu dans la prédication est l’ethos – ce que vous êtes en tant que personne. Il y a un danger inhérent à la prédication, qui est d’avoir les mains et le cœur cautérisés par les choses saintes. Phillips Brooks l’a illustré par l’analogie d’un conducteur de train qui en vient à croire qu’il s’est rendu dans les lieux qu’il annonce parce qu’il les a longuement et bruyamment proclamés . Et c’est pourquoi Brooks a insisté sur le fait que la prédication doit être « la présentation de la vérité à travers la personnalité ». Bien que nous ne puissions jamais incarner parfaitement la vérité que nous prêchons, nous devons y être soumis, la désirer et faire en sorte qu’elle soit aussi intégrée à notre éthos que possible. Comme l’a dit le puritain William Ames : « À côté des Écritures, rien ne rend un sermon plus percutant que lorsqu’il sort de l’affection intérieure du cœur sans aucune affectation [faux-semblant]. » Quand l’ethos du prédicateur soutient son logos, il y aura le plaisir de Dieu.
Quand un prédicateur croit en ce qu’il prêche, il y aura de la passion. Et cette croyance et cette passion requise connaîtront le sourire de Dieu.
Enfin, il y a le pathos, c’est-à-dire la passion et la conviction personnelles. David Hume, le philosophe et sceptique écossais, a un jour été interpellé alors qu’il allait écouter George Whitefield prêcher : « Je pensais que vous ne croyiez pas en l’Évangile. » Hume a répondu : « Je ne crois pas, mais lui, oui.» Tout à fait ! Quand un prédicateur croit en ce qu’il prêche, il y aura de la passion. Et cette croyance et cette passion requise connaîtront le sourire de Dieu.
Le plaisir de Dieu dépend du logos (la Parole), de l’ethos (ce que vous êtes) et du pathos (votre passion). Alors que vous prêchez la Parole, puissiez-vous faire l’expérience de son sourire – le Saint-Esprit dans vos voiles !