Comment prions-nous ? Qu’est-ce que notre vie de prière révèle de notre relation avec Dieu ? Dans l’évangile de Luc nous voyons régulièrement le Seigneur Jésus prier. J’imagine l’émerveillement que devaient avoir les disciples lorsqu’ils entendaient Jésus prier et saisissaient ainsi un peu de son intimité avec Dieu le Père. Un jour qu’ils l’aperçoivent une fois de plus en prière, ils l’interpellent : « Seigneur, enseigne-nous à prier, tout comme Jean l’a enseigné à ses disciples. »
J’imagine l’émerveillement que devaient avoir les disciples lorsqu’ils entendaient Jésus prier et qu’ils apercevaient un peu de son intimité avec Dieu le Père
Prions la Bible sans la répéter
Dans Luc 11.1-4, le Seigneur Jésus propose des requêtes qui sont directement inspirées de la Parole de Dieu. L’Ancien Testament présente Dieu comme un père pour son peuple. Jésus les encourage à prier pour que la sainteté de Dieu soit respectée parce que tout l’Ancien Testament nous montre qu’il n’y a rien que Dieu protège plus que sa sainteté et sa gloire. « Que ton royaume vienne » évoque les prophètes post-exil qui aspirent au règne de Dieu sur terre. « Donne-nous notre pain quotidien » nous rappelle le désert et la manne où Dieu a quotidiennement pourvu aux besoins de son peuple. « Pardonne-nous nos péchés » … le pardon des péchés est régulièrement évoqué comme étant une part des bénédictions de l’alliance que Dieu a faite avec Abraham.
De manière étonnante il est en train de leur dire « priez la Bible sans la répéter ».
Cette prière qui est quelques fois devenue une prière que l’on répète peut-être un peu comme quelque chose de magique est tout le contraire ! Elle est une invitation à nous saisir de l’entièreté de la Parole de Dieu, de la comprendre, de la digérer pour qu’à travers nos prières, son intention sorte de nos bouches…
Faire cela a des conséquences pratiques…. Cela tourne nos regards vers Dieu. Une tentation qui nous guette dans la prière est de nous pousser à rester centrés sur nous-mêmes. Souvent parce que la prière est limitée à ce que nous vivons. Je suis malade ou un ami, une connaissance est malade… Je prie… Mais imaginez-vous cela… la prière commence avec « Notre Père qui est aux cieux » ! Vous avez des enfants ? Imaginez-vous qu’ils ne vous parlent que lorsqu’ils ont besoin de quelque chose ! Le reste du temps ? Pas un mot, pas un seul échange. Juste « j’ai besoin de ». J’ai besoin que cela se passe mieux au travail, j’ai besoin d’une place de parking, j’ai besoin d’être rassuré dans cette situation, j’ai besoin que tu m’aides à être patient, j’ai besoin que mes enfants soient sauvés, j’ai besoin que cela se passe mieux à l’Église, j’ai besoin de pouvoir m’investir dans quelque chose qui me fasse grandir, etc…
Si nos enfants réagissaient comme cela, est-ce qu’à l’inverse de Dark Vador nous n’aurions pas envie de leur dire « Je ne suis pas ton père » ? Non parce que je ne veux pas l’être mais parce que tu ne veux pas d’un père…
Tu ne veux pas de l’amour d’un père, de sa sagesse, de ses conseils, de ses directives… Tu veux un avocat, un banquier, un médecin, un pasteur, un mécanicien, un policier…
Prions notre Père 3 fois saint
Le père peut être tout cela… mais il veut avant tout être un père. Hélas, tout comme le fils prodigue, souvent nous préférons les biens du Père plutôt que le Père lui-même. Nous préférons nous intéresser à CE qu’il peut donner plutôt qu’à CELUI qui donne …
Regardez la direction que nous montre le Seigneur Jésus : « Que la sainteté de ton nom soit respectée ». La prière commence par Dieu et par un aspect très particulier de Dieu : sa sainteté.
Dieu est un Dieu Saint, ce qui veut dire qu’il est distinct de sa création. Dieu est autre, il n’a rien de commun avec l’homme.
Dieu est un Dieu Saint, ce qui veut dire qu’il est distinct de sa création. Dieu est autre, il n’a rien de commun avec l’homme.
« Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant ! » C’est une expression que nous retrouvons en Esaïe 6. Dieu est trois fois autre. Une des erreurs que nous avons tendance à commettre dans notre conception de Dieu, c’est de penser qu’il nous ressemble, en mieux, en plus parfait. Mais, pour finir, nous faisons Dieu à notre image parce que nous sommes incapables d’envisager un Dieu saint, un Dieu qui ne partage aucune de nos limites… un Dieu qui est infini non seulement dans sa pureté mais encore dans chacun de ses attributs.
La sainteté et l’altérité de Dieu nous font nous imaginer un Dieu éloigné, distant. Mais Jésus dit : « Priez en disant : Notre Père qui est dans les cieux que la sainteté de ton nom soit respectée… »
Qu’est-ce que cela change pour nous de prier en étant conscients que nous nous adressons à un père aimant ? Un père qui sacrifiera son propre fils pour faire de nous ses enfants adoptifs ET un Dieu aux perfections infinies que nous désirons voir respectées ?
En réalité, il serait même totalement impossible de nous adresser à ce Dieu si lui-même n’était pas à l’origine de la conversation… Si lui-même ne devenait pas homme pour nous rejoindre dans notre condition et offrir sa perfection pour nous sauver de notre péché…
Qu’est-ce que cela change pour moi ? Quand je me souviens de qui est Dieu et de ce que Jésus me dit… « D’abord veille à ce que son nom soit respecté ». Cela change fondamentalement la façon dont je prie. Parce que cela me dit : « Attention ! Tu ne veux pas d’abord que Dieu résolve tes problèmes, ceux de ton frère, de ton voisin ou de l’Église… tu veux d’abord que Dieu soit honoré et reconnu comme Saint. »
Comment ce sujet que tu veux porter devant Dieu peut-il contribuer à ce que Dieu soit honoré ?
Nous honorons la sainteté de Dieu quand nous reconnaissons dans nos prières que nous ne savons pas grand-chose de la situation, mais que lui connait toutes choses et que ses intentions et ses actions sont bonnes et parfaites.
Et d’ailleurs Jésus continue ainsi…. « Que ton règne vienne, [que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.] »
Prions que Sa volonté s’accomplisse dans nos vies
Alors que vous parcourez ces lignes, en ce moment-même, un sujet de prière particulier vous vient à l’esprit ? N’aimeriez-vous pas dire à Dieu : « Mon Père, je reconnais que tu es Saint… que tu ne me ressembles en aucune manière… que tes plans sont parfaits et s’accomplissent en ce moment- même à propos de ce sujet que je voudrais t’exposer… Seigneur, Roi de la terre et des cieux, dispose toute choses afin que dans cette situation ta gloire soit reconnue.
Seigneur, ma volonté est que ton règne vienne…. Dans ma vie, dans celle de mon frère, de ma sœur, de ce collègue de travail… Que ton règne vienne sur toute la terre… Ma prière n’est pas que tu sois un petit dieu à mon service mais que ce que je vis me serve et serve ceux qui m’entourent à reconnaitre quel grand Dieu tu es dans les cieux.
Loin de nous centrer sur nous-mêmes, la prière est en tout premier lieu une occasion de reconnaitre la gloire et le règne de Dieu et d’affirmer notre soumission à sa volonté.
Je renonce à être au centre de mon monde pour que tu prennes toute la place… montre-moi comment, dans cette situation, tu peux davantage te révéler à moi, à toutes ces personnes qui sont témoins et que nous puissions nous approcher de toi. »
Je veux me souvenir que parce que dans le jardin de Gethsémané Jésus a prié « Que ta volonté soit faite », et que, parce qu’il a prié ainsi, il est mort, il a subi la colère de Dieu pour que je vive.
Ainsi Jésus nous enseigne que, loin de nous centrer sur nous-mêmes, la prière est en tout premier lieu une occasion de reconnaitre la gloire et le règne de Dieu et d’affirmer notre soumission à sa volonté.
Prions pour nos besoins matériels et spirituels
Alors vous allez me dire : « Mais entends-tu par-là que nous ne devons pas exposer nos besoins à Dieu ? » Non, bien sûr que non… La Parole, notamment au travers des psaumes ou de l’épitre de Paul aux Philippiens, nous exhorte à présenter nos besoins à Dieu :
« Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. »
Jésus continue sa prière et dit : « Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ; pardonne-nous nos péchés, car nous aussi nous pardonnons à toute personne qui nous offense, et ne nous expose pas à la tentation, [mais délivre-nous du mal.] »
Jésus parle de nos besoins et nous enseigne que nous devons prier pour cela…. Il nous dit de prier pour nos besoins matériels et spirituels en évoquant le pain et le pardon.
Prier c’est reconnaitre que ce que Dieu donne n’est pas basé sur notre mérite mais sur le sien !
Et en lisant cela… je me suis posé la question : quelle est la dernière fois que tu as prié pour du pain ? Je ne parle pas de pain de manière littérale… mais de dire… quelle est la dernière fois où tu as reconnu que tout ce que tu as pour vivre, maison, travail, argent, soins médicaux, etc. vient de Dieu et de Dieu seul ? Que tu as besoin de lui pour vivre chaque jour de ta vie… Que, pas un CDI, pas un seul contrat de propriété, un ami, ou quoi que ce soit d’autre ne peut te garantir une quelconque sécurité.
La prière reconnait que ce que Dieu donne n’est pas basé sur notre mérite mais sur le sien, sur l’œuvre de Jésus qui a fait de Dieu notre Père.
Un autre constat que j’ai pu faire à la relecture du « Notre Père » est le suivant : Dieu ne recherche pas l’efficacité dans notre vie de prière. Parce que, soyons clairs, on pourrait prier tout de suite, là : « Seigneur comble tous mes besoins pour moi, ma famille et tous ceux que j’aime jusqu’à la fin de nos jours ». Et Dieu peut le faire ! Mais si nous, humains, nous avons tendance à rechercher l’efficacité dans nos prières, Dieu, Autre, cherche plutôt à nous faire grandir dans la relation que nous avons avec lui, il désire que nous conversions avec lui, que nous apprenions à le connaitre.
D’ailleurs Jésus continue… manger, dormir, être en bonne santé ce n’est pas toute la vie. Il y a un plus grand besoin fondamental : c’est celui d’être en relation avec Dieu.…
Pour vivre nous avons besoin d’être pardonnés autant que de manger ! Sans pardon nous mourrons de la même façon que si nous ne mangeons pas.
Pour vivre, nous avons besoin d’être pardonné autant que de manger ! Sans pardon, nous mourrons de la même façon que si nous ne mangeons pas.
Mais il va plus loin, il dit que les personnes qui sont pardonnées pardonnent…
Et en lisant cela je me suis dit… nous disons assez facilement que nous devons demander pardon lorsque nous offensons mais nous disons rarement que nous devons exprimer notre pardon lorsque nous sommes l’offensé.
Jésus nous montre que les deux sont indissociables ! Il nous dit que notre capacité à pardonner est directement liée à notre capacité à reconnaitre nos propres fautes et à demander pardon pour elles. La formulation de Jésus est extrêmement forte car elle stipule que si vous ne pardonnez pas, vous n’êtes pas pardonné. Ne pas pardonner c’est ne pas avoir réalisé l’horreur de notre proche péché ! Que Dieu puisse nous aider à toujours être plus attristés par notre propre péché que par celui des autres. Que le rappel du prix payé par Jésus pour notre propre pardon puisse nous encourager à payer à notre tour le prix du pardon, à savoir : renoncer à notre propre justice, au remboursement des torts, mais aussi à l’amertume, à la rancœur ou à la médisance. Jésus nous amène à considérer notre propre faiblesse dans notre prière en demandant à être gardés de la tentation et délivrés du mal.
Prions avec audace !
Jésus parle d’abord de quelqu’un qui a un ami qui vient frapper à sa porte pour lui réclamer du pain en plein milieu de la nuit.
Vous vous imaginez la scène ? 3h du matin… vous êtes bien dans votre lit au chaud…. Et là, des coups à la porte… peut-être une urgence ! Mais non c’est juste un ami qui vous dit qu’il manque de pain … parce qu’un de ses amis est arrivé de voyage et il n’a rien à lui offrir….
Et là vous vous dites : « Mais ça ne va pas ? Ça ne peut pas attendre le matin ? Ce n’est pas possible de réveiller tout le monde pour un peu de pain ! »
Mais il continue de tambouriner… impossible de se rendormir… mettre la tête sous l’oreiller ne sert à rien et puis maintenant, c’est toute la maison qui va être réveillée ! Vous descendez, de mauvaise humeur, mais vous descendez quand même. Et vous lui donnez son pain…
Regardez maintenant l’angle que prend Jésus avec cette histoire. Il dit : « Est ce qu’il n’a pas bien fait de tambouriner ? Il a eu ce qu’il voulait ! » Pour cet homme c’était vraiment important de bien recevoir son ami. Et parce que c’était vraiment important, il a persévéré dans sa demande, malgré le fait que lui aussi devait bien se dire : « Il va me trouver pénible, est-ce qu’il ne va pas me jeter à la rue comme un malpropre ? »
« Osez demander », nous dit Jésus ! Et nous pouvons d’autant plus le faire qu’il est plus qu’un ami. Souvenez-vous en, il est notre Père ! Il m’arrive sans doute de dire « non » à mes enfants, bien trop souvent à leur goût, mais je ne leur ai jamais reproché de demander ! L’inverse, oui : « J’aurais aimé que tu me le demandes ! »
Nous n’avons pas besoin de nous excuser, nous n’avons pas à avoir peur de déranger notre Père céleste, nous n’avons pas de besoins trop petits ou trop grands pour lui…. Osez donc prier avec audace !
Prions en attendant le meilleur !
Jésus nous donne également une deuxième image. Il s’agit maintenant de l’image d’un fils qui demande quelque chose de bon… et de celle d’un père qui répondrait à sa requête en lui demandant quelque chose de mauvais : une pierre pour du pain, un serpent plutôt qu’un poisson ou encore un scorpion à la place d’un œuf….
Et Jésus conclut :« Si donc, mauvais comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, le Père céleste donnera d’autant plus volontiers le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. »
Lorsque nous prions nous devons nous attendre à recevoir le meilleur. Non parce que nos demandes sont bonnes mais parce que notre Père est un bon père.
Dieu est non seulement notre Père, mais en plus, il est un bon père. Bien sûr que je ne donnerai jamais une pierre, un scorpion ou un serpent à mes enfants pour leur repas ! Et j’imagine aisément qu’aucun de nous ne ferait cela…. Mais écoutez la réponse de Jésus à notre réaction offusquée : Je sais que vous ne feriez pas cela ! Et pourtant vous êtes mauvais ! Alors pourquoi vous imaginez-vous un instant que votre Père puisse le faire ? Pourquoi croyez-vous qu’il puisse donner de mauvaises choses à ses enfants qui le prient ?… Lorsque j’avais 17-18 ans, j’aimais beaucoup les voitures… et de temps à autre j’achetais une revue et je regardais tous les détails de ces voitures qui me fascinaient. Je devais partir faire mes études à Grenoble alors que j’habitais en Ardèche. Pas de train, pas de car. Mes parents ont assez facilement convenu que j’avais besoin d’une voiture… On trouvait des 205 GTi pas si chères que cela, il y a de bonnes occasions, c’est une voiture robuste, qui tient bien la route, freine bien… On peut trouver toutes sortes de bonnes raisons pour acheter ce type de voiture.
Mais un soir, je suis rentré et il y avait devant la porte de chez mes parents une Citröen Visa ! Ce n’est pas vraiment la voiture que j’aurais voulu acquérir, mais c’est celle que, dans sa sagesse de père, mon père avait choisie parce ce que c’est celle qui était bonne pour moi. Mon père terrestre sait donner de bonnes choses à ses enfants.
Lorsque nous prions nous devons nous attendre à recevoir le meilleur. Non parce que nos demandes sont bonnes, mais parce que notre père est un bon père.
Seigneur apprends-nous à prier !
Nous avons besoin d’apprendre à prier parce que la prière est au cœur de notre communion, de notre intimité avec Dieu. Basée sur la Parole, cette conversation que nous entretenons avec Dieu va radicalement changer notre vie entière.
Nous apprenons à prier, non pour répéter des mots vides de sens mais pour que notre prière soit incluse dans le grand plan de Dieu pour nos vies, pour la vie de ceux pour qui nous prions. Un plan que Dieu a initié avant même la création du monde.
Nous apprenons à prier une prière qui reconnaisse humblement que Dieu est Autre et que nous ne pouvons en aucun cas comprendre et encore moins juger ses voies… mais au contraire lui faire confiance parce qu’il a prouvé son amour envers nous en mettant son plan à exécution, en offrant son fils sur cette croix où il est mort pour nous.
Nous apprenons à prier pour que son royaume se révèle dans ce que nous vivons.
Alors, Seigneur, oui… Apprends-nous à prier ! En n’ayant jamais peur de venir à toi pour te présenter nos besoins, en attendant le meilleur de toi parce que tu es le meilleur des pères que nous puissions avoir.
Et qu’en toutes choses, ta volonté soit faite sur la terre comme aux cieux.
Article publié pour la première fois le 26 décembre 2020 sur evangile21.org