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Cela vous est sûrement déjà arrivé. Au cours d’une conversation, quelqu’un vous dit quelque chose d’inexact. Suivant l’importance du sujet, vous pouvez vous sentir tenu de corriger votre interlocuteur. Vous commencez sereinement, en relevant l’erreur en question, en rétablissant les faits.

Seulement, ce serait trop simple…

Votre réflexion tombe à plat. Chacun y va de son argument. Au fur et à mesure, le ton monte. Vous vous sentez frustré, parce que votre présentation objective des faits ne convainc pas votre interlocuteur.

Et qu’arrive-t-il ensuite ? En un rien de temps, c’est vous qui êtes mis en cause. On vous reproche d’avoir haussé le ton, ou dit des choses blessantes.

Ce genre de scènes compliquées et décourageantes se reproduit quotidiennement dans nos relations les plus intimes (notamment le mariage) ou les plus informelles (sur les réseaux sociaux par exemple).

Pourquoi cela arrive-t-il ?

Au risque de paraître simpliste, la réponse est néanmoins aisée: nous sommes des pécheurs vivant dans un monde déchu. Le péché n’affecte pas seulement notre capacité à connaître Dieu, mais aussi notre capacité à nous connaître nous-mêmes, et à nous connaître les uns les autres. En langage théologique, les effets du péché sur notre intellect sont appelés « les effets noétiques du péché ». Tout est déformé et orienté vers notre propre gloire (Romains 1: 20-22). La conversion ne met pas fin à cette lutte intérieure, dans la vie de chaque croyant. Le visage hideux du péché qui habite en nous apparaît dans chacune de nos relations interpersonnelles. Nous nous disputons à cause de désirs non satisfaits (Jacques 4:1 et ss). Et, là où ces désirs égoïstes font rage, « il y a du désordre et toutes sortes de pratiques infâmes » Jacques 3:16).

Ces disputes âpres et frustrantes révèlent des failles dans nos relations avec les autres. Et se prolongent par des failles dans notre relation avec Dieu. Tant que le péché subsistera, nos relations avec autrui seront empreintes de luttes.

Comment cela arrive-t-il ?

Il est intéressant de noter la dynamique à l’œuvre ici. En tant qu’observateur impartial, vous réalisez que vous pourriez donner raison à l’un comme à l’autre, ou à aucun des deux. D’un côté, la personne A a raison sur le plan factuel, tandis que la personne B a tort. Mais, d’un autre côté, B est en droit de se sentir blessé par A. Difficile de trancher.

Dans ce genre de dispute, il est possible que les deux protagonistes soient également convaincus d’avoir raison. Et, d’une certaine manière, ils ont raison. A peut prouver son bon droit en s’appuyant sur les faits. Et B se justifier en invoquant les paroles prononcées par A.

Mais, d’un autre côté, ils ont tort tous les deux. L’un a tort sur le plan factuel, l’autre sur le plan moral.

Ce qui rend cette situation si délicate, c’est que, quand on est convaincu d’avoir raison, on a tendance à surenchérir, à refuser d’écouter l’autre, à chercher à prendre le dessus. Imbus de la certitude que les faits sont en notre faveur, nous cherchons à passer en force. Certains d’être dans le vrai, nous ne pouvons tolérer une erreur manifeste. L’autre, qui se sent offensé, n’est plus capable de raisonner logiquement. Par conséquent, aucun des protagonistes ne parvient plus à écouter l’autre. Retranchés dans la forteresse de notre bon droit, nous devenons sourds à toute objection.

Comment éviter cela ?

Si l’orgueil est la source du problème (et c’est bien le cas – cf Jacques 3 & 4 ci-dessus), alors le remède est l’humilité. Les disputes sont presque inévitables, mais nous pouvons nous extraire de ces bourbiers.

« On éviterait bien des disputes, en ne perdant pas de vue cette simple vérité : on peut avoir tort et raison à la fois. »

L’humilité nous permet de voir le monde (et nous-mêmes) à la lumière de la parole de Dieu. Nous savons que nous sommes toujours en lutte avec le péché (Romains 8: 13⁣ ; Colossiens 3: 5). Et, nous savons que le péché est trompeur, qu’il fausse la façon dont nous comprenons et percevons la réalité (Jérémie 17: 9⁣ ; Romains 1: 20ss). Nous avons tous des angles morts – qui, comme leur nom l’indique, échappent à notre vision. C’est pourquoi, quand on se trouve pris dans une dispute, il faut se taire et écouter – surtout quand on est sûr d’avoir raison. Chercher à comprendre ce que dit l’autre. Accepter même de dire : « Tu as peut-être raison. » Écouter. Réfléchir. Prier.

Cette volonté de s’humilier reflète un désir de comprendre le point de vue de l’autre. La personne A peut bien être sûre de la justesse de sa position, cela ne l’autorise pas à être désagréable. Son ton et son comportement peuvent même empêcher B de considérer objectivement la véracité de ce qui lui est dit. Si quelqu’un a tort, on a tort aussi de le lui faire sentir trop abruptement. L’humilité nous rappelle de ne pas chercher à avoir raison à tout prix.

C’est là que l’Évangile nous offre une parole de réprimande , mais aussi de réconfort. Jésus était dans le vrai, mais il a accepté d’être accusé à tort, en notre faveur. Il était sans péché, mais, par amour, il s’est abaissé pour porter nos péchés. Inspirés par son humilité, nous suivrons son exemple en considérant les autres comme supérieurs à nous-mêmes (Philippiens 2: 3-11).

A mon sens, dans une dispute, l’orgueil agit comme l’huile sur le feu, alors que l’humilité est comme un seau d’eau. L’orgueil est un accélérateur, l’humilité, un extincteur. Poursuivons donc l’humilité en pratiquant l’écoute, la compréhension, la maîtrise de soi et la recherche de la paix. Parce qu’en fin de compte, il ne sert à rien d’avoir raison, si l’on agit mal.

Bien des disputes pourraient être évitées, ou écourtées, si nous nous souvenions de cette simple vérité : on peut avoir tort et raison à la fois.

 

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