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J’ai l’impression que peu de chrétiens peuvent donner une définition claire du «déisme». Peut-être est-ce votre cas? Pourtant, consciemment ou non, je vous propose que son influence ambiante ait peut-être impacté votre manière de voir le monde et de vivre certains aspects de la vie chrétienne. Vous avez certainement déjà entendu l’expression suivante: «ce qu’on ne sait pas ne fait pas mal». Pourtant, spirituellement parlant, c’est justement dans nos angles morts que se cachent les dangers les plus pernicieux! Mais avant d’aller plus loin, prenons le temps de définir ce dont il est question…

Définition du déisme

Pour donner une définition simple, le déisme propose l’idée qu’il y a bel et bien un Dieu Créateur qui, à l’origine, a fait émerger tout l’univers tel que nous le connaissons. Jusque-là tout va bien! Mais la particularité du déisme c’est que cette approche propose que Dieu n’intervient plus directement dans le monde qu’Il a créé. L’image habituellement utilisée pour parler de ce concept est celle d’un horloger qui a conçu et mis en mouvement une montre, et qui la laisse maintenant fonctionner d’une manière indépendante de lui. Donc, selon le point de vue déiste, Dieu aurait créé tout le monde visible et invisible d’une manière à le rendre autonome et indépendant de son intervention dans la suite du processus.

Cette philosophie tire son origine et sa popularité de l’époque des Lumières (que l’on peut situer approximativement vers le 18ième siècle). Cette période a été marquée par une révolution à plusieurs niveaux, dont l’étude et la progression des sciences physiques. C’est durant cette période qu’il y a eu un grand engouement pour découvrir, analyser et comprendre les phénomènes naturels du monde qui nous entoure (i.e. gravité, thermodynamique, météorologie, astronomie, médecine, etc.). Plutôt qu’une compréhension mystique, aléatoire ou superstitieuse des forces de la nature, le siècle des Lumières a mis de l’avant que nous vivons dans un monde « prévisible » régi par des lois et des mécanismes observables, répétables et démontrables. Devant ces nouvelles avancées, plusieurs ont gardé la foi dans un Dieu Créateur transcendant, mais plus nécessairement dans un Dieu interventionniste qui est personnel, agissant et surnaturellement impliqué dans son univers. Pour reprendre l’image de tantôt, selon ceux qui adhèrent au déisme, notre monde témoigne d’un horloger lointain qui a mis en place un mécanisme autonome qui ne requiert maintenant plus sa présence ni son intervention.

Le déisme est irréconciliable avec la révélation biblique

Si vous êtes moindrement familier avec le christianisme, vous savez sûrement que cette position n’est pas réellement réconciliable avec la révélation biblique. Mais, malgré tout, cette manière de voir est devenue de plus en plus populaire en occident; et cela a grandement contribué à l’engouement de toute sorte de formes de spiritualité désincarnée (i.e. religions orientales, New Âge, pensées positives, loi de l’attraction, etc.). Mais bien au-delà de la pensée populaire, cette croyance peut certainement avoir inconsciemment conditionné notre relation avec notre Créateur.

Comme chrétien, nous sommes évidemment prêts à affirmer que le Dieu de la Bible est présent et agissant; après tout, nous ne pouvons pas nier le récit biblique! D’une manière évidente, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse, l’Éternel est concerné, présent et agissant dans l’histoire humaine, particulièrement auprès de son peuple. Évidemment, l’incarnation de Jésus est probablement la plus grande évidence de cette réalité, où le Dieu transcendant vient revêtir la nature humaine afin de pouvoir partager tous les aspects de notre expérience (à l’exception du péché!).

Donc, à moins d’avoir sombré dans une forme de théologie libérale, nous sommes contraints de croire que Dieu est intervenu surnaturellement et d’une manière tangible dans la réalité de notre monde. Comme je le mentionnais, l’Ancien et le Nouveau Testament rapportent des centaines d’interventions miraculeuses et surnaturelles de la part de l’Éternel! Sinon, plus près de nous, notre propre expérience de conversion devrait être une démonstration que Dieu est encore à l’œuvre d’une manière spéciale envers la race humaine. À première vue, si nous croyons que la Bible est la Parole de Dieu qui a été inspirée, inhérente et préservée, nous ne pouvons pas adhérer librement aux propositions du déisme. Mais qu’en est-il réellement lorsque nous observons nos vies de plus près? Car vous savez comme moi que nous ne sommes pas à l’abri d’avoir un décalage entre ce que nous disons croire et ce que nous vivons réellement. En vrai, c’est souvent-là qu’il y a une forme d’incohérence entre notre connaissance et notre pratique…

L’expression la plus flagrante de l’influence du déisme chez les chrétiens

Personnellement, je pense que de toutes les facettes de notre vie, c’est la prière qui démontre le plus souvent notre incohérence entre ce que nous pensons croire et ce que nous croyons vraiment. Il y a certainement d’autres éléments qui démontrent cette problématique, mais j’aimerais m’attarder particulièrement sur cet aspect fondamental. C’est avec beaucoup d’humilité que j’ose poser la question suivante: «Si vous êtes honnête avec vous-même, est-ce que votre vie de prière est cohérente avec Dieu tel qu’Il s’est révélé dans les Écritures ou est-ce que votre vie de prière est plus proche des propositions du déisme?». Évidemment aucun croyant sérieux n’oserait dire qu’il ne croit pas à l’importance ou à l’efficacité de la prière, mais pourtant nos vies peuvent parfois démontrer le contraire…

Malheureusement, pour plusieurs chrétiens, la prière est une réalité absente ou au mieux un moyen de dernier recours; comme si Dieu ne s’intéressait pas vraiment à eux, à leur réalité et à leurs circonstances… Pour plusieurs, Dieu semble lointain et distant, pour ne pas dire complètement indifférent! Inconstamment, quelques-uns se disent que «l’Horloger» doit certainement avoir d’autres choses à faire que de les considérer… Trop souvent nous pouvons confondre le silence de Dieu et l’absence de Dieu; pourtant ce sont deux choses très différentes (les Écritures nous parle à l’occasion du premier, mais jamais du second!).

Paradoxalement, d’autres vont avoir une vie de prière plus régulière, mais sans vraiment s’attendre à ce que Dieu réponde et intervienne réellement. Tristement, la prière de plusieurs chrétiens est beaucoup plus proche d’une forme de spiritualité orientale désincarnée que du christianisme classique et historique. Pour certains la prière est l’occasion d’exprimer leurs souhaits/requêtes/aspirations/besoins/espérances d’une manière thérapeutique plutôt que de croire réellement s’adresser au Dieu Tout-Puissant qui les considère, qui les écoute et qui désire agir dans leur vie. Malgré qu’un chrétien sérieux n’utilisera jamais ce langage, notre manière de prier relève parfois plus de la «pensée positive» que de la prière biblique (nous lançons nos souhaits «dans l’univers» en espérant que ça finira par se concrétiser un jour…).

Voyez-vous, d’un point de vue chrétien, consciemment ou non, le déisme vide la prière de son expression fondamentale en supprimant l’idée d’un Dieu providentiel et personnellement impliqué dans sa création. Cela réduit la prière à une simple réflexion intérieure désincarnée du caractère de Dieu ou de ses promesses; bref cela produit une prière vide où la forme extérieure est maintenue tout en déformant son but, sa pertinence ou son utilité.

Les Écritures réfutent le déisme

Pourtant, bibliquement et théologiquement parlant, la prière n’est pas un exercice thérapeutique abstrait, mais l’expression de notre foi envers le Dieu qui nous invite à l’appeler «Père!» (et qui s’engage à répondre à ses enfants en leur donnant ce qui est bon pour eux – Matthieu 7.11). Pour plusieurs, moi inclus, la manière de prier et même l’absence de prière sont beaucoup plus une expression d’incrédulité que l’expression d’une foi fervente qui s’attend à la réponse de Dieu. Mais nous ne sommes pas les seuls ni les premiers!

J’ai toujours été fasciné par cette histoire en Actes 12.1 à 17 où l’apôtre Pierre est en prison en attendant son exécution pendant que l’église est en prière en intercédant pour lui. Mais, contre toute attente, lorsque Dieu envoie un ange pour délivrer Pierre et qu’il finit par cogner à la porte de la maison où plusieurs sont justement en train d’intercéder pour sa libération, personne ne croit qu’il soit réellement-là… Pourtant c’est explicitement ce qu’ils demandent à Dieu de faire! Je peux compatir à l’ironie de la situation car, humainement parlant, c’était impossible d’envisager être délivré de cette impasse; ça ne pouvait être que le fantôme de Pierre (Actes 12.15-16). En toute honnêteté, ça me rassure de lire que même la première génération de chrétiens devait aussi lutter avec le doute et l’incrédulité tout en cherchant à exprimer leur foi et leur conviction dans la souveraineté et la providence de Dieu! Pour être bien honnête, je suis parfois le premier surpris lorsque Dieu, dans sa grâce, répond à mes supplications! Je m’identifie souvent au père de ce jeune homme qui vient voir Jésus afin que son enfant soit délivré d’un démon:

Marc 9.21-24

(21)  Jésus demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son enfance, répondit-il.

(22)  Et souvent l’esprit l’a jeté dans le feu et dans l’eau pour le faire périr. Mais, si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous.

(23)  Jésus lui dit: Si tu peux!… Tout est possible à celui qui croit.

(24)  Aussitôt le père de l’enfant s’écria: Je crois! viens au secours de mon incrédulité!

Trop souvent nous approchons du trône de la grâce en étant incrédules, en nous demandant si Dieu est bien disposé envers nous ou s’Il a vraiment le désir ou la capacité d’intervenir. Mes chers frères, mes chères sœurs, réalisons que notre manque de conviction ne vient pas de l’ambiguïté du témoignage des Écritures, mais de notre faiblesse naturelle qui produit constamment un doute envers Dieu, sa Parole et ses promesses! Pourtant le Seigneur, dans sa bonté, cherche constamment à nous rassurer en affirmant son écoute, sa préoccupation et son désir de répondre et d’intervenir gracieusement dans nos vies et dans nos circonstances:

Matthieu 7.7-8

(7)  Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.

(8)  Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe.

Philippiens 4.6-7

(6)  Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.

(7)  Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ.

Jacques 5.16 à 18

(16)  Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière fervente du juste a une grande efficacité.

(17)  Élie était un homme de la même nature que nous: il pria avec instance pour qu’il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois.

(18)  Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit.

1 Pierre 5.6-7

(6)  Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable;

(7)  et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous.

1 Jean 5.14

(14)  Nous avons auprès de lui cette assurance, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute.

Conclusion: exprimons une foi cohérente!

Bien-aimés, Dieu ne désire pas nous laisser dans l’incertitude en rapport avec ses motivations envers nous, mais au contraire Il désire stimuler notre foi en Lui et en ses promesses! Jésus, Lui-même, désirait encourager ses disciples à considérer la prière comme l’exercice chrétien par excellence (après tout, n’est-ce pas la seule chose que nous sommes appelés à faire «sans cesses!»?). La fameuse parabole du juge inique est l’expression du désir de Dieu envers ses enfants; c’était la motivation de Christ d’exhorter ses disciples sur ce glorieux sujet:

Luc 18.1

(1)  Jésus leur adressa une parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne point se relâcher.

Selon Jésus quelle devrait être notre motivation de se tourner vers Dieu avec foi? Pour le savoir, nous n’avons qu’à lire la conclusion de sa parabole:

Luc 18.6 à 8a

(6)  Le Seigneur ajouta: Entendez ce que dit le juge inique.

(7)  Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard?

(8)  Je vous le dis, il leur fera promptement justice. (…)

Le problème n’est pas la clarté de l’enseignement, ou la pertinence de la conclusion… Le vrai problème c’est notre capacité d’y adhérer, d’y croire et d’agir en conséquence! C’est probablement pourquoi Jésus termine avec une question que chacun d’entre nous est appelé à répondre:

Luc 18.8b

(8) (…) Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?

Personnellement je trouve que c’est l’un des passages les plus tristes de toute la Bible! Devant cet accès et cette assurance auprès du Dieu Souverain et devant toutes ces promesses à l’égard de ses enfants, est-ce qu’il va y avoir des personnes qui vont réellement le croire et vivre en conséquence? Ne soyons pas de ceux qui rejettent, volontairement ou non, cet enseignement de Christ, mais au contraire renouvelons et exerçons notre foi!

De grâce, ne laissons pas notre chair, notre incrédulité naturelle, ni les philosophies du monde venir ternir ou altérer notre vie de piété. Je sais que par moment cela peut représenter un vrai défi, surtout lorsque nous avons l’impression que Dieu est lointain et indifférent… Mais à la fin ne vivons pas selon notre ressenti subjectif, mais selon les vérités certaines affirmées et répétées par le Dieu Souverain qui ne peut pas mentir. Ô puissions-nous y croire de tout notre cœur, mais surtout puissions-nous vivre d’une manière cohérente avec ces vérités glorieuses! Non Dieu n’est pas lointain ni indifférent, mais Il proche et personnel:

Psaumes 145.18-19

(18)  L’Éternel est près de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent avec sincérité;

(19)  Il accomplit les désirs de ceux qui le craignent, Il entend leur cri et il les sauve.

Le croyez-vous? Mais surtout le vivez-vous? Pourquoi ne pas prendre le temps de s’arrêter et de se tourner tout de suite vers votre Père afin de lui exprimer votre reconnaissance et lui partager vos soucis?



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