Du temps perdu?
Nous croyons … en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non crée, d’une même substance que le Père – Le symbole de Nicée.
Vous avez peut-être entendu dire que les théologiens perdaient du temps et de l’énergie à débattre dans leur tour d’ivoire. (Il convient de dire ici, que je n’ai jamais vécu ni travaillé dans une tour d’ivoire, et je ne peux pas dire que j’ai déjà rencontré un théologien qui aurait vécu une telle expérience). L’expression «tour d’ivoire» reflète le sentiment de ceux qui se lassent facilement des débats théologiques apparemment insensés et des querelles interminables sur des questions accessoires.
En effet, il semble qu’il n’y ait pas de fin à ces discussions sur tout ce qui touche à la théologie, quel que soit le sujet. Pourtant, l’Église ne pourrait être aussi reconnaissante envers personne qu’elle peut et doit l’être envers Athanase, un théologien qui s’est opposé non pas à un simple mot, mais à tout juste une lettre et ce, pendant six décennies! Athanase a passé sa vie à mener un long débat théologique sur des détails importants. Et s’il ne l’avait pas fait, nous serions tous dans le pétrin.
La ténacité d’Athanase a porté fruit. Après sa mort en 373, un deuxième concile œcuménique eut lieu à Constantinople en 381. Constance II avait quitté la scène depuis longtemps et Théodose II, qui régna sur l’Empire romain d’Orient de 379 à 395, était désireux de mettre fin à la controverse arienne, dans laquelle Arius soutenait que le Christ était plus qu’un être humain, mais qu’il n’était pas identique à Dieu dans son essence ou son être. À Constantinople II, tout élément susceptible d’évoquer l’arianisme, ou même y faire allusion a été exclu de l’Église une fois pour toutes. La conception d’Athanase selon laquelle le Christ est d’une seule substance ou essence (homoousios) avec le Père l’a emporté, tandis que la conception d’Arius selon laquelle le Christ est d’une substance similaire à celle du Père (homoiousios) a été déclarée en dehors des limites de l’orthodoxie et donc condamnée.
Une querelle autour d’une seule lettre
Athanase pensait que la personne du Christ avait tout à voir avec l’œuvre du Christ. Si l’Église se trompait sur la personne du Christ, elle se tromperait sur l’œuvre du Christ.
On peut se demander pourquoi Athanase a résisté aussi longtemps. Pourquoi avoir cherché pendant des décennies à débattre d’un seul mot, d’une seule lettre, le «i»? La raison se trouve dans une phrase que l’on retrouve également dans le Credo de Nicée, une phrase qui est attribuée à Athanase. Il n’est peut-être pas exagéré d’affirmer que cette phrase est l’une des plus profondes, voire des plus belles, de toute la littérature théologique: «pour nous et pour notre salut».
Athanase a affronté les plus grands esprits de son temps et a été persécuté par les politiciens les plus puissants de l’époque, tout cela pour l’amour de l’Évangile. Athanase pensait que la personne du Christ avait tout à voir avec l’œuvre du Christ. Si l’Église se trompait sur la personne du Christ, elle se tromperait sur l’œuvre du Christ. Athanase a passé six décennies à se battre pour une lettre et à lutter contre le monde pour la cause de l’Évangile.
Affirmation formelle
Les conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) ont affirmé avec force les natures divine et humaine du Christ. Le symbole de Nicée déclare la divinité du Christ – il est «vrai Dieu de vrai Dieu» – et l’humanité du Christ – «a été fait homme ». Le symbole affirme en outre, et de manière assez éloquente, que cette conception de la personne du Christ a un lien direct avec l’œuvre du Christ.
Il est le Dieu-homme « pour nous et pour notre salut ».
Sans pour autant établir la divinité du Christ, Nicée a toutefois reconnu, avec force et clarté, sa nature divine et humaine à la fois. Une finalité qui a résisté à l’épreuve du temps, fournissant à l’Église la définition officielle de la personne du Christ.
Cet article a été initialement publié sur Crossway. La traduction est publiée ici avec permission.